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dont nous parlerons bientôt, et Pierre Gilibert, vicaire. La communauté ne fut satisfaite de l'un ni de l'autre, et les consuls durent leur donner congé. Puis, le 21 juin 1612, on traita avec Etienne de Belloc aux mêmes conditions qu'on avait faites avec Jacques Toulon. En 1646, la place était encore vacante; sur la fin de cette année, Dominique Claverie, de Mauroux, se présenta aux consuls en exercice pour la demander. Ceux-ci, dans l'incertitude s'il était capable ou non, lui accordent simplement une autorisation provisoire. Mais au commencement de 4647, les consuls modernes, qui ne croyaient pas Claverie en état de remplir la place, assemblèrent la jurade pour avoir son avis, et, d'une voix unanime, il fut décidé que le régent serait renvoyé.

Deux ou trois ans se passèrent sans qu'il fût remplacé, et dans cet intervalle on vit l'archiprêtre lui-même consacrer ses loisirs à faire l'école à la jeunesse. Il fut en cela secondé par ses vicaires et notamment par de Malie qui se chargea définitivement de la classe au mois de juin 1620, sans se faire encore agréer comme régent par les consuls et la jurade. Ce ne fut qu'au commencement de février 1624 qu'il leur fit cette demande. Elle fut favorablement accueillie, mais quelque bonne volonté qu'il eût, les devoirs de son ministère l'empêchèrent d'apporter à ses fonctions de régent toute l'exactitude qu'on aurait demandée, et les consuls et la jurade ne tardèrent pas à s'apercevoir qu'il y avait impossibilité de s'acquitter des deux fonctions. En conséquence, l'autorisation accordée à de Malie fut révoquée un an après le 2 février 1622; et le seize du même mois, on traita avec Jean Lacroix, natif et habitant de Mauroux, auquel on promit seulement dix écus ou trente livres tournois par an, outre la rétribution payée par les élèves qui était de cinq sols tournois par mois chacun. Nous trouvons pour la première fois dans cet acte une clause en faveur des enfants pauvres que le régent était obligé de recevoir sans aucun salaire. Il n'est pas encore question du nombre de ceux qui seront reçus gratuitement; dans un acte subséquent, il fut fixé à six.

Enfin, le 45 juin 1634, les consuls, avec l'assentiment de l'archiprêtre Jacques Claverie et de plusieurs autres des plus notables habitants de l'endroit, traitèrent avec Bernard Idiac, geôlier de la ville d'Aubiet, auquel on promit de donner annuellement soixante livres tournois : on ajoutait :

En outre, ledit Idiac prendra des enfans qu'il enseignera com

:

me il est accoutumé de faire, suivant la capacité, savoir les moindres à cinq sols; ceux qui apprennent l'alphabet et ceux qui lisent, écrivent huit sols par mois; et les autres ce qu'il s'en accordera. En cas où il y en aura de pauvres nécessiteux jusqu'au nombre de six, il sera tenu de les enseigner sans aucun droit de collecte.

Idiac paraît avoir été plus stable à Mauroux que les régents qui l'avaient précédé depuis vingt ans. Nous ne pouvons cependant pas dire le temps qu'il demeura. Seulement, nous savons qu'une quinzaine d'années après il était remplacé par Raymond Auzat, originaire de St-Léonard, qui se fixa définitivement à Mauroux.

Raymond Auzat exerça longtemps, à la satisfaction de tout le monde.

Après Raymond Auzat les consuls et la communauté ne paraissent plus s'occuper du régent; nous ignorons même s'il eut un successeur. Ce qu'il y a de certain, c'est que durant tout le cours du xvi siècle, il n'est pas question d'imposition en sa faveur, et qu'il fut réduit à la seule rétribution payée par les élèves. Il est encore certain qu'au moment de la révolution, il n'y avait pas eu de régent à Mauroux depuis bien des années. Ceux des vieillards sachant lire et écrire que nous avons connus ou qui existent encore avaient appris avec l'archiprêtre ou ses vicaires et devaient ainsi à des prêtres le peu d'instruction qu'ils avaient.

Pendant la révolution et au plus fort de la terreur on vit se présenter, à Mauroux, un individu de Gaudonville qui venait s'offrir aux autorités d'alors pour exercer les fonctions d'instituteur. Ses principes ayant paru en harmonie avec ceux que l'on cherchait alors à faire prévaloir, on l'accueillit avec empressement.

Il nous reste maintenant à parler des changements que les anciennes coutumes subirent successivement par rapport à l'administration communale, jusqu'à la révolution de 1789. Il ne paraît pas qu'il y ait eu de bien sensibles modifications avant le xvine siècle. La première tentative que nous sachions avoir été faite dans ce but ne remonte qu'à l'année 1733. A cette époque, le roi donna des lettres patentes par lesquelles il accordait à certaines localités la facilité de vendre les offices municipaux. Mauroux se trouva du nombre. Mais là la concession du roi n'y fut pas accueillie avec faveur; tout le monde sans exception tenait au maintien des anciens usages; aussi la publication qu'on y fit

des lettres patentes fut-elle sans résultat, personne ne s'offrit pour l'acquisition des offices, et les élections continuèrent à se faire annuellement comme par le passé. Il y eut quelque légère modification qui s'introduisit à cette occasion, mais elle ne porta que sur le mode de percevoir les impôts et n'affecta point l'administration municipale ellemême.

