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qui fasen lo dol, et aqui dixo tantes de paraules doloyroses que ladite Madone se engoeixa et ana a terre; et puixs los barons la lhevan, et eg segui son camii, aixi cum per davant es ordenat, et se vi ab Madone et ab Moss. ne velz antz que no fo aus Frays, fasen gran dol et grant bruut.

Et aixi medixs los autres cabags anaven totz temps davant Madone et Moss., aixi cum per davant es en l'autre ordenance ordenat, et passan per lo costat deu lant, et puixs se retregon a la claustre, et aqui damoran entro fo temps de auferir; et entertant que la misse se dise, vienco lo cavag negre deu dol ab las gens vestitz de negre, et autres comunies fasen gran dol et biaffore pres deu lant.

Et abantz que no fo temps de offerir, los baroos, et nobles, et gentius, totz anan de 1 en 1 a l'entorn deu lant, tornian per l'autre estrem ont eren los autaas, tornian 1 cops a l'entorn deu lant, totz temps cridan, los totz baroos et autres, biaffore de Moss. Et quant agon acabat, vienco lo rocii qui portave lo dol, et aqui ont an acostumat de offerir, et aqui l'omi se gela a terra, mas que y ave gens qui lo sostenen, et aqui podan tota la sobreveste deu cabag et lo penoo; et apres damoran las gens aq

faisaient le deuil, et là, il leur dit des paroles si tristes que Madame tomba en défaillance; les barons la relevèrent, et lui suivit le chemin, comme il a été précédemment ordonné, et il rencontra Madame et Monsg. quatre fois avant qu'ils fussent arrivés aux Frères, et il y eut des scènes douloureuses.

En même temps, les autres chevaux allaient toujours devant Madame et Monsg., ainsi qu'il a été précédemment ordonné; ils passèrent à côté du catafalque, et puis se retirèrent dans le cloître où ils restèrent jusqu'au moment de l'offrande.. Pendant que la messe se disait, vint le cheval noir du deuil, avec les personnes vêtues de noir, et autres gens très affligés qui crièrent Biaffore près du catafalque.

Avant l'offrande, les barons, les nobles, les gentilshommes, tous allèrent de deux en deux autour du catafalque, passèrent par l'autre côté où étaient les autels, firent deux fois le tour du catafalque, criant toujours lesdits barons et autres, Biaffore de Monseigneur! Quand ils eurent achevé, vint le cheval qui portait le deuil, suivi de son cortége, et à la place où l'on fait l'offrande d'ordinaire, l'écuyer se laissa aller à terre, ily avait des gens qui le soutenaient; on déchira le caparaçon du che

ont la ordenance ditz que deven val et le pennon; le cortége resta là où l'ordonnance dit qu'il devait rester.

damorar.

Et empres vienco lo rocii qui portave l'omi qui ere armat de l'arnees deu torney, qui s'apere Johan de Navalhes, beg home et joen, et ere tot armat de arnes blanc, et dessus l'arnees portave vestide une cote d'armes de las armes deudiit Moss., que Diu perdon, et portave en lo cap un petit feume en que ere lo timbre de las armes de Foix et de Bearn, et portave per lo cog en bag un scut de las armes deudiit Moss., et en la maa portave une grant espade, ben bere, tote nude; et Guilhem Arnaut deu Leu prenco l'espade et la balha a Moss. Gaston de Foix, Captau de Buch, filh deudiit Moss. et Madone, et la ana offerir a l'avesque que dise la misse; et prenco Guilhem Arnaut deu Leu l'escut et lo balba a Moss. Archambaud de Foix, filh deudiit Moss. et Madone, et au senhor de Lesparre qui ere nebot deudiit Moss., et los fo balhat de trebes, et lo portan offerir de treves; et tantost cum agon offerit, vienco Moss. et va anar dont estave en fore ont l'escut ere en las maas de un caperaa pres de l'avesque, et prenco lodiit escut et

Ensuite vint le cheval qui portait l'écuyer chargé des armes du tournoi (1); c'était Jean de Navalhes, bel homme, jeune, tout équipé de blanc; sur l'armure, il avait une cotte d'armes aux armes dudit Monseigneur, que Dieu pardonne; sa tête était couverte d'un petit heaume marqué aux armes de Foix et de Béarn; il portait, pendu au cou, un écu aux armes dudit Monsg., et à la main une grande. épée, bien belle, toute nue. Guilhem Arnaud du Leu prit l'épée et la donna à Monsg. Gaston de Foix (2), Captal de Buch, fils dudit Monsg. et de Madame, qui alla l'offrir à l'évêque officiant. Le même Guilhem Arnaud du Leu prit l'écu et le donna à Monsg. Archambaud de Foix, fils dudit Monsg. et de Madame, et au seigneur de Lesparre qui était neveu dudit Monsg.; il leur fut remis de travers, et c'est ainsi qu'ils le portèrent à l'offrande; dès qu'ils l'eurent offert, Monsg., sortant de sa place, se dirigea vers l'écu qui se trouvait entre les mains d'un prêtre près de l'évêque; il prit ledit écu et le dressa; puis, s'étant tourné,

