Page images
PDF
EPUB

noms des chefs du mouvement insurrectionnel quand il écrit Van der Nott, Voncq et Van der Mersch (p. 87), pour Van der Noot, Vonck et Van der Meersch. A. DUTRON.

[ocr errors]

150. A. Cauchie, Le Gallicanisme en Sorbonne d'après la correspondance de Bargellini, nonce de France (1668-1671). Rev. d'hist. ecclésiastique, t. III, pp. 972-995; t. IV, pp. 39-45; 448-469). Louvain, 1902-1903.

Dépouillant la correspondance du nonce Bargellini en vue de la Paix de Clément IX, M. le professeur Cauchie y a trouvé des faits nouveaux relatifs aux luttes du Gallicanisme en Sorbonne. Il groupe ces faits nouveaux autour de trois points: la puissance du parti gallican en Sorbonne, l'opposition gallicane en Sorbonne, enfin la lutte en Sorbonne autour des propositions de 1663.

Le lecteur pourra constater que, sous le pontificat de Clément IX, l'attitude des deux partis ne fut pas aussi pacifique, qu'on le croyait jusqu'à ce jour. Sans doute, la vigilance de Bargellini, secondé par la cour de Rome, la paix de Clément IX, l'insuccès des tentatives d'Arnauld pour rentrer en Sorbonne, ainsi que le revirement de la part du roi contre le Jansénisme avaient notablement affaibli les Gallicans, dont le nombre assez conséquent s'était senti fortifié par l'opinion publique et l'appui du pouvoir. Mais différents événements ont attisé la flamme qui couvait sous la cendre et causé à Bargellini de graves embarras et d'amères désillusions. L'historien du règne de Louis XIV verra avec plaisir cet aspect ignoré des luttes gallicanes et trouvera dans ces articles, outre l'indication de sources nouvelles, la bibliographie fondamentale sur la question. P. D.

-

HISTOIRE DE L'ART.

151. Anton Springer. Handbuch der Kunstgeschichte. I. Das Altertum. 7te Aufl. völlig umgearbeitet von Adolf Michaelis. Leipzig, E. A. Seemann, 1904. 466 pp., 783 figures et 9 planches coloriées. cart. 9 mk.

Nous avons annoncé la 5e édition de cet ouvrage (Bull., II, 1898, p. 154), publiée en 1897. Depuis lors, une 6e a paru (1901) et nous venons de recevoir la 7e du Tome Ier, qui contient l'histoire de l'art dans l'antiquité. L'auteur était mort quand parut la 4o édition (1895) et depuis lors le premier volume est entre les mains habiles et expérimentées de M. Ad. Michaelis, l'éminent professeur d'archéologie à l'Université de Strasbourg. Ce qui n'était d'abord qu'un texte explicatif d'un livre d'images (Kunsthistorische Bilderbogen) est devenu, du

vivant de Springer et, de plus en plus, grâce à ses successeurs, un véritable Manuel de l'histoire de l'art. Les chiffres suivants donneront une idée du développement qu'il a pris peu à peu; la 5o édition du rer volume avait 288 pages et 497 figures, la sixième avait 378 pp. et 652 figures; la septième compte 466 pages et 783 figures. Le texte, qui était d'abord l'accessoire est devenu le principal. S'adressant au public instruit en général, il est destiné à être lu plutôt que consulté. Les gravures, qui sont d'une exécution parfaite et dignes de la maison Seemann, viennent à l'appui de l'exposé et sont intercalées à la place où le lecteur doit les avoir sous les yeux. Bien que semées à profusion. elles sont choisies de telle façon qu'elles font le moins possible. double emploi avec la Kunstgeschichte in Bildern de F. Winter, l'auteur renvoie souvent à cet excellent ouvrage que le Bulletin a annoncé et recommandé (VII, 1903, p. 326).

Ce premier volume, consacré à l'antiquité, se divise en trois parties, précédées d'une introduction qui donne quelques notions sur les âges de la pierre et du bronze. Les trois parties sont fort inégales en étendue : l'Orient (p. 10 86), la Grèce (p 88-346) et l'Italie p. 347-466). C'est à l'art grec que revient la place d'honneur. C'est l'art grec, surtout l'art classique du ve et du Ive siècle avant J. C., qui a servi pour ainsi dire de base au développement artistique ultérieur; à lui remontent l'art romain, byzantin, roman, l'art de la Renais sance, et l'art moderne, au moins en ce qui concerne l'architecture et la sculpture. Aussi, après avoir parlé assez brièvement de l'art oriental (Egypte. Babylonie et Assyrie, Phénicie, Asie Mineure, Pers), l'auteur s'étend-il longuement sur l'architectnre, la peinture et la sculpture grecques, n'oubliant pas les branches accessoires (peinture sur vases en terre cuite, fonte en bronze, gravure sur pierres, frappe de la monnaie, camées, arts industriels, etc). Il met un soin particulier à montrer comment les écoles et les styles se succèdent et se rattachent les uns aux autres, à suivre et à expliquer le développement des différents arts depuis l'art dit égéen ou mycénien jusqu'à l'époque dite hellénistique. Celle-ci le conduit naturellement à Rome, mais ici il faut un instant rebrousser chemin pour nous instruire de l'art national des peuples italiques. L'auteur commence donc par l'art préhistorique du Nord et du Sud de l'Italie, puis il passe à l'art étrusque et latin antérieur à la république. Il s'étend plus longuement sur les époques républicaine et impériale, et termine, au temps de Constantin, par quelques considérations sur la survivance de l'art antique.

