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je l'accorde, mais puisé à des sources suspectes ou tout au moins inconnues, assez mal charpenté et, pour tout dire, qui ne relève guère de la critique historique. A. DUTRON.

121.

C. Errera. L'Epoca delle grandi Scoperte geografiche, con 21 carte, schizzi e ritratti. Milano, Hoepli, 1902. XIV-432 pp. Petit 8°. Broché 6,50 lires.

Cette histoire de l'époque des grandes découvertes géographiques est un ouvrage de vulgarisation, et, comme tel, doit être considéré comme un des bons livres que l'on possède traitant de cette période si intéressante. Si l'auteur n'est pas toujours retourné aux sources pour décrire cette époque, il a fait cependant usage des meilleurs. travaux en en tirant, avec bonheur, tout le parti possible, par exemple ceux de Ruge, de Günther, de Peschel, etc. Ce volume est divisé en deux parties, la première réservée aux découvertes géographiques faites pendant le moyen-âge (nouvelles connaissances géographiques apportées par la propagation du christianisme et de l'islam, par les Normans, par les croisades, puis par quelques voyageurs comme Ruysbroek, Marco Polo, Montecorvino, Nicolo de Conti); la seconde s'occupe des grandes découvertes, celles des côtes orientales de l'Afrique par Diogo Câo et Barthelemy Dias; celles des Indes par Vasco de Gama, celles de l'Amérique par Colomb, enfin le voyage de Magellan. Entre ces deux parties, un chapitre est consacré aux explorations dans les régions polaires arctiques. Le volume se termine par un résumé synoptique et chronologique des découvertes depuis la chute de l'empire romain d'Occident jusqu'à la fin du voyage de Magellan (1522), et par un excellent index alphabétique qui facilite les recherches. JOSEPH HALKIN.

122.-E. Buisseret et A. Colinet. Traité de cosmographie. Tournai, Decallonne-Liagre, 1902, Petit in-16, 161 pp.

Le programme des cours de la rhétorique attribue à l'enseignement géographique une heure par semaine, soit environ quarante heures, pour l'étude de la Terie considérée dans son ensemble (géographie astronomique, physique générale et politique générale) et de la Belgique.

Le manuel de MM. Buisseret et Colinet a pour but d'aider le professeur dans son enseignement de la cosmographie en fournissant aux élèves un vade-mecum qui leur donne tous les détails et tous les renseignements utiles. Ce manuel est bien conçu; nous ne lui ferons qu'un seul reproche, celui d'être trop long : un assez grand nombre de paragraphes pourraient être ou résumés ou supprimés, car le

professeur n'aura pas le temps de les expliquer et les élèves ne les étudieront pas

Si, ainsi que nous l'espérons, l'enseignement de la géographie est, dans un avenir très prochain, réformé; si, par la nomination comme professeurs de géographie de docteurs ou de licenciés en sciences géographiques, les cours deviennent plus approfondis et plus détaillés, ce manuel sera le bienvenu et rendra, alors surtout, de très grands services. JOSEPH HALKIN.

123. A Vermast. Chez les Canaques de la nouvelle Calédonie. Gand, 1902 8o, 128 p. 2 fr.

Sous la forme d'un récit fait par une dame établie depuis vingt cinq ans avec son mari et ses trois enfants en Nouvelle Calédonie, M. Vermast nous donne une idée très complète de ce qu'est cette île de la Gullade, découverte par Cook en 1774 et dont l'étendue égale les deux tiers de notre pays. Sans aucune prétention scientifique mais avec des données précises l'auteur nous fait connaître la flore, la faune, le climat, les richesses minières (surtout le nickel), la vie des colons, celle des déportés et aussi celle des Canaques qui semblent meilleurs que la détestable réputation qui leur a été faite. On rencontre quantité de détails des plus curieux. Je ne veux signaler que celui-ci, qui intéressera surtout ceux qui s'occupent d'études préhistoriques (p. 41): pour fabriquer une hache, le canaque fait une incision dans un arbre en pleine vigueur et introduit dans la fente une écaille finement aiguisée. L'arbre croit, insère fortement l'écaille et il ne reste plus qu'à couper la branche pour obtenir une hache fortement retenue par un manche. Nous n'avons pas ici une de ces relations de voyage remplie d'inexactitudes; le livre est vécu, basé sur des données certaines: C'est assez dire qu'il est des plus instructifs. De plus la lecture en est agréable; le style, sans être très imagé, est clair et correct. Ce serait un excellent livre à donner en prix aux élèves de nos collèges. ADOLF DE CEuleneer.

