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rement à l'opinion d'archéologues distingués, se trouvait au même endroit où il était à la fin du siècle passé.

Les remparts de la ville assiégée par les Romains venaient, suivant l'auteur, se rattacher à l'arsenal pour se relever sur le revers oriental de la colline des Carmes par la rue de l'Échelle, jusqu'à la plate-forme ainsi nommée. De là, tournant vers le nord, ils embrassaient à mi-côte cette colline et celle des Moulins; puis, par un retour à l'ouest, ils parcouraient la crète de cette dernière colline pour redescendre brusquement au port.

M. Pontani combat l'opinion qui place la citadelle marseillaise dans les bas-fonds de la Joliette, il croit qu'elle ne peut se concilier avec ce qu'on sait des habitudes. des anciens et avec la description tracée par César. Il soutient donc que la citadelle devait être sur la partie la plus élevée de la ville, c'est-à-dire sur le plateau de la colline des Moulins. D'après lui, un mot des Commentaires a été dénaturé, et, contrairement au texte des diverses éditions, il faudrait lire Vallo altissimo là où l'on trouve écrit Valle altissima. L'auteur pense avoir découvert les traces de l'ancienne circonvallation en contre-haut de la rue du Refuge, à l'ouest de la colline et de la place de Lorette au nord.

César dit que la ville fut attaquée en deux endroits par Trebonius. Aux yeux de M. Pontani, un de ces endroits ne pouvait être qu'en contrebas de la rue de l'Echelle; quant à l'autre, il n'a pu être déterminé avec chance de probabilité par les archéologues, attendu que le passage des Commentaires où il en est parlé ne semble pas permettre une interprétation plausible; il y a là un contre-sens qui n'est guère admissible, vu la précision et la pureté de style du grand historien. Ce que César a voulu exprimer, c'est que la seconde attaque eut lieu en proximité de l'endroit où aboutissaient les voies venant d'Espagne par Nimes, et de la Gaule par Avignon, c'est-à-dire la Voie Aurélienne dont la bifurcation avait lieu à Arles et qui mettait

Marseille en communication avec Aix. Ne pourrait-on pas, ajoute M. Pontani, lire dans le texte altera ad portam au lieu de altera ad partem ?Et cette variante serait-elle inadmissible, lorsqu'on sait de combien de fautes abondent les éditions des Commentaires? Dès lors, il suffirait de constater que les chroniques du moyen âge font mention d'une porte de l'Annonerie, existant au carrefour de la rue des Carmes (jadis de l'Annonerie) et de la rue du Vieux Palais, la même où venait aboutir la route d'Aix à Marseille. Cette porte s'est conservée jusqu'au xvIIe siècle, sa position est marquée dans un plan de Marseille antérieur à cette époque. Ce serait près d'elle que les remparts auraient été attaqués par les Romains. Le texte de César indique que les travaux de siége furent pratiqués à la gauche des assiégeants, ce qui se rapporterait à la rue du Vieux Palais prise dans sa longueur entre la Plateforme et la porte de l'Annonerie.

M. Pontani admet l'opinion de bon nombre d'historiens, que César détacha la citadelle et la partie la plus élevée de la ville pour les soumettre à la domination romaine, en laissant la ville basse aux Marseillais et dans une indépendance absolue.

L'usage des Romains était de ne jamais faire loger les soldats dans l'intérieur des villes conquises. L'auteur pense qu'un camp, autre que celui formé au temps du siége sur les hauteurs de Bernard-du-Bois, fut organisé par les deux légions que César laissa en garnison. Ce camp établi, d'après lui, dans les bas-fonds de la Joliette, à l'ouest de la colline des Moulins, était limité des deux côtés par la mer et au nord par un ravin profond aujourd'hui nommé Malaval. De là, la fortification du boulevard des Dames dont il est question au moyen âge.

La partie haute de la ville, rattachée à la citadelle par les Romains, aurait été de même fortifiée par eux et séparée de la ville basse par une muraille. M. Pontani croit avoir retrouvé les fondations de cette muraille, le long de la rue

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de la Roquette, dans les travaux de reconstruction de l'hôpital, et il ajoute que les déblais effectués pour l'ouverture de la rue Impériale ont mis à jour une autre partie des mêmes fondations, là où existait jadis l'établissement de Sainte-Marthe. Le pouvoir et la suzeraineté des évêques se seraient établis naturellement, plus tard, dans la ville occupée par les Romains; les anciennes fortifications auraient été démantelées, et leurs matériaux auraient servi à construire les châteaux épiscopaux.

