Page images
PDF
EPUB

M. Gradenwitz a reconnu l'utilité de ces listes pour compléter les mots dont les papyrus n'ont conservé que la fin, ou le commencement et la fin. Le papyrus UBM, 388, II, 36 donne taîç ảλ...ais avec une place vide de quatre lettres. Le problème est celui-ci : quel est le mot commençant par aλ et finissant par a (dat. plur. aç), avec quatre lettres perdues, qui convient ici? Grâce à ces listes on restituera facilement ταῖς ἀληθείαις ου ταῖς ἀληθιναῖς, qu'un autre papyrus (UBM. 742, II, 1) a fourni depuis lors dans une phrase semblable. Dans l'Index de son Introduction, M. Gradenwitz avait déjà donné un ContraerIndex des mots les plus fréquents dans les papyrus et il promettait des listes complètes pour le grec et pour le latin. Il a commencé par le latin, aidé par ses élèves et anciens élèves et par A. Brinkmann. Ces listes de mots latins seront surtout utiles aux épigraphistes, les papyrus latins étant fort rares.

.

Outre qu'elles constituent un moyen mécanique pour compléter les textes tronqués, elles rendront un grand service aux grammairiens qui étudient les lois de la dérivation des mots : ils trouveront réunis ici tous les mots de la langue latine, formés au moyen des mêmes suffixes, par exemple les mots en -tio, en -men et mentum, en -itia, itas, les diminutifs en -ulus, -ula, -ulum, les fréquentatifs en -sito, -tito, to, les adverbes en -iter, les adjectifs et substantifs en -arius, etc. etc. Ceux qui s'occupent de grammaire historique pourront facilement voir, en recherchant l'époque où ces mots apparaissent dans la langue, quels sont les suffixes qui ont peu à peu disparu et quels sont ceux qui se sont multipliés avec le temps. On voit par là combien ce travail, qui paraît à première vue purement mécanique, sera utile à la papyrologie, à l'épigraphie et à la grammaire historique ou comparée.

J. P. W.

198. L. Bergmueller, Einige Bemerkungen zur Latinität des Fordanes. Progr. Augsbourg, Pfeiffer, 1903. 52 pp.

C'est un article de Wolfflin (Archiv f. lat. Lex., XI, 1899, p. 361-8) qui a inspiré à l'auteur l'idée de ce travail. Dans une première partie, il recherche les relations de la langue de Jordanès avec le latin biblique et ecclésiastique; dans la seconde, il étudie les moyens. oratoires, les figures de style; dans la troisième, il relève quelques tournures poétiques; la quatrième est consacrée à quelques particularités de langue et de style, et le travail se termine par des remarques critiques.

Cette dissertation est faite avec méthode et apporte quelques résultats nouveaux. Elle a pris pour base l'édition de Mommasen, qui a eu soin de distinguer les nombreux passages de l'histoire gétique

et de l'histoire romaine qui sont empruntés et ne peuvent entrer en ligne de compte.

L'auteur aborde aussi quelques problèmes relatifs à la vie de Jordanès. Suivant lui, les mots de Get. 265: ante conversionem meam signifient simplement « avant ma conversion au christianisme » et non « avant mon entrée au couvent »; il est aussi d'avis que l'Hist. romana est dédiée au pape Vigilius et que Jordanès était évêque. Les arguments, que l'auteur apporte, ne sont pas décisifs et il ne se le dissimule pas d'ailleurs.

J. P. W.

199. G. Maspéro, Histoire ancienne des peuples de l'Orient. 6e édit. Paris, Hachette, 1904. I vol. de 912 pp. In-8°. 6 fr.

Il suffirait de comparer cette sixième édition d'un ouvrage depuis longtemps connu et estimé, à la première, pour se rendre compte des progrès que l'histoire de l'Orient a faits surtout depuis un bon quart de siècle. Ce résumé de la grande Histoire ancienne des peuples de l'Orient classique (Hachette, 3 vol., 90 fr.) a peu à peu grossi, à mesure que nos connaissances historiques et archéologiques se sont étendues; il est orné maintenant de 175 gravures reproduisant des vues, des paysages et surtout des objets découverts dans les pays dont M. Maspéro raconte l'histoire Egypte, Chaldée, Assyrie, Palestine, Phénicie, Médie et Perse. Trois cartes en couleur sont destinées à guider le lecteur. On peut dire que ce livre résume, sous une forme agréable, tout ce que les auteurs anciens et les recherches faites depuis un siècle nous ont révélé sur l'histoire et sur les civilisations orientales. Notons un appendice fort intéressant qui donne, en 50 pages, quelques notions sur les Écritures du monde oriental: caractères cunéiformes, écritures égyptiennes, alphabet phénicien avec ses dérivés sémitiques et ariens.