(1) Froissard nous apprend qu'à l'obsèque du comte de Flandre on offrit les destriers de la guerre et les destriers du tournoy, les glaives de la guerre et les épées du tournoy, les heaumes de la guerre et les heaumes du tournoy, les bannières de la guerre et les bannières du tournoy.

(2) La tierce offrande doit estre l'espée, laquelle doit estre offerte par les deux plus vaillans hommes de toute l'obsèque. (Du Cange; loc. cit.) »

lo dressa, et puixs se bira enta la gent que lo bissen cum eg lo ave dressat, et puixs li ostan et fo metut faut ab las autres armes out estar deven; et puixs s'en torna asson loc hon estave. Et lo senhor de Coarraze et lo senhor de Mauleon amasse portan offerir lo timbre; et lo vescomte d'Orte et Rodger, senhor d'Espanhe, mian lo rossii auferir, l'omi estan dessus; et cant l'auferte fo feyte, l'omi debara, et aqui se dezarma sa cole d'armes, et fo metude ab lo plus.

Et apres vienco lo cavag qui portave la banere, et Moss. Johan de Bearn dessus, armat de came et de coexe et de ganteletz et abantz bras et gardebras, et la cote, et lo bassinet au cap, et portave la cote d'armes vestide de las armes deudiit Moss., lo cavag et la suberveste de las medixes armes, et lo senhor de Peyre prenco la banere, et aqui la tengo entroo fo

temps de meter le faut; cant l'auferte fo feyte, et lo senhor d'Andonhs et lo senhor de Lescun prencon lo bassinet et l'anan auferir; et lo senhor de Gramont et lo senhor de Castegnau prencon lo cavag et l'anan auferir.

il le montra dressé à tous les assistants; on le lui ôta ensuite pour le suspendre où devaient être les autres armes; Monseigneur retourna alors à sa place. Le seigneur de Coarraze et le seigneur de Mauléon offrirent ensemble le casque (1); le vicomte d'Orte et Roger, seigneur d'Espagne, vinrent offrir le cheval, l'écuyer étant dessus; quand l'offrande fut faite, l'écuyer descendit et ôta sa colte d'armes que l'on mit avec le reste.

Puis vint le cheval qui portait la bannière, monté par Monsg. Jean de Béarn, qui avait des jambards, des cuissards, des gantelets, des avants-bras et garde-bras, le bassinet en tête, et la cotte d'armes aux armes dudit Monsg., lesquelles se trouvaient aussi sur le caparaçon du cheval. Le seigneur de Peyre prit la bannière et la tint jusqu'à ce que, l'offrande faite, il` fallut la suspendre. Le seigneur d'Andoins et le seigneur de Lescun prirent le bassinet et allèrent l'offrir. Le seigneur de Gramont et le seigneur de Castelnau allèrent offrir le cheval (2).

(1) La seconde offrande doit estre le healme (casque), que les deux et plus grands seigneurs qui soient à l'obsèque doivent porter, et doivent tous deux ensemble offrir. DU CANGE: loc. cit.)

(2) La quatriesme offrande doit estre d'un cheval, couvert des armes du trespassé, et sera monté dessus, un gentilhomme ou amy du trespassé, qui portera sa bannière, ou son pennon..... et sera accompaigné de deux nobles hommes des plus vaillans et des plus renommez à estre capitaines et gouverneurs de gens d'armes. (DU CANGE; loc. cit.) »

Et apres vienco lo cavag qui portave lo penoo; et Arnaut lo Proos lo prenco, qui es servidor de Moss. lo Capdau, ere dessus armat de l'arnes, de came et de coexe, de la cole, abantz bras, ganteletz, et au cap portave lo bassinet, mas no fo auferit, et la cote d'armes de las armes deudiit Moss., et lo cavag la suberveste de las medixes armes; et lo senhor de Gerzerest et lo segnor de Gabaston auferin lo cavag

Et apres viengo lo cavag qui portave la devise deudiit Moss., et cavalgave lo cavag lo bore de Tilh, servidor de Moss. de Navalhes, armat cum los dessus, et portave au cap un cabas de fer ab une garlande de plumes, et un goneg estret de la devize deudiit Moss., qui ere une biche blanque ab une cadene daurade en lo cog, ben pendente, et lo cam ere partit de negre et de rotge, la cuberte deu

cavag feyte de la medixe maneyre, et portave l'estandart de la medixe maneyre; et auferin lo cavag Moss. Johan senhor de Caupene et deu Seranh et lo senhor de Doazit.

