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celle-ci. Les nos 72 (246 ap. J. C.) et 140 (349 ap J. C.) nous font connaître incidemment le nom de deux nouveaux préfets, Valerius Firmus et Flavius Strategius. Les demandes de loyer des nos 85 et 86 (78 ap. J. C.) renferment une clause particulière : l'exégète, à qui les offres sont adressées, devra les rendre publiques, et pendant dix jours, on aura le droit de faire opposition. Passé ce délai, si la demande n'a donné lieu à aucune réclamation, le bail est conclu. Les no 92 (162-163 ap. J. C.) et 93 (181 ap. J. C.) apportent de nouvelles lumières sur le monopole de l'huile à l'époque romaine : ils montrent que, si quelques-unes des dispositions ptolémaïques concernant la fabrique et la vente de l'huile sont restées en vigueur sous la domination romaine, il n'en est pas moins vrai que de profonds changements ont été introduits. Le n° 107 (185 ap. J. C.) a trait aux réquisitions militaires : c'est un reçu adressé au stratège du nome Hermopolis par le duplicarius Julius Vestinius; il constate que les anciens (рEOẞÚTepo) de certains villages ont fourni les réquisitions d'orge pour l'ala Heracliana, campée à Coptos. - C'est surtout au point de vue de la langue que le n° 130 (70 ap. J. C.) mérite d'attirer l'attention. C'est une lettre adressée par un certain Gloutas au gymnasiarque Eutychides concernant une vente de blé; les formes et les expressions sont parfois si bizarres qu'il est difficile de découvrir le sens de certains passages. On lit en effet, 1. 2: μǹ τώξις pour μὴ δόξης; 1. 7 : δύναμε έκασαι pour δύναμαι ἀκοῦσαι.

Parmi les papyrus théologiques publiés à la fin du second volume, il faut surtout signaler le no 190 qui contient des fragments du Pasteur d'Hermas, remontant au vie siècle. Ce n'est pas la première fois que les papyrus nous livrent des extraits de cette œuvre, qui devait certes jouir d'une grande popularité dans l'Egypte chrétienne. Ces nouveaux fragments ont ceci de précieux qu'ils renferment la fin de l'œuvre pour laquelle on devait recourir jusqu'ici à des traductions postérieures, et qu'ils prouvent, une fois de plus, la fraude du fameux Simonides. Les autres fragments théologiques contiennent : no 191 (vie siècle), l'Exode, XIX, 1-2 et 5-6; no 192 (vro s.), le Deutéronome, XXXII, 3-10; no 193 (vie s.), les Proverbes X, 18 29.

Outre les qualités des autres collections publiées par MM. Grenfell et Hunt, celle-ci en présente une autre et non des moindres. Grâce à la générosité de lord Amherst, les éditeurs ont pu y insérer de nombreuses planches en phototypie (9 dans le Ir volume et 25 dans le IIe), qui, choisies avec discernement, constituent une histoire vivante de l'écriture. Ajoutez à cela que l'exécution matérielle, la reliure, l'impression, le papier, sont vraiment dignes du Mécène anglais et font de cette collection papyrologique une véritable publication de luxe.

Je termine par une remarque ; il m'a paru, en étudiant les planches qui terminent le second volume, que les éditeurs n'avaient guère été scrupuleux dans la copie des textes et avaient transcrit, sans aucun signe indiquant la restitution, des lettres, des syllabes, voire même des mots qui n'existent pas dans l'original. Voici quelques exemples. Pl. IX, 1. 11. Le texte porte кwμ.. xnσavτa : les éditeurs transcrivent κωμαρχήσαντα.

Pl. XIII, 1. 14. L'original ne porte pas de traces du mot evíauta que les éditeurs restituent sans l'indiquer.

1. 22. Je lis : Δεκάτου αὐτοκράρος et non δεκάτου αὐτοκράτορος.

Pl. XV, 1. 7. La planche donne uapтup. σa : les éditeurs transcrivent μaptupñσai; il en est de même aux lignes 18 et 19, où l'e de ervwoav et I'w de érvwкévai ont disparu, sans que le texte des éditeurs l'indique. FERNAND MAYENCE.

3-4. J. B. Bury. A History of Greece to the Death of Alexander the Great. London, Macmillan & Co, 1902. 2 volumes gr. in-8°, 502 et 534 pp. Cart., 25 Sh.

J. B. Bury. Même titre. School edition. 3rd impression. London, ibid, 1902. Un vol. in-8o. Cart. 8 Sh. 6 d.

On voit, d'après les indications qui précèdent, que M. J. B. Bury a publié deux éditions différentes de son Histoire de la Grèce jusqu'à la mort d'Alexandre le Grand : la School Edition en un volume et la Library Edition en deux volumes.