200.

[ocr errors]

J. P. W.

G. Curtel, La vigne et le vin chez les Romains. Paris, C. Naud, 1903. 182 pp. Cart.

L'auteur de ce livre est directeur de l'Institut régional œnologique et agronomique de Bourgogne. Il parle de la vigne et du vin chez les Romains à un point de vue technique. Dans la première partie, après avoir recherché quelles furent l'origine et l'importance de la viticulture chez les Romains, il montre comment on créait et entretenait un vignoble. Il conclut que les Romains eurent pour la vigne des soins aussi assidus et aussi éclairés que ceux que lui prodiguent aujourd'hui les meilleurs viticulteurs. La deuxième partie est intitulée Le vin chez les Romains. Les vendanges, la vinification, la conservation, l'amélioration et le commerce des vins, les vinifications

:

spéciales, tels sont les sujets traités. L'auteur conclut que toutes ces opérations étaient conduites avec les plus grands soins et ne s'écartaient pas sensiblement des pratiques actuelles. M. Curtel n'est pas philologue, mais il a consulté des philologues et il a sur eux le grand avantage d'être du métier et de posséder les connaissances techniques. Son livre sera utile aux viniculteurs, mais aussi aux philologues.

J. P. W. 201.-W. M. Flinders Petrie, Methods and aims in archaeology. . Londres, Macmillan, 1904. 208 pp. cart. 66 grav. 6 sh. C'est un vrai manuel de l'archéologue-fouilleur en Égypte que publie, avec sa compétence reconnue, M. Flinders Petrie sous ce titre. Quelles aptitudes faut-il avoir, que doit-on savoir et quels sont les préparatifs à faire, si l'on veut exécuter des fouilles en Égypte? Comment reconnaît-on l'emplacement des ruines d'un temple, d'une ville, d'un cimetière, etc.? Comment faut-il choisir, engager, surveiller, payer les troupes d'ouvriers? Comment faut-il organiser le travail des fouilles? Puis, après la découverte, comment faut-il copier, photographier, conserver, emballer les objets trouvés? Les réponses pratiques à ces questions occupent neuf chapitres (p. 1-113). Puis viennent des conseils, non moins utiles, pour classer et publier les découvertes, des considérations sur l'importance historique des résultats que donne l'archéologie égyptienne. Un chapitre curieux, intitulé « Éthique ou morale de l'archéologie », parle des droits de l'inventeur, de ses devoirs, de sa responsabilité, de la destruction et de la restauration des ruines, des droits et devoirs de l'État en cette matière. Le volume se termine par quelques considérations élevées sur la « fascination qu'exerce l'histoire » qui ressuscite le passé et renoue les liens qui unissent toutes les générations humaines. Les illustrations hors texte (2 par planche) montrent l'archéologue et ses travailleurs à l'œuvre, ou représentent des sites d'Égypte, des champs de fouille, des objets trouvés.

202.

LANGUES ET LITTÉRATURES CELTIQUES.

J. P. W.

A. Guillevic et P. Le Goff, Exercices sur la grammaire bretonne. Vannes, La Folye, 1903. 222 pp. in-12, cart. 2 fr. 50. Il y a quelques mois, en rendant compte (Bull., VII, p. 409) de l'excellente grammaire vannetaise des auteurs cités ci-dessus, j'annonçais la prochaine apparition de leurs exercices sur la grammaire. Cette nouvelle œuvre vient d'être mise en circulation; elle ne le cède en rien à la précédente. Tout en suivant l'ordre des chapitres de la grammaire, les auteurs ont trouvé le moyen de grouper les mots se

rattachant aux mêmes idées, et promènent le lecteur successivement à travers toutes les parties du vocabulaire breton. Les phrases les plus simples ont un sens, et sont réellement bretonnes. On ne trouve ici aucun point de ressemblance avec les fameux Colloques françaisbretons qui, du XVIIe au XIXe siècle furent à peu près les seuls exercices au moyen desquels on pouvait s'initier, soi-disant pratiquement, à la connaissance du breton. La partie consacrée à la syntaxe (pp. 130-215), est particulièrement intéressante: la plupart des phrases bretonnes qui s'y trouvent sont empruntées à des écrivains du dialecte de Vannes, et les phrases françaises sont en général des traductions du texte breton. Enfin, à la fin du livre, on trouvera des extraits signés d'auteurs bretons, qui servent de sujet de thèmes et de versions.

