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Sont nommés membres de cette Commission: MM. G. Kurth, H. Francotte, M. Wilmotte, L. Parmentier, professeurs à la Faculté de philosophie et lettres; Ch. Dejace, O. Orban, professeurs à la Faculté de droit; et P. Scharff, professeur à l'Athénée royal de Liège. M. Scharff est désigné pour remplir les fonctions de Secrétaire de cette Commission.

La Commission a décidé d'organiser deux séries de cours et conférences, ayant chacune une durée de trois semaines. La re série commencera le lundi 11 juillet pour finir le samedi 30 juillet; la 2a série durera du lundi 8 août au samedi 27 août. Chaque série comportera un certain nombre de cours et de conférences se rapportant à la littérature française et nationale, à l'histoire de l'art, à l'histoire de Belgique, à la linguistique et à d'autres sujets analogues.

En outre, des cours théoriques et pratiques de langue et de littérature allemande seront organisés pendant la 2o série.

Ces cours et conférences sont créés surtout à l'usage des étrangers, désireux de se perfectionner dans la connaissance littéraire et pratique de la langue française, sans préjudice des autres langues vivantes, inscrites généralement aux programmes d'enseignement, surtout des langues allemande et anglaise. Les cours auxquels ils assistent, les réunions familières, promenades, excursions, etc., auxquelles ils prennent part, constituent pour eux autant d'exercices qui, en un laps de temps très court, produisent de remarquables fruits; ainsi s'explique la vogue de cet enseignement d'été dans les pays voisins. son efficacité est appréciée dans une grande partie de l'Europe et jusqu'aux États-Unis.

De plus, la réunion sur le sol belge des représentants de nationalites si diverses aura pour effet immédiat de mieux faire connaître et apprécier notre pays, ses ressources, ses institutions, son enseignement, son industrie, son art et sa littérature. L'œuvre des Cours de Vacances contribuera de la sorte efficacement à associer davantage encore la Belgique à ce vaste courant de cosmopolitisme où notre industrie l'a déjà fait entrer.

Outre les étudiants étrangers, qui se rendront nombreux, on peut l'assurer, à l'invitation du comité organisateur liégeois, il est permis de compter sur la présence de l'élite des personnes instruites, jouissant chez nous de quelques loisirs, et particulièrement des instituteurs et institutrices belges. Ceux-ci mettront à profit une occasion unique de perfectionner leurs connaissances littéraires. Il est à souhaiter que les administrations publiques les aident, de leur côté, dans ce dessein louable, en subventionnant les maîtres et maîtresses qui seraient disposés à séjourner à Liège pendant la période de leurs vacances.

Dès maintenant le comité est en mesure d'affirmer que rien ne sera négligé pour que les participants trouvent à Liège un accueil sympathique, des conditions de vie avantageuses, des distractions variées, bref l'emploi à la fois le plus utile et le plus agréable de leur temps de vacances.

Le programme complet des cours a été publié.

Pour tous renseignements, s'adresser au Secrétaire, M. Paul Scharff, professeur à l'Athénée Royal, rue de Mambour, 9, Liège.

Il ne sera que juste de rappeler que l'année passée déjà des cours de vacances avaient été organisées à Liège, sur le même plan, par l'initiative de M. Scharff. Le succès qu'ils ont eus et qui était dû tout entier à l'activité de M. Scharff, fait présager une réussite complète pour ces cours institués à l'Université par le gouvernement.

321. Les Archives belges (No du 25 avril, art. 101) critiquent sévèrement l'organisation des Congrès archéologiques belges. « Ces Congrès manquent de programme ou, ce qui revient au même, leur programme, au lieu d'être rédigé

d'après un plan scientifique et par une commission de gens compétents, est le résultat du hasard et la simple juxtaposition de questions posées par n'importe qui, selon la fantaisie du moment ou l'intérêt des études particulières. » Il faut avouer que c'est bien ainsi et que des congrès ainsi organisés doivent rester stériles. Les Archives belges indiquent les remèdes que l'on pourrait apporter à cette situation déplorable.

322. Notre collaborateur, M. Paul Graindor, membre étranger de l'École française d'Athènes, a repris les fouilles de Céos. Nous souhaitons au jeune archéologue que sa seconde campagne soit aussi fructueuse que la première.

323. Nous signalons à nos lecteurs le Concours annuel organisé par la Société des sciences, des Arts et des Lettres du Hainaut. Voici quelques questions posées pour 1904:

Une histoire des fortifications et des sièges de Mons.

Une histoire de la commune de Jemappes, id, de la commune de Saint-Symphorien. Une étude sur l'origine des noms géographiques du Hainaut.

Une histoire de l'industrie drapière dans le comté de Hainaut antérieurement au règne de Charles-Quint.

Une étude sur le système d'impositions suivi par les États de Hainaut par les États du Tournaisis

Idem,

Etablir d'une manière critique les régestes d'un comte de Hainaut de la maison d'Avesnes.

