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sait échouées dans la vase les embarcations qui nous eussent sauvés. La baie était bien là, à deux pas de nous; en quelques coups de rame nous eussions été portés au milieu du chenal, mais la baie était un lac de fange noirâtre étoilé de flaques d'eau. Pour aller à droite par terre, pas de chemin tracé; il fallait contourner le golfe à travers les hautes herbes qui révélaient des marécages; pour aller à gauche, il fallait suivre notre route; elle longeait la baie et menait à une jetée qui, là-bas, loin devant nous, profilait une large ligne blanche. Allons à gauche, et au petit bonheur, s'écria l'optimiste; tout chemin mène à Rome.-Ce n'est pas à Rome que j'ai dessein d'aller, murmurai-je; enfin, avançons toujours. Nous descendîmes la rampe qui surplombait la Conche, les deux kilomètres qui nous séparaient de la jetée furent enlevés comme par enchantement, nous traversâmes la digue, et, comme onze heures sonnaient à l'horloge d'une petite église, nous entrions dans la ville.

(La suite prochainement.)

FAUGÈRE-DUBOURG.

BIOGRAPHIE AQUITAINE.

DAIGNAN (GABRIEL), qui naquit à Condom et mourut à Paris en 1732, mérite, en ce Recueil, une place particulière comme représentant distingué de la science médicale. Il conquit le grade de docteur à la faculté de Montpellier, et devint successivement médecin des hôpitaux militaires et des armées, médecin ordinaire du roi, membre du conseil de santé. Plusieurs sociétés savantes l'appelèrent dans leur sein et couronnèrent ses œuvres scientifiques.

Le docteur Daignan, après plusieurs années du service et du dévoûment le plus actif dans ses différentes fonctions, sollicita sa retraite à l'aurore de la Révolution. Il se retira avec le grade de premier médecin des armées, et fixa sa résidence à Paris, où il ne cessa jusqu'à sa mort de combattre par ses soins et sa plume les maux de l'humanité.

Non moins recommandable par les qualités du cœur que par les connaissances de l'esprit et l'expérience acquise dans une longue carrière, on le voyait sans cesse voler au secours des indigents, leur prodiguer non-seulement les secours de la science, à toutes les heures, mais encore, malgré la médiocrité de sa fortune, les médicaments nécessaires, une nourriture plus saine, de l'argent : c'était un véritable philanthrope.

Absent de la ville de Condom depuis sa première jeunesse, Daignan conserva jusqu'à la fin de sa vie, pour son pays et ses compatriotes, le souvenir et l'attachement le plus vif.

Durant ses fréquents séjours à Paris, à l'époque où des liens intimes, ainsi que des travaux archéologiques et historiques attachaient celui qui écrit ces lignes au département du Gers et à ses enfants, il fut heureux de cultiver dans les dernières années de sa longue et hononorable vie le respectable vieillard qui fait le sujet de cette notice.

Dans nos fréquentes relations, il éprouvait toujours un nouveau charme à m'entretenir de la patrie absente qui vit dans le cœur de tous les hommes, et que l'éloignement et le temps semblent fortifier et redoubler chez les hommes âgés.

Une chose qui le contrista durant une partie de sa bienfaisante carrière, ce fut la dureté et l'injustice de la critique envers lui et ses œuvres. Ces épreuves sont communes à tous les gens de letires en général, et il faut avoir assez de grandeur d'âme pour s'y résigner.

Le jour tardif des éloges et de la glorification arriva encore trop tôt pour Daignan, au gré de ses concitoyens et de ses amis; j'ai sous les yeux le panégyrique que publia à l'occasion de sa mort le Journal de l'Empire, le 8 avril 1802, dans lequel et après un tableau tout à fait laudatif des actes

de sa vie, le chroniqueur ajoute, en parlant de quelquesunes des publications médicales de celui qui nous occupe : « M. Daignan, savant et habile dans l'art de guérir, a laissé une traduction estimée de Baglivi, plusieurs dissertations latines et françaises, que l'on pourrait regarder comme autant de traités complets sur des sujets très intéressants en médecine, physiologie, d'autres ouvrages importants, entr'autres, un tableau des variétés de la vie humaine, où l'on trouve une vaste étendue de connaissances, de vues et d'applications utiles, etc., etc..