Signalons une innovation heureuse. L'ouvrage est dépourvu de notes, et pour satisfaire au désir des lecteurs qui voudraient appro

fondir certaines questions, M. Michaelis promet de publier prochainement une bibliographie succincte (Prix: 10 pf.), qui pourra être intercalée après la Table des matières.

J. P. W.

VARIA.

152-153. Le R. P. Lagrange: La méthode historique surtout à propos de l'Ancien Testament, six conférences prononcées à l'Institut catholique de Toulouse. (2 fr. 50). L'abbé Birot, L. Satlet, etc. : Conferences pour le temps présent. (2 fr. 50). Paris, Lecoffre.

Toutes les publications de l'Institut Catholique de Toulouse sont opportunes, excellentes, dignes d'être lues, méditées, répandues. Le livre, né de conférences faites à l'Institut, dans lequel le P. Lagrange fixe « la méthode historique surtout à propos de l'Ancien Testament » mériterait d'être loué et analysé par un homme du métier. Avec une science théologique supérieure et une connaissance intime de la tradition, l'auteur aborde et résout, - c'est du moins mon impression, car je ne peux pas avoir d'avis sur un point aussi délicat, résout, dis-je, le problème capital qui tourmenta tant d'âmes géné. reuses et fit chavirer « l'esprit large et orné, mais non profond » de ce cher et détestable Renan il s'agit des démentis qu'apportent à l'exégèse, sinon traditionnelle du moins commune de la Bible, les recherches historiques, philologiques ou scientifiques. La pensée du P. Lagrange n'est pas subtile, car il faut que nous tenions sur ce problème une doctrine forte; mais elle est souple, car il faut que cette doctrine enveloppe les arrêts nombreux et apparemment contradictoires que la tradition nous a conservés. Ce livre est une victoire sur le champ de bataille des idées; il console des amères défaites sur le terrain des faits; il s'en dégage un parfum d'orthodoxie et de libre critique bon à respirer.

Les « Conférences pour le temps présent (1) » ne portent pas sur des questions de moindre importance. Elle intéressent le philosophe, le politique et le sociologue. M. Louis Birot, vicaire général d'Albi, traite de la crise du libéralisme »; M. Louis Saltet, professeur à

(1) De la préface: « Les conférenciers ont cette unanimité d'être des hommes éloignés de toute politique... Les questions qu'ils ont posées devant leurs auditeurs [le « grand public » des jeudis d'hiver] sont essentiellement des questions de morale, de morale sociale... Si de ces entretiens iréniques il se dégage des jugements sévères, si ces jugements atteignent des doctrines qui ont actuellement en France le pouvoir pour elles... et aussi bien des paradoxes que d'autres nous proposent, sans nous convaincre, comme le progrès ou comme le salut social, on voudra bien ne voir dans ces jugements que l'exercice de notre sincère et scientifique

.examen »>.

l'Institut, de « l'origine religieuse de la déclaration des droits de l'homme »; M. Charles Arnaud, son collègue, de « la fable dramatique et du problème social de « l'Étape »; M. Scalla, du collège de l'Immaculée Conception (Caouson) intitule sa conférence : « Éducation et libre-pensée »; le P. Th. Pègues (O. P.), « La crise du devoir » ; M. Maisonneuve, « L'immoralisme de Nietzsche ». A cette noble collection d'essais conçus dans un esprit généreux, extraordinairement exempt de toute préoccupation politique, et pour tout dire en un mot, écrits sub specie aeternitatis, comme des études philosophiques ou sociologiques, Mgr Batiffol a joint un discours prononcé à l'Académie des Jeux Floraux: «L'Église, l'histoire et le libéralisme; le duc de Broglie». Il donne la main à M. l'abbé Birot qui traite ex professo du libéralisme et à plusieurs de ses collaborateurs qui ont rencontré le grand problème, centre de gravité de ce volume. Le vieux conflit, que Tertullien tranchait d'un mot (1), sur lequel S. Augustin s'imposa une sorte de rétractation, sur lequel Bossuet sembla, Dieu me pardonne, presque en contradiction avec lui même, le conflit né avec l'avènement du pouvoir spirituel a conservé sa grande importance. La vérité ne persécute plus, mais elle est persécutée : ce n'est pas, croit M. Birot, une raison pour trahir la doctrine du Syllabus, si mal lu et si mal compris, et pour verser, théoriquement, dans le libéralisme. Forcé d'être bref, je veux au moins citer une page de ce mémoire, non la plus profonde, mais une des plus spirituelles : « Si le parti qui lançait l'anathème à la notion de liberté et qui en faisait l'erreur mortelle du monde moderne, écrit M. Lanson, en est venu à ne pouvoir se défendre qu'à l'aide de l'idée de liberté, je crois que c'est un gain et non une menace pour l'idée de liberté (2). Je ne me soucie point que ce soit tactique et non conviction sincère. C'est là un fait nouveau dans l'histoire du catholicisme français; et si ses défenseurs sont seulement intéressés pendant un siècle à invoquer la liberté comme salutaire à leur Église, il est possible qu'au bout d'un siècle, ils soient aussi bons citoyens d'une démocratie libérale (3), aussi sincèrement attachés à la liberté générale que les catholiques américains ». A M. Lanson, que son commerce avec

