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Voici le signalement des quatre deniers d'argent, que parmi d'autres monnaies, toutes impériales, M. Mannas, pendant notre visite à la Tour de César, mit sous nos yeux; il nous en fit don, et nous les conservons dans notre collection comme un gage de sa bienveillance pour nous:

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IMP. CAESAR VESPASIANVS AVG., tête de Vespasien. R. IVDAEA CAPTA, la Judée captive assise devant un trophée d'armes.

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IMP. NERVA. CAES. AVG. T. P. COS. III. Tête de Nerva.

R. AEQVITAS AVGVSTA, femme debout, tenant dans la main droite des balances, et dans la gauche une corne d'abondance.

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FAVSTINA AVGVSTA, tête d'Annia Galeria Faustina, femme d'Antonin le Pieux.

R. IVNONI REGINAE, Junon debout, tenant de la main gauche un sceptre ou bâton royal, et de la droite un diadème ou bandeau royal, le paon à ses pieds.

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IMP. PHILIPPVS AVGVSTVS, tête de Philippe radiée. R. FIDES EXERCITVS, trois enseignes.

LE BARON CHAUDRUC DE CRAZANNES,

de l'Institut, non-résidant du comité des travaux historiques, inspecteur des mêmes monuments, etc.

GABRIELLE D'ESTRÉES

ET

LA POLITIQUE DE HENRI IV

PAR M. CAPEFIGUE (1).

Il y a dans ce livre des portraits de fantaisie, du style propre à l'auteur, de l'histoire comme on n'en fait pas, et de la littérature à nulle autre pareille. Que l'on juge des portraits et du style par le morceau qui suit (p. 65, 66) :

« Henri de Béarn avait 33 ans, âge de maturité et de force; telles avaient été les traverses de sa vie, ses inquiétudes, les fatigues de la guerre et des plaisirs, que déjà son visage s'était racorni sous les rides; sa peau brune était devenue presque noire comme le teint des vieux basques. Dans la dernière campagne il avait eu tant de souci que ses cheveux et sa barbe avaient grisonné; son nez démesurément long et crochu descendait jusque sur son menton, de manière à laisser peu de place à sa bouche ombragée d'une moustache presque grise. Les traits de la Gascogne, assez beaux dans la jeunesse, prennent dans la vie avancée des proportions marquées, sensuelles, railleuses, et, qu'on me permette cette comparaison, comme le polichinelle d'Italie, et avec cela des yeux égrillards, un sourire moqueur, des dents toutes jaunies et tremblantes à la suite de quelques excès d'amour et de guerre. »

Le peintre a sur sa palette de bien riches couleurs : le teint noir des vieux basques, le gris des cheveux, de la barbe et de la moustache, le jaune des dents! Il sait les fondre et les nuancer avec beaucoup d'art. Mais il n'est pas de l'école

(1) Amyot, éditeur; Paris, 1859. — Typographie d'Ernest Meyer. Les fautes d'impression fourmillent dans cet ouvrage.

française on le voit à son style, il peint... non, il écrit comme un barbare: la phrase qui commence par les traits de la Gascogne finit d'une singulière façon par les dents tremblantes de Henri IV. Un Welche ne l'eût pas écrite au

trement.

Ce sont là les moindres défauts du livre de M. Capefigue; passons à l'histoire.

D'après M. Capefigue, Catherine de Médicis n'est plus cette reine, perfide et cruelle, qui mit en pratique l'affreuse devise diviser pour régner, et qui fit égorger les Huguenots, le 24 août 1572; c'est une reine qui entraînait le gouvernement de son fils dans les voies de la modération, qui voulut apaiser les factions et calmer la guerre civile (p. 18, 19).

On avait dit jusqu'à présent, d'après les témoignages les plus certains, qu'il y avait eu à Paris, la nuit de la SaintBarthélemy, un horrible massacre, prémédité, organisé, commandé par Catherine de Médicis... Quelle erreur! M. Capefigue proclame la spontanéité populaire de l'insurrection du 24 août 1572, dirigée contre les Huguenots (p. 35).

Ce n'est pas tout: Henri III eut des vices ignobles; de Thou a flétri les mœurs des mignons de ce prince. Ah! le pauvre historien! Il n'a fait que copier les pamphlets calomnieux des Huguenots. Ouvrez l'ouvrage de M. Capefigue; c'est là que brille la pure vérité; vous y lirez (p. 54): —

Le mot mignon a été détourné de sa signification naturelle pour en faire une ignoble accusation; mignon n'avait jamais été pris dans le sens étrange et florentin qu'on lui a donné... Le roi, dit-on, passait des colliers d'or au cou de ses mignons (ce collier n'était-il pas celui de l'ordre du Saint-Esprit?); il les baisait aux joues (n'était-ce pas l'accolade de chevalerie?). » Désormais, de par M. Capefigue,

Henri III doit passer pour un monarque presque chaste, et ses mignons pour de vertueux chevaliers.

