Page images
PDF
EPUB

sant dans la Gaule, adopta les circonscriptions administratives et civiles des Romains. Les provinces furent le siége d'autant de métropoles ecclésiastiques, les cités eurent chacune leur évêque. Plus tard, le nom de comté remplaça celui de cité, sans altération de limites. «<< Plus tard encore, comme l'a dit M. Rouchon, les comtés s'abîmèrent dans le cahos des fiefs pour ne demeurer qu'à titre d'indications géographiques. L'ordre de l'Eglise ne fut pas changé, et il est resté tel généralement jusqu'en 1789, et au Concordat de 1802. Il ya donc là une topographie positive qui embrasse quatorze siècles, et qui, forte par ellemême, reçoit encore un certain secours des chartes et des documents où les écrivains emploient le comté pour marquer la situation des lieux particuliers...» M. Rouchon a montré également qu'il est possible de remonter des cités romaines aux cités ptoléméennes, puis aux peuplades de Pline; opération qui devient un excellent contrôle dans les investigations chronologiques. M. Alexis de Fonvert émet le vœu que de semblables cartes soient dressées pour les autres régions.

L'assemblée s'associe à ce vou, en applaudissant à l'œuvre de M. de Fonvert et à l'initiative de l'Académie d'Aix.

M. G. Vallier est chargé de rédiger le procès-verbal analytique de cette séance, qui est destiné à être lu en séance générale.

La séance est levée à deux heures.

servir à l'intelligence des divisions civiles et administratives de la Province Romaine à la fin du Ive siècle.

Ces deux cartes ont été tirées à part.

Séance du 18 Décembre.

SOMMAIRE. Sarcophages des premiers siècles chrétiens en Provence. Etude de M. Rostan, sur ceux de Saint-Maximin et sur la représentation multipliée de saint Pierre qui les distingue. ¡Observations de M. l'abbé Pougnet sur le même sujet, et travail du même sur les 105 sarcophages signalés en Provence. Sarcophages des basses époques, tombeaux antiques el anciens cimetières de Provence. Note de M. l'abbé Pougnet. Communication de M. Mortreuil, sur les résultats des fouilles de Marseille, et de M. l'abbé Templier, sur l'ancienne cathédrale de Gap. La crypte, le tombeau et l'autel de Saint-Gilles. Communications de M. le baron de Rivière et de M. Delmas. Utilité de musées spéciaux pour les reproductions en relief des monuments historiques. Vou émis par M. le baron de Rivière. Moyen proposé par M. de Laurière, pour perpétuer le souvenir de ces monuments, quand ils sont détruits.

La séance s'ouvre à deux heures, sous la présidence de M. Rostan.

L'ordre du jour amène l'examen de la question n° 9 du programme: Décrire les cercueils gallo-romains et les sarcophages des premiers siècles chrétiens qui ont été trouvés dans le midi de la France.

M. Rostan donne lecture du travail suivant :

On conserve dans le midi de la France de nombreux sarcophages chrétiens. Les musées d'Aix, d'Avignon et de Marseille offrent quelques précieux monuments de cette sorte, et la ville d'Arles possède la plus belle et la plus riche collection qui soit en France. Après celle du musée de Latran, à Rome, il n'en existe même pas de plus considérable.

La crypte de l'église de Saint-Maximin renferme aussi des tombeaux célèbres des premiers siècles du christianisme. Je les ai précédemment décrits dans un travail spécial. Je ne recommencerai point ici leur description, je me bornerai seulement, me rattachant à une partie de la 9e question du programme, à présenter quelques observations à l'égard d'un fait

iconographique reproduit sur ces monuments, qui me paraît mériter la plus sérieuse attention : c'est la représentation si multipliée de saint Pierre.

Saint Pierre est fréquemment figuré sur les sarcophages de l'époque; mais, toutes proportions gardées, nulle part nous ne le trouvons représenté plus souvent qu'à Saint-Maximin. En étudiant le musée d'Arles et les ouvrages d'Aringhi ou de Bosio sur celui de Rome, nous sommes loin de rencontrer l'image de saint Pierre aussi abondamment reproduite. Le chef des apôtres figure en effet sur ces monuments dans des scènes qui y occupent une large place. C'est le type par excellence, celui dans lequel les artistes se sont complu, qu'ils ont sculpté de préférence, et auquel ils reviennent sans cesse, soit dans des sujets variés, soit dans des représentations identiques.

Ces sarcophages ne sont pas très nombreux, puisqu'il n'y en a que quatre et la frise d'un cinquième; et cependant, sans compter plusieurs sujets douteux où de savants iconographes croient reconnaître aussi la figure de saint Pierre, en nous en tenant seulement aux faits certains et admis par tous, nous trouvons saint Pierre sept fois représenté. Nous le trouvons ainsi dans les principales circonstances de sa vie historique et de son existence mystique. Il y apparaît dans les scènes de la vie réelle et aussi à l'état hiératique et symbolique; il est véritablement le sujet de prédilection de ces basreliefs.

