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dans toutes les classes. On ne cherche plus le bonheur dans ses devoirs. La mère de famille

habitude dangereuse; enfin parce qu'il allume des passions déréglées.

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Il est d'abord évident que des plaisirs permis deviennent criminels si l'on y, consume un temps qui doit être mieux employé, et si, pour en jouir plus souvent, on néglige les obligations de son état. Nous sommes comptables aux autres et à la société, l'usage que nous faisons de nos forces, de nos talens, de notre intelligence, de notre industrie, de notre temps. C'est une dette que nous contracions en entrant dans le corps civil qui nous protège. Cette dette sociale ne permet donc à personne de consumer son temps et sa capacité dans les amusemens et la jouissance continuelle des plaisirs sensuels. Ce seroit être ́infidèle à sa patrie. Si vous ne faites rien pour la société, qui vous assure vos propriétés et vos jouissances, pour vos semblables, dont les services journaliers, variés, multipliés, vous font jouir de mille choses vous êtes coupable d'injustice. Ce n'est pas assez de payer de votre argent et par votre dépense. Votre argent étoit déjà dans la société ; il faut payer, outre cela de votre personne et de votre capacité. Non seulement vous êtes homme et citoyen, mais vous êtes peut-être outre cela, homme public, père de famille, parent, ami: à tous ces égards, vous “avez des devoirs à remplir; si vous consumez votre temps et employez vos facultés, uniquement dans la dissipation frivole dans les vains amusemens et les

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et l'épouse se lassent de la vertu de l'économie. On rougit d'un vêtement modeste, il faut revêtir la parure du jour: ces apprêts,

plaisirs sensuels, vous manquez à vos engagemens naturels et sociaux ; vous ne concourez point à l'ordre et au bien général. Sans cesse votre cœur doit vous faire des reproches; jamais vous ne sauriez être content de vous-même ; vous n'êtes pas digne de l'estime des autres. On commence par la dissipation dans les plaisirs, et on finit par la corruption.

Qu'un homme s'occupe des devoirs de son état, il en goûtera certainement mieux les plaisirs qui se présenteront on est bien plus sensible aux plaisirs qui servent de délassement, qu'à ceux qui font une occupation continuelle. Rien n'y rend plus sensible que le témoignage satisfaisant d'un temps bien employé. Je vais plus loin; et je dis encore que tout plaisir qui pourroit être innocent, devient criminel quand il est trop souvent réitéré, parce qu'il dégénère néces- * sairement en habitude, par les dispositions que contractent les organes, les fibres nerveuses, le cours du sang et des esprits animaux. Ici le physique concourt avec le moral pour produire l'habitude. L'habitude prise, devient une seconde nature qui commande à des esclaves, ne laissant aucune force à l'entendement ni à la raison pour gouverner la volonté. Ainsi, du plaisir répété naît le besoin du plaisir ; besoin factice qui maîtrise l'ame asservie. Mais le désir reste pour tourmenter le voluptueux.

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C'est ainsi que se forme le tempérament qui

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leur renouvellement, les dépenses accessoires qu'ils entraînent, consument les débris d'un patrimoine délabré, et qu'on né

n'est point, comme on le pense communément, la disposition de la nature, mais l'effet de l'habitude des organes et de la dépravation de l'imagination,

En yous livrant ainsi habituellement au plaisir, nonseulement vous vous en rendez l'esclave, mais vous en affoiblissez les douceurs; vous diminuez contre votre intention, le nombre de vos sentimens agréables; vous retranchez continuellement de l'intensité des sensations que vous répétez trop souvent. L'usage en effet, trop fréquent de tout plaisir, en rend la perception plus foible : c'est ainsi que la plupart des mets paroissent fades à celui qui a accoutumé son palais aux apprêts de haut goût. Personne ne goûte plus délicieusement un plaisir (c'est un fait d'expé rience) que celui qui n'y revient pas trop souvent.

Enfin, quel est le partage ordinaire de celui qui vit habituellement pour le plaisir ? C'est l'ennui. Dans cet état, il est mécontent de son existence; la vie lui paroît, dans beaucoup de momens, un fardeau pénible. Tout plaisir qui dure trop long-temps, ou qui est trop souvent répété, traîne nécessairement après soi les tristes vapeurs de l'ennui, qui habitent bien plus souvent les palais superbes des grands, que la maison simple des citoyens laborieux. Jamais on s'ennuie plus qu'après avoir goûté souvent les plaisirs; et l'ennui qui les fait rechercher de nouveau, plus difficile à supporter que celui qui les suit. Quelle

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glige de relever. On abandonne le soin de sa famille, on vole au bal; et là, tous les piéges de la séduction entourent l'impru dente. Telle, dans le principe, n'a été qu'une femme légère, qui finit par être une épouse criminelle. Et comment toutes ces impressions de volupté ne déposeroient-elles pas des images séductrices au fond des esprits et des cœurs, lorsque dans la société, l'éducation, les mœurs, les préjugés, les usages, les spectacles, les romans, les modes, tout conspire à séduire, à avilir ce sexe enchanteur, dont nous sommes à-la-fois les corrupteurs et les tyrans; lorsque l'opinion qui doit être une sorte de législation, n'a point encore flétri l'adultère, lequel, depuis l'établissement du divorce, est devenu un véritable crime; lorsque les mœurs simples paroissent un vice, et les mœurs honnêtes, un ridicule; lorsque nos jeunes filles forment des désirs dans un âge où les sens ne sont pas encore

est donc la meilleure ressource contre l'ennui? C'est le travail.

Le travail ne délivre pas seulement de l'ennui, mais il garantit de la tristesse et de la mélancolie, dont les plaisirs réitérés ne sauroient guérir celui qui est enclin à cet état fàcheux. (Note du Docteur.)

développés; lorsque l'exemple, le signal de la plus complette dépravation éclate de toutes parts, lorsque le déshonneur donne la célébrité, la fortune, des grades, un char, des palais; lorsque nos modernes Rhodopes pourroient ériger aussi des pyramides; lorsque nos Socrates modernes courent déifier: Aspasie et Phriné; lorsque nulle institution

morale n'arrête ce torrent de dissolution universelle; lorsqu'enfin la plus commune et la plus lucrative des spéculations est celle dont les produits sont assis sur l'immoralité et la débauche. Je dirai aux particuliers: ah! croyez-moi, tous ces efforts de l'art sont des magnifiques enfantillages des puériles labeurs, des niaiseries pompeu

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des pénibles bagatelles. La nature dans ses moindres jeux, dans ses accidens les plus ordinaires, développe mille fois plus de richesses et de variété; mais il faut des yeux pour voir ses beautés, et un cœur pour les sentir. Vous admirez une illumination de verres de couleur, mais le lever brillant du soleil, l'avez-vous jamais con- . templé? mais l'éclat d'une belle journée de : printemps, mais celui d'une nuit d'été vous a-t-il jamais frappé? Vous parcourez avec

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