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Avec colère Eglé répond à cet hommage;

Se refuser sans se troubler

Peut-être aurait été d'un plus mauvais présage.
Que fait Protée ? Il change de langage,
Sait varier ses soins, cacher ses déplaisirs.
Encore qu'amoureux, on ne réussit guère ;
Devenez séduisants, épargnez les soupirs,
Amants, tout est prouvé d'abord qu'on a su plaire.
Il plut aussi; bientôt un mutuel amour,
Dans le sein des plaisirs éternisa leur chaîne.
Ce fut ainsi, pour l'honneur de la scène,

Que Sylvia reçut le jour.

Qui pourrait s'y tromper? Elle a du dieu son père
Cet ingénieux caractère

D'enjouement, de variété,

Et la naïveté de sa charmante mère.

Ces vers sont assez mauvais pour être de Marivaux; on y retrouve le poète de Crispin l'heureux fourbe et d'Annibal, avec ses hiatus, ses chevilles, ses rimes forcées, ses tours pénibles, etc. Ils sont curieux cependant, comme témoignage de vive admiration. On préférera sans doute ce portrait en prose que traçait de Sylvia un autre contemporain, et qui la montre à cinquante ans, toujours gracieuse et séduisante, prolongeant sans effort cette jeunesse apparente qui semble le privilège des reines de théâtre. C'est un ami de son fils qui la dépeignait ainsi en 1751:

Elle avait la taille élégante, l'air noble, les manières aisées, affable, riante, fine dans ses propos, obligeante pour tout le monde, remplie d'esprit et sans le moindre air de prétention. Sa figure était une énigme, car elle inspirait un intérêt très vif, plaisait à tout le monde, et, malgré cela, à l'examen elle n'avait pas un seul beau trait marqué: on ne pouvait pas dire qu'elle fût belle, mais personne sans doute ne s'était avisé de la trouver laide.... On n'a jamais pu trouver une actrice capable de la remplacer; et, pour qu'on la trouve, il faut qu'elle réunisse en elle toutes les parties que Sylvia possédait dans l'art difficile du théâtre: action, voix, esprit, physionomie, maintien, et une grande connaissance du cœur humain. Tout en elle était nature, et l'art qui la perfectionnait était toujours caché 1.

Sylvia était pour Marivaux comme l'idéal des qualités qu'exigeaient ses rôles de femmes: la charmante actrice dont « le

1. Cité par M. Campardon, t. I, p. 14. Le célèbre pastelliste La Tour a peint en 1750, c'est-à-dire à la même époque, un portrait de Sylvia,

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