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Ces derniers vers sont tirés du t. 1, p. 130, des OEuvres de l'abbé Favre, publiées à Montpellier, en 1839, par Aug. Virenque, libraire. Cette édition, où l'on n'a rien négligé, est-il dit dans la préface, « pour lui imprimer un caractère particulier de correction dans le texte et dans l'orthographe, est remarquable au point de vue typographique. Mais on doit regretter qu'on y ait méconnu les principes élémentaires de l'orthographe romane : les accents y sont multipliés sans raison (il y en a 13 dans les 15 mots que nous avons cités); et les diphthongues au, eu, iu, oû. y sont, à chaque page, présentées sous ces formes grossières, aou, eou, iou, oou, que les Troubadours n'employèrent jamais (1).

V. LESPY.

MISCELLANÉES.

Solferino est une des plus grandes et des plus sanglantes batailles de ce siècle; 400,000 hommes se sont rencontrés avec des moyens destructifs ignorés du premier empire. Texier, dans la dernière correspondance donne une idée des pertes autrichiennes en répétant l'affirmation d'un chef de gare qui a assuré avoir expédié sur Vérone trente convois de mille blessés chacun. Le choc de la Moskowa ne fut pas plus gigantesque que celui du 24 juin dernier. L'évaluation du bulletin pour les forces autrichiennes est de 270,000 hommes. Si l'on ajoute à ce chiffre les 150,000 franco-sardes, on dépasse un total de 400,000 combattants. La bataille de Leipsig fut seule numériquement supérieure. La plaine était couverte de 500,000 hommes, savoir: 320,000 du côté des alliés, et 180,000 du côté de l'armée française. Nous avions 1,300 pièces de canons, et l'ennemi en comptait 1,700. A Cavriana, nous ne pouvions pas en mettre en ligne plus de 300.

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(1) Humble prière à M. J. Noulens. Aou, eou, iou, oou, se montrent de temps en temps dans votre Revue. Voudriez-vous être assez bon pour les proscrire. L'amour que vous avez voué à notre vieille langue romane vous impose le devoir d'être impitoyable pour de pareilles monstruosités.

Jasmin a donné le 47 juin, à Verdelais (Gironde), une séance poétique et philanthropique. L'auditoire a été ravi par le débit de deux compositions inédites : l'Hymne à la Vierge et l'Ode à nostro armado, dont nous avons cité quelques fragments dans notre dernière chronique. Dans cette réunion d'élite, les dames ont gratifié le troubadour agenais d'une médaille d'or, d'un bouquet et de sourires de gratitude.

La constitution géologique de certaines parties de l'Algérie offre une grande analogie avec le terrain sablonneux des Landes. Aussi, plusieurs productions sont-elles communes à ces deux contrées. La faveur de la résine dans le commerce a déterminé quelques colons algériens à exploiter les arbres qui la donnent. M. Chapelle, entr'autres, propriétaire de 6,000 hectares de pins, a fait des propositions avantageuses à des ouvriers landais pour la culture et l'exploitation industrielle de sa forêt de conifères.

C'est à la palette exercée de M. Simon de Torrebren, professeur de dessin à Dax, qu'a été confiée la délicate tâche de faire revivre sur la toile la figure apostolique de Mgr Hiraboure.

L'Académie des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse, dans son concours de mai 1859, a honoré la Monographie du Couvent de Boulauc, par notre collaborateur M. Cassassoles, d'une médaille d'argent qui est la récompense la plus élevée de la section d'histoire et d'archéologie.

M. Martelet, ingénieur des mines, a présenté à la Société d'agriculture des Landes (séance du 3 juillet) un remarquable rapport sur les essais tentés par M. Jackson au haut fourneau du Caillaou dans le but d'utiliser pour les acieries les minerais de fer spathique qui sont l'avenir de cette contrée.

Son Exc. M. le ministre de l'instruction publique vient de doter la faculté des sciences de Toulouse de plus de cent espèces d'oiseaux qui faisaient partie du cabinet ornithologique du prince Ch. Lucien Bonaparte.

La municipalité de Bordeaux et la chambre de commerce de la même ville ont voté, la première 20,000 fr., la seconde 10,000 fr. en faveur des blessés de l'armée d'Italie. Sur la proposition de M. de Campaigno, maire de Toulouse, les capitouls actuels ont alloué dans le même but patriotique une somme de 10,000 fr. Une souscription ouverte à Condom, avec la même destination, a produit 1,200 fr., qui ont été versés chez le recevcur des finances de notre ville.

DE QUELQUES ÉDIFICES

ENTRE LES PLUS REMARQUABLES

de l'Architecture Chrétienne au Moyen-Age,

SPÉCIALEMENT DANS LE DIOCÈSE D'AUCH.

