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Sous ce titre, nous publierons dorénavant de courtes études originales ou de petits articles de vulgarisation, relatifs aux branches diverses dont s'occupe le Bulletin bibliographique.

NOUVELLES CURIOSITÉS PAPYROLOGIQUES.

Le troisième volume des Oxyrhynchus Papyri (voy.ci-après, p. 12-13) nous apporte quelques pièces nouvelles, semblables à celle que le Musée Belge a reproduites sous le titre de Curiosités papyrologiques (VI, 1902, p. 82). Voici une invitation à un diner, lancée à Oxyrhynque (Egypte moyenne), au 11e siècle de notre ère :

Νο 523 : Ἐρωτᾷ σε Αντώνιος) Πτολεμαίου) διπνῆσαι) παρ' αὐτῶν εἰς κλείνην τοῦ κυρίου Σαράπιδος ἐν τοῖς Κλαυδίου) Σαραπίωνος) τῆι ις από ὥρας θ. Antoine, fils de Ptolémée, t'invite à dîner avec lui, à la table du seigneur Sarapis, dans la maison de Claudius Sarapion, le 16, à 9 heures. >>

C'est un dîner offert à l'occasion de la fête du dieu Sérapis. Voici une invitation à un repas de noce :

Νο 524 : Ερωτα σε Διονύσ]ιος δειπνῆσαι εἰς τοὺς γάμους τῶν τ[έκνων] ἑαυτοῦ ἐν τῇ Ἰσχυρίωνος αὔριον, ἥτις ἐστὶν λ, ἀπὸ ὥρας [θ].

<< Dionysius t'invite à dîner avec lui à l'occasion du mariage de ses enfants à la maison d'Ischyrion, demain, le 30, à 9 heures ». L'indication de l'heure a disparu; l'heure ordinairement indiquée est la ge, c'est-à-dire 3 heures de l'après-midi.

Citons maintenant une amusante lettre d'un autre genre. Elle est écrite en mauvais grec, par Sérénus à sa sœur Isidora, qui était probablement aussi sa femme, car en Egypte le mariage entre frère et sœur était licite Aegyptiis cum sororibus legitima conubia, dit Minucius Felix (Oct., 31, 2) et Diodore de Sicile (I, 27) affirme que cette coutume n'était qu'une imitation du mariage d'Isis avec son frère Osiris. Quoi qu'il en soit, les papyrus nous en fournissent de nombreux exemples. Voy. C. Wessely, Karanis, p. 22-24.

No 528. « Sérénus à Isidora, sa sœur et sa « dame » (τῆ ἀδελφῆ

Kai Kupią), bonjour. Avant tout je te souhaite bonne santé; chaque jour et chaque soir, j'adresse mes prières pour toi à Thoëris, qui t'aime. Je veux que tu saches que, depuis que tu m'as quitté, j'ai vécu dans la tristesse, pleurant la nuit et me lamentant le jour. Depuis le 12 du mois Phaophi, où nous avons pris un bain, je ne suis plus sorti pour prendre un bain et me frotter d'huile jusqu'au 12 Athur. Tu m'as envoyé une lettre capable d'émouvoir une pierre, tellement tes paroles m'ont touché. A l'instant même, je t'ai répondu et j'ai remis ma lettre cachetée (au courrier), le 12, avec les (autres) lettres pour toi (?) ».

La suite est énigmatique; voici la fin : « Vois combien de fois j'ai envoyé te chercher. Fais-moi savoir si tu viendras ou si tu ne viendras pas ». Sur le verso: «A remettre à Isidora de la part de Sérénus ».

Le volume contient plusieurs autres lettres privées, des lettres d'affaires, une lettre d'un père qui donne des conseils à son fils et lui annonce l'envoi de vêtements et d'argent, et ainsi de suite. Nous citons encore celle d'Héraclidès qui réclame à son cher » Hatrès le paiement de 20 drachmes.

