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et de patience; et l'on pourroit les savoir toutes, sans avoir une idée de plus, et sans être capable de lier et de comparer ensemble deux faits ou deux sensations.

La Fontaine fut le seul des hommes illustres de son temps qui n'eut aucune part aux bienfaits de Louis XIV. Ce fait, dont il est assez difficile de découvrir la cause, me paroît très remarquable; et je m'étonne que Voltaire, qui nous a appris sur le siècle de Louis XIV tant de choses aussi curieuses que peu connues, n'ait pas tenté de l'expliquer personne n'étoit plus capable que lui d'y réussir. Un grand amour de la vérité, de la sagacité dans le choix des moyens les plus propres à s'en assurer, du courage pour la dire avec cette modération qui donne tant de force à la raison; telles sont les qualités qu'on remarque dans tout ce qu'il a écrit sur l'histoire, et qu'on ne peut lui refuser sans injustice: c'en est assez pour croire que, s'il n'a rien dit des motifs de la conduite particulière de Louis XIV envers La Fontaine, c'est qu'il n'a pu les pénétrer. Peut-être certaines fables de cet auteur, où il s'est montré meilleur philosophe qu'habile courtisan, éclairciroient-elles cette difficulté.

Quoi qu'il en soit, La Fontaine trouva d'illustres Mécènes dont les secours généreux le sauvèrent de l'indigence, et réparèrent en quelque sorte l'oubli du souverain, ou plutôt l'effet des vengeances particulières de son ministre. Sans ces ressources, ce grand homme auroit été forcé d'abandonner ses parents, ses amis, tous les objets les plus chers à son cœur, de chercher sa subsistance de contrée en contrée, et, par une fuite involontaire, de couvrir de honte aux yeux des étrangers son ingrate patrie. Parmi ceux qui s'empressèrent de pourvoir à ses besoins, on lit avec un plaisir mêlé d'attendrissement les noms du duc de Bourgogne, de la Sablière, et d'Hervart; ils rappellent des actions qui font honneur à l'humanité.

La Fontaine demeura chez madame de la Sablière près de vingt ans, pendant lesquels il fut délivré de tout soin domestique: ce qui convenoit également à sa paresse et à son incapacité absolue pour les affaires. C'est sans doute cette indifférence pour les biens de la fortune, cet amour du repos et de la liberté,

cette disposition habituelle à vivre d'une vie incertaine et précaire, sans s'occuper de l'avenir, sans prévoir même les besoins du lendemain, que madame de la Sablière vouloit exprimer, lorsqu'un jour, après avoir congédié tous ses domestiques à la fois, elle disoit avec autant de grace que de finesse : Je n'ai gardé auprès de moi que mes trois animaux : mon chien, mon chat, et La Fontaine.

A la mort de cette femme, dont il fait l'éloge le plus flatteur, il se retira chez M. d'Hervart son ami; et ce fut à cette occasion qu'il dit ce mot si touchant, si naïf, et qu'on peut appeler un mot de caractère. Quelques jours après avoir perdu madame de la Sablière, il rencontre M. d'Hervart : « Mon cher La Fon«taine, lui dit cet homme estimable, j'ai su le malheur qui « vous est arrivé. Vous étiez logé chez madame de la Sablière ; « elle n'est plus : j'allois vous proposer de venir loger chez moi. » - « J'y allois,» répondit La Fontaine.

Un autre mot plus connu peut-être, mais qui ne mérite pas moins d'être rapporté, c'est celui de Molière. Il soupoit avec La Fontaine, Boileau, Racine, et quelques amis communs La Fontaine, plus distrait qu'à l'ordinaire, paraissoit occupé de profondes méditations; Racine et Boileau, voulant le tirer de sa rêverie, le railloient très durement Molière trouva qu'ils passoient les bornes de la plaisanterie ; alors, prenant à part un des convives, il lui dit avec vivacité Nos beaux esprits ont beau se trémousser, ils n'effaceront pas le bon homme.

La Fontaine consacra les dernières années de sa vie à la piété, à la pénitence la plus austère. Il mit en vers les hymnes de l'église mais il étoit vieux alors et souffrant; sa verve étoit éteinte, son imagination glacée par l'âge, sa tête affoiblie par une longue maladie, et son corps épuisé par les remèdes souvent pires que le mal même. Cette traduction est absolument ignorée aujourd'hui mais on se souvient toujours de ses fables; à tout âge, dans tous les instants, dans toutes les circonstances de la vie, on les lit avec le même plaisir.

La vie de La Fontaine, prise dans toutes ses circonstances, n'offre aucun de ces faits qui caractérisent une grande répu

tation, de ces faits tels qu'on en remarque dans la vie de Corneille, de Molière, de Racine, de Boileau, de Voltaire, etc. Le peuple même, que son intérêt rend meilleur juge de la bonté que de l'esprit, et dans la langue duquel les termes simplicité et bêtise sont synonymes, ne voyoit en lui qu'un homme d'une intelligence très bornée. C'est ce qu'on peut inférer, ce me semble, d'un mot qui, en peignant la bonhomie de La Fontaine, fait très bien connoître l'opinion que la multitude avoit de cet homme si digne d'être aimé. La garde qu'on lui donna pendant sa dernière maladie, frappée de la vivacité avec laquelle son confesseur l'exhortoit à la pénitence, lui dit : « Hé! « ne le tourmentez pas tant; il est plus bête que méchant : « Dieu n'aura jamais le courage de le damner. »

