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A une certaine hauteur, une trompe reliant les deux contreforts du même angle forme un pan coupé qui s'élève presque aux machicoulis. Immédiatement au-dessous de l'entrée en tiers-point, se trouvent deux machicoulis en forme de rainures défendant les vantaux de la porte. Sous un arc en décharge, ménagé plus haut dans le nu du mur en saillie sur la porte, sont percées quatre ouvertures en plein cintre, sontenues par des piliers carrés et de petites colonnettes. Un parapet couronne la rangée des machicoulis et est percé de meurtrières battant tous les côtés de cet ouvrage...

M. Grinda accompagne son travail de plans et de vues exécutées avec beaucoup d'habileté. M. Levainq ajoute quelques mots sur le château de Serrières (Isère), et M. de Caumont insiste sur la nécessité d'étudier les donjons dans leurs plans. On pourrait peut-être, dit-il, en trouver de cylindriques dans le Midi, où l'influence romaine a été prépondérante. Jusqu'à présent, on n'en a trouvé de tels que dans le domaine royal depuis Philippe Auguste. Il importe donc de rechercher les monuments qui modifieraient les idées formulées sur ce point.

M. Carro signale aux archéologues du Midi deux monuments fort rares et très curieux; ce sont des fortifications vitrifiées qui se trouvent en Bretagne. Il demande s'il en existe ailleurs de semblables. M. du Chatellier prend à son tour la parole, et cite un troisième monument à joindre à ceux déjà décrits par M. Carro.

On passe à l'examen de la 20° question: Existe-t-il d'anciennes inscriptions tumulaires ou d'autres documents épigraphiques en langue provençale?

M. Louis de Bresc, maire de Moissac (Var), présente le dessin d'une inscription tumulaire de l'église d'Aups (Var), qui était anciennement collégiale, et fournit à son sujet les observations suivantes.

Cette inscription, placée au milieu de la grande nef, est gra

vée sur une longue pierre qui a 1m 90 de longueur sur 0,94 de largeur, et qui a dû être extraite des belles carrières, du calcaire le plus dur, qui se trouvent à Moissac, près d'Aups, au quartier du Pelenc. Elle n'est point ancienne, puisqu'elle porte la date très lisible de 1547; mais, elle nous a paru assez curieuse à cause de sa rédaction en langue provençale.

Les monuments épigraphiques en cet idiome sont rares, parce que le latin, au moyen àge surtout, était la langue de l'Eglise; les épitaphes placées sur les tombeaux étaient presque toujours rédigées en latin. La plus ancienne en provençal est celle de Raymond VI, comte de Toulouse, que l'on voit à Toulouse et qui porte la date de 1222.

Notre inscription indique la sépulture d'un curé ou recteur de la paroisse. En voici les termes : 1547. AQVESTO-PRESENTO-SEPVLTVRO-ES-FACHO-PER-GVIRGVO-RICTV; (Cette présente sépulture est faite pour Guigue, recteur.) JESUS MARIA. Elle est gravée en gros caractères majuscules, autour de la pierre, entre deux petits cordons. Les noms de Jésus et de Marie sont assez difficiles à déchiffrer; les lettres n'en sont qu'ébauchées.

Au milieu de la pierre, on voit tracé un bonnet pointu surmonté de sa houppe ronde, tel qu'on le portait à cette époque. Ce bonnet est placé sur une étole dont les pointes n'ont point encore la largeur et la forme usitées dans le siècle suivant; c'est encore l'étole du moyen âge. Dans la partie supérieure à droite se trouve une espèce d'écusson, d'une forme très peu usitée, renfermant trois petites pièces que l'on peut prendre facilement pour de petits chevrons, mais sans aucune indication d'émaux et de couleurs; à gauche, une barette simple, dans la forme de l'époque.

Comme on le voit, les ornements peu nombreux sont d'une grande simplicité. Mais, ce qui nous a paru encore digne de remarque, c'est que l'artiste, (et à en juger par le peu de fini des lettres, ce devait être quelque tailleur de pierre de l'endroit), c'est, disons-nous, que l'artiste a garni de plomb tous les creux formés soit pour la confection des lettres qui composent l'inscription, soit pour les autres ornements. Le plomb, qui dut être coulé dès que la pierre eut été gravée, a

pris aujourd'hui une teinte noirâtre qui ne nuit pas à l'effet. Quant à la pierre, par suite du frottement, elle est aujourd'hui polie comme du marbre.

