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le premier inftrument dont fe fervirent les Maures pour fubjuguer l'Espagne : c'eft un fait fi connu qu'il eût été auffi honteux de n'en point parler qu'il l'eft de le contredire. L'abrégé chronologique de l'hiftoire d'Espagne appelle l'évêque Opas le plus mauvais prêtre & le plus mauvais citoyen du royaume.

Les reproches faits à l'auteur d'avoir quelquefois loué des mahométans, ne font que ridicules, & cette critique ne mérite pas de réponse.

SIXIE ME

REMARQUE.

De Mahomet.

A l'égard de Mahomet, il eft affez inutile de favoir s'il était fils du dixième ou du douzième enfant d'Abdol - Motaleb, & combien de temps il fut facteur de la veuve Cadige qu'il époufa depuis. Quelquesuns penfent qu'il ne favait ni lire ni écrire, & cela même augmentait le prodige de fes fuccès: ils fe fondent fur des paffages de l'Alcoran, où Mahomet s'appelle prophète ignorant, où il infinue qu'il ne fait pas écrire. Le fens de ces paffages eft probablement que par lui-même il était ignorant, incapable de bien lire & de bien écrire, & que l'ange Gabriel l'élevait au-deffus de lui-même. Il n'eft guère pofsible qu'un marchand devenu législateur, qui était poëte & médecin, & qui avant de mourir demanda qu'on lui apportât de quoi écrire, ne fût pas ce que favaient les enfans de la Mecque.

SEPTIEME

REMARQUE.

De Calvin.

Ce qui regarde le christianisme est un point plus délicat; l'auteur n'en a jamais parlé en théologien, il s'en eft tenu à la fidélité de l'hiftoire : il a dit les faits; c'eft aux lecteurs fages à porter leur jugement. Si Calvin a eu la barbarie de faire expirer Servet dans les flammes, après avoir écrit qu'il ne faut perfécuter perfonne pour l'opinion de Servet, il a bien fallu rapporter cette horreur, fans crainte de déplaire à un fanatique ou à un fripon; il a bien fallu de même avouer l'ambition, les débauches & les cruautés de plufieurs pontifes; ils étaient hommes, & on a écrit l'hiftoire des hommes: leurs vices relèvent les vertus des pontifes de nos jours.

HUITIEME

REMARQUE.

De la reine Chriftine.

EN examinant l'Effai fur les mœurs &c. on a vu quelques lettres attribuées à la reine Christine : il y en a une au cardinal Mazarin au fujet de l'affaffinat de Monaldefchi; elle s'exprime ainfi : Apprenez tous, ,, valets & maîtres, qu'il m'a plu d'agirainfi. Je veux " que vous fachiez que Chriftine fe foucie peu de votre ,, cour, encore moins de vous; ma volonté est une ,, loi qu'il faut refpecter; vous taire eft votre devoir.

, Sachez que Chriftine eft reine par-tout où elle ,, eft.,,

Cette lettre n'eft point datée. Si Christine l'écrivit, c'était une homicide tombée en démence. Elle avait beaucoup d'efprit; elle avait eu la gloire de mépriser un trône, mais elle fouilla cette gloire par fa conduite. Si cette lettre eft fuppofée, elle ne peut l'être que par un de ces efclaves abrutis qui ont imaginé qu'une fuédoife, parce qu'elle avait régné à Stockholm, avait le droit de faire affaffiner un italien à Fontainebleau. Non-feulement le devoir du cardinal Mazarin premier miniftre n'était pas de fe taire, mais il était de faire fentir l'indignation du roi à Chriftine. Le devoir du procureur-général était de faire informer contre les affaffins à gages qui avaient tué un étranger dans une maison royale, & il fallait peut-être ne renvoyer Chriftine qu'après l'avoir forcée au moins d'affifter au fupplice des meurtriers payés par elle. Plufieurs hommes juftes auraient été d'un avis plus rigoureux.

NEU VIEME

REMARQUE.

Du clergé.

L'AUTEUR de l'Effai fur les mœurs &c. n'a pu avoir ni prédilection, ni haine, ni intérêt; ce n'est point afsurément par un esprit de flatterie qu'il a réfuté, dans le Siècle de Louis XIV, l'erreur qui publiait que le clergé de France poffédait la troifième partie des revenus de la nation. Que pourrait attendre un féculier folitaire de la faveur du clergé? Il a rendu

feulement gloire à la vérité qu'il aime. Le clergé n'a pas quatre-vingts millions de revenu, & il a rempli fon devoir en fecourant l'Etat à proportion de fes richeffes. Les évêques de France ont été pour la plupart refpectables par leur conduite, & leurs aumônes ont dû les rendre chers à leurs peuples. En général le corps des évêques & des curés a fait autant de bien en Angleterre & en France que les querelles de religion avaient autrefois caufé de

maux.

DIXIE ME

REMARQUE.

De la tolérance.

IL paraît que tous les hommes fages & modérés défirent aujourd'hui que la tolérance foit établie en France comme en Angleterre : ils difent que cette tolérance peuple un Etat & l'enrichit, & qu'un bon gouvernement prévient les troubles attachés aux diverfes opinions des hommes, furtout lorfque ces opinions, fouvent abfurdes, font tenues en bride par la raison fupérieure des principaux citoyens.

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EN parlant du janfénisme & du molinisme on leur a laiffé tout le ridicule qui fait le fond de leurs querelles, & on a fait voir que ce qui eft:

pas

méprisable est souvent dangereux quand il n'est affez méprifé. Plus les efprits feront convaincus de la fatalité & de l'extravagance de ces disputes, plus l'Etat fera tranquille.

On a représenté la France heureuse & malheureuse, la difcipline militaire en vigueur dans un temps, trop relâchée dans un autre; les finances tantôt en bon état, tantôt diffipées; la marine établie & détruite; le commerce floriffant & dépéri. Telles font les vifficitudes des chofes humaines ; mais on n'a pas prétendu donner des règlemens de difcipline militaire, de finance, de marine & de commerce : on a fait une histoire & non des fyftèmes.

DOUZIE ME REMARQUE.

De l'homme au mafque de fer.

QUELQUES anecdotes du fiècle de Louis XIV, dont l'auteur était certain, ont été vainement conteftées. Celle de l'homme au mafque de fer, qui donne lieu à d'étranges conjectures, est auffi vraie qu'étonnante. L'auteur a reçu en dernier lieu une lettre du feigneur de Palteau, château près de Villeneuve-le-roi, dans laquelle il lui confirme que ce prifonnier logea dans ce château, que plufieurs perfonnes le virent defcendre d'une litière, qu'il portait un masque noir, & qu'on s'en fouvient encore dans les environs. Cette nouvelle preuve n'était pas néceffaire; mais il ne faut rien négliger fur un fait fi éloigné de l'ordre commun.

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