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Berl. Phil. Woch., 1902, 12 oct., p. 1287, Deissmann a rassemblé,
ibid., 22 nov., p. 1467, quelques exemples de l'emploi de l'article
devant les noms propres dans les papyrus de l'époque ptolémaïque
et dans d'autres contemporains de notre texte. Parmi tous ces
exemples, nous en relevons un tiré d'une lettre du 3° siècle de notre
ère (Fayoum Towns, 128,4 & ПOVTIKós) qui semble bien offrir un cas
analogue à celui qui nous occupe. C'est à la vérité fort peu, mais
c'est peut-être suffisant et ce serait assurément une piquante décou-
verte, si M. Deissmann avait réellement tiré de l'oubli une martyre
chrétienne, déportée dans la grande Oasis et affublée par les modernes
des vêtements d'une prostituée.
N. HOHLWEIN.

67. T. R. Mills, Plato, Euthyphro and Menexenus. (The University tutorial series). Londres, Clive, 1902. 101 pp. in-12. Cart. 4 sh. 6 p. Les volumes de l'University Tutorial Series, que les revues pédagogiques sont à peu près unanimes à déclarer utiles et pratiques, semblent moins convenir à l'usage classique qu'à la lecture privée; ils s'adressent donc à l'étudiant qui prépare un examen, ainsi qu'au professeur qui doit interpréter un auteur en classe, plutôt qu'au commun des élèves, pour lesquels ils sont peut être trop commodes. Après avoir publié dans cette série l'Apologie de Socrate, M. Mills nous donne cette fois deux dialogues secondaires de Platon : l'un, moral, l'Euthyphron (ou de la piété), d'un beau style; l'autre, esthétique, le Ménexène (ou de l'Oraison funèbre); on sait que ce dernier a été fort diversement apprécié; dans tous les cas, il est curieux à étudier. Le texte est précédé d'une introduction de 16 pp., claire et méthodique, qui prépare parfaitement à la lecture de Platon et dispense de consulter d'autres ouvrages d'histoire de la littérature ou de la philosophie ancienne. En voici le plan :

1. Vie de Platon, partagée en trois périodes: Platon élève; ses voyages et son évolution; son enseignement à Athènes. 2. Oeuvres de Platon, classées dans l'ordre de son développement philosophique, donc en accord avec les trois périodes de sa vie. 3. Les premiers philosophes (écoles pré-socratiques) et les sophistes. 4. Vie de Socrate. 5. Enseignement de Socrate, dégagé des écrits de ses trois contemporains Platon, Xénophon, et avec certaines réserves, naturelle. ment - Aristophane. 6-13. Analyse de l'Euthyphron et du Ménexène ; -but, signification des deux dialogues: le premier, appartenant à la période « destructive » de Platon, réfute les idées courantes sur la piété et justifie implicitement l'attitude de Socrate en matière religieuse; le second raille les auteurs contemporains d'oraisons funèbres, critique les défauts du genre; - scène et date de chacun

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de ces dialogues; de plus, pour l'Euthyphron, identification du personnage qui a donné son nom au dialogue; pour le Ménexène, son authenticité; le témoignage d'Aristote n'est cependant pas aussi formel que l'éditeur semble l'admettre; le nom de Platon n'y figure pas. En somme, on doit rendre hommage à la netteté avec laquelle M. Mills expose et résume, dans leurs grandes lignes, les systèmes philosophiques les plus variés.

Le texte de cette édition, bien imprimé et très lisible, est basé sur celui de Schanz. Pour le commentaire, entièrement séparé du texte, l'auteur a utilisé les éditions de Schanz, Adam, Stallbaum. Comme dans les autres volumes de la série, le commentaire, composé de résumés des grandes divisions et de notes réelles et formelles, évite les discussions critiques et les «< citations de passages parallèles >> mais donne la solution de toutes les difficultés que présente le texte, au point de rendre superflu l'emploi de tout dictionnaire. Il n'y a pas d'index spécial pour les noms propres, expliqués dans les notes. S'il faut louer les rapprochements avec la syntaxe latine, d'autre part on ne peut s'empêcher parfois de trouver les notes trop élémentaires. En supprimant l'exposé de règles syntaxiques que l'élève connaît certainement en abordant la lecture de Platon, il y aurait moyen resserrer considérablement le commentaire. L. MALLINGER.

de

68. Abbé Jos. De Smet, Les premières pages de l'Eneide, Essai de leçons pratiques d'analyse littéraire. Malines, Paul Ryckmans, 1902. 105 pp. 1,50 fr. Cet ouvrage est

commentaire littéraire et esthétique des 150 premiers vers de l'Enéide; il est destiné aux professeurs de Seconde latine, qui y trouveront les matériaux de quelques leçons utiles et attrayantes sur l'œuvre épique de Virgile.