D'où vient donc cette faveur particulière dont jouit saint Pierre sur ces monuments? C'est que la foi des premiers chrétiens, touchant l'autorité souveraine de saint Pierre, était une croyance générale. Les sujets où elle se trouve exprimée sont en parfaite harmonie avec l'opinion du temps; ils sont la démonstration évidente de la préoccupation de l'époque à l'égard de la prééminence de cet apôtre sur les autres et de la primauté des pontifes romains. Sous ce rapport, ces monuments sont réellement significatifs.

Nous avons démontré ailleurs l'importance iconographique de ces sarcophages. Le fait nouveau sur lequel nous appelons l'attention a une incontestable portée; on peut même en induire des conséquences historiques d'une grande valeur.

On a souvent et savamment discuté la question de savoir quelle place occupait le chef des apôtres sur les sculptures des premiers siècles, Etait-ce la droite ou la gauche du Christ? Quelle position respective avaient entre eux saint Pierre et saint Paul? Quels étaient, à l'origine du christianisme, les attributs de l'un et de l'autre de ces apôtres ? Quel type avait-on choisi pour leur représentation? Saint Pierre était-il chauve ou chevelu? A quelle époque a-t-on adopté pour lui la calvitie et la tonsure cléricale? Toutes ces questions ne sont point oiseuses; elles ont une importance que tous ceux qui se sont occupés d'iconographie chrétienne comprennent bien; elles donnent l'explication d'une foule de faits historiques, et peuvent servir à résoudre des problèmes qui préoccupent même actuellement les esprits et touchent à de hautes questions de notre époque.

Dans les catacombes de l'histoire, l'archéologie est le véritable fil conducteur, et l'iconographie nous offre quelquefois le radieux flambeau qui en illumine les profondeurs.

Nous allons examiner successivement toutes les représentations relatives à saint Pierre, qui figurent sur les sarcophages de Saint-Maximin.

Le plus vénéré et le plus mutilé d'entre eux est, sans contredit, celui de sainte Madeleine. Il est le seul sur lequel, pour notre part, nous n'avions reconnu aucun sujet concernant saint Pierre; comme M. Faillon, nous avons cru voir sur sa face principale des scènes de la passion du Christ. Cependant, la chose n'est point peut-être aussi certaine que ce que nous avançons, puisque un savant interprête des monuments de cette époque en Provence, le R. P. Dassy, expliquant dans un remarquable travail (1) notre monument au sujet d'un des sarcophages de Marseille, y reconnaît, d'après les observations d'Aringhi sur un sujet pareil, non la prise de Jésus, mais bien celle de saint Pierre à Jérusalem, ainsi que son entraînement par des gardes. Aringhi donne cette explication du tombeau de Junius Bassus à Rome, qui a une ressemblance tellement

(1) V. Revue de l'Art chrétien, où la question est discutée au long (janvier 1862).

frappante avec celui de sainte Madeleine à Saint-Maximin, que M. Faillon en a fait une étude comparée dans son grand ouvrage, et a reproduit en regard le dessin de ces deux sarcophages, pour en faire saisir les rapports et les expliquer l'un par l'autre. Seulement, le personnage saisi sur celui de Junius Bassus porte la barbe, tandis que, sur celui de sainte Madeleine, on ne peut distinguer ce qu'il en est à cet égard. Il est difficile de dire s'il est barbu ou imberbe, comme on a coutume de figurer le Christ, parce que la tête de ce personnage n'existe plus. Toutefois, sans modifier notre opinion première qui nous paraît suffisamment fondée, nous n'hésitons pas à faire remarquer qu'en présence de ces considérations il peut très justement s'élever des doutes sur ce point.

Voilà donc le seul monument de Saint-Maximin sur lequel nous n'ayions admis aucune représentation de saint Pierre. Il pourrait, sur l'autorité si grave d'Aringhi et sur l'explication si explicite du R. P. Dassy, en offrir déjà deux exemples et peut-être même trois. Mais hâtons-nous de sortir de ces obscurités et de ces conjectures pour aborder le terrain des faits positifs.

Après le tombeau de sainte Madeleine, le plus remarquable par le caractère et le plus curieux par l'ornementation, est celui connu sous le nom de tombeau de saint Maximin.

Il n'offre sur sa face principale qu'un seul sujet, au centre, la mission évangélique donnée au saint disciple, et à ses extrémités comme décoration: d'un côté, la figure de saint Pierre, et de l'autre celle de saint Paul.

Saint Pierre est à droite, barbu, les cheveux touffus et courts; saint Paul à gauche, le front chauve, tenant d'une main le volumen déployé.

Les iconographes sont assez généralement d'accord pour reconnaître sur les sarcophages le type du chef des apôtres. dans la figure aux cheveux touffus. La calvitie de saint Pierre ne date guère que des derniers siècles, du xve peut-être. A cette époque de l'art primitif, il est toujours chevelu, saint Paul, au contraire, a le front dépourvu de cheveux;

« PreviousContinue »