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joyeux avec ses amis, faire des efforts pour les amuser, et animer ces efforts de l'intention de plaire à Dieu et de travailler sur notre caractère qui ne sera pas toujours disposé à la joie, n'est ce pas l'exercice d'une des plus parfaites vertus? Charitas benigna est, nous dit S. Paul.

5. Mais ne prêchons pas trop nous-même. Arrêtons de trop longues considérations sur les vertus et leur union; tâchons plutôt d'être pratique et pour cela, laissons le plus possible la parole à Louis Veuillot. Pour guider le lecteur, voici, dans un petit tableau d'ensemble, les rubriques sous lesquelles nous rangerons les manifestations de la bonne humeur de Louis Veuillot. L'important dans ces études un peu arbitraires est de se diriger, de fixer des points de repère. C'est ce que nous avons cherché à faire dans cette nomenclature certainement incomplète. 6. Sources de la bonne humeur chez Louis Veuillot.

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65.

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1. ANTIQUITÉ CLASSIQUE.

Festschrift für Wilhelm von Christ. II Theil. I. Engelbert Drerup, Die historische Kunst der Griechen. II. Hans Kullmer, Die Historien des Hellanicos von Lesbos. Ein Rekonstructionsversuch. III. Martin Vogt, Die griechischen Lokalhistoriker, mit Beiträgen von Engelbert Drerup. Tiré à part du XXVII Supplementband des Jahrb. f. klass. Philologie, Teubner, Leipzig.

M. Drerup et deux de ses élèves se sont associés pour offrir à M. von Christ un hommage d'admiration et de vénération, à l'occasion. de son 70e anniversaire.

M. Drerup n'a signé de son nom que quelques pages très-substantielles d'introduction, où il jette un rapide coup d'œil sur le développement de la science historique en Grèce on y retrouve ses qualités habituelles d'exactitude et de clarté. Il a laissé la plus large place à ses élèves; mais il n'a pas réussi à s'effacer tout-à-fait, on le devine derrière eux, les inspirant et les guidant. Il n'y a rien dans cette collaboration que de parfaitement honorable pour tous: le maître et les disciples n'ont qu'à se féliciter du hasard heureux qui les a rapprochés et de la bonne pensée qu'ils ont eue d'entreprendre ensemble une tâche où chacun avait à apporter quelque chose.

M. Kullmer a pris comme sujet, « la reconstruction » des œuvres d'Hellanicus. De ces œuvres, nous connaissons les titres, et nous possédons un assez bon nombre de fragments, en général, très-courts: ils ont été réunis par Müller dans les Fragmenta Historicorum Graecorum. Voilà tout ce qu'il reste d'un homme dont l'activité scientifique fut admirée par toute l'antiquité : sa pensée n'est venue jusqu'à nous que réduite en poussière. On devine ce qu'il faut de délicatesse, de patience, de soin pour manier ces débris toutes ces qualités, M. Kullmer les possède et, quand il a fini de tout classer, de tout

ranger, Hellanicus, malgré des lacunes inévitables, reprend une physionomie qui, si elle n'est pas certainement ressemblante, est hautement vraisemblable. Il y aurait plaisir à suivre l'auteur dans ces difficiles opérations; mais j'aime mieux m'arrêter aux idées générales qu'il s'efforce de mettre en lumière. Elles témoignent d'un esprit déjà mûr et révèlent, dans le disciple, l'heureuse influence du maître. Tout ce travail d'érudition ingénieuse est légitime en lui-même; à la rigueur, M. Kullmer aurait pu en rester là : il ne l'a pas voulu; il a cherché à replacer Hellanicus à son rang dans la lignée des historiens grecs. Malheureusement la vie du personnage nous est encore moins bien connue que ses œuvres. Quand vécut-il? M. Kullmer le fait naître vers 480/79, et prolonge son existence jusqu'après 406; il considère donc comme authentique la citation du scoliaste d'Aristophane à propos de la bataille des Arginuses et aussi à propos du droit de cité accordé aux Platéens. On verra cette discussion très claire et très serrée au Chap. I. Je n'y veux pas contredire, et cependant, au premier abord, Hellanicus donne l'impression d'une antiquité plus reculée il est, semble-t-il, plus voisin d'Hérodote que de Thucydide; il fait l'effet d'un logographe un peu modernisé. Cette question de chronologie n'est pas du tout indifférente. En la résolvant comme fait M. Kullmer, Hellanicus devient un personnage tout-à-fait original. Il faut se le représenter comme un travailleur fécond, un chercheur accumulant les notes sur toutes sortes de sujets; il pousse ses explorations de tous les côtés; et d'abord, du côté des légendes qu'il recueille et qu'il systématise; puis il redescend dans l'histoire, toujours amassant, toujours collectionnant les faits.

