alors parti pour le père contre son fils Richard, et partagea avec Henri III, en 1242, les deux défaites de Taillebourg et de Saintes. En retour de ce service, Pierre fut soutenu par le monarque britannique dans une lutte contre le roi de Navarre (1244 et 1245). Celui-ci avait tenté de dépouiller son voisin de Mixte et d'Ostavarès, anciennes dépendances de la vicomté de Dax. En 1253, Henri III donna un nouveau rendez-vous d'armes à Arnaud de Tartas. La lettre adressée à celui-ci en cette circonstance, par son suzerain, a été conservée dans les actes de Rymer (1). L'année 1269 suspendit le bon accord du vicomte de Tartas et du maître d'Albion. Le souverain de Béarn fut chargé d'arbitrer dans le différend, et il condamna le premier à payer au second la somme de 6,000 sous morlans, et le second à réintégrer le premier dans le château d'Uzar, les justices de Born et de Mimizan, enfin dans ses possessions de la montagne et de la côte de Biscarosse. La suzeraineté de l'Angleterre sur les vicomtes de Tartas fut quelquefois abusive. En 1288, Edouard Ier, ayant conclu un pacte avec le roi d'Aragon, lui donna pour ctage Raymond Robert. Le sire de Tartas trouva que l'on disposait de lui d'une façon un peu arbitraire. Le dernier représentant de cette maison vicomtale, petit-fils du précédent, n'en continua pas moins sa fidélité à la cause anglaise. Durant sa minorité, son beau-père, qui avait la régence, lui fit épouser, en premières noces, Condor de l'lle-enJourdain. C'est à lui qu'Edouard ler écrivit (1294) avec cette suscription à son fidèle, lorsqu'il voulut invoquer son bras pour l'aider à punir le roi de France qui avait : (1) Rymer, historien anglais du XVIIe siècle, consacra sa vie à fouiller les archives de la tour de Londres. Il réunit ses découvertes en un Recueil qui a pour titre Fadera, conventiones, litteræ, cujuscumque generis acta publici inter reges Angliæ et alios imperatores, reges, etc. : détaché de sa domination les bonnes gens de Gascogne. Arnaud, ayant perdu Condor de l'Ile-en-Jourdain, contracta un deuxième mariage avec Mathe d'Albret qui devint veuve quatre ans après. Son noble époux avait, à la suite de plusieurs litiges, aliéné tous ses biens au profit des d'Albret. A sa mort, l'un des membres de cette famille, Amanieu, ceignit la double couronne vicomtale de Dax et de Tartas, et la légua par testament à son oncle Guitard. Ces sires d'Albret ou de Lebret, issus d'Aznar, comte des Marches hispano-françaises, ne font leur apparition sur la scène historique que vers le x1° siècle : leur nom indique qu'ils furent originellement chasseurs Lebrauts, Lebrès. La vénerie est, en effet, très honorée dans ces contrées giboyeuses. Ces industrieux seigneurs étaient constamment à l'affût des riches héritières, et tour à tour serviteurs du roi d'Angleterre ou du roi de France, n'ayant d'autre guide que leur intérêt propre. La cité de Tartas, aussitôt après sa réunion aux Etats d'Albret, redevint française en 1336, et le siége d'une lieutenance avec une garnison commandée par le baron Durou pour le compte de Philippe VI. L'année suivante, Bernard Alzy d'Albret opta derechef pour l'alliance étrangère. Le siége et la prise de Tartas par le comte de Foix furent le châtiment de cette félonie. Edouard III, pour consolider la fidélité de ce mobile vassal, lui accorda une indemnité pour les dommages essuyés durant cette guerre. Dans sa gratitude, le seigneur d'Albret lui fit hommage du territoire de Tartas en 1341. Vers 1344, Gaston, gouverneur de Guienne, fondit de nouveau sur la ville rebelle et y pénétra malgré l'héroïque résistance de la garnison. Ses troupes égorgèrent tout malgré la volonté de leur chef qui fit de vains efforts pour empêcher le carnage. Un autre revirement politique s'opéra en 1366. Le prince Noir, ayant appris de la bouche du vicomte landais, Arnaud Amanieu d'Albret, qu'il pouvait mettre sur pied mille lances, c'est-à-dire environ 6,000 hommes, voulut l'obliger à réduire ses forces. Justement irrité de cet ordre soupçonneux et tyrannique, il déserta le drapeau britannique pour se réfugier sous la bannière nationale, et, l'année 1368, par son union avec Marguerite de Bourbon, il devint beaufrère du roi Charles V, et bientôt après connétable. (La suite au prochain numéro.) RIESBEY. A M. DE LAMARTINE, Après avoir lu la dernière Livraison de son Cours familier de Littérature. << Il est beau de tomber victime, LAMARTINE. (Harmonies poétiques et religieuses.) En lisant, à l'écart, la page désolée Qui de ton cœur brisé m'apporte les sanglots, Ils ont donc oublié cette heure d'épouvante Et pourtant ton âme déborde Pourtant, quand l'heure fut venue << Non, citoyens, pas celui-là ! >> Ton courage étonna le lion populaire; Tu bravais, sans pâlir, son ardente colère, Tandis qu'eux, les ingrats, tremblaient sur leurs genoux. Dans leurs mains, en pleurant, ils cachaient leur visage, Comme l'enfant qui pleure, effrayé par l'orage; Leurs cris te disaient sauve-nous ! Que béni soit le Dieu qui, trempant ta grande âme Fit jaillir de ton cœur, comme une double flamme, Ami, tu l'as cherché ce Dieu que tout adore; Tu ne voulus jamais polluer ton génie En flots d'azur et d'or il aime à s'épancher. Le malheur sur les jours a projeté son ombre; L'horizon pour tes yeux s'est chargé de nuages; La France a retiré sa main!... Oh, quel siècle quels jours! comme un coursier sauvage Le temps où nous vivons brise sur son passage Oh! si j'avais reçu les dons de la fortune! Et n'as-tu pas, d'ailleurs, dans tes nuits d'insomnie, D'un ange aux blonds cheveux!... Poète, réponds-moi : Efface sur ton front chaque ride imprimée, Et sa voix qui te dit : Père, console-toi! Mai 1859. C. CLAUSADE, de Marciac (Gers.) MISCELLANÉES. Le maréchal de Saxe disait qu'on ne gagnait pas les batailles avec les mains, mais avec les pieds. On savait, avant lui, que les bons marcheurs étaient les meilleurs soldats. Durant la foudroyante campagne de Gaston de Foix en Italie sous Louis XII, l'infanterie gasconne avait rivalisé de vitesse avec la cavalerie et fait merveille au siége de Brescia et à Ravenne. Plus tard, elle fut incorporée dans les légions provinciales et contribua puissamment à la glorieuse journée de Marignan (1515), renouvelée par le maréchal Baraguay-d'Hilliers au début de ce mois. Dans les chansons du temps cette victoire fut célébrée et l'on y rendit justice aux gascons. Voici un couplet de cette époque qui signale leur vaillance: Aventuriers, bons compaignons, |