124. Pierre Suau, S. J. Nos missions françaises. L'Inde tamoule. Paris, Audin s. d (1901), in-8°.

C'est le récit très vivant et plein d'aperçus nouveaux d'un voyage fait par un missionnaire dans l'Inde, notamment à Maduré, a Trichinopoly, et à Tuticorin, complété par de nombreuses et très intéressantes études sur l'Inde religieuse, sur les castes, sur les peuplades, leurs mœurs et leurs coutumes, sur l'art indien, sur la littérature et l'architecture tamoules. Deux chapitres méritent surtout d'être lus, celui relatif aux Brahmes et une étude sur la musique. De nombreuses illustrations (130) et une carte du diocèse de Trichinopoly complètent dignement le récit très attachant de l'auteur.

125. — J. B. Piolet, S. J. La France au dehors. Les Missions catholiques françaises au XIXe siècle. Tome IV, Océanie. Madagascar, 512 pp; tome V,

mission d'Afrique, 511 pp. Paris, Colin. 1902. Chaque volume, in-8° grand Jésus, broché 12 francs; relié 18 fr.

Dans le Bulletin de l'année dernière (pp. 268-270), nous avons eu le plaisir de présenter aux lecteurs du Musée belge, les trois premiers volumes de cette magnifique publication et nous en avons fait ressortir l'excellence tant au point de vue du texte qu'en ce qui concerne les illustrations. Les deux volumes qui viennent de paraître sont dignes des trois premiers, quoique les études qu'ils renferment soient d'autres mains cependant très autorisées. Dans le volume IV, nous devons mentionner tout spécialement les pages 397 à 511 que le Père Piolet consacre à Madagascar, une ile qu'il connaît bien et sur laquelle il a publié déjà trois ouvrages de valeur; dans le volume V, les études intéressantes et soignées de Monseigneur Le Roy, supérieur général des Pères du Saint-Esprit, notamment le chapitre XIV qui traite de l'Afrique équatoriale et où il ne ménage pas les éloges aux vaillants belges qui par leur courage et leur énergie aidèrent à mettre fin aux atrocités de la traite des nègres. Nous recommandons vivement la lecture de ces volumes qui ont leur place toute désignée au moins dans les grandes bibliothèques. JOSEPH HALKIN.

126. — Un nouveau fascicule des Monumenta Germaniae Historica, Epistolarum T. VI, 1re partie, Karolini aevi, IV. (Berlin, Weidmann, 1902. 256 p. in-4o. M. 12) publie les lettres de Loup, abbé de Ferrières, qui fournissent pour l'histoire de la civilisation à l'époque carolingienne une foule de renseignements instructifs. Nous devons ce fascicule à M. Dümmler, directeur de la Société pour l'édition de ces Monumenta, décédé le 11 septembre dernier, auteur de travaux très estimés et très importants sur l'époque carolingienne,

127.

Le VIIe et le VIIIe volume de la nouvelle série de l'Encyclopaedia Britannica (Édimbourg, A. et C. Blach. Londres, The Times.) le XXXIe et le XXXIIe de la collection complète - ont paru. On y trouve le portrait de quelques personnages de marque, tels que le cardinal Newman et sir Richard Owen, ainsi qu'une belle étude des cardinaux Vaughan et Gibbons sur l'histoire de la situation et de la diffusion de l'Église romaine sous le Pape Léon XIII.

