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M. le Président, répondant aux sentiments de l'assemblée après cette lecture, propose d'émettre un vœu pour solliciter du gouvernement la mise à l'étude d'un système de répartition plus équitable des charges entre la propriété foncière et les valeurs mobilières.

Ce vœu est adopté.

Sur la demande de quelques membres de la section, la question chevaline est mise à l'ordre du jour.

MM. Fernand de Fonscolombe, de Mougins de Roquefort et de Beauregard prennent successivement la parole, pour exposer quels doivent être les encouragements à accorder pour l'amélioration de la race chevaline en Provence, quels doivent être le lieu et le mode de distribution des primes etc.

L'heure étant déjà avancée et l'assemblée n'étant pas suffisamment éclairée pour s'arrêter à une conclusion, il est décidé, sur la proposition de quelques membres, que la séance sera remise de 2 à 4 heures de l'après-midi, et que la discussion de la question chevaline sera continuée dès le début de cette séance supplémentaire.

M. Monerie de Cabrens est chargé de rédiger le procèsverbal analytique de la séance, qui est destiné à être lu en séance générale.

La séance est levée à midi.

Seconde séance du 19 décembre.

SOMMAIRE. Vou émis sur les Encouragements à accorder pour l'amélioration de la race chevaline en Provence. Observations de MM. de Fonscolombe, de Beauregard, de Cabrières, Bourron. Applications et résultats des dernières lois sur le reboisement et le gazonnement des montagnes. Quelle a été l'utilité constatée des barrages? Mémoire de M. Labussière. Observations de MM. de Clappier, Paul Jaubert et Ch. de Ribbe.

La séance est reprise à deux heures, sous la présidence de M. Rougemont.

La question chevaline est à l'ordre du jour.

MM. de Fonscolombe, Mougins de Roquefort et de Beauregard font connaître à l'assemblée la rédaction d'un vœu général qu'ils ont préparé de concert et qui leur semble concilier tous les intérêts.

Il est donné lecture de ce vou à l'assemblée.

M. le docteur Bourron lit une note par laquelle il soutient les mêmes conclusions. I insiste pourtant d'une façon toute particulière pour que les primes soient principalement allouées aux juments poulinières.

M. de Cabrières demande l'adjon ction au vou, dont il a été fait lecture, d'un autre vou tendant à réclamer que les commissions de remonte soient invitées à visiter les centres d'élevage du Sud-Est.

Après avoir entendu quelques observations présentées par M. de Fonscolombe sur le cheval de Camargue qui, à son avis, est sobre, résistant, très propre aux travaux agricoles, pouvant facilement être amélioré par lui-même, l'assemblée suffisamment éclairée sur la question émet le

vœu :

1° Que l'administration des haras, les départements et les sociétés hippiques, accordent des subventions pour être

affectées, sous la direction de l'administration des haras, en achats d'étalons de sang et en distribution de primes aux étalons particuliers approuvés, et aux pouliches et juments suitées;

2° Que la distribution de ces primes ait lieu au centre même des localités où la production et l'élevage du cheval sont le plus répandus;

3° Que les primes accordées à l'occasion des courses soient spécialement appliquées aux chevaux nés et élevés dans la région;

4o Que la commission des remontes soit invitée à visiter les centres d'élevage du Sud-Est.

La question forestière (nos 8, 9 et 34 du programme) est ensuite mise à l'ordre du jour.

M. Labussière, conservateur des forêts, lit à l'assemblée un mémoire des plus intéressants sur les travaux de reboisement, de gazonnement et de barrage, exécutés depuis six ans dans la haute et basse Provence. Ce mémoire est accueilli avec la plus grande faveur par l'assemblée qui, après en avoir adopté les conclusions, demande qu'il ait les honneurs d'une lecture en séance publique.

Nous en donnons ci-après un résumé succinct.

L'état de dégradation que l'on déplore dans les Alpes a trois causes principales bien connues: les abus du pâturage, la disparition du bois et des gazons qui ne retiennent plus ni les eaux, ni le sol, enfin la présence des torrents.