La première édition qui a paru, pour la première fois, en 1900, a conquis très rapidement les faveurs du public et c'est à bien juste titre. Nous savons pour avoir fait, depuis sa publication, un usage quotidien de cet excellent ouvrage à quel point il est recommandable et nous ne pourrions jamais assez dire combien il nous a plu. Il n'existe pas de traité en un volume qui résume d'une manière aussi claire et aussi complète toute l'histoire de la Grèce, depuis le début de la période égéenne jusqu'à la mort d'Alexandre le Grand, et qui initie aussi rapidement le lecteur à la connaissance de tout ce qui fait la grandeur de l'Hellade et constitue son génie propre. Il fallait pour mener à bonne fin pareille entreprise, non seulement beaucoup de science et d'érudition ct une compréhension très exacte de toutes les manifestations de l'esprit grec, mais encore le sens de la sélection, le sentiment de l'ordonnance et le talent de l'exposition. Tout cet ensemble de qualités rares s'est ici trouvé réuni et M. Bury a fait merveille. En outre, son livre renferme de nombreuses cartes et plans dont l'étude complète utilement les données du récit et il est illustré d'innombrables vignettes, reproductions de vues et paysages, monu

ments, statues, objets, monnaies et médailles qui excitent la curiosité du lecteur, frappent son esprit et prêtent à tout le volume un puissant intérêt.

Ainsi donc, cet ouvrage possède un caractère qui lui est propre. Ce n'est pas un résumé très élémentaire, orné de cartes et d'estampes plutôt médiocres, comme il n'en a paru que trop; ce n'est pas non plus une de ces histoires grecques, très savantes, très détaillées, très complètes, s'adressant à une catégorie spéciale de lecteurs comme celles qu'ont écrites les Busolt, les Beloch, les Niese, les Ed. Meyer. Son volume et son prix peu élevé le rendent également plus facilement accessible au grand public que certains volumes coûteux et de large envergure, tels que les célèbres traités de Curtius, de Duruy et de Holm. Nous nous trouvons ici en présence d'un excellent aperçu, savant, nouveau, très au courant des dernières découvertes, faisant, pour les premiers temps surtout, aux recherches archéologiques la part qui leur revient à si bon droit; bref, un résumé, dont la lecture sera hautement profitable aux élèves des classes supérieures de nos établissements d'instruction moyenne, et aux étudiants de nos universités, et qui figurera avec honneur dans la bibliothèque de tout homme cultivé, de tout homme de goût. Pareil ouvrage sera toujours feuilleté et consulté avec plaisir à notre époque, car il n'y en eut probablement jamais, où, pour reprendre l'expression heureuse de M. Alfred Croiset, plus d'artistes, de poètes, de libres esprits de toute sorte aient été plus délicatement sensibles à la beauté de l'art grec sous toutes ses formes.

M. Bury vient de publier un troisième tirage de son livre et il en fait paraître, en même temps, une édition plus importante et d'un prix beaucoup plus élevé qu'il désigne du nom de Library-Edition. Toutefois, les deux sœurs diffèrent moins par le fond que par la forme. La seconde est une édition de luxe, comprenant deux bons volumes d'apparence cossue, imprimés sur papier fort, dans un caractère plus grand. L'auteur y a joint plusieurs cartes et plans d'une exécution irréprochable, mais il n'a pas jugé à propos d'y reproduire les illustrations qui constituent un des charmes de la petite édition. On y trouvera, en plus d'un endroit, quelque addition importante, notamment à propos des relations diplomatiques qui suivirent la paix de Nicias, et les renseignements que l'auteur nous donne sur Hérodote et Thucydide. Enfin, innovation considérable, la Library Edition est beaucoup plus riche que l'autre en ce qui concerne les notes justificatives que M. Bury a publiées à la fin de son ouvrage : elles sont ici plus nombreuses, plus étendues et constituent un précieux répertoire, soigneusement tenu à jour, où l'on pourra glaner mainte indication

utile dans le champ d'une érudition que l'on sent très vaste et très sûre. L'auteur a mis son œuvre en rapport avec les dernières découvertes faites en Crète et spécialement avec les retentissantes trouvailles de son compatriote, M. Arthur J. Evans, à Knossos, ainsi qu'avec les résultats des fouilles exécutées récemment sur divers points des îles de la Mer Egée et notamment à Phylakopi, dans l'île de Milo. Ceux-ci et celles là ont considérablement augmenté notre connaissance des premiers temps de la Grèce et nous ont fourni des détails d'importance capitale sur la civilisation égéenne et la civilisation mycénienne, qui n'est qu'une manifestation de la première dans un sens restreint. Dans son chapitre premier, The Beginnings of Greece and the heroic age, M. Bury ne craint pas d'aborder de front les problèmes complexes et difficiles que soulèvent ces dernières acquisitions de la science. Il y a, dans un ouvrage de l'espèce, une certaine crânerie de sa part à le faire en un moment où la fournaise scientifique est en pleine activité, où les découvertes se suivent encore et où celles que l'on fera demain nous montreront, sans doute, que sur bien des points nous nous trompons aujourd'hui. Cette crânerie, nous n'en doutons pas, passera chez d'aucuns pour de l'imprudence. Pour nous, nous y applaudissons de tout cœur et nous savons gré à l'auteur de nous avoir fourni, dans l'état actuel de nos connaissances, une esquisse provisoire de la question, fût-elle incomplète et, pour partie, erronnée.

