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415.

- H. Kienzle, Ovidius qua ratione compendium mythologicum ad Metamorphoseis componendas adhibuerit. Diss. Bâle, zum

Berichthaus, 1903. 1.80 fr.

Basler

La question des sources d'Ovide est un problème bien complexe et bien délicat; en particulier, il y a une vraie difficulté à s'enquérir des sources de l'ingénieuse compilation des Fables qui composent les livres des Métamorphoses. M. Kienzle a recherché si Ovide ne se serait pas servi notamment d'un des nombreux manuels de mythologie qui abondaient de son temps; sa dissertation est un effort très sérieux, donnant des résultats encore bien incomplets sans doute, mais qu'il faut accueillir avec faveur, vu la difficulté du sujet. Un premier chapitre nous initie à la façon dont Ovide peut dépendre d'un auteur. M. Kienzle a choisi les livres 13 et 14 des Métamorphoses, et il en fait le rapprochement avec des parties des mêmes livres de l'Enéide, du vers 623 du 13e livre jusqu'au vers 608 du 14°. Pendant près de mille vers, Ovide fait un usage constant de l'Eneide; il copie manifestement tous les épisodes, il les mêle, il est vrai, à d'autres fables par de très heureuses transitions, il les change dans les détails, il les intervertit, et les entrecoupe d'autres épisodes venus d'ailleurs, tout cela pour ne pas laisser reconnaître une source si universellement connue. Mais Ovide ne peut tromper la critique exercée qui ne lui refuse pas d'ailleurs le mérite de la plus heureuse disposition des épisodes.

Au chapitre II, M. Kienzle aborde la question des manuels de mythologie. Il étudie les fables d'après les grands cycles. Il montre qu'il n'y a pas de doute que, tant pour le fond que pour la méthode de composition, les fables qui rentrent dans le cycle de Thèbes viennent de la Bibliothèque d'Apollodore. Quelques poètes, comme Euripide et Théocrite, avaient déjà traité en vers ces légendes; Ovide s'est servi de leurs productions en même temps que du manuel mythologique devenu ainsi une source commune. Pour les cycles des Argonautes, de Thésée, de Procné, de Dédale, Ovide a mis autant à contribution «<les Argonautiques » d'Apollodore que sa « Bibliothèque ».

Pour les fables de Méléagre et d'Hercule, M. Kienzle établit un très heureux rapprochement entre l'historien Diodore et Ovide; les deux auteurs, qui n'ont aucune dépendance, se rencontrent tout à fait dans la façon d'exposer et de lier ces légendes dans un tout autre sens qu'Apollodore ne l'avait fait. C'est que le fond historique lui-même se prêtait tout naturellement aux rapprochements qu'ont tentés l'historien et le poète.

Pour le cycle troyen, Ovide reste encore tributaire d'Apollodore; il l'a très habilement copié, a interverti les légendes, a fait un choix

plus poétique. Il s'est rarement inspire d'Homère, plus souvent d'Euripide, mais c'est surtout aux écrivains alexandrins qu'il a demandé quelques heureux changements. Grâce à ses soins et à ses préoccupations littéraires, ces narrations antiques ont gagné en couleur et en intérêt; on est bien loin des sèches nomenclatures dont il a suivi la matière. C. HONTOIR.

416. H. de la Ville Mirmont, Le poète Lygdamus. Étude critique suivie d'une édition et d'une traduction des Élégies. Paris, Fontemoing, 1904. 92 pp. 2 fr.

On a pu lire dans le Musée Belge l'étude consacrée par M. H. de la Ville de Mirmont à ce poète énigmatique connu sous le nom de Lygdamus. Les six élégies qu'on lui attribue se trouvent dans les manuscrits et dans les éditions à la suite des élégies de Tibulle. Le nom de Lygdamus est un pseudonyme et on a fait bien des suppositions pour retrouver la personnalité qu'il désigne. L'auteur de cette intéressante étude prouve que ce n'est pas Tibulle, ni Ovide, ni le frère d'Ovide, ni aucun des contemporains de Tibulle et d'Ovide qu'on a désignés. Ce n'est pas non plus un faussaire qui aurait plagié Tibulle, mais c'est un poète né en 710 ou en 711, qui a fréquenté l'école de déclamation, comme Ovide, puis le cercle de Messala. Ses élégies sont « l'œuvre d'un jeune homme, encore soumis aux influences de l'école et du milieu, peu maître encore de la forme littéraire et incapable d'exprimer d'une manière personnelle une passion réelle, dont il a vraiment souffert. » Il est mort jeune et « ses essais ont été pieusement rassemblés avec les pièces de Tibulle et de quelques poetae minores du cercle de Messala dans un recueil collectif qui est parvenu jusqu'à nous, comme une gallerie où, à côté de tableaux du maître, se trouvent les ébauches de quelques élèves favoris ».