128 - Une monographie sur Jean sans Terre, intitulée John Lackland (Londres, Macmillan, 1902, avec cartes) due à la plume de Miss Norgate nous fournit des renseignements nouveaux et précieux sur l'histoire de ce prince.

129. L'Annuaire de l'université catholique de Louvain, 1903 (67o année) nous montre, entre autres choses, l'activité de la Societas philologa Lovaniensis et du Séminaire historique. Différentes questions intéressantes ont été étudiées, spécialement la Querelle des investitures dans les diocèses de Liège et de Cambrai pendant sa dernière période (1107-1122), l'abbaye de Lobbes et les origines urbaines de Bruges.

130. M. Mention a publié, dans la Collection de textes pour servir à l'étude et à l'enseignement de l'histoire, des Documents relatifs aux rapports du clergé avec la royauté de 1705 à 1789 (Paris, A. Picard et fils, 1903. 270 p. in-8o, F. 6), époque célèbre par les luttes jansenistes et la suppression des Jésuites.

131. — M. Maugras, dans un livre intitulé: Le duc et la duchesse de Choiseul, leur vie intime, leurs amis et leurs temps (Paris, Plon, 1902. In-8°) fait occasionnellement la description de la cour pontificale à la fin du xvme siècle.

132.

- M. Paul Allard a pris la direction de la Revue des Questions historiques, en remplacement de feu M. le marquis de Beaucourt.

133. M. E. Martini a fait paraître un Catalogo di manuscritti greci esistenti nelle biblioteche italiane (Milan, Hoepli, 1902). Cet ouvrage renseigne les manuscrits grecs, dispersés dins les dépôts italiens d'ordre secondaire.

134.

Le docteur K. O. Meinsma a publié une étude approfondie sur les bibliothèques du moyen àge (Zutphen, 1903).

135. On annonce la prochaine apparition d'une revue bibliographique russe, le Polibibliografion.

136. Nous avons utilisé pour ces quelques notes la riche chronique de la Revue d'histoire ecclésiastique (numéro de janvier, 1903, t. IV), à laquelle nous renvoyons pour de plus amples renseignements. P. DEMEULDRE.

137. Baron J. Angot des Rotours, Saint Alphonse de Liguori (1696-1787). Paris, V. Lecoffre, 1902. 1 vol. in-12 de xvII-183 p., de la collection Les Saints

2 fr.

Saint Alphonse de Liguori est pour la grande majorité des chrétiens un saint aimable, indulgent, secourable, initiateur de piétés réconfortantes, celui qui a peutêtre le plus contribué à éloigner de nous les fantômes desséchants et déprimants du jansénisme, celui en même temps qui, par la fondation de l'ordre des Rédemptoristes a si bien travaillé, de son vivant et après sa mort, à consolider la vraie foi dans les populations de nos campagnes. C'est de quoi lui en veulent tous ceux qui travaillent à discréditer la dévotion et voudraient mettre l'idéal de la vie catholique à une hauteur tout à fait inaccessible. L'étude de la vie, du caractère et de la doctrine de saint Alphonse soulevait donc de bien intéressants problèmes d'histoire écclésiastique de psychologie et de théologie morale. M. Jules Angot des Rotours s'est acquitté de cette tâche avec une très grande délicatesse et avec beaucoup de précision, il a apprécié le probabilisme théologique avec une sobriété qui instruit le lecteur sans le fatiguer et qui n'omet rien d'essentiel. Tout ce par quoi saint Alphonse est de son temps et de son pays, tout ce qu'il a aussi de personnel est rendu avec beaucoup de charme. Bref, l'homme et le saint nous apparaissent fondus l'un dans l'autre en un portrait vivant qui ne s'effacera pas V. L.

VARIÉTÉS.

138. - E. Demolins, A-t-on intérêt à s'emparer du pouvoir? Paris, Firmin-Didot, 1902. In-12, 338 pages. Prix : 3 fr. 5o.