D'ailleurs, et d'une façon générale, on comprendra aisément qu'il est, dans les différentes parties de l'ouvrage pris dans son ensemble, plus d'une assertion commandant la réserve ou demandant à être rectifiée, plus d'une page qui est du domaine de la pure hypothèse. Le contraire n'eût pas été possible et nul au monde ne pourrait se targuer de n'avancer, en pareille matière et sur un sujet aussi vaste, que des propositions correspondant strictement à la réalité. Mais, ce qu'il faut admirer ici, c'est la clarté et l'ordre que M. Bury a su mettre dans l'exposé de tant de questions embrouillées, de tant de problèmes ardus qu'il aborde avec une si belle vaillance : l'ordre et la clarté sont, du reste, les qualités maîtresses du livre tout entier et il convient d'en féliciter hautement son auteur. En l'écrivant, il a bien. mérité de tous les amis de l'histoire grecque.

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ALPHONSE ROERSCH.

5. O. Kern. Ueber die Anfaenge der hellenischen Religion, Berlin,. Weidmann, 1902. 34 p. 1 fr.

Cette brochure traite la question des commencements de la religion hellénique. M. Kern a la conviction que l'on tient enfin la vérité si longtemps cherchée. En manière d'exposé de l'état de la question, il

annonce la chute des systèmes d'A. Kühn et de M. Müller, puis expose la méthode à suivre. Pour éviter les rêveries et les interprétations arbitraires, dit M. Kern, les recherches sur les commencements de la religion hellénique doivent prendre pour guides l'anthropologie et l'archéologie. Je crois que M. Kern a raison, mais je suis loin de partager sa confiance absolue en ces sciences. L'anthropologie, malgré son incontestable utilité, est elle dès maintenant une science constituée ? tout au moins, dans ses applications, elle semble laisser la voie ouverte aux interprétations les plus fantaisistes. L'archéologie mérite plus de confiance, mais encore faut-il apporter une certaine réserve. Les documents archéologique s appartenant aux époques reculées de l'histoire grecque, sont peu nombreux et leur interprétation. est très doutcuse. Ceux qui en voudront faire l'expérience peuvent, après avoir lu la conférence de M. Kern, lire un livre sur l'époque mycénienne. Cette lecture sera pour eux une leçon de prudence dans l'adhésion aux théories qui prétendent reconstituer la civilisation. de ces temps lointains.

Nous avons l'habitude de considérer la religion grecque dans les formes splendides de la statuaire du 5e et 4° siècle, et nous avons cru jusqu'ici que la religion grecque était la religion de la beauté. C'est une erreur, dit M. Kern. On y retrouve les étapes par lesquelles ont passé tous les peuples pour arriver à la civilisation. Les Grecs ont débuté par le fétichisme; ils ont adoré des pierres, des planches, des métaux. Ces fétiches grossiers ont même résisté à l'anthropomorphisme. Pendant que les statues de marbre se profilaient sur le ciel bleu au sommet des acropoles, le Grec, conservateur en religion, continuait à donner ses adorations dans certains sanctuaires au vieux fétiche de ses pères.

Au culte des pierres a succédé l'adoration des animaux, regardés comme les ancêtres de la race. C'est le totémisme. Il existait, dit M. Kern, au temps des grandes dynasties de Mycènes, de Tirynthe,etc. Héra est le dernier et splendide terme de l'évolution d'un totem, de l'adoration d'une vache. La preuve en est l'épithète Bowmiç qu'elle porte dans l'Iliade. M. Kern trouve encore des traces du totémisme primitif dans les animaux-symboles et dans les métamorphoses.

L'adoration de l'homme a commencé par celle des morts. M. Kern affirme avec assurance que le culte des morts est postérieur au fétichisme et au totémisme. Son existence et son importance se révèlent dans les monuments d'Orchomène et de Mycènes; il semble s'être développé surtout dans les grandes familles. Toutefois M. Kern. croit que l'anthropomorphisme proprement dit dérive du culte des démons, formes mixtes, semi-humaines et semi-animales. Seulement

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