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On croit, dans le pays, qu'il y avait vu le jour; d'autres prétendent que c'était à Toulouse, vers le commencement du dix-huitième siècle. Quoi qu'il en soit de cette circonstance, purement accidentelle, ce personnage devrait être accueilli dans la galerie des notabilités du Gers, parce que le village d'Orbessan était le berceau de ses ancêtres; le château, leur propriété séculaire; qu'il y a passé lui-même la plus grande partie de sa vie; et que l'on découvre encore son modeste tombeau dans le cimetière de la paroisse près du mur du nord de l'église qui y est adossée.

Il n'entre pas dans notre plan de tracer ici une biographie complète; les éléments manqueraient ou ce seraient des redites. Nous préférons nous renfermer dans le cadre restreint d'une simple notice anecdotique avec les seuls documents pris sur les lieux ou qui nous ont été communiqués.

Magistrat. Entré fort jeune au parlement de Toulouse avec la charge héréditaire de conseiller, il y devint bientôt président à mortier, et aurait été plus tard élevé à la dignité de chef de la compagnie, s'il avait voulu accepter les offres du chancelier Meaupou. Mais, soit qu'un pareil patronage ne fût pas de son goût, ou que la marche des événements ne convint pas à son esprit; soit enfin qu'il obéît à la tendance de ses idées vers les études littéraires et l'amour des arts, il abandonna la carrière en 1749, au grand regret de ses collègues, laissant un grand vide dans le Parlement dont il était une des plus solides colonnes par la réputation qu'il s'y était justement acquise. On vantait ses vastes » connaissances de profond légiste, son grand sens et sa pénétration > comme juriste, en même temps qu'on louait l'élévation de son esprit, » la dignité de ses manières, la pureté de ses mœurs. »

Dès sa plus tendre enfance, au milieu de fortes études, le président d'Orbessan s'était épris des charmes semés dans les livres classiques et animé de la passion du vrai, du beau, de l'utile répandus dans les monuments littéraires et artistiques des anciens.

Il entreprit des voyages lointains en Italie, en Grèce et jusqu'en Palestine pour visiter les lieux préconisés par les poètes et les historiens. Il en rapporta une masse de connaissances variées qu'il répandit dans ses œuvres imprimées en deux volumes in-8°, à Auch, en l'année 1778, destinées à ses amis seulement, d'après son épigraphe, a non recito cuidam nisi amicis, » et où il traitait successivement divers sujets d'archéologie, de glyptique, d'histoire, de numismatique et même d'agriculture.

C'était un problème dans le sein de la compagnie et quelquefois un sujet de critique parmi ses amis que cette variété de connaissances et cette ardeur d'études qui paraissaient s'exclure ou inconciliables avec la sévérité de ses fonctions judiciaires.

Mais le président d'Orbessan répondait à tout par ses actes, l'austérité de sa conduite et la manière de partager son temps. Ne sacrifiant jamais les sérieux devoirs de sa profession et les études qu'ils exigeaient à ses goûts littéraires, il savait choisir le moment, et profiter utilement des instants de liberté qu'il pouvait avoir ou qu'il dérobait au repos. Sa conscience de magistrat en était soulagée.

Sa haute raison lui avait probablement dévoilé le lien qui existe entre toutes les connaissances humaines. Un grand publiciste venait de le signaler aussi dans deux branches où il se rapprochait le plus, en prononçant cet adage: Eclairer les lois par l'histoire et l'histoire par les lois. » C'était du reste le résumé de ce que pratiquaient et pensaient les anciens.

Qu'on lise Horace, Juvénal, Perse et surtout Martial, on rencontre à chaque pas la preuve qu'à Rome l'alliance la plus étroite s'était formée entre les muses et Thémis, ou, pour parler plus prosaïquement, entre la littérature, les arts et le droit. En effet, les familles patriciennes, les poètes, les rhéteurs, les historiens étaient généralement versés dans l'étude du digeste, et parlaient la langue des institutes. Comment se seraient-ils donné la mission d'instruire et de morigéner leurs concitoyens sans une connaissance sinon approfondie, du moins superficielle de la législatiou du pays?

Par la même raison, les hommes d'Etat, les magistrats, les orateurs du forum sentaient la nécessité de connaître les écrits de leur époque, ce curieux répertoire de réflexions et de critiques sur les mœurs, les habitudes, les pensées en cours.... C'était par l'esprit des temps qu'on pouvait deviner l'esprit des lois; et puis ils savaient que le culte des lettres tend à orner l'esprit, former le cœur, fortifier le juge

ment. »

Auch, 12 mai.

(La suite au prochain numéro).

FERDINAND CASSASSOLES.

Le Général de Cassaignolles.

Notre région est noblement représentée à l'armée d'Italie le maréchal Niel est de Muret; le général Camou est originaire d'Oloron; le général de Cassaignolles a pour ber. ceau Vic-Fezensac. Nous allons consacrer une rapide notice à ce dernier et glorieux compatriote qui vient de recevoir les insignes de général de division.