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Mais ce n'est pas qu'un érudit : il vise à la précision, il sent bien qu'en histoire, il faut d'abord s'inquiéter de la chronologie; le vieux procédé généalogique ne lui suffit plus; quand cela est possible, il recherche des dates exactes et, pour Athènes, les trouve dans la liste des archontes. Voilà, si je ne me trompe, comment ou à peu près, M. Kullmer envisage son héros; Hellanicus prend la tournure toujours si intéressante des hommes de transition et celle plus intéressante encore d'un homme de progrès qui rajeunit ses méthodes, ne cesse pas d'apprendre et s'efforce de faire mieux chaque jour. Quand il a commencé sa carrière, l'histoire en tant que science n'existait pas encore, et il a, comme les autres, repris les vieux thèmes de la légende, mais déjà, il les considère d'une façon nouvelle. Ses devanciers étaient crédules: lui n'est déjà plus que naïf, et quand il arrivera sur le terrain plus solide des périodes historiques, il sentira s'éveiller en lui un certain esprit critique.

Telle est la conclusion à laquelle aboutit l'auteur, et d'une façon si naturelle et si aisée, qu'elle ne peut manquer de séduire le lecteur.

Le sujet qu'a choisi M. Martin Vogt n'est pas moins intéressant. On se rappelle l'hypothèse ingénieuse de M. de Wilamowitz sur les sources de l'histoire d'Athènes : la source première et la plus pure, c'est la liste des archontes et les annotations qui y ont été ajoutées de très bonne heure. La première histoire d'Athènes, c'est cette liste avec l'indication sommaire des principaux évènements, surtout dans l'ordre politique; en d'autres termes, ce qu'il y a de plus sûr, c'est la charpente chronologique des annales athéniennes. Quels furent les auteurs de ces annotations, dans quel esprit elles étaient conçues, c'est ce que M. de Wilamowitz s'est efforcé de deviner; mais il n'est pas nécessaire de le suivre jusque là. Plus on y réfléchit, et spécialement plus on considère la Constitution des Athéniens, plus on est frappé de cette construction solide et lumineuse, dont les dates précises forment le cadre, plus on se convainc que, dans ses grandes lignes, Aristote l'a reçue toute tracée par ses prédécesseurs.

Or, si l'hypothèse de M. de Wilamowitz est vraie, elle ne l'est pas seulement pour Athènes; elle doit trouver sa confirmation dans les analogies que présentent d'autres cités. Mais à supposer que des recherches poussées de ce côté restent, à ce point de vue, sans résultats, les livres d'histoire locale forment une catégorie intéressante par elle même, et il vaut la peine de les cataloguer et de les étudier de près, d'autant plus qu'il ne nous en reste guère d'autre spécimen que l'ouvrage d'Aristote. Ici encore que de controverses grandes ou petites! M. Vogt est de taille à les aborder. Son travail, comme celui de M. Kullmer, se distingue par le souci de l'exactitude et par la recherche de la netteté et de la précision. Mais la thèse principale sort-elle évidente de toutes ces études de détail qui nous font parcourir la Grèce entière? Elle revêt en tout cas une haute vraisemblance. Je n'ai guère qu'une seule critique à présenter, et encore est-ce plutôt une question à poser : pourquoi l'auteur a-t-il renoncé à nous dire un mot de la Chronique de Paros? Je sais que c'est un gros problème et qui peut mener loin; mais ce document me paraît donner une idée assez juste de ce que pouvaient être ces chroniques locales qui sont au fond de tout ce que nous savons de plus certain de l'histoire grecque. HENRI FRANCOTTE.

