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de campagne. Notre amphytrion nous offrit de le faire relever si l'administration départementale lui en exprimait le désir, proposition que mon collègue et moi nous empressâmes de transmettre à cette dernière, qui n'y donna pas suite, malgré nos instances.

D'après une autre information de nos guides, on remarquait, il y a quelques années, autour du même oratoire un grand nombre d'arbres épars fort anciens, et particulièrement des chènes séculaires; ils étaient peut-être, et cette idée souriait à notre confrère de l'Athénée, les descendants du lucus ou bois sacré au milieu duquel le temple d'Apollon était placé, et qui protégeait les réunions des sectateurs du paganisme proscrit, lesquels continuaient à y célébrer dans le silence et le mystère les cérémonies de leur religion, lorsque St-Orens, informé de ces assemblées, fit détruire le sanctuaire qui y donnait lieu. D'autres iconoclastes, que le zèle religieux n'animait plus, le ruinérent une seconde fois, quatorze siècles plus tard.

Près de l'emplacement de notre monument, il est un lieu qui a conservé jusqu'à cette heure la dénomination très remarquable et significative de Diou-ardent, qui se traduit par Dieu-ardent, appellation qui est un des surnoms d'Apollon, dieu du soleil et de la lumière.

J'ignore s'il reste encore quelques traces du fanum de Nerveva et de la chapelle de St-Cricq, dont les quatre murailles étaient demeurées seules debout lorsque je les visitai, il y a plus d'un demi-siècle, ou si cet édifice a été restauré et rendu au culte (1). Il ne me reste plus de mon excursion archéologique qu'un souvenir fugitif. Les personnes qui en faisaient partie avec moi, et dont je cite

(1) Je n'ai trouvé aucune indication à ce sujet dans l'intéressante histoire d'Auch, de M. P. Lafforgue.

le témoignage à l'appui de mes assertions, ne sont plus. Si donc, dans mon récit, j'ai pu faire quelque omission essentielle et commettre quelque erreur dans mes descriptions, je dirai volontiers pour m'excuser vis-à-vis de mes lecteurs..... Les ans en sont la cause.

LE BARON CHAUDRUC DE CRAZANNES, de l'Institut de France, etc., etc.

ÉPHÉMÉRIDES MILITAIRES.

23 MAI. (4 prairial 1796). Les paysans lombards, à l'instigation des moines et des nobles, partisans de l'Autriche, se soulevèrent contre l'armée française. Les insurgés ne purent pénétrer dans Milan, mais ils se rendirent maîtres de Pavie. Le bourg de Binasco était également à la merci des rebelles. Lannes les tailla en pièces et incendia le village. Le lendemain, Pavie était assiégée et prise par 300 hommes de cavalerie et un simple bataillon.

ΜΑΙ 1800. Le mois de mai 1800 fut pour Lannes une série de victoires, une véritable marche triomphale: le 17, à la tête de l'avantgarde de l'armée française, que le premier consul avait lancée sur le débouché des Alpes pour le déblayer, le général Lectourois délogea d'Aoste les Croates qui tenaient ce poste; le 18 il les déroutait près de Châtillon; le 49 il se portait sur Ivrée, et le 21 il attaquait la citadelle de cette ville défendue par 4,000 Autrichiens. Le lendemain, c'est-àdire le 22, il monta à l'escalade et enleva la forteresse et l'enceinte bastionnée qui la circonvenait. Dans cet assaut, le Roland moderne précédant la 22e et la 40e demi-brigades frappa le premier de sa hâche le pont-levis. L'ennemi fut jeté hors de la place et pourchassé à outrance. Après cette poursuite, Lannes s'établit fortement aux points désignés par Bonaparte.

Le 26 du même mois nos soldats, ivres de triomphes, franchissaient la Chiusella. Quelques bataillons opérèrent leur passage sur un pont et sous un feu d'artillerie terrible qui n'arrêta pas leur élan. D'autres, sous les ordres du colonel Macon, traversèrent le lit de la rivière. La cavalerie autrichienne s'avança bravement sur eux, mais elle fut repoussée. Trois charges successives dirigées par le général Haddick ne

purent entamer notre infanterie formée en carré. Les Autrichiens laissant un grand nombre de morts sur le champ de bataille et beaucoup de prisonniers en nos mains cédèrent le terrain et vinrent se retrancher derrière l'Orco.

Le 28, l'avant-garde française bordait les rives du Pô. A la nouvelle de cette foudroyante irruption, les troupes austro-sardes abandonnèrent Turin, et Launes put capturer tous les convois de vivres et de munitions expédiés par la voie fluviale.

22 MAI 1809, mort de Lannes. Le mois de mai, si glorieux en 1800, devint tragique en 1809. La bataille d'Essling fut une hécatombe de 40,000 hommes qui dura deux jours. Elle commença le 20 au soir. Le maréchal Lannes, qui commandait l'aile droite ayant sous ses ordres Bessières, Espagne, Lassalle, Marulaz, avait franchi le Danube. Il venait d'effectuer son passage, lorsqu'une crue soudaine des eaux du fleuve rompit et emporta le pont qui servait de communication entre les deux rives. Cette catastrophe détermina Napoléon à suspendre le mouvement offensif. En conséquence, il ordonna à Lannes d'opérer lentement sa retraite et de ne pas attendre l'épuisement des munitions, qui ne pouvaient tarder à lui manquer. Le duc de Montebello se replia alors peu à peu, abrita ses troupes derrière le fossé qui courait d'Essling à Aspern et prit des dispositions défensives pour bien recevoir le corps de Hohenzollern, les grenadiers et la cavalerie de Liechtenstein. Les Autrichiens tombèrent sur son centre; la vieille garde se laissa presque aborder. Quand les masses ennemies furent à une demi-portée de fusil, une décharge de nos lignes ouvrit dans les leurs des brèches terribles que vint élargir encore une charge de nos cuirassiers. Ceux-ci ne tardèrent pas à se trouver en présence de la cavalerie de Jean Liechtenstein, qui s'était portée à leur rencontre. Alors, les chasseurs et les hussards de Lassalle et Marulaz, pour dégager les nôtres, s'engagèrent dans la lutte.