L'auteur de la notice dont on vient de parler ne paraît pas avoir connu tous les ouvrages publiés par le savant praticien qui en a fait le sujet, ou du moins il n'en a pas donné l'énoncé; pour réparer cette omission ou cette lacune, nous allons reproduire ici exactement le titre des nombreuses publications du médecin Daignan, d'après la la liste qui termine le 2 volume de ses Centuries médicales. 1. Traduction des maladies de Baglivi, 1 vol. in-12; 2o Remarques et observations sur l'hydropisie, 4 vol. in-8°;

3o Mémoire sur les effets salutaires de l'eau-de-vie de Genièvre, dans les pays bas, froids, humides et marécageux, tant en santé qu'en maladie. Brochure in-4° et in-8°, (deux éditions.)

40 Recherches sur les Causes des Maladies de gravelines de l'automne 1777, 4 vol. in-8°;

5o Réflexions sur la Hollande, où l'on considère particulièrement les hôpitaux et les autres établissements de charité, 1 vol. in-12;

6o Topographie médicale du Calaisis, 1 vol. in-8°;

7o Différents mémoires sur l'épizootie de la châtellenie de Bergues, 1 vol. in-8°;

80 Précautions générales dans le traitement de la dyssenterie qui régna en Bretagne en 1779, 1 vol. in -4°;

9 Remarques sur les fièvres putrides et malignes en général et en particulier, sur celles de l'automne 1780 et 1781, 1 vol. in-8°;

40° Rapport des épreuves du remède de Godernaux contre les maladies........brochure in-8°;

14° Ordre du service des hôpitaux militaires, 1 vol. in-8°; 12o Tableau des variétés de la Vie humaine, 2 vol. in-8°; 13° Gymnastique des enfants, brochure in-8°; 14° Gymnastique militaire, brochure in-8°;

15° Nouvelle administration politique et économique de la France, brochure in-8°. (Ouvrage contenant les inspirations d'un bon citoyen et d'un philanthrope, du reste à peu près étranger, comme son titre l'indique, à la médecine, et où les considérations relatives à l'hygiène publique ne figurent qu'accessoirement);

16° Mémoire sur la dyssenterie à l'armée de l'Ouest, 1792, brochure in-8°;

17° Conservateur de la Santé, brochure in-8°;

18° Supplément au Conservatoire de la Santé, brochure in-8°;

19° Mémoire sur les moyens d'extirper la mendicité en France, brochure in-8°;

20° Résumé général des ouvrages et des vues de l'auteur, pour remédier aux principales causes qui nuisent à la conslilution de l'homme, qui altèrent sa santé, et qui rendent sa vie malheureuse, 1 vol. in-8°;

21° Relation d'un voyage de l'auteur en Normandie et dans les Pays-Bas, brochure in-8°;

22. Centuries médicales ou recueil de faits résultant d'une longue et heureuse pratique qui confirment la doctrine d'Hippocrate, et qui sont consignés dans la relation des maladies qui régnèrent sur les côtes maritimes du Nord depuis 1757 jusqu'en 1807, 2 vol. in-8°;

23° Toilette secrète des dames françaises, brochure in-8°. On voit par la nomenclature qui précède que le plus grand nombre des écrits du docteur Daignan lui fut inspiré ou commandé par son mandat de médecin de nos hôpitaux militaires et de nos armées, et de membre du conseil de santé, fonctions qui ne furent rien moins que des sinécures pour lui.

A la fin de ses jours, nous le vîmes encore tourmenté de cet amour de la science et du bien public qui l'avait animé toute sa vie.

Nous pensons que nos anciens amis, les Condomois, nous sauront gré d'avoir appelé ici leur attention sur les titres et les services d'un de leurs plus honorables et savants compatriotes.

Le Baron CHAUDRUC DE CRAZANNES,

De l'Institut de France, etc.

St-Elix-Theux, octobre 1859.

Monsieur le Directeur,

On a découvert récemment, en creusant un fossé dans le bois de St-Elix-Theux, un fragment de granit, travaillé de main d'homme. Sa présence dans un lieu éloigné de tout rocher a naturellement excité ma surprise.

Les cailloux de la même nature, que les eaux roulèrent des Pyrénées aux époques primitives, s'arrêtent au plateau de Lannemezan. Il faut donc que la pierre qui nous occupe ait été transportée par les hommes d'une distance de plus de 40 kilomètres. Ce n'est pas que son volume et son poids soient considérables; elle ne mesure que 80 centimètres de longueur, 40 de largeur et 12 d'épaisseur; mais sa forme est remarquable on dirait le dossier d'une chaise curule ou plutôt l'extrémité d'un sarcophage grossier, amincie et rendue légèrement concave par le pic du tailleur de pierre. Elle était placée à cinquante centimètres

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