M. de la Ville de Mirmont publie cette étude à part et il la fait suivre d'une édition nouvelle des six élégies, accompagnées d'un apparat critique et d'une traduction à la fois élégante et exacte (1).

J. P. W.

417. Salomon Reinach, Manuel de Philologie classique, 2e édition. Nouveau tirage, augmenté d'une Bibliographie méthodique de la Philologie classique, de 1884 à 1904. 1 vol. in-8 de xxxIII-414 PP.

(1) Le même auteur publie en même temps dans la collection Minerva, chez Fontemoing, un volume sur La Jeunesse d'Ovide, 292 pp. 3 fr. 5o. Nous y reviendrons.

1904. Tome II. Appendice. 1 vol. in-8 de xv1-310 pp. Paris, Hachette. 15 francs les 2 vol.

Le Manuel de Philologie classique a certes rendu beaucoup de services depuis l'époque de son apparition, il y a plus de vingt ans. En le rédigeant, M. S. Reinach voulait se rendre utile surtout aux maîtres d'études et aux jeunes professeurs qui désiraient connaître la philologie, et qui ne savaient pas où aller la chercher. Notons en passant qu'il faut entendre ici le mot philologie dans son acception la plus étendue, celle que lui ont donnée F. A. Wolff, Boeck et K. Fr. Hermann. En fait, l'auteur a mérité la reconnaissance de beaucoup d'autres lecteurs, grâce aux indications bibliographiques dont son livre est si richement pourvu. Nous lui en avons gardé personnellement une sincère gratitude.

La première édition du Manuel date de 1879. La seconde paraissait en 1883, et était complétée, l'année suivante, par un volume qui portait le titre d'Appendice. Lui aussi avait une grande valeur : car il comprenait une quantité d'indications que l'auteur n'avait pas voulu placer dans le Manuel. M. S. Reinach caractérise d'ailleurs très bien les deux parties de son œuvre en disant que la première est « un livre d'enseignement », et que la seconde est « un guide en matière d'érudition ».

Il semble que depuis le moment où ces deux livres ont paru, les études philologiques ne jouissent pas de toute la faveur qui leur avait été d'abord accordée. Toutefois, si elles n'ont plus autant d'adhérents, elles gardent des fidèles qui leur sont plus dévoués et plus sympathiques que jamais. Le Manuel était épuisé. L'auteur, se trouvant empêché, n'a pu en préparer une nouvelle édition. Il a autorisé la Librairie Hachette à reproduire la deuxième par un tirage sur clichés. Il y a même corrigé quelques erreurs. Enfin, ce qui est plus appréciable encore, il a dressé une liste méthodique, de dix-sept pages, des œuvres les plus importantes consacrées à la philologie de 1884 à 1904. Quant à l'Appendice, qui forme un seul tout avec le Manuel, il n'appelait pas de réimpression, et il est toujours vendu tel qu'il a paru en 1884.

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Nous avons cru devoir donner ces détails, pour que nos lecteurs sachent bien quel est le contenu de cette publication, telle qu'elle est présentée aujourd'hui au public. Le jour où M. S. Reinach pourrait en rédiger une troisième édition, en résumant comme il sait le faire les progrès de la philologie dans ces dernières années, il augmenterait la gratitude de ceux qui lui sont déjà tant obligés, pour les renseignements précieux qu'ils ont trouvés dans son riche répertoire.

A. LEPITRE.

418. G. Grupp, Kulturgeschichte der roemischen Kaiserzeit. II Bd. Anfaenge der christlichen Kultur. Munich, Allgemeine Verlagsgesellschaft, 1904. 622 pp. 9 mk.

Voici le second volume d'un ouvrage dont nous avons déjà annoncé et apprécié le premier (ci-dessus, p. 117). Comme le sous-titre l'indique, ce second volume veut faire connaître les origines de la civilisation chrétienne. L'auteur s'attache à montrer comment l'Église chrétienne s'organisa peu à peu au sein du paganisme et en face du monde païen, quelles luttes elle eut à soutenir et quelle position elle prit à l'égard des questions politiques et sociales. Il fait ainsi voir comment le christianisme transforma peu à peu le monde antique au point de vue religieux, social, économique et politique.