66. A. Deissmann, Ein Original-Dokument aus der Diocletianischen Christenverfolgung. Papyrus 713 des British Museum hgg. und erklaert. Mit einer Tafel in Lichtdruck. Tubingue et Leipzig, J. C. B. Mohr (Paul Siebeck), 1902. vII-36 pp. 1,50 mk.

Le petit papyrus qui forme l'objet de la brochure de Deissmann, a été trouvé avec le reste des archives de la gilde des fossoyeurs de

Kysis, aujourd'hui Dûsch el-Kala, dans la grande Oasis du désert lybique, et publié en 1897, par Grenfell et Hunt, dans les Greek Papyri, II, no 73, p. 115. Il contient, outre l'adresse au verso, les 22 lignes suivantes, en partie fragmentaires :

Ψενοσίρει πρεσβυτέρω] Απόλλωνι | πρεσβυτέρω ἀγαπητῶ ἀδελφῶ | ἐν Κυρίω χαίρειν. [ πρὸ τῶν ὅλων πολλά σε ἀσπάζομαι καὶ τοὺς παρὰ σοὶ πάντας | ἀδελφοὺς ἐν Θ(ε)ῶ. γινώσκειν | σε θέλω, ἀδελφέ, ὅτι οἱ νεκρο τάφοι ἐνηνόχασιν ἐνθάδε εἰς τὸ ἔσω τὴν Πολιτικὴν τὴν | πεμφθεῖσαν εἰς Οασιν ὑπὸ τῆς || ἡγεμονίας. καὶ [τ]αύτην παραδέδωκα τοῖς καλοῖς καὶ πιστοῖς ἐξαυτῆς τῶν νεκροτάφων εἰς τήρησιν, ἔστ' ἄν ἔλθη ὁ υἱὸς αὐτῆς Νεῖλος, καὶ | ὅταν ἔλθη σὺν Θεῶ, μαρτυρήσι σοι περὶ ὧν αὐτὴν πεποιήκασιν. δ[ή]λω[σ]ον [δε] μοι | κ[αὶ σὺ] περὶ ὧν θέλεις ἐνταῦθα ἡδέως ποιοῦντι ||. ἐρρῶσθαί σε εὔχομαι [ ἐν Κυρίω (ε) [.

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Psenosiris, prêtre, au prêtre Apollon, son cher frère en Dieu, salut!

Avant tout, salut à toi et à tous les frères en Dieu qui se trouvent auprès de toi. Je viens te faire savoir, frère, que les fossoyeurs ont amené ici la Politike, envoyée dans l'Oasis par le gouvernement. Je l'ai aussitôt confiée à la garde des excellents et des fidèles parmi les fossoyeurs, jusqu'au moment où son fils Neilos arrivera. Quand, avec l'aide de Dieu, il sera venu, il te témoignera de ce qu'ils lui ont fait à elle. De ton côté, fais-moi connaître tes ordres, je les exécuterai volontiers.

Je te souhaite de te bien porter en Dieu notre Seigneur.

A Apollon, prêtre, de la part de Psenosiris, prêtre en Dieu.

Le texte, dans son ensemble, est suffisamment clair le prêtre Psenosiris annonce à son collègue Apollon, l'arrivée dans sa demeure d'une femme bannie dans l'Oasis par le gouvernement.

La seule difficulté sérieuse provient de l'acception à donner au mot ПOAITIKH à la ge ligne. Les premiers éditeurs avaient vu en ce mot le terme bien connu par lequel on désignait la « femme publique ». Deissmann pense avoir découvert dans le texte un П majuscule et fait de Politikè un nom propre : l'écrit concernerait ainsi une matrone chrétienne du nom de Politikè.

C'est assurément fort ingénieux, sinon très juste ni très justifié. Deissmann, aidé de von Domaszewski, a bien relevé quelques exemples de ce nom propre dans des inscriptions de différentes parties de l'Empire, mais n'a malheureusement pu le retrouver une seule fois en Egypte. En outre, il faudrait pouvoir justifier la présence de l'article devant ce nom propre et la raison qu'il apporte, p. 18, est bien mince : « La lettre de Psenosiris à Apollon, presbytère de Kysis, ne peut avoir de sens que si Apollon connaît la corréligionaire : la Politikè signifie peut-être précisément : la Politikè que tu connais ». Répondant à ce reproche que lui avait fait Eb. Nestle dans la

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