De plus, la société récompensera le meilleur travail inédit qui lui sera présenté, se rattachant à l'histoire ou à la philologie, dans l'acceptation la plus large de ces deux mots, à la littérature française (poésie, romans, nouvelles, pièces de théâtre, œuvres de critique ou d'histoire littéraire, etc.), aux sciences philosophiques, au droit, aux beaux-arts (critique et histoire), aux sciences sociales, aux sciences naturelles, mathématiques et médicales.

Les mémoires seront rédigés en français. Ils seront remis franco, avant le 31 décembre 1904, chez M. Wiliquet, secrétaire général, avenue d'Havré, 22, Mons. Les concurrents ne signent pas leurs travaux. Ils y mettent une devise qu'ils répètent sur un billet cacheté renfermant leur nom et leur adresse, ainsi qu'une déclaration que leur œuvre est inédite et n'a pas été récompensée par une autre société savante. On exige la plus grande exactitude dans les citations (titres, éditions et pages). Les concurrents qui se feront connaître de quelque manière que ce soit seront exclus du concours. Le prix consiste en une médaille d'or. La société peut décider l'impression dans ses Mémoires et Publications; dans ce cas, l'auteur reçoit 50 tirés à part.

324. Ferd. Loise. On annonce de Namur la mort de M. Ferdinand Loise, décédé subitement le 20 mai, à Saint-Servais (Namur), dans sa 79me année.

M. Loise était né à Samson, le 28 juillet 1825. Il fit ses humanités au Petit Séminaire de Floreffe et ses études supérieures à l'Université de Louvain. Il fut professeur de poésie à l'ancien Collège de Tongres, de 1852 à 1858; professeur de rhétorique française à l'Athénée de Tournay, de 1858 à 1872; professeur de rhétorique latine à l'Athénée d'Anvers, 1872 à 1876; professeur de rhétorique française à l'Athénée de Mons et de littérature française à l'Ecole normale de la même ville, de 1875 à 1883.

Depuis sa retraite de l'enseignement, il se consacra tout entier à ses travaux littéraires. Lauréat de l'Académie royale dans un concours d'éloquence française en 1858, il fut nommé membre correspondant de l'Académie belge en 1873, et de l'Académie d'Espagne en 1869.

325. Le 29 janvier de cette année est décédé à Zurich L. P. Betz, professeur de littérature comparée à l'Université de cette ville. Betz était né à New York en 1861, de parents alsaciens. Sa famille émigra en Europe, après la mort du père en 1869. Betz reçut l'instruction primaire à Zurich et fréquenta ensuite les Universités de Strassbourg et de Fribourg, où il étudia le droit; des circonstances spéciales lui permirent d'acquérir dès sa jeunesse la connaissance approfondie de l'anglais, de l'allemand et du français. Après quatre semestres d'études du droit, Betz retourna à New-York pour y reprendre le commerce de son père; en 1886 il y fonda une fabrique. Le jeune commerçant fut gagné à la science à la suite de la lecture d'un recueil d'essais de G. Brandes, le célèbre critique littéraire danois, qui le passionna vivement. En 1890, il abandonna son commerce et vint avec femme et enfants à Zurich, où il se remit sur les bancs comme étudiant, s'appliquant à la philologie et spécialement à la littérature française. Après sept semestres d'études, il fut reçu docteur à la suite d'une dissertation sur l'influence de Heine sur la littérature française: H. Heine in Frankreich. (1894). Deux années plus tard, il se fit agréger à l'Université de Zurich par un travail intitulé: Pierre Bayle und die Nouvelles de la République des lettres (1896). L'année suivante il consacra encore deux études à Heine Heine und Musset et Die französische Literatur im Urteile Heines (1897). En 1900, il publia le précieux recueil bibliographique : Littérature comparée, qui paraîtra bientôt en seconde édition, à laquelle Betz a encore pu mettre la main. Enfin en 1902, il fit paraître un recueil d'études diverses de littérature comparée : Studien zur vergleichenden Literaturgeschichte, qui sera apprécié ici en détail. En 1902, l'Université de Zurich lui confia une chaire de professeur extraordinaire pour la littérature comparée. C'est la première chaire de ce genre qui ait été établie dans une Université allemande. Betz a beaucoup lutté pour la reconnaissance officielle de la littérature comparée, il menait sous ce rapport en Allemagne le même combat que son ami J. Texte menait en France et qui a abouti à la création des deux premières chaires de littérature comparée en terre allemande et en terre française, à Zurich et à Lyon. En Allemagne, cette lutte est continuée principalement par le professeur W. Wetz de Fribourg, en France par Brunetière. Betz suivait aussi avec vigilance toutes les manifestations de la science, à laquelle il s'était consacré, et il en rendait régulièrement compte dans le Literarisches Echo de Berlin. Un progrès frappant au point de vue de la maturité du jugement, de la domination sur les matériaux cette dernière notamment était absente dans son premier travail et de l'art du style se manifeste dans les écrits de Betz. La science de la littérature comparée perd en lui un champion énergique et un savant, qui avait toutes les qualités pour lui imprimer un progrès considérable. H. BISCHOFF. Erratum. Page 197, no 232, lisez l'article sur Sénèque en France.