Cet homme, toujours sincère avec lui-même dans les époques si differentes de sa vie, et qui, pour me servir de l'expression de l'abbé d'Olivet, a mérité que sa mémoire fût à jamais sous la protection des honnêtes gens, mourut à Paris le 15 mars 1695. et fut enterré dans le cimetière de Saint-Joseph, à l'endroit même où Molière, son ami, avoit été mis vingt-deux ans aupa

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L'AIGLE ET L'ESCARBOT. II, 8.
L'AIGLE ET LE HIBOU. V, 18.
L'AIGLE, LA Laie, et la Chatte. III, 6
L'AIGLE ET LA PIE. XII, II.
L'ALOUETTE ET SES PETITS, AVEC LE

MAITRE D'UN CHAMP. IV, 22.
LES DEUX AMIS. VIII, 11.
L'AMOUR ET LA FOLIE. XII, 14.
L'ANE CHARGÉ D'ÉPONGES ET L'ANE

CHARGÉ DE SEL. II, 10.
L'ANE ET LE CHIEN. VIII, 17.
L'ANE ET LE PETIT CHIEN. IV, 5.
L'ANE ET SES MAÎTRES. VI, 11.
L'ANE PORTANT DES RELIQUES. V, 14.
L'ANE VETU DE LA PEAU DU LION.
V, 21.

UN ANIMAL DANS LA LUNE. VII, 18.
LES ANIMAUX MALADES DE LA PESTE.
VII, I

L'ARAIGNÉE Et l'Hirondelle. X, 7.
L'ASTROLOGUE QUI SE LAISSE TOMBER

DANS UN PUITS. II, 13.
L'AVANTAGE DE LA Science. VIII, 19.
L'AVARE QUI A PERDU SON TRÉSOR.

IV, 20.

LES DEUX AVENTURIERS ET LE TA-
LISMAN. X, 14.

LE BASSA ET LE MARCHAND. VIII, 18.
LA BELETTE ENTRÉE DANS UN GRENIER.

III, 17.

LE BERGER ET LA MER. IV, 2.
LE BERGER ET LE ROI. X, 10.
LE BERGER ET SON TROUPEAU, IX, 19.
LA BESACE I, 7.

LE BUCHERON ET MERCURE. V, 1.
LE CERF MALADE. XII, 6.
LE CERF SE VOYANT DANS L'EAU. VI, 9.
LE CERF ET LA VIGNE. V, 15.
LE CHAMEAU ET LES BATONS FLOT-
TANTS. IV, 10.

LE CHARLATAN. VI, 19.

LE CHARRETIER EMBOURBÉ. VI, 18.
LE CHAT, LA BELETTE, ET LE PETIT
"LAPIN. VII, 16.

LE CHAT ET LES DEUX MOINEAUX.
XII, 2.

Le Chat ET LE VIEUX RAT. III, 18.
Le Chat et LE RAT. VIII, 22.
LE CHAT ET LE RENARD. IX, 14.
LE VIEUX CHAT ET LA JEUNE SOURIS.
XII, 5.

LA CHATTE MÉTAMORPHOSÉE
FEMME. II, 18.

EN

LA CHAUVE-SOURIS ET LES DEUX BE-
LETTES. II, 5.

LA CHAUVE-SOURIS, LE BUISSON, ET

LE CANARD. XII, 7.

LE CHENE ET LE ROSEAU. I, 22.
LE CHEVAL S'ÉTANT VOULU VENGER
DU CERF. IV, 13,

LE CHEVAL ET L'ANE. VI, 16.
LE CHEVAL ET LE Loup. V, 8.
LES DEUX CHÈVRES. XII, 4.

LE CHIEN A QUI ON A COUPÉ LES

OREILLES. X, 9.

LE CHIEN QUI lache sa proie pour
L'OMBRE. VI, 17.

LE CHIEN QUI PORTE A SON COU LE
DINÉ DE SON MAITRE. VIII, 7.
LES DEUX CHIENS ET L'ANE MORT.
VIII, 25.

LE CIERGE. IX, 12.

LE CIGALE ET LA FOURMI I, 1.

LE COCHE ET LA MOUCHE. VII, 9.
LA COCHET, LE CHAT, ET LE SOU-
RICEAU. VI, 5.

LE COCHON, LA CHEVRE, ET LE
MOUTON. VIII, 12.

LA COLOMBE ET LA FOURMI. II, 12.
LE COMBAT DES RATS ET DES BE-

LETTES. IV, 6.

LES COMPAGNONS D'ULYSSE. XII, 1.
CONSEIL TENU PAR LES RATS. II, 2.
CONTRE CEUX QUI ONT LE GOUT dif-
FICILE. II, 1.

LE COQ ET LA PERLE. I, 20.
LE COQ ET LE RENARD. II, 15.
LES DEUX COQs. VII, 13.
LE CORBEAU, LA GAZELLE, LA TORTUE
ET LE RAT. XII, 15.

LE CORBEAU VOULANT IMITER L'AIGLE.
II, 16.

LE CORBEAU ET LE RENARD. I, 2.
LA COUR DU LION. VII, 7.
LE CURE ET LE MORT. VII, 11.
LE CYGNE ET LE CUISINIER. III, 12.
DAPHNIS ET ALCIMADURE. XII, 26.
DÉMOCRITE ET LES ABDÉRITAINS.

VIII, 26.

LE DÉPOSITAIRE INFIDÈLE, IX, I.
LES DEVINERESSES. VII, 15.
LES DIEUX VOULANT INSTRUIRE UN
fils de Jupiter. XI, 2.
LA DISCORDE. VI, 20.

LE DRAGON A PLUSIEURS TÊtes et le

DRAGON A PLUsieurs queues. I, 12.
L'ÉCOLIER, LE Pédant et le MaîtTRE
D'UN JARDIN. IX, 5.

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