(1) «Non est religionis cogere religionem » cité p. 253. (2) M. Lanson est bien bon, en vérité!

[ocr errors]

(3) Une démocratie peut-elle être libérale? De bons esprits en doutent. La démocratie libérale de M. Lanson admet la liberté de la presse, mais restreint naturellement la liberté d'enseignement. Et nous accorderions à ces gens là le bénéfice de la bonne foi? Renan a parlé de la bonhomie occidentale, qui nous fait tout prendre au sérieux. On pourrait écrire un joli livre sur la bonhomie cléricale: les Conférences de Toulouse n'en sont pas tout à fait exemptes; c'est un charme, mais une faiblesse.

Bossuet (1) n'empêche pas d'être un libéral opportuniste, mâtiné de jacobin, M. l'abbé Birot répond excellement « Je suis absolument de cet avis; mais on peut retourner l'argument et dire : si le parti qui lançait l'anathème à l'autorité, et qui faisait des limites qu'elle impose à la liberté l'erreur mortelle de la doctrine catholique, en est venu lui-même à reconnaître ces limites et à ne défendre son idéal social qu'en faisant acte d'autorité, je crois que c'est un gain et non une menace pour cette doctrine ». Et l'auteur poursuit en parodiant les remarques de son honorable adversaire avec une ironie narquoise : « C'est là une orientation nouvelle de la démocratie, et si ses défenseurs sont seulement intéressés pendant un siècle à rechercher les vraies conditions de la vie sociale dans une sage détermination de la liberté, ils se trouveront naturellement disposés à comprendre les enseignements de l'Église, qui n'a cessé de les mettre en garde contre L DE LA VALLÉE POUSSIN.

ces abus ».

154 -W.Marçais et G. Marçais, Les monuments arabes de Tlemcen. 30 planches hors texte et 82 illustrations dans le texte. Paris, Fontemoing, 1903. In 8, 358 pp. 20 fr.

La conquête de l'Algérie a, dès les premiers temps de l'occupation, donné aux savants français l'occasion de faire maintes recherches. Qu'il suffise de citer l'Exploration scientifique de l'Algérie, dont seize volumes, dûs à Carette, Pellissier, Berbrugger, Perron, etc. s'occupent d'histoire, de géographie et de droit (1845-1854.) Il faut mentionner aussi les onze volumes de la Revue de l'Orient (1841-1847) et les trentecinq volumes de la Revue de l'Orient, de l'Algérie et des colonies (18471865) (2). Mais depuis quelques années, il s'est manifesté en Algérie une activité bien plus grande encore, grâce surtout aux efforts de l'École supérieure des Lettres d'Alger, que dirige un savant infatigable, M. René Basset, et qui, depuis 1890, a déjà publié vingt-sept volumes. Et il y aurait bien d'autres travaux à citer, notamment pour le droit musulman et d'autres branches des connaissances humaines (3). C'est à ce vaste mouvement scientifique, largement encouragé par

(1) Si je ne fais erreur en reconnaissant en lui l'auteur du beau livre publié dans les classiques populaires.

(2) On trouvera la liste des articles de ces revues dans la Bibliographie des travaux historiques et archéologiques publiés par les sociétés savantes de la France par Robert de Lasteyrie, tome IV, pp. 342 à 360.

(3) Nous saisissons cette occasion pour attirer l'attention sur une très intéressante publication, destinée à faire mieux connaître l'Algérie : c'est l'Histoire de l'Algérie par ses monuments. (Paris, Ludovic Baschet, 1900. In-4o, 70 pages et 100 gravures, 4 francs). Les auteurs sont MM. Ballu, Basset, Augustin Bernard, Cagnat, Canolle, Cat, Cazenave et Delphin.

« PreviousContinue »