326.

:

PARTIE PÉDAGOGIQUE.

Une leçon publique à l'examen de docteur en philosophie et lettres à l'Université de Louvain:

PRÉPARATION, EN CINQUIÈME LATINE, D'UNE REDACTION FRANÇAISE

par

M. GEVELLE,

Préfet des études à Enghien (1).

1o Objet de cette leçon.

I. INTRODUCTION.

« Nous allons faire ensemble, en nous aidant les uns les autres, ou plutôt vous allez, guidés par moi, faire le travail préparatoire par où chacun de vous, à domicile, doit commencer, chaque fois qu'on lui donne une rédaction, en devoir ».

2o But (par conséquent) de cette leçon.

« Vous apprendre à trouver des idées, à les classer, ce que beaucoup ne savent pas faire. Pourquoi? parce qu'on ne leur a jamais enseigné la méthode à suivre. ... Il en est beaucoup, même dans les classes supérieures, qui, aussitôt le titre du sujet entendu, se mettent à écrire, sans réflexion préalable. Résultat? leur rédaction — est toujours mal ordonnée, est toujours incomplète, tombe parfois absolument à côté du sujet.

«Que doit-on donc faire d'abord? réfléchir avant d'écrire, et réfléchir plume en main. Pour cette fois, c'est moi qui tiendrai le crayon à votre place. Je ne vous demande que de penser.

3o Importance de la méditation du sujet.

« Ce qui précède (cf. 2o) vous l'a dit déjà suffisamment... Un grand écrivain dont vous étudierez plus tard les œuvres, disait à peu près ceci : « J'ai quasi terminé ma tragédie, car le plan en est fait ». 4° Intérêt de cette leçon.

« L'importance du but en est une source.

« Une seconde en est dans le sujet même. J'ai choisi un sujet de rédaction qui vous plaise... Vous allez pouvoir, une heure durant, vous représenter par la pensée un des plus grands plaisirs du Collège... Ce sujet, le voici. ... »

J'écris en haut, au milieu du tableau: La Récréation au Collège ».

(1) Cette leçon est reproduite textuellement, telle qu'elle a été faite devant le jury.

2. DELIMITATION DU SUJET.

1) Déposez tous, vos plumes! Quand ce sera le moment d'écrire, je vous en avertirai. Pour le moment, écoutez !

2) La première chose à faire, lorsqu'on vous donnera un sujet de rédaction, sera souvent celle-ci : bien fixer les limites de ce sujet... Nous avons donc à déterminer d'abord ce mot : « Récréation ».

3) Je souligne ce mot à la planche.

4) Combien y a-t-il de récréations au Collège St-Pierre?

R. Quatre à 8, 10, 1 et 4 heures (1).

5) Nous avons à choisir une de ces quatre récréations pour la décrire. Or voici les considérations qui vont guider notre choix. Nous décrirons les faits :

...

1. Fréquents, de préférence aux faits rares. Pourquoi laisserons-nous de côté le jeu du Tir à l'arc, que vous jouez cependant parfois dans votre cour? - R. ...

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2. Importants, de préférence aux faits secondaires... Si nous. écrivions un ouvrage de trois cents pages sur « la Récréation au Collège », ferions nous de même, et pourquoi pas? - R....

3. Caractéristiques de la chose, de préférence aux faits banaux... Pourquoi donc ne décrirons-nous pas les élèves de Cinquième préparant à la cour, pendant la récréation, leur examen d'histoire, tout proche? R....

4. Que vous avez vus vous-mêmes, de préférence aux autres. Pourquoi ?

R. Parce qu'on doit a) avoir des idées avant d'écrire, vrai dans tous ses écrits.

b) être

6) J'ai écrit provisoirement au tableau, au fur et à mesure, ces mots : « Faits les plus

1. Fréquents

2. Importants

3. Caractéristiques de la chose

4. Connus de vous.

7) Je vais maintenant constater quels sont, parmi vous, les élèves réfléchis... Quelles récréations exclurons-nous de notre rédaction?... Indiquez m'en une, M. X... Pourquoi?... Rép. ...

Deux autres, M. Y... Pourquoi?... Rép. ...

8) La réponse sera : « Les récréations de 8 h., 1 h., 4 h., parce que 2. il s'y trouve moins d'élèves.

(1) En fait, nous avons obtenu d'emblée l'exclusion désirée des trois récréations accessoires. Un élève nous a répondu : « Il n'y en a qu'une, à midi. Les autres ne sont pas des récréations ». -- Nous avons alors fait justifier par les élèves, à la lumière de nos quatre principes, la réponse de leur condisciple.

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