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C'est en Algérie et dans le régiment de spahis que ce brave officier conquit ses premiers grades. Le 11 novembre 4843, au combat de l'Oued-Mlah, les cavaliers sahariens étaient en déroute; dans la confusion de la fuite le capitaine de Cassaignolles ayant reconnu le califa sidi M'Bareck, le plus intime et plus intrépide lieutenant de l'émir Abd-elKader, fondit sur le vaillant bédouin qui fit une litière de morts autour de lui. Un coup de feu de Sidi-Bareck abattit le cheval du capitaine qui se trouva à pied en présence du cavalier. Dans cette lutte quoique très inégale, le chef arabe fut mortellement atteint.

Plus tard, le brave commandant Cassaignolles assistait à la prise de la Smala et de la bataille d'Isly. En 1852, le 28 décembre, il reçut le commandement d'une brigade dans la garde impériale (chasseurs et guides); en Crimée il fit partie de l'armée d'observation; au début de la guerre actuelle nous l'avons vu à la tête de ce régiment faire une entrée triomphale à Nice.

A la bataille de Magenta il se signala par une action éclatante. Il arriva un des premiers avec deux escadrons de cavalerie à San-Martino. Trois bataillons de grenadiers et de zouaves ayant attaqué les deux maisons qui protégeaient le pont de Magenta les occupèrent après une vive fusillade. Ce passage important se trouvait ainsi dégagé. Loin

de se borner à ce premier succès, ce petit corps laissant le poste dont il s'était emparé se porta sur Magenta. Déjà sa gauche se trouvait compromise par cet élan héroïque, lorsque le général Cassaignolles, avec 110 chasseurs de la garde, exécuta quatre ou cinq charges successives et meurtrières. Il se précipita avec une audace incroyable sur les tirailleurs ennemis qui couvraient de compactes colonnes, les sabra, et malgré l'arduité d'un terrain hérissé de vignes arrêta leur mouvement offensif. A la mémorable journée de Solferino, vers trois heures, une colonne de cavalerie s'étant présentée il tomba sur ses flancs et la culbuta. Par cette conduite chevaleresque notre compatriote a mérité la haute dignité militaire dont il vient d'être investi.

BIBLIOGRAPHIE.

LA SERRURERIE AU MOYEN-AGE.

Sous le titre qui précède, M. Raymond Bordeaux vient de publier un livre plein d'érudition; c'est l'histoire des ferrures, depuis les âges génésiques jusqu'à l'époque moderne. L'auteur remonte à Tubal Cain, qui pratiquait l'art du forgeron 700 ans avant le déluge, il descend ensuite à la période de l'antiquité, qu'il ne fait que toucher en passant, et entre dans le moyen-âge par le x1° siècle. A cette époque, les pièces de fer hardiment travaillées constituaient une des parties décoratives des édifices religieux. Les ouvriers de ce temps les contournaient en lignes harmonieuses et élégantes. L'inspiration fantastique qui avait envahi les sculpteurs s'introduisit aussi dans la serrurerie, et l'on vit grimacer aux grilles et aux armatures des portes, des gargouilles et des monstres légendaires. Les plus beaux

types de ce genre, légués par cette époque et conservés de nos jours, sont ceux de Notre-Dame de Paris, de Rouen et de la collégiale de Mantes.

Le xy siecle inventa les candélabres et les meubles en fer tordu; le XVI créa plusieurs ouvrages remarquables, comme ceux que l'on voit encore aux châteaux d'Ecouen et d'Anet. Sous Louis XIII, Louis XIV et Louis XV, le travail du fer se perfectionna et produisit les somptueuses rampes d'escalier, les riches balcons, les admirables marleaux de porte.

Le côté technique est profondément traité dans cette publication.

Un chapitre que nous allions négliger est celui des ferrements symboliques. Beaucoup, en effet, avaient une signification allégorique; ainsi, l'on trouvait des fers à cheval à l'entrée de presque toutes les églises dédiées à St-Martin. Nous regrettons que M. Raymond Bordeaux ait passé sous silence certaines portes de quelques églises du Roussillon, qui sont d'une magnificence sans pareille.

Les planches qui aident à la compréhension du texte sont exécutées avec un talent et un goût qui méritent tous les éloges.

ÉPHÉMÉRIDES MILITAIRES.

MOIS DE JUIN.

25 JUIN 1793.-De Lassalle-Cezeau est nominé général de brigade et prend un commandement dans l'armée des Pyrénées-Orientales. Cet officier distingué, qui mit plus tard les Espagnols en déroute près de St-Jean-de-Luz, avait eu pour berceau Lagraulet, petite commune de l'arrondissement de Condom, où son fils réside encore.

4er JUIN 1794 (43 prairial.) - Villaret-Joyeuse, naguère capitaine, élait passé sans transition au commandement d'une escadre chargée

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