Nous avons dit précédemment quelle est la méthode et quelle est la manière de l'auteur. Il divise sa matière en courts chapitres (ce volume en contient 57) et s'attache à faire de chacun un petit tableau. Les notes prennent peu de place, mais, à la fin, nous trouvons une liste de livres, rangés par ordre alphabétique des noms d'auteurs. Il eût mieux valu classer ces livres par ordre des matières. La liste, très longue (18 pages), présente quelques lacunes regrettables (Le Mithra de F. Cumont, par exemple, que l'auteur connaît au reste), et les titres français sont parfois défigurés par des fautes d'impression. Les gravures, qui illustrent ce second volume sont au nombre de 64. Répétons ici que le livre de M. Grupp est attachant, d'une forme attrayante et qu'il est au courant de la science.

J. P. W.

419. L. Jacobi, P. Woltze, E. Schulze, Die Saalburg. Wiederherstellung durch Geb. Baurat Prof. L. Jacobi. Fünf Bilder in Farbendruck nach Aquarellen von Peter Woltze, Architektenmaler. Text von Dr E. Schulze. Gotha, P. A. Perthes, 1904. (Les cinq tableaux coûtent 15 m., le texte orné de planches coûte o m. 80. Le premier tableau a I m. 20 X 0 m. 82; les autres ont o m. 60 X 0 m. 82).

La Saalburg est un camp permanent que les Romains avaient bâti pour la défense du limes germanique, dans le Taunus, au Nord de Hombourg v. d. Hoehe. L'empereur Guillaume II s'est intéressé à sa reconstitution et a posé lui-même la première pierre du praetorium, le 11 oct. 1900. Telle qu'elle est aujourd'hui, la Saalburg donne une idée claire des camps permanents chez les Romains, et ç'a été une heureuse idée de faire exécuter ces tableaux à l'usage des classes. Les feuilles et 2 forment le premier tableau, de grandeur double, qui nous donne une vue générale, très nette, du castellum limitis Romani Saalburgense. La troisième feuille, divisée en quatre compar

timents, représente la Porta decumana, le Sacellum, les Principia et l'Atrium. La quatrième comprend 1° une carte du limes germanique et du limes rhétique, 2o une vue des tours destinées à défendre le limes. Près de la Saalburg, comme autour de tous ces camps permanents, s'était formée une agglomération assez populeuse c'étaient les anciens soldats avec leurs familles et surtout les marchands, qui établissaient là leurs échoppes (canabae). On a retrouvé près du camp une forge (fabrica), des canabae et un hypocaustum dont la 5e feuille. nous donne une vue. A 250 mètres de la porte décumane, on découvrit en janvier 1903, un sanctuaire de Mithra qui a été reconstruit également et dont la 6o feuille donne deux vues: une vue d'ensemble de l'extérieur et une vue de l'intérieur.

Ces cinq feuilles ou tableaux sont d'une exécution parfaite. Le texte explicatif comprend 34 pages et il est lui-même orné de cinq belles photogravures qui reproduisent les tableaux en petit; il suffira donc pour l'usage privé. Il est l'œuvre de M. Schulze, dont nous avons déjà signalé à nos lecteurs l'opuscule intitulé: Die roemischen Grenzanlagen und das Limeskastell Saalburg. (Voy. Bull. 7, 1903, p. 246). La maison Perthes envoie, sur demande, un prospectus qui donne aussi une réduction des tableaux.

J. P. W.

420. Felix Beuchel, De legione Romanorum I Italica. Diss. inaug. Leipzig, J. J. Weber, 1903. 128 pp.

Il faut louer les jeunes philologues qui font leurs premières armes, de choisir un sujet tel que celui-ci. En même temps qu'ils se font la main, ils fournissent d'utiles contributions à cette histoire des légions romaines qu'on a déjà ébauchée, mais qui est loin d'être achevée. La dissertation de M. Beuchel est faite avec méthode et avec soin. Il commence par établir assez longuement que la Legio I Italica fut créée par Néron et levée en Italie quand ce prince préparait son expédition aux portes Caspiennes; qu'elle fut constituée entre les années 65 et 68, probablement au mois de septembre 67. Dans ce premier chapitre, il examine encore les surnoms qui furent donnés à la légion et les insignes qu'elle prit, enfin il recherche où elle fut recrutée. Pour cette dernière question, il lui a suffi de compléter les données réunies par Mommsen, dans un travail célèbre, et de mettre en œuvre les inscriptions nouvelles, qui viennent du reste confirmer les conclusions de l'illustre épigraphiste. La Legio I Italica tira d'abord ses recrues de l'Italie, où elle avait été formée, puis elle fut recrutée successivement dans les provinces orientales, dans les provinces voisines de l'Hémus, enfin, au Ie siècle, dans la Thrace, province voisine de son campement. En effet, la légion, après avoir campé en

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