En 1774 il y eut de nouvelles lettres patentes rendues pour la même fin que celles de 1733. Mauroux se trouva encore compris au nombre des localités auxquelles ces lettres devaient s'appliquer. Mais les dispositions de ses habitants étaient toujours les mêmes; on tenait toujours aux anciens priviléges et personne ne se soucia des offices que l'on voulait vendre. Cela n'empêcha pas que cette fois le changement ne se fit, et au mois de décembre de la même année, l'édit suivant fut communiqué à la communauté :

DE PAR LE Roi,

Sa Majesté étant informée que les offices municipaux créés pour la communauté de Mauroux par édit du mois de novembre dernier n'ont point été levés, et voulant pourvoir à l'administration de la dite commune, Sa Majesté a nommé :

<< Pour premier consul, le sieur Deveaux;

» Pour deuxième, idem, le sieur DUPRAT;

Pour troisième, idem, le sieur BARAIGNES;

» Pour quatrième, idem, le sieur DONNAT (d'Enterrene); Pour procureur du roi, le sieur LABORDE (Gratien);

» Pour secrétaire greffier, le sieur LABORDE (Léonard).

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Enjoint Sa Majesté aux habitans de la dite commune de les reconnaitre en la dite qualité, JUSQU'A NOUVEL ORDRE DE SA PART, et au sieur intendant et commissaire départi en la généralité d'Auch d'y tenir la main. Fontainebleau, le 29 octobre 1771, signé Louis et plus bas Bertin.

Telle fut la première atteinte portée aux franchises communales de Mauroux, atteinte qui devait aboutir en 1790 à l'anéantissement total de toutes les anciennes institutions pour amener l'asservissement des communes sous le nom de liberté. La communauté ne vit pas avec indifférence cette innovation, et plus d'une fois elle fit éclater tout haut son mécontentement. Elle fit parvenir à l'autorité supérieure d'énergiques

protestations contre ce qui avait été fait, avec prière de rétablir les choses dans le premier état; car, disait-on, c'est un vœu unanime parm; les habitants de voir maintenir le privilége qu'ont toujours eu les seidu lieu de nommer les consuls.

gneurs

Le gouvernement ne tint pas compte de ces réclamations, on en fit même un crime à la communauté et l'on crut devoir prendre des mesures de rigueur pour empêcher qu'elles ne se renouvelassent. Les consuls paraissaient être les principaux fauteurs du désordre et la cause de l'a. gitation qui régnait dans la localité; on les cassa, et à leur place on en substitua d'autres en qui l'on espérait trouver plus de soumission. L'édit royal qui renferme cette révocation et la nouvelle nomination (du 24 décembre 1776) est retenu dans les archives de la ville qui nous occupe.

Les premiers consuls nommés par le roi restèrent en charge un peu plus de quatre ans. Leurs successeurs ne satisfirent pas mieux qu'eux le gouvernement et ils conservèrent leur place encore moins longtemps. Ils furent révoqués et renouvelés par édit du 20 septembre 1779.

Le nouveau corps municipal ainsi constitué demeura en fonction jusqu'à la nouvelle organisation de la France en 1790. Alors, ainsi que déjà nous l'avons constaté, l'ancienne communauté de Mauroux qui comprenait les deux paroisses de Mauroux et de St-Créac, fut divisée en deux communes ayant les mêmes limites que les anciennes paroisses; chacune d'elles eut sa propre administration confiée à un maire assisté de quatre officiers municipaux et d'un certain nombre de notables. Il ne fut plus question de consuls ni de jurats : les diverses qualifications précédemment en usage pour désigner les membres des municipalités furent partout abolies, et la France commença à prendre ce caractère d'unité qu'elle conserve aujourd'hui. X.

ASCENSION DES ALPES EN 1515 ET EN 1796.

En 4545, conduits par Bayard, et traînant soixantedouze canons avec trois cents petites pièces, vingt-un mille hommes, dont un tiers était représenté par l'infanterie gasconne, firent leur ascension sur le dos monstrueux des

Alpes, et se précipitèrent aussi rapidement que les eaux du Pô sur les plaines de l'Italie septentrionale. Les peuples de la Lombardie furent stupéfiés par cette irruption foudroyante, et le général ennemi, Prosper Colonna, surpris à table par le chevalier sans peur et sans reproche, demanda si les Français étaient tombés du ciel. C'était, en effet, un tour de force titanique. L'artillerie d'alors, malgré sa lourdeur, avait pu franchir les glaciers et les abîmes sur des charpentes improvisées, et toute une armée l'avait disputé d'audace, sur des rocs glissants, au pied des chasseurs et des chamois.

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Cette entreprise surhumaine fut renouvelée en 1796 par le passage du Petit et du Grand St-Bernard. Depuis des siècles, les voies et les neiges de ces sommets étaient vierges de pas humains, ce qui ne nous empêche pas de renouveler l'œuvre de Bellovèse, d'Annibal et de François Ier. Les difficultés d'une route ravinée et longée de précipices obligèrent à démonter les voitures et les affûts qui furent installés sur des traîneaux. Le moyen fut insuffisant pour le transport des pièces de douze et des obusiers. Il fallut les emboîter dans des demi-troncs de sapin, dévidés exprès sur les lieux. C'est dans ces énormes étuis qu'il fut possible d'effectuer la montée et la descente, avec traction de mulets, de montagnards et de troupes de cent hommes pris alternativement dans les colonnes en marche. L'avantgarde, composée de six régiments, était conduite par Lannes. Lui et les siens d'abord, et toutes les divisions ensuite, passèrent furtivement sous le fort de Bard. Le défilé à travers les montagnes avait commencé le 14 mai, et le 28 du même mois le corps du général lectourois se répandait sur les rives du Pô.

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