Il fallait donc commencer par réglementer le pâturage. La loi du 8 juin 1864 a été un premier pas fait dans cette

voie.

Il fallait ensuite conserver les bois existants et soumettre au régime forestier ceux qui en ont été imprudemment distraits; il fallait enfin en créer de nouveaux sur les points où leur présence serait reconnue indispensable.

Il y avait à étudier les torrents, à trouver les moyens de soutenir leurs berges affouillées et de diminuer le volume et la vitesse de leurs eaux.

C'est en combinant les dispositions de la loi du 28 juillet 1860 avec celle du 8 juin 1864 que l'on a abordé courageusement la solution de ces questions si difficiles. On a, en outre, construit de nombreux barrages, bien que ces moyens de défense ne fussent pas dans les prévisions de la loi.

Les reboisements facultatifs ont été vivement patronés dans le principe, parce que, n'étant exécutés que sur la demande de l'intéressé, ils ne soulevaient aucune difficulté et devaient être d'ailleurs un utile moyen de propagande.

Il a été ainsi reboisé dans les départements des Bouchesdu-Rhône, de Vaucluse et des Basses-Alpes, 5,044 hectares de terrains communaux, dont 4,064 dans celui de Vaucluse.

L'Etat a repeuplé, pour son compte, 514 hectares d'un terrain domanial qu'il possède dans les montagnes du Luberon (Vaucluse).

L'hectare a coûté en moyenne 56 francs dans les terrains communaux. On a employé sur cette surface trois hectolitres de glands de chêne vert et de 15 à 18 kilog. de pin d'Alep.

Le prix de revient des repeuplements du Luberon est de 182 fr. par hectare. Là, les difficultés vaincues ont été telles que M. le directeur général des forêts, après avoir vu les lieux, terminait par cette phrase le compte rendu des reboisements de 1863: « A celui qui a vu le Luberon, aucun reboisement ne doit plus paraitre impossible. »

Les propriétaires de Vaucluse ont suivi l'exemple qui leur était donné. L'étendue reboisée par eux est d'environ 400 hectares.

Dans les Bouches-du-Rhône, les travaux de reboisement n'ont pas eu tout à fait le même entrain. Les difficultés d'ailleurs étaient plus grandes, la main-d'oeuvre plus

élevée, surtout dans l'arrondissement de Marseille. Aussi, le prix de revient du reboisement dépasse-t-il celui constaté dans le département de Vaucluse.

Dans les Basses-Alpes, les périmètres facultatifs ont été traités comme les périmètres obligatoires.

On y a travaillé à neuf périmètres facultatifs, d'une contenance ensemble de 506 hectares 66 sur lesquels 359 hectares 80 sont terminés. 345 barrages ont été construits dans ces périmètres.

On a étudié 24 périmètres obligatoires, d'une contenance ensemble de 10,661 hectares. 16 ont été déclarés d'utilité publique. 44, d'une contenance de 3,363 hectares, ont été entièrement parcourus par des travaux et n'exigeront plus que de l'entretien.

L'Etat a acheté d'une commune 631 hectares dont le reboisement est presque achevé. Des expropriations l'ont mis en possession de 300 hectares enclavés dans des périmètres.

Dans les Hautes-Alpes, les deux premières années 1861 et 1862 ont été principalement consacrées à étudier et à présenter des projets pour des étendues beaucoup plus importantes (82,969 hect.), en vue surtout d'y réglementer le pâturage.

« Le reboisement des Alpes, dit M. Labussière, était « une opération neuve et difficile. On avait contre soi un << sol ingrat, sans profondeur, sans végétation, sans adhé<«<sion, lavé ou emporté depuis longtemps par les eaux, « un été court, sec et brûlant, un hiver long et froid. On avait à craindre un excès de zèle et de confiance dans «<le succès, et surtout le découragement si prompt à se «faire jour dans les entreprises de ce genre. Nous avons « passé par toutes ces épreuves. Malgré la science théo«rique des agents employés, on aurait mauvaise grâce à <<nier de nombreux tâtonnements qui ont disparu avec << une connaissance plus approfondie du pays et des « essences qu'on pouvait y faire réussir. >>

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