TABLE DES MATIÈRES Pages ANTOINE GOMBAUD, CHEVALIER DE MÉRÉ; SA FAMILLE, SON FRÈRE ET 1 DE L'ORGANISATION POLITIQUE DU PARTI PROTESTANT EN 1573; par 53 ESQUISSE D'UNE THÉORIE DES PRINCIPES RATIONNELS; par M. F. 99 ÉTUDE SUR LE PRÉSIDENT J. GRASSET ET SES OEUVRES; par M. E. Lisbonne... 183 JAN 10 1800 48.83 ACADÉMIE des Sciences et Lettres de Montpellier. MÉMOIRES DE LA SECTION DES LETTRES TOME VIII. II FASCICULE. ANNÉE 1888. зONTPELLIER CHARLES BOEHM, IMPRIMEUR DE L'ACADÉMIE, RUE D'ALGER, 10 1888 JAN 16 1853 The Academy LE DICTIONNAIRE AU THÉATRE LES MOTS A LA MODE COMÉDIE EN UN ACTE ET EN VERS D'EDME BOURSAULT Par M. Ch. REVILLOUT. L'annee 1694 vit paraitre presque en même temps deux ouvrages de valeur et de durée bien inégales. L'un, fort petit in-12, se vendait quinze sols et avait pour titre Comédie des Mots à la Mode '; l'autre se débitait chez Coignard, au prix de vingt-cinq livres, formait deux gros volumes in-4°, et s'appelait : Le Grand Dictionnaire de l'Académie française. Ces deux livres, d'aspect si différent, représentaient les deux pouvoirs qui ont fait au XVIIe siècle les destinées de notre langue, le bel usage et la mode. Le bel usage, autorisé et scellé, suivant les expressions du Mercure Galant, par l'Académie, proposait ses décisions sur les termes et les expressions comme une loi inviolable 2; la mode, au contraire, se complaisait à trouver sans cesse des façons de parler nouvelles et sortant du commun. L'un prétendait fixer le langage, l'autre tendait à le renouveler ou à l'enrichir. Les hommes graves étaient pour le premier; les jeunes gens et les femmes tenaient pour la seconde. Cet antagonisme avait, en 1692, fait le succès de Dialogues où l'auteur, nommé François de Caillières, diplomate récemment entré à l'Académie, avait pris vigoureusement parti contre la mode. Dans son amour de la tradition, il n'y avait pas été de 1 Voir le Mercure Galant de septembre 1694: Livres nouveaux du mois. 2 Janvier 1695, pag. 91. VIII. 27 main morte et avait déclaré nettement les mots en vogue aussi extravagants que les personnes qui avaient eu l'impertinence de les inventer. Bien qu'un peu lourd, le livre avait été rapidement enlevé. Barbin en avait débité deux éditions en fort peu de temps, et les applaudissements de la cour et de la ville l'avaient obligé d'en donner, en 1693, une troisième, plus correcte et plus ample que les précédentes'. La librairie de Lyon en avait publié une copie et les presses de Hollande une contrefaçon3. Un auteur comique vit dans ce succès l'occasion d'une comédie. C'était Edme Boursault. Il s'était autrefois mesuré avec Molière et s'en était assez mal trouvé. Mais à cette époque le malencontreux écrivain, qui avait osé faire le Portrait du Peintre, n'était plus sous le coup du sarcasme lancé contre lui dans l'Impromptu de Versailles, et l'on ne pouvait plus dire: « Le beau sujet à divertir la cour que M. Boursault *». Il avait fait applaudir en 1679 une assez jolie pièce intitulée le Mercure Galant, et montré qu'il était plus facile et moins périlleux de se rendre illustre aux dépens de Doneau de Visé qu'en s'attaquant à l'École des Femmes. Molière d'ailleurs était mort, et l'on n'avait plus à craindre ses coups de boutoir. Il avait commencé sa réputation par les Précieuses ridicules, en se moquant du jargon des ruelles; les précieuses renaissaient de leurs cendres, il n'était plus là pour les immoler au parterre; mais ce qu'il avait fait. un autre pouvait le faire, et Boursault, le Capys de la Bruyère, était de taille à le tenter hardiment. Ne s'érigeait-il pas en juge du beau style, ne croyaitil pas écrire comme Bouhours et Rabutin? Il se risqua donc et donna au théâtre la comédie des Mots à la Mode, qui fut jouée le jeudi 19 août 1694 et imprimée le mois suivant. Sans doute cette petite bagatelle n'était pas de nature à faire oublier les Précieuses, mais elle était agréa 1 Des Mots à la Mode et des nouvelles façons de parler, avec des observations sur diverses manières d'agir et de s'exprimer, par M. D. C., 2e édition augmentée de plusieurs mots nouveaux et d'une lettre sur les Mots à la Mode. Paris, Claude Barbin, 1692. — La biographie Didot, vo Callières, donne l'année 1690 pour la date de la première édition; mais le Journal des Sçavans du lundi 11 février 1692 en rend compte, pag. 71, comme d'un ouvrage de 1692. 2 Voy. Merc. Gal.: Livres nouveaua du mois de novembre 1693. 3 La Haye, 1693. Scène III. 5 La Bruyère; Des ouvrages de l'esprit, 32. 6 Hist. du Théâtre francois, tom. XIII, pag. 386, et Merc. Gal., sept. 1694. |