L'auteur suppose le texte « bien dégrossi, soigneusement débrouillé, compris à fond; les élèves sont à même d'en donner une traduction correcte, élégante, nuancée ». Il reste à le leur expliquer au point de vue littéraire, c'est-à-dire à le faire comprendre et juger dans son ensemble et dans son détail, à signaler les caractères esthétiques ou moraux saillants du texte, à reconnaître l'émotion qui s'en dégage.

Ce travail suppose chez le maître un goût vif, une longue expérience et une culture générale étendue. Le distingué professeur du Petit Séminaire de Malines réunit toutes ces conditions et son commentaire, personnel et pratique, étudie tout le fond et tout le sentiment d'une part, et d'autre part toute la langue et tout le style. Peut être lui reprochera-t on la longueur et la minutie de l'explication: 105 grandes pages sont consacrées à l'interprétation de 150 vers! Le

professeur qui suivrait pas à pas cette méthode ne ferait connaître à ses élèves qu'une bien faible partie de l'Enéide: il va de soi que, dans ce fastueux édifice d'observations, il faudra éliminer tout ce qui n'est pas indispensable.

Ce qui distingue surtout la méthode de l'abbé J. De Smet, c'est la grande place qu'il réserve aux études comparatives, bien propres à aiguiser le jugement et à former le goût des jeunes gens. Certaines situations des temps anciens sont mises en rapport avec la civilisation moderne; des parallèles sont établis entre Virgile et des auteurs allemands, français, même des écrivains belges contemporains. A côté de passages choisis de Corneille, Racine, Hugo, Wieland, Schiller, etc., on trouve des extraits de Van Hasselt, Guido Gezelle, Edmond Picard, Emile Verhaeren, Lodewijk De Koninck, etc. L'analyse est suivie d'une Répétition générale ou Synthèse, où l'auteur étudie successivement les Caractères, les dieux en général et en parti- l'élément culier, la mythologie ancienne, la personnalité de Virgile, moderne dans l'Enéide.

L'ouvrage se termine par un tableau de quelques vers essentiels ou mémorables que les jeunes gens doivent connaître par cœur. L'auteur propose, en effet, dans la Préface, de mettre son étude entre les mains des élèves, afin de leur faciliter la répétition du cours de latin, tout en les dispensant de prendre des notes en classe. On en est d'autant plus surpris qu'on vient de lire quelques lignes plus haut: « Ce sont les élèves qui doivent faire l'analyse, guidés, conduits et soutenus par le maître. » Ne vaut-il donc pas mieux de ne pas leur remettre un livre qui les dispenserait de tout effort personnel et diminuerait pour eux l'intérêt des leçons du professeur ?

-

J. HOMBERT.

69. H. Dessau, Inscriptiones latinae selectae. Vol. II. Pars I. Berlin, Weidmann, 1902. I vol. de 736 pp. 24 mk.

Le premier volume de cet ouvrage a paru en 1882 (1 vol. de 586 pp. 16 mk.). Il contient 2956 inscriptions, ainsi classées : I. Les monuments historiques de la république. II. Empereurs et maison impériale. III. Rois et peuples étrangers. IV. Ordre sénatorial. V. Ordre équestre. VI. Procurateurs et serviteurs de la maison impériale, affranchis ou esclaves. VII. Appariteurs et esclaves publics. VIII. Jus civitatis. IX. Inscriptions militaires. X. Ecrivains célèbres. Le second volume s'est fait attendre pendant dix ans, mais ne nous en plaignons pas. D'une part, le choix qu'il fallait faire dans les vingt in-folio du CI L. et dans un grand nombre de recueils spéciaux et de publications particulières, exigeait beaucoup de temps et beaucoup

d'études; d'autre part, cette partie est au courant des découvertes les plus récentes. En ce qui concerne la Belgique, nous y trouvons, par exemple, parmi les inscriptions que le Corpus n'a pas encore publiées, celles du dieu celtique Intarabus ou Entarabus découvertes à Loewenbrücken et à Foy (Bastogne), ainsi que la dédicace des Gésates à Volkanus, ramenée au jour tout récemment à Tongres.