Dans le XIVe siècle, lorsque finit la domination des évêques, une délibération municipale tardivement exécutée donna une seule enceinte aux deux villes. La tour placée entre la rue Trigance et la rue des Jardins aurait fait partie de l'ancienne porte dite de l'Ourse, et la muraille qui se trouve à l'ouest de l'établissement de la Charité serait un débris de l'enceinte du XIVe siècle. Les nouvelles fortifications du boulevard Belloi exécutées dans le XVIe siècle, lors du siége de Charles de Bourbon, mirent hors d'usage la porte de l'Ourse et les remparts adjacents.

Sous le règne de Louis XIV, la ville reçut un agrandissement notable, et on éleva une nouvelle enceinte qui, démolie au commencement de ce siècle, est parfaitement tracée par les boulevards des Dames, de la Paix, du Nord, du Musée, de Rome et du Muy, par le cours Bonaparte, par des restes de fortifications au sud de la colline Bonaparte et de Saint-Victor jusqu'au fort Saint-Nicolas.

M. Pontani présente, à l'appui de son mémoire, un plan où sont marquées les diverses enceintes de Marseille, depuis sa fondation jusqu'au siècle actuel.

La série des communications étant épuisée, la section d'archéologie et d'histoire du Congrès clôture ici ses travaux. Sur la proposition de M. de Berluc, l'assemblée vote des remercîments à M. le Président et à MM. les secrétaires pour le zèle avec lequel ils ont rempli leur mission, et la séance est ensuite levée.

V SECTION

PHILOSOPHIE, ECONOMIE SOCIALE, JURISPRUDENCE,
LITTÉRATURE ET BEAUX-ARTS (1).

Séance du 13 Décembre.

SOMMAIRE. Constitution du Bureau. Du rôle de la Provence étudié dans son histoire. Communication de M. Talon. - De la Méthode d'observation appliquée à la culture des sciences morales et à l'étude des faits sociaux. Exposé de M. Charles de Ribbe. Observations de M. Arthur Desjardins. Réplique de M. de Ribbe. Autres observations de M. Beaumarchey. Lecture de M. Cabantous sur les doctrines économiques du marquis de Mirabeau.

La séance s'ouvre sous la présidence provisoire de M. Charles de Ribbe, secrétaire général du Congrès. Il est procédé à la nomination des président et vice-présidents par voie de scrutin secret. Le Bureau est constitué ainsi qu'il suit :

PRÉSIDENT.

M. CABANTOUS, doyen de la Faculté de Droit d'Aix, membre de l'Académie.

VICE-PRÉSIDENTS.

MM. CARRO, vice-président de la Société archéologique de Seine-et-Marne, à Meaux.

(1) Beaucoup des travaux communiqués à la 5o section ayant été lus dans les séances générales, insérés ou analysés dans les compte rendus de ces séances, les procès-verbaux publiés ici ont une moindre étendue que ceux des autres sections.

»***

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MÉNARD (Léopold), ancien Président de la Société de statistique de Marseille.

PARROCEL (Etienne), Membre correspondant de l'Académie d'Aix, à Marseille.

THOURON, Président de la Société des sciences, belles-lettres et arts de Toulon.

SECRÉTAIRES.

MM. BAYLE (abbé), ancien Président de l'Académie de Marseille, aumônier du Lycée.

DESJARDINS (Arthur), avocat général à la Cour imd'Aix, Membre de l'Académie.

BOISSARD, Avocat général à la Cour Impériale périale d'Aix.

DELOUME, Professeur agrégé à la Faculté de Droit d'Aix.

GUILLIBERT (Hippolyte), Membre de la Société littéraire d'Apt, avocat à la Cour d'Aix.

M. Cabantous vient occuper le fauteuil de la présidence, au milieu des applaudissements de l'assemblée.

M. Charles de Ribbe demande s'il ne serait pas possible de fixer et de faire connaître l'ordre du jour, pour chaque séance. M. le Président dit qu'un certain nombre de membres sont déjà inscrits pour diverses lectures, et il invite tous ceux qui se proposent de communiquer quelque travail à ne pas retarder leur inscription. Ce sera le moyen de répondre au vœu qui a été exprimé.

Nul ne s'étant fait inscrire sur les trois premières questions, M. Talon, membre de la Société française d'archéologie," a la parole pour traiter la 4 question qui est ainsi conçue: Quel rôle spécial la Provence, par sa situation, a-t-elle rempli dans le passé et peut-elle remplir encore dans le mouvement général des idées et des intérêts?

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