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«Se défier du sentiment commun. »fier des apparences de la piété. » Puisque ton amitié de ma foi se défie. Si votre amour du mien eut sa se défier. De mes foibles efforts ma vertu se défie.

Se dé

MASS.

COR.

RAC.

sv Défier, se douter. Je ne me serois jamais defié que vous dussiez me manquer au besoin. DICT. DE L'ACAD.

« Une chose vous manque à vous et à vos » semblables, vous ne vous en défiez point: >> c'est l'esprit. » LA BRUY.

DÉFIGURFR, v. a., gâter la figure, 'rendre dilforme. Défigurer une statue, un tableau. La petite vérole l'a tout défiguré. DICT. DE L'ACAD. « La même parure qui a autrefois embelli sa » jeunesse, défigur sa personne. Ce prince >> humain et bienfaisant que les peintres et LA BRUY. >> les statuaires nous défigurent. »> DÉFIGURER, dans un sens métaphorique. Il a voulu traduire cet ouvrage, il l'a défiguré. DICT. DE L'ACAD.

« Quoique cette ame soit défigurée. »

BOSSUET.

« Défigurer une bonne cause. - L'esprit fé»cond en déguisemens s'étudie à défigurer, » selon ses besoins ou ses intérêts, tantôt les FLECH. »vices, tantôt les vertus. >>

« Forcés de reconnoître un seul être suprême, » Ils en défiguroient la nature par mille opi>> nions insensées. Ils ont défiguré l'histoire » du monde par un chaos de siècles innombra»bles et imaginaires, etc. » (Voyez répandre.) MASSILLON.

SE DÉFIGURER, v. pron.

Ses traits changent, son visage se défigure. »
MASSILLON.

DEFIGURE, LE, participe.

Un corps défiguré.

RAC.

DEFIGURE, dans un sens métaphorique. (Voyez trait.)

DÉFILÉ, s. m., passage étroit où il ne peut passer que peu de personnes de frout. Un pays de défilés, plein de défilés. Les troupes qui étoient à la tête du défilé. S'engager dans un défilé. Se rendre maitre d'un défilé. S'assurer d'un défilé.

DÉFINIR,

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v. a., marquer, déterminer. En ce sens, il n'est guère d'usage qu'en parlant du temps, du lieu qu'on fixe pour quelque chose. Dieu a défini le temps et le lieu auquel

cela arrivera.

DEFINIR, expliquer l'essence et la nature d'une chose par sou genre et par sa différence. On definit le triangle une figure qui a trois côtés et trois angles. On définit les idées abstraites et composées; on décrit les objets sensibles; on énonce les idées simples. DICT. DE L'ACAD.

« Saint Augustin définit ces deux sortes d'a>>mour par ces paroles: amor sui, etc. » BOSSUET.

« L'esprit d'un auteur consiste à bien définir » et à bien peindre.—Qu'est-ce que le sublime? » il ne paroit pas qu'on l'ait défini. On peut » définir l'esprit de politesse, l'on ne pent en » fixer la pratique. Qui peut définir la cour?

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SE DÉFINIR.

« Laissez-les un peu se définir eux-mêmes. >>> LA BRUYÈRE.

SE DÉFINIR, être défini,

« Tel homme au fond et en lui-mêmé ne » se peut definir; trop de choses qui sont hors » de lui, l'altèrent, le changent. » LA BR.

DÉFINIR, décider. Le concile a défini que, etc. DEFINI, IF, participe. Les questions définies par l'église. Un nombre défini. One quantité definie. Il n'y a point de temps défini pour cela.

DEFINITIF, IVE, adj., qui décide, qui juge le fond d'un procès. Il n'est guère d'usage qu'en ces sortes de phrases: Arrét définitif. Sentence definitive. Jugement définitif.

DÉFINITION, s. ƒ., explication de la nature d'une chose par son genre et sa différence. Définition juste, exacte. Définition claire, nette, obscure, imparfaite. Les règles de la définition. DICT. DE L'ACAD.

« Nommer un roi père du peuple, est moins >> faire son éloge que l'appeler par son nom, » ou faire sa définition. J'entends dire sans >> cesse : l'homme est un animal raisonnable. » Qui vous a passé cette definition? sont-ce les » loups, les lions, etc., ou si vous vous l'ètes >> accordée à vous-mêmes. >> LA BRUY.

On appelle, définition de mots, celle qui explique leur signification propre; et, definition de choses, celle qui détaille les principaux attributs d'une chose, pour en faire connoitre la nature.

DÉFINITION, en matière dogmatique, décision, règlement. Avant la definition du concile

sur cette matière.

DÉFINITIVEMENT, adv., en jugement définitif. Cette affaire a été jugée définitivement.

DEFLEURIR, v. n. Il ne se dit qu'en parlant des arbres qui viennent à perdre leur fleur. Quand la vigne vient à défleurir.

Dífleurir, actif, faire tomber la fleur. La pluie et le mauvais vent ont défleuri tous les

abricotiers.