« très

N° 532. « Héraclidès à son très cher Hatrès, salut. Tu devais m'envoyer les 12 drachmes, sans que je t'écrive par l'intermédiaire. de Saëtas, sachant bien que je les ai payés ici à mes associés (pour toi). Mais tu as attendu jusqu'ici sans me les rendre. Il faut donc que tu les remettes sans plus tarder au porteur de cette lettre, afin que tu me tires de mon angoisse. Garde-toi d'agir autrement et de me forcer à aller te chercher querelle à ce propos. En effet, je t'ai rencontré l'autre jour à Paomis, j'ai voulu te souhaiter la bienvenue, mais tu ne m'as attendu, parce que tu avais conscience d'avoir mal fait ».

Les papyrus, comme on voit, ne nous révèlent pas seulement les secrets de l'administration et de la vie économique de l'Egypte ptolémaïque et romaine : ils nous font connaître jusqu'aux moindres relations de la vie privée.

J. P. W.

L'ÉVOLUTION DU DOGME ET LE CARDINAL NEWMAN.

Le xix siècle marquera un tournant dans l'histoire des sciences positives, pour avoir provoqué l'application des méthodes historiques dans tous les domaines du savoir humain et résolu ainsi bien des problèmes que les siècles antérieurs avaient considérés comme des énigmes. L'histoire des idées religieuses en général, des dogmes en particulier, a largement profité de ce progrès : la critique de restitu

tion et de provenance a réformé sur plus d'un point l'opinion de nos devanciers. Dans leur ensemble, les nouvelles découvertes sont venues appuyer les dogmes chrétiens il suffit de rappeler, par exemple, l'éclatant témoignage que les épîtres de saint Ignace, réduites au texte grec primitif et expurgées des interpolations postérieures, sont venues rendre en faveur de l'épiscopat monarchique. D'autre part cependant, l'interprétation philologique des sources a réduit notablement le nombre de textes dogmatiques, qu'on avait cru découvrir dans la Bible. Elle a montré qu'un assez grand nombre de dogmes s'y trouvent plutôt à l'état de vérités religieuses, qui ont besoin d'être traduites en formules philosophiques avant de pouvoir passer dans les cadres de la théologie scientifique On a même cru remarquer que la philosophie à laquelle les Pères ont demandé ce service, s'est trouvée être empruntée aux systèmes philosophiques les plus divers; que saint Augustin, par exemple, avait eu recours à la philosophie néoplatonicienne pour formuler les croyances chrétiennes, tandis que saint Thomas d'Aquin avait cru l'aristotélisme plus approprié à cette fin. Les nouvelles méthodes ont aidé l'historien à fixer le point de départ des idées religieuses, leur point d'arrivée et les compléments périphériques qu'elles prirent, au cours de leur croissance. Elles lui ont permis ainsi de mesurer ce que les dogmes ont d'absolu et d'immuable, et aussi, ce qu'ils ont de relatif et de contingent. Ces constatations ont été synthétisées et appréciées, et ce travail d'interprétation a donné naissance aux théories modernes concernant l'évolution du dogme. Ce n'est pas le moment de les exposer ici. Il suffira de rappeler les noms de Max Müller, Réville, Harnack et Sabatier. Pour ces savants, le Christianisme n'a guère été qu'une école de plagiat et ses dogmes d'aujourd'hui diffèrent essentiellement de ceux de l'Église primitive.

En face de ces théories qui conduisent à la liquidation du Christanisme historique, les théologiens ont organisé la défense. Les quelques pages, que le cardinal Franzelin a consacrées à l'évolution du dogme, ont reçu l'approbation quasi-unanime des apologistes catholiques. Pour le savant cardinal, les dogmes chrétiens. ont été l'objet d'un double progrès. Dans l'ordre de la connaissance, l'analyse a extrait des vérités religieuses, tous les éléments qui s'y trouvaient contenus : les assertions de foi se sont dédoublées et les vérités implicites se sont trouvées être l'objet d'une formulation. explicite. Puis, à son tour, la synthèse a rapproché les divers dogmes et les rapprochements ont légitimé certaines conclusions. qu'un seul dogme, pris séparément, n'autorisait pas. Cette forme.

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