LES FOURBERIES DE SCAPIN, COMÉDIE EN TROIS ACTES ET EN PROSE, Représentée à Paris, sur le théâtre du Palais - Royal, le 24 mai 1671. ARGANTE, père d'Octave et de Zerbinette. LEANDRE, fils de Géronte et amant de Zerbinette. gante, amante de Léandre. HYACINTHE, fille de Géronte et amante d'Octavé. SCAPIN, valet de Léandre. SILVESTRE, valet d'Octave. La scène est à Naples DE SCAPIN. ACTE PREMIER. SCÈNE I. OCTAVE, SILVESTRE. OCTAVE. AH! fâcheuses nouvelles pour un cœur amoureux! Dures extrémités où je me vois réduit! Tu viens, Silvestre, d'apprendre au port que mon père revient? Et qu'il revient dans la résolution de me marier? SILVESTRE. Du seigneur Géronte. OCTAVE. Et que cette fille est mandée de Tarente ici pour cela? A qui mon père les a mandées par une lettre? Par une lettre. SILVESTRE. OCTAVE. Et cet oncle, dis-tu, sait toutes nos affaires? Toutes nos affaires. SILVESTRE. OCTAVE. Ah! parle si tu veux, et ne te fais point, de la sorte, arracher les mots de la bouche. SILVESTRE. Qu'ai-je à parler davantage? Vous n'oubliez aucune circonstance; et vous dites les choses tout justement comme elles sont. OCTAVE. Conseille-moi du moins, et me dis ce que je dois faire dans ces cruelles conjonctures. SILVESTRE. Ma foi, je m'y trouve autant embarrassé que vous; et j'aurois bon besoin que l'on me conseillât moi-même. Lorsque mon père apprendra les choses, je vais voir fondre sur moi un orage soudain d'impétueuses réprimandes. SILVESTRE. Les réprimandes ne sont rien; et plût au ciel que j'en fusse quitte à ce prix! Mais j'ai bien la mine, pour moi, de payer plus cher vos folies; et je vois se former de loin un nuage de coups de bâton qui crèvera sur mes épaules. OCTAVE. O ciel! par où sortir de l'embarras où je me trouve? SILVESTRE. C'est à quoi vous deviez songer avant que de vous y jeter. OCTAVE. Ah! tu me fais mourir par tes leçons hors de saison. SILVESTRE. Vous me faites bien plus mourir par vos actions étourdies. |