On se doute peu, généralement, du grand nombre d'édifices religieux dont la période romane a semé le sol de la Novempopulanie. Plusieurs ont disparu sans laisser, dans nos campagnes, d'autres traces que les récits légendaires ou les pieuses anecdotes des longues soirées d'hiver. Pour quelques-uns, on assigne certains débris que la charrue soulève encore on dit le nom de leur titulaire, de leur patron laïque, de l'ancien château ou du monastère auquel est vaguement attribuée leur origine. D'autres enfin, abandonnés à l'état de ruines, ou bien à peine entretenus comme chapelles de dévotion, ou même comme églises paroissiales, donnent une plus juste idée du zèle intelligent, du soin affectueux que nos pères dans la foi mirent à les construire.

Mais pour se rendre compte de la véritable cause à laquelle on peut rattacher leur origine, il est indispensable de prendre les choses de plus haut.

Je vous en prie, je vous en conjure, je vous le demande comme une grâce personnelle, ou plutôt je vous en fais un devoir sacré, à vous tous qui habitez une villa, disait St-Jean Chrysostôme (Homil. xvIII in Act. apost.) aux châtelains du ive siècle, n'ayez pas l'air de vivre à la campagne sans église.

Et ne me dites pas qu'après tout la maison des prières publiques n'est pas si éloignée de vos demeures; que l'établissement d'un oratoire plus voisin vous coûterait bien cher, sans une juste compensation d'un tel sacrifice.

N'avez-vous pas l'obligation de faire, de vos deniers, la part du pauvre? Eh bien! faites, avant tout, celle de Dieu; sa part doit être la première. Ayez près de vous un ministre de l'auguste sacrifice, un diacre même avec le personnel indispensable au service de l'autel. Sans compter toute la révérence qu'appellera autour de vous la cohabitation d'un ancien du sanctuaire, sa seule présence fécondera vos terres, et les assurera contre les fléaux dévastateurs. Il sera comme une prière incessante devant vous. Ses chants sacrés, ses hymnes du matin et du soir, ses sacrifices et oblations dominicales seront pour vous. Il sera le précepteur de vos enfants, il dirigera l'enseignement religieux de votre maison tout entière.

Et puis, quelle consolation d'avoir toujours présent, comme une bénédiction à votre table, le sacrificateur de la victime sainte, immolée sur l'autel que vos mains auront érigé! Compteriez-vous pour peu de chose de faire redire tous les jours votre nom dans la solennité des Saints Mystères; de vous assurer des prières continuelles pour la terre que vous habitez?

»Enfin, si vous balancez encore, et qu'il vous en coûte trop de vous imposer seul le sacrifice que je vous demande, réunissez-vous deux ou trois voisins de propriété rurale, et faites ensemble ce qui vous paraîtrait trop onéreux pour un seul d'entre vous.>>

Ces paroles de St-Jean Chrysostôme s'adressaient à des familles riches et convaincues de la divinité du christianisme; à des hommes éclairés qui voyaient, en gémissant, que les cultivateurs de leurs vastes domaines étaient encore imbus, en très grand nombre, des superstitions de l'ancienne idolâtrie. Partout, la nouvelle religion de J.-C. avait acquis droit de cité dans les villes; mais le paganisme régnait, même au ve siècle, presque en maitre dans les campagnes

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éloignées. Or, la foi ne pouvait pénétrer que par la parole du prêtre dans le cœur de ces générations grossières, si généralement attardées : « Fides ex auditu, avait dit l'apòtre St-Paul. Et comment se faire entendre régulièrement de ces infidèles, sans une enceinte sacrée, bâtie au centre même de leurs travaux agricoles, où le ministre de la parole pût les réunir pour la prédication et la prière?

Aussi les pressantes et chaleureuses invitations du saint patriarche de Constantinople furent-elles comprises de l'Orient; et l'écho de leur puissante influence s'étendit insensiblement jusqu'à nos régions occidentales.

Nous savons quel était, alors encore, même après quatre grands siècles de régénération sociale, l'état des populations si mélangées de l'Europe. L'esclavage, il est vrai, avait cédé, presque partout, sous la douce influence de la civilisation chrétienne. Mais le servage lui avait succédé comme un premier pas accompli vers l'émancipation, telle que l'Evangile la préparait lentement. En sorte que sur cinq membres autochthones ou naturalisés, de la grande famille humaine, un seul avait pour lui tous les avantages de la propriéte territoriale; et les quatre cinquièmes étaient généralement non plus, il est vrai, sa chose vénale, mais les hommes de sa terre. C'est-à-dire que le très grand nombre n'étaient que des colons obligés, ou bien, en un sens, comme on dirait de nos jours, dans l'Armagnac, par exemple, des brassiers attachés à la glèbe, mansionarii, casati, etc., moyennant certaines conditions stipulées par la coutume, mais qui, grâce aux prescriptions chrétiennes, n'étaient plus exclusivement à l'avantage du maître (1).

Quoi qu'il en soit, celui-ci avait à sa disposition tout ce que l'on est convenu d'appeler les faveurs de la fortune.

(1) Voir le titre de Agricolis et censitis, du Code Justinien.

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