Ce second volume renferme les chapitres XI à XIV, c'est-à-dire quatre chapitres importants et difficiles à faire. Ils traitent, en effet, des dieux et des sacerdoces (Ch. XI), des jeux (Ch. XII), des édifices publics et privés (Ch. XIII) et des municipes romains (Ch. XIV). Le choix a coûté beaucoup de temps et de peine, car, dans une incroyable abondance de matériaux, il fallait choisir l'essentiel, et M. Dessau nous offre dans ce volume 4254 inscriptions. Les deux volumes en renferment 7210 en tout, c'est-à-dire le 20e des inscriptions actuellement connues. En regardant ces beaux et commodes volumes, où les textes sont transcrits avec la solution de toutes les abréviations et sobrement commentés, on se prend à regretter que toutes les inscriptions latines ne soient pas publiées de cette façon. Peut-être, quand le Corpus sera achevé, songera-t-on à offrir au public savant, une édition spéciale, qui donnera en vingt volumes, d'un format commode, la transcription de toutes les inscriptions ayant quelque valeur. En attendant, nous recommandons le Recueil de M. Dessau à tous les hommes d'étude et surtout à toutes les bibliothèques publiques auxquelles le Corpus est inaccessible à cause de son prix élevé. Nous le signalons spécialement aux bibliothèques de nos athénées et collèges nos professeurs de l'enseignement moyen, éloignés des grandes bibliothèques, devraient au moins avoir à leur disposition des ouvrages de ce genre. Quand donc les autorités, à qui incombe la charge des bibliothèques des athénées, le comprendront-elles ? Actuellement, il n'est pas étonnant que tant de jeunes professeurs, qui se sont distingués par leur ardeur au travail et par leur amour de la science, tant qu'ils étaient sur les bancs de l'Université, se découragent, une fois qu'ils se trouvent dans un athénée ou dans un collège, loin d'une bibliothèque universitaire.

Mais revenons au beau livre de M. Dessau. Le chap. XI passe en revue les divinités romaines, ensuite les principales divinités italiques, grecques, orientales, espagnoles, gauloises et germaniques; puis vient un choix de leges templorum, de calendriers des fêtes, et d'inventaires de temples. La seconde partie de ce chapitre donne les principales inscriptions des Vestales, des reges sacrorum, des Saliens, des Luperques, des Haruspices, des serviteurs et esclaves publics attachés aux temples, des sacerdoces étrangers admis dans l'État

romain, enfin les Fastes sacerdotaux, des extraits des Actes des Frères Arvales et les Jeux séculaires.

Le chap. XII offre un choix d'inscriptions se rapportant aux jeux en général, aux gladiateurs, aux représentations dramatiques, aux jeux du cirque, à la palestre et aux concours poétiques. Le no 5163, c'est la sénatusconsulte de sumptibus ludorum gladiatorum minuendis, voté sous le règne de Marc Aurèle et retrouvé récemment près de Santiponce, en Espagne.

Le chap. XIII débute par la lex operum Puteolana (5317) ou cahier des charges pour la construction d'un mur communal à Pouzzoles. Puis viennent des inscriptions de toutes les sortes d'édifices publics que l'on peut imaginer, des termini ou bornes du Tibre, suivies de la sententia Minuciorum, ou arrêt des Minucii, délégués du sénat, dans une querelle de limites entre les Genuates et les Viturii en l'an 117 avant J. C. (5946); du décret d'un proconsul de Sardaigne, L. Helvius Agrippa, relativement à une contestation de frontières entre deux peuples de Sardaigne, en l'an 68 après J. C. (5947); de la sentence de C. Helvidius Priscus, arbiter ex compromisso (5982), et enfin une série d'inscriptions d'édifices privés, suivies des Senatus consulta Hosidianum et Volusianum (des années 44 à 46 et 56 après J. C), contenant un règlement sur la démolition et la construction de maisons (6043).

Le chapitre XIV renferme à lui seul près de 1200 inscriptions municipales. Il s'agissait de recueillir les textes les plus caractéristiques sur la cité romaine (les tribus, vici, pagi) et sur les colonies et les municipes de l'Italie et de tout l'Empire. La lex Julia municipalis de l'an 709 ou 710 de Rome forme le no 6085. Elle est suivie (6086) de la Lex municipii Tarentini récemment découverte à Tarente, de la Lex coloniae Genetivae Juliae sive Ursonensis (6087), de la Lex municipii Salpensani (6088), de la Lex municipii Malacıtani, et de deux Epistulae imperatorum de constitutione civitatium, du ive siècle, récemment trouvées en Asie Mineure (6090-6091). Puis viennent des tesserae ou tabulae patronatus, les alba decurionum de Canusium (6121) et de Thamugadi (6122), les Fastes des magistrats municipaux de Venouse, Nole et Interamne (6123-6125). Après ces documents généraux, les principales colonies, les municipes les plus importants d'Italie et des provinces sont passés en revue, et M. Dessau nous donne les inscriptions les plus curieuses au point de vue de leur organisation, celles qui font ressortir les variétés multiples des institutions communales dans les diverses parties de l'Empire romain.

Toutes ces inscriptions sont accompagnées de notes d'une concision vraiment lapidaire, mais qui renferment une prodigieuse somme de science. Au besoin, M. Dessau renvoie à des travaux spéciaux. Il

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