Sous une forme différente, avec une somme considérable de faits nouveaux, d'idées ingénieuses et d'aperçus originaux, l'auteur refait son livre si connu : A quoi tient la supériorité des Anglo-Saxons. Dans un cadre plus large et en étendant cette fois le champ de ses observations à l'histoire entière de l'humanité, M. Demolins s'efforce de démontrer que le progrès social est l'œuvre des nations particularistes, bien plus que des nations communautaires, et que là où les deux tendances se sont successivement manifestées, la prospérité et la grandeur nationales ont toujours coïncidé avec l'époque où les influences privées ont prévalu sur les influences publiques, tandis que la décadence a toujours accompagné l'avènement de la centralisation administrative et l'étouffement de l'initiative individuelle.

Qu'il y ait une part de vérité dans cette doctrine, personne ne le conteste; qu'il y ait opportunité à le dire, tout le monde en convient. Cependant nous pensons que la thèse de M. Demolins est trop

absolue, qu'il envisage les faits d'une façon trop subjective, sans tenir suffisamment compte des différences de milieu et de races, des traditions établies et de l'évolution historique. A l'entendre, on dirait qu'il y a un type idéal et exclusif d'organisation sociale et politique, basée celle-là sur le développement des énergies individuelles, celle-ci sur la décentralisation administrative; mécanisme que l'on doit prendre en bloc et aux exigences duquel peuvent et doivent se plier toutes les constitutions des États particuliers, sans souci ni des impulsions acquises ni des rouages existants. Je doute que M. Demolins puisse faire admettre des procédés aussi violents de chirurgie sociale, comme si pour guérir un malade il fallait bouleverser son organisme et le soumettre à un régime uniforme, en dépit de son tempérament propre. Ces réserves faites, l'auteur a droit à des félicitations pour la campagne qu'il mène et par ses écrits et par ses institutions scolaires dans le but de stimuler l'initiative privée de ses compatriotes et de les pousser vers l'agriculture, l'industrie et le commerce. Si l'on peut quelquefois différer d'opinion avec lui quand il interprète certains faits historiques, il faut toujours rendre justice à la sincérité de ses convictions, à la chaleur de sa démonstration, à la netteté de sa doctrine et à la virilité de ses conclusions. Même quand on ne partage pas sa manière de voir, on le lit avec intérêt, j'ajouterai avec profit, parce qu'il fait réfléchir et penser.

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139-141. Bibliothèque d'Économie sociale. Paris, Lecoffre, 1902. Volumes in-12 d'environ 250 pp. — 2 fr. le vol.

Les journaux belges ont signalé déjà la récente création de cette bibliothèque, appelée à rendre de si grands services à quiconque s'occupe pratiquement de la question sociale. On a fait grandement l'éloge des trois premiers volumes, parus dans l'année 1902: La Population, par Alfred des Cilleuls; La petite Industrie contemporaine, par Victor Brants; Mendiants et Vagabonds, par Louis Rivière. Chacun de ces trois volumes non seulement intéressera les législateurs et les sociologues qui trouveront là condensés en un petit nombre de pages tous les éléments d'un problème social actuel, avec les grandes lignes d'une solution possible ou désirable; mais plus d'un chapitre trouverait admirablement sa place dans un cours d'Histoire du Moyen-Age ou d'Histoire contemporaine. Les trois auteurs sont de savants économistes, mais aussi de brillants écrivains.

Tout le monde connaît la petite phrase alerte, sautillante, colorée de M. Brants, l'éminent professeur d'Histoire et d'Économie politique de Louvain. Il se fait lire même du profane dans les questions de pure technique; et il a, comme M. des Cilleuls, sa littérature de la statistique. Quelques traits de plume et voilà un vivant croquis: La vie familiale de l'artisan; le ménage, le budget.

Voulez-vous un tableau plus vaste et plus mouvementé, lisez, Mendiants et Vagabonds: Ch. I. Les mendiants sous l'ancien régime « Ce n'était point un spectacle banal que celui que présentaient les routes de France au début du xive siècle...» Quelle belle page d'histoire et de balle littérature! Et l'ouvrage est juridique, historique et littéraire, de l'Introduction à la Conclusion. Et puis quel éloge de la

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