Et apres fon metutz las banere, et penoo, et estandart, scut et timbre, faut, on acostumat an d'estar; et apres se acaba la misse.

Et cant la misse fo acabade, dixo lo predic Moss. l'avesque d'Oloron bey honorablemenzt. Et

Ensuite vint le cheval qui portait le pennon; Arnaud le Preux, serviteur de Monsg, le Captal, le montait; cet écuyer était armé de jambards, de cuissards, d'avantbras et de gantelets; il avait sur la tête le bassinet, qui ne fut pas offert. Sa cotte d'armes et le caparaçon du cheval étaient aux armes dudit Monsg. Le seigneur de Ger. derest et le seigneur de Gabaston offrirent le cheval.

Après lui, vint le cheval qui portait la devise dudit Monsg.; il avait pour écuyer le bâtard de Tilh, serviteur de Monsg. de Navalhes, qui était armé comme les autres; il était coiffé d'un cabasset de fer, entouré d'une guirlande de plumes, et portait un étroit manteau aux armes dudit Monsg., qui étaient une biche blanche avec une chaîne dorée au cou, bien pendante, en champ mi-parti noir et rouge; on les voyait aussi sur le caparaçon du cheval et sur l'étendard que portait l'écuyer. Le cheval fut offert par Monsg. Jean, seigneur de Caupène et du Saranh, et par le seigneur de Doazit.

Bannière, pennon, étendard, écu, casque, tout fut suspendu où l'on suspend d'ordinaire ces objets, et puis on acheva la messe.

Lorsque la messe fut achevée, Monsg. l'évêque d'Oloron fit en chaire un beau discours, après le

cant lo predic fo acabat, dixo la respon; et los avesques et abatz estaven ab lors mitres aus caps et crosses en las maas; et tant cum la respon se dise, Madone la comtesse parti de la borde on estave au banc, et la mian a la sepulture on lodiit Moss. es sepelit, et las baroesses et autres dones et fempnes ab luy, et aqui fen gran dol, totz temps cridan.

Et apres anan far la basalhyque. aus caperaas, religioos et clercx, los qui dabant son hordenatz; en que disen que ave VIII caperaas, et in clercx; cade un caperaa prenc un florin feyt, et lo clerc, tres florins feytz, et los abesques, et abatz, et autres grans clercx et chantres, sengles scutz.

Et tant cum la basalique se faze, Madone et Moss., et Moss. l'avesque de Lescar, Moss. lo Capdau, Moss. de Navalhes et autres abesques, abatz, baroos, nobles, dones, gentz de comunies de totes partz, qui eren aqui ajustatz per las honors deudiit Moss. anen entau casteg d'Ortes, on ave proo viures de totes mancyres; et aqui mingan

quel on dit le répons; les évêques et les abbés avaient leurs mitres sur la tête, leurs crosses à la main. Pendant que le répons se disait, Madame la comtesse se leva de son banc; on la conduisit à l'endroit où ledit Monsg. est enseveli (1); elle était accompagnée des baronnes, d'autres dames et de femmes qui donnèrent là en criant des marques d'une grande affliction.

On alla faire ensuite la basalique aux prêtres, religieux et clercs déjà rangés; on dit qu'il y eut huit cents prêtres et quatre cents clercs; chaque prêtre reçut un florin, chaque clerc, trois florins, et les évêques, les abbés et les autres grands clercs et chantres eurent un écu chacun.

Pendant que la basalique se faisait, Madame et Monsg., Monsg. l'évêque de Lescar, Monsg. le Captal, Monsg. de Navalhes, les évêques, les abbés, les barons, les nobles, les dames et les gens verus de toutes parts pour assister aux honneurs dudit Monsg. se rendirent au château d'Orthez, où il y avait, en suffisante quantité, des

(1) Nous lisons dans un autre document de nos archives (Chronique des Comtes de Foix) : — « L'an mil CCCC e dotze, morit lodit Mossen. Archambaud, comte de Foix en Bearn, et apres fot portat lo sieu cors et bazelica sepulturar al honorable monastier de Borbona de ladite orde blanca de Cisteus, en loquoal lors predecessors senhors comtes de Foixs son sepulturatz.... >

Pour faire concorder ce texte avec celui de la relation des honneurs d'Archambaud, il faut admettre que le comte de Foix, mort en 1412, fut inhumé à Orthez (où l'on célébra deux ans après un service funebre en son honneur), et que le corps du prince fut ensuite exhumé et transporté à Bolbone dans le comté de Foix.

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