Deux mots maintenant sur le recteur Guigue dont le nom figure sur l'inscription provencale. Recteur de la paroisse d'Aups dans les premières années du xvre siècle, à l'époque ou mieux peu après le transfert à Aups du Chapitre fort ancien de Notre-Dame-de-Valmoissine, situé à 3/4 de lieue d'Aups, transfert qui fut autorisé par une bulle d'Alexandre vi en 4499, le curé Guigue, nommé par les prévôt et chanoines de la collégiale, employa, paraît-il, son temps, sa peine et son argent à terminer l'ornementation de l'église. collégiale et paroissiale d'Aups, qui venait d'être construite aux frais de la Communauté et du Chapitre, et qui est comptée aujourd'hui parmi les plus belles du département du Var. Le curé Guigue fut très regretté, et son nom est parvenu par la tradition, jusqu'à nous, entouré d'un profond respect.

M. L. de Bresc signale également quelques inscriptions provençales publiées dans l'Armana prouvençau (1867), en réponse à la même question. Le musée de Narbonne possède une pierre tumulaire, sur laquelle sont gravées en caractères gothiques les lignes suivantes relevées par M. Tournal

Ayso es la sepultura del senor Bernard Ysarn, mercier de Narbona, et de dona Margarida premeyra moler del dit Bernard, fila de maystre Felip de Montels notari dessa intras de la dita vila, e de dona Margarida moler del dit Bernard, seconda fila del noble Bernard Benereg senhor de Monrabech, e des son linage que yacer y volra. L'an 1392 al tres d'abrielh, los venerables religioses frayres menos de Narbona, lo payre gardian ab tot lo convent, establiron a lur capitol, al son de la canpana, de voluntat de maystre Frances Borrhil Mistre provençal de lordre, una messa perpetual per tot temps en la capela de Nostra-Dona-de-Confort.

La cloche de Jaquemart à Avignon, bien que plusieurs fois refondue, porte toujours sa première inscription :

Aquesta campana a fach faire la villa d'Avignion, essens consuls nos nobles homes Anthoni Seytre et Jaco Bisquiri et Joha Raoux, l'an mil CCCCLXX.

M. Mortreuil présente la curieuse photographie d'une inscription en caractères gothiques et en langue provençale, du xve siècle, qui se trouvait autrefois au clocher des Pennes (canton de Gardanne, arrondissement d'Aix). Elle encadre un écusson représentant une ancre dont la partie supérieure offre deux croisillons (symbole de la foi et de l'espérance), et est ainsi conçue:

Aquest campanie a fach far monseu Johan Marc de la P[enna], l'an MCCCCLXVII et lo xx de ma.

M. Sardou fait connaître une autre inscription, en langue provençale, qui a été déjà publiée.

M. l'abbé Pougnet est chargé de rédiger le procès-verbal analytique de la séance, destiné à être lu en séance générale.

La séance est levée à deux heures.

Séance du 20 Décembre.

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SOMMAIRE. Anciens autels, rétables, tabernacles, chaires à précher, fonts baptismaux, piscines des églises de Provence,etc... Mémoire de M. l'abbé Pougnet.-Communications de M. Rostan et de M. l'abbé Maurin. Quelle différence y a-t-il entre le titulaire et le patron d'une église? Observation de M. l'abbé Pouguet. Note de M. de Berluc. · Communication de M. l'abbé Jouve sur les divers types de l'architecture arabe et leurs évolutions en Espagne. De la Céramique provençale. Communication de M. Mortreuil. Notes de MM. les abbés de Vercios et Durand, sur l'Établissement du Christianisme en Provence au 1er siècle. Observations présentées par divers membres. Vestiges laissés par les invasions des Sarrazins en Provence. Mémoire de M. l'abbé Templier de Gap, et communication de M. Carlone de Nice. Les Maisons hospitalières construites au moyen âge le long des routes. Note de M. de Rey. — L'Abbaye de Silvacane. Communicátion de M. le marquis de Jess-Charleval.- Les origines des Comtes de Provence. Travail de M. L. Blancard.

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La séance s'ouvre à midi sous la présidence de M. Rostan.

M. l'abbé Pougnet a la parole pour la lecture d'un mémoire qu'il a rédigé, en réponse à la 19e question concernant les anciens autels, rétables, tabernacles, etc., et plus généralement les objets mobiliers des églises de Provence. Nous en reproduisons les fragments qui suivent.

La région provençale est encore riche en objets mobiliers du moyen âge; mais ces objets tendent à disparaître de jour en jour. Nous avons été assez heureux pour en noter un bon nombre, qui ont eu le privilége d'échapper à tous les genres de vandalisme, et nous espérons que l'énumération suivante servira à la conservation de plusieurs.

AUTELS.

Nous possédons des autels de divers genres, qui peuvent

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