En tête du volume, on voit une étude sommaire sur les sousdialectes du vannetais. Ils sont au nombre de trois le haut-vannetais, le dialecte de Quiberon et le bas-vannetais. Cette notice est accompagnée de la bibliographie du sujet.

On annonce la publication prochaine d'un vocabulaire bretonfrançais et français breton du dialecte de Vannes. Ce sera un instrument de travail des plus utile qui viendra compléter heureusement la série des manuels destinés à rendre abordable l'étude du breton de Vannes. VICTOR TOURneur.

LANGUES ET LITTÉRATURES ROMANES.

203. A. Gazier, Mélanges de Littérature et d'Histoire. Paris, A. Colin, 1904, 355 pp. 3 fr. 50

Voici ce qui peut s'appeler un livre intéressant. C'est un simple recueil d'articles, mais d'articles qui sont de vraies études, qui tous ont un sujet et un vrai sujet. Il est presque exclusivement consacré à des questions de littérature et d'histoire du xvire et du xvIIIe siècles. Molière, Pascal, Bossuet, Racine, Fénelon, Massillon, Rollin, Voltaire, tels sont les principaux hommes de lettres qui successivement s'y partagent l'attention de l'auteur. Elle se porte ensuite sur la vie d'une femme anachorète au temps de Louis XIV, Jeanne de Caylus, la solitaire des Rochers, vie qui nous est contée en 80 pages. M. Gazier continue par l'examen de deux problèmes historiques (Ravaillac et ses prétendus complices - L'anarchie spontanée en 1789), et il termine par un article sur L'orthographe de nos pères et celle de nos enfants. C'est le seul dont le xixe siècle fasse les frais, mais encore nous ramène-t-il à l'époque de Madame de Sévigné et de Voltaire, à l'époque où il était permis d'écrire « iréparable» et « téâtre » sans compromettre son renom de grand littérateur.

Pour nous en tenir à la partie réservée aux lettres, nous signalerons tout spécialement les études d'une critique aussi perçante qu'instructive dont sont ici l'objet Molière (Pavillon, Molière et Conti), Pascal (Pascal et Melle de Roannez, La vie de Pascal par Mme Périer) et Racine (Racine et Port-Royal, Racine continuateur des Provinciales, L'épitaphe de Racine). Certes, l'on peut contester la valeur de certaines conclusions formulées par l'auteur. L'on peut, par exemple, refuser son assentiment à la thèse qu'il soutient à propos de Molière et d'après laquelle le grand comique aurait cherché son type d'hypocrite, son Tartufe, dans la personne de son ancien ami, le prince de Conti. Mais l'on n'en reconnaîtra pas moins le sérieux des recherches qu'il applique à ce point obscur de l'histoire littéraire, et l'on avouera sans doute que, même la thèse étant écartée, il l'a éclairé d'un jour G. DOUTREPONT.

nouveau.

204. B. Schmidt, Romanciers naturalistes. Karlsruhe, G. Braun, 1903. Prix 2 marks.

Mlle B. Schmidt n'en est pas à sa première œuvre. Elle a publié, en 1902, un Précis de la littérature française et une Grammaire française simplifiée. Aujourd'hui, nous présentons au lecteur son travail sur quelques romanciers naturalistes. Dans ces esquisses littéraires, elle passe successivement en revue Balzac, Flaubert, Daudet, Zola et Maupassant. Cette énumération indique chez l'auteur beaucoup de lecture, mais l'esprit critique semble faire défaut dans les études. Celles ci sont plutôt l'exposé d'événements et d'œuvres où le jugement n'intervient pas. Ainsi, parlant du Sapho d'A. Daudet, elle l'appelle << une demi-concession faite aux naturalistes ». Ce n'est pas en ces termes que l'on doit signaler un livre franchement mauvais, en luimême et par l'impression qu'il laisse. Nous dirons la même chose de La petite paroisse. En ce qui concerne Zola, sans le trop court jugement qui termine l'étude et qui condamne ouvertement l'écrivain, on croirait que Mlle Schmidt n'a que de l'admiration pour le chef de l'école naturaliste. Et quelle critique douce et faible pour le pessimiste Guy de Maupassant!

Nous aurions voulu une plume plus sévère pour flétrir des œuvres honteuses d'écrivains dont il ne s'agit d'ailleurs pas de nier le talent.

Mlle Schmidt a eu le tort grave de borner trop la formation de ses appréciations. Elle s'est contentée de consulter une ou deux sources sur chaque écrivain analysé, et ses jugements se sont naturellement ressentis de cet exclusivisme.

Ajoutons que les fautes d'impression sont excessivement nombreuses : nous en avons relevé jusqu'à vingt; et qu'il se trouve même

« PreviousContinue »