Notre auteur n'est pas moins extraordinaire dans ses appréciations littéraires que dans ses révélations historiques.

La Henriade n'est pas sans défauts; nul lettré ne l'ignore; mais qu'il y a loin de le reconnaître à déclarer, comme le fait M. Capefigue, que tous les vers de ce poème sont plats (p. 144).

Jusqu'à ce jour, on s'était accordé à dire que la Satyre Ménippée était un bon livre, où se trouvent, à côté de quelque partialité, beaucoup d'esprit et de franc-rire; la raillerie y inet en relief le patriotisme, et le sarcasme s'y élève jusqu'à l'éloquence. Mensonge, mensonge! M. Capefigue soutient (p. 81) que la Satyre Ménippée est un obscur et plat recueil, moitié universitaire, moitié huguenot, œuvre de lâches et de corrompus (p. 88).

L'auteur de Gabrielle d'Estrées et de la Politique de Henri IV reconnaît que son livre est très franc et très osé (préf. xvII); il l'a fait pour RECTIFIER quelques idées enseignées dans les livres classiques (préf. v).

Pour nous, depuis que le ridicule et le mépris avaient frappé cette façon d'écrire l'histoire, à laquelle se rattache le nom de Loriquet, il nous semblait qu'il y avait, sur certains points historiques, des opinions et des jugements universellement admis; nous croyions que, pour ces opinions et ces jugements, on pouvait différer sur la manière de les exprimer, de les formuler, mais qu'aux yeux de tous le fond en était le même; nous étions dans l'erreur, force nous est de l'avouer : nous avions compté sans les égarements où poussent l'extravagant amour du paradoxe, et quelque chose de pis encore qui se trouve dans l'ouvrage de M. Capefigue.

V. LESPY.

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Le troisième taureau Veterinario (un vilain nom dont il se montra digne) fut lâche et mou flocco; c'est cependant un défaut assez rare chez les taureaux navarrais, qui seuls paraissaient ce jour-là sur l'arène.Les taureaux de Navarre sont en général petits mais de belles formes, trèsvifs et très lestes; la valeur et la noblesse forment leur caractère distinctif; les taureaux de Castille et d'Andalousie sont remarquables par leur taille et leur belle prestance; ils sont assez forts pour porter sur leurs cornes cheval et cavalier quand ils ont fait une bonne entrée; mais ils ont souvent peu de résistance. Les premières passes de pique les amollissent, ils n'en deviennent que plus difficiles à combattre, mais ces luttes manquent de l'entrain que possèdent à un si haut degré les intrépides petits narvarrais; c'est ce qui fait que les courses du Nord de l'Espagne sont peut-être plus intéressantes que les grandes corridas de Séville ou de Madrid. Veterinario ne soutenait cependant pas cette réputation de folle bravoure; il ne chargea pas les chevaux, se prêta à toutes les fantaisies des chulos, offrit bêtement son cou aux dards des banderilles et se laissa tuer par un élève de Cucharès qui, ce jour-là, tuait son premier taureau en public. Le maître présenta lui-même son élève à l'alcade qui donna son consentement. Lillo fit le salut d'usage et marcha au taureau. Après quelques passes de muleta fort applaudies, Lillo porta au taureau une estocade à fond en ramenant l'épée. Veterinario ne méritait pas une si belle mort. Il se faisait pourtant prier pour tomber; les chulos accoururent le marear, l'étourdir de leurs capes en le faisant tourner sur lui-même... Le taureau beuglait à faire pitié, c'était un mugissement rauque et sourd comme un râle, il tirait une langue sèche et noire; sa tête tremblait comme la tête d'un vieillard, il soulevait ses flancs par des convulsions qui faisaient jaillir le sang de sa blessure; enfin, épuisé, sentant la palissade à son côté, il s'appuya sur elle, puis ses pieds glissèrent, un chulo le poussa un peu, il tomba. Le cachetero lui donna le coup de grâce. L'estocade qui foudroie n'est pas toujours la plus belle estocade. Les règles du combat sont telles qu'un taureau tué de trois ou

(1) Voir, ci-dessus, p. 173, 209, 245, 270, 293, 319, 342 et 375.

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