La mêlée devint furieuse. Notre artillerie dépourvue de boulets ne pouvait répondre aux 200 bouches qui la mitraillaient. Nos troupes subissaient le feu avec un stoïcisme sans pareil. Lannes se multipliait, il parcourait le front des lignes sans s'apercevoir du danger qui renaissait sous ses pas. Un officier le supplia, pour le salut de ses soldats, de descendre de son cheval et de ne pas rester plus longtemps le point de mire de l'ennemi. Bien qu'il fût peu économe de sa vie, il obéit. Par une fatalité du destin, la prudence fut cause de sa mort instantanément un boulet vint lui fracasser les deux jambes, l'une à la hauteur

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du genou, l'autre au-dessus de la cheville. St-Hilaire avait succombé presque en même temps. Etrange coïncidence, lorsque Turenne fut tué, un général du même nom expirait à ses côtés.

Lannes subit une double amputation. Napoléon, à l'aspect du brancard sur lequel gisait l'héroïque mourant, s'élança vers lui et l'embrassa tristement. Dans quelques heures, dit, d'une voix défaillante, son fidèle lieutenant, vous aurez perdu l'homme qui vous a le plus aimé. Transporté à Vienne, il rendit le dernier soupir le 22 mai 1809.

Ce trépas ne fut pas le seul qui, dans cette sanglante lutte, affligea la Gascogne durant l'horrible carnage du 24, un Auscitain, le valeureux général Espagne, que M. Thiers répute le meilleur officier de grosse cavalerie de l'armée d'Allemagne, s'abattit, d'après les ordres de Lannes, avec seize escadrons de cuirassiers, sur l'artillerie autrichienne, joncha le sol de canonniers, et attaqua l'infanterie dont le premier rang recula; le second, secouru par l'archiduc Charles, résistait; et, au moment où Lassalle, à la tête de ses chasseurs, faisait incliner l'avantage de notre côté, un biscaïen vint frapper mortellement le brave général Espagne.

C'est à cette même bataille épique d'Essling que le sous-lieutenant MarcAntoine Blanquefort (qui était originaire de Barran (Gers) et qui devint plus tard maréchal de camp, commandeur de la Légion-d'Honneur), fut atteint d'un coup de lance à l'épaule au moment où son cheval venait d'être tué sous lui. Les épaulettes de lieutenant furent la récompense de sa bravoure. Ce vaillant soldat de l'empire est mort en Afrique, le 46 septembre 1840.

10 MAI 1813.- Elévation au grade de général d'un autre compatriote, le colonel Bagnéris, qui est appelé au commandement de la 2e brigade de la 23° division d'infanterie.

GALERIE D'ILLUSTRATIONS CONDOMOISES.

Faire revivre dans leur physionomie, et sous leurs insignes, les personnalités qui illustrèrent leur pays est une pensée patriotique. Par cette résurrection en peinture ou en relief, les descendants peuvent se mettre en contact sympathique avec les ancêtres, les visiter et les connaître

malgré la distance des siècles et l'obscurité des tombeaux. L'image de ceux qui furent sages, utiles ou glorieux, exerce sur ceux qui la contemplent une action salutaire. Aussi, congratulons-nous M. M..... d'avoir conçu le projet de fonder en notre cité un Musée de célébrités locales. M. le maire, jaloux de réaliser cette idée, a fait un appel qui a été entendu et compris, puisque toutes les réponses ont été des adhésions ou des offrandes.

Madame la comtesse de Salvandy a gracieusement promis une copie du portrait de son populaire époux, par Delaroche. L'exécution de ce travail sera confiée à un artiste capable de sauvegarder à la fois la ressemblance physique et morale du grand maître de l'Université, et les qualités éminentes du grand-maître de l'art.

.......

Madame la comtesse douairière de Cad.... donnera avec cordialité l'effigie de SCIPION DUPLEIX; M. d'Orl.......... de P...... celle de DASTON; M. le comte de Bez...., celle du colonel LATORNERIE.

Madame la comtesse du Bou... a spontanément offert une toile qui rappellera les traits du maréchal de camp de ROQUEPINE. Madame Lac.... a pris le généreux engagement de fournir la douce figure de GAICHIES, l'auteur des Maximes de la Chaire. M. le comte de Grossolles-Flamarens sera heureux de doter notre ville d'un portrait représentant le prélat de son nom, qui fut évêque-consécrateur de notre cathédrale. Enfin, M. le comte Jaubert a bien voulu annoncer l'envoi de celui de son oncle, qui fut gouverneur de la Banque de France, conseiller d'état, et aussi le promoteur de la canalisation de la Baïse.

Nous osons espérer de M. le comte Jaubert une deuxième libéralité c'est une toile ou un buste reproduisant le masque de son père, ordonnateur de la flotte d'Egypte, qui trouva la mort au combat naval d'Aboukir.

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