DICT. DE L'ACAD

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ordinairement au substantif. Les enfuns du défurt. La famille du défunt. Prier Dieu pour les défunts. DICT. DE L'ACAD. « Ces titres glorieux n'ont jamais donné » d'orgueil au respectable défunt que nous re» grettons. »

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Boss.

DÉGAGEMENT, s. m. action par laquelle une chose est dégagée, l'état d'une chose qui est dégagée. Il se dit au propre et au figuré. Dégagement de la poitrine. Dégagement de la parole.

On appelle, dégagement, dans une maison, dans un appartement, une issue secrète et dérobée, qui sert à la commodité du logement. Chaque chambre a son dégagement. Un escalier de dégagement. Une porte de dégagement.

On appelle, dégagement, en terme d'escrime, l'action de dégager l'épée.

DÉGAGER, v. a., retirer ce qui étoit engagé, ce qui avoit été donné en gage, en hypotheque, en nantissement. Il a dégagé peu à peu ses terres par son économie, par son bon ménage. Dégager des pierreries. Dégager de la vaisselle d'argent. On dit, dégager un soldat, pour dire, obtenir son congé à prix d'argent.

DEGAGER, débarrasser en tirant d'un lien une personne qui s'y trouvoit engagée, qui y étoit embarrassée. Il l'a dégagé du milieu des ennemis. DICT. DE L'ACAD.

« Pour vous dégager du péril. » MASS. Jusqu'à ce que ma main de ses fers le dégage. Je vais périr, madame, ou vous en dégager. (Voyez dégager, péril.)

DÉGAGER, au figuré.

« Dégagé des passions. »

PASC.

COR.

Boss.

« Un tel homme dégagé du siècle. » D'un serment solennel, qui peut vous dégager ? COR. On dit figurément, dégager sa parole, pour dire, retirer une parole donnée sous des conditions qui n'ont pas été remplies.

On dit aussi, dégager sa parole, pour dire, tenir sa parole, satisfaire sa parole. Je vous avois promis votre argent un tel jour; je viens dégager ma parole.

On dit aussi, à peu près dans le même sens, dégager sa foi, dégager sa promesse. DICT. DE L'ACAD.

Qu'il achève et dégage sa foi.
Vous-même dégagez la foi de vos oracles.

COR.

Je viens dégager ma promesse. Mais je ne prétends pas qu'un impuissaut courroux Dégage ma parole et m'acquitte envers vous. RAC. On dit, dégager son cœur, pour dire, se retirer de l'engagement où l'on étoit avec une femme.

On dit, dégager la tête, dégager la poitrine, pour dire, rendre la poitrine, rendre la tête plus libre, la débarrasser, la soulager de ce qui l'incommode. Ce remède lui a dégagé entièrement la poitrine.

SE DÉGAGER DE. Il a eu de la peine à se dégager de dessous son cheval. Il ne pouvoit se dégager de la presse. DICT. DE L'ACAD.

« Ils vous expédient en peu de paroles et ne » songent qu'à se dégager de vous. - Le sot

» gagne à mourir; son ame se trouve dégagée >> d'une masse de chair où elle étoit comme en>> sevelie sans fonction. » LA BRUY.

On dit, en termes d'escrime, dégager le fer, ou simplement dégager, pour dire, faire un mouvement qui rende l'épée libre.

On dit, dégager un appartement, pour dire, lui donner une autre issue que la principale. Il a dégagé son appartement par un escalier dérobé. Et en parlant d'un habit qui fait bien paroitre la taille de la personne pour qui il est fait, on dit qu'il dégage la taille.

On dit aussi, taille dégagée, air dégagé, pour dire, taille aisée, air aisé; et on dit familièrement qu'un homme a des airs dégagés, pour dire qu'il a des airs un peu trop libres.

On appelle, chambre dégagée, une chambre qui a une autre issue que la principale.

DÉGARNIR, v. a., ôter la garniture de quelque chose. Dégarnir une robe, une chemise, un

lit.

Il signifie aussi ôter les meubles d'une maison, d'une chambre. Il a dégarni, il a fait dégarnir sa maison de campagne pendant l'hiver. DICT. DE L'ACAD.

« Il ne peut souffrir sa pauvreté, ces mu» railles nues, cette table dégarnie, cette maison Boss. » presque abandonnée. »>

On dit aussi, dégarnir une place, pour dire, ôter une partie considérable de la garnison ou des munitions. On a assiégé une telle place, parce qu'elle étoit dégarnie. On fit le procès à un tel gouverneur, parce qu'il avoit dégarni la place. Les ennemis furent obligés de dégarnir leurs places mettre une armée en campagne. pour

On dit, dégarnir un arbre, pour dire, en ôter les branches inutiles qui viennent mal. Il faut dégarnir cet abricotier. Vos péchers se dégarnissent (vos pêchers perdent leurs branches.) Sa téte se dégarnit de cheveux, c'est-à-dire, ses cheveux tombent.

DÉGARNIE, IE, participe. La place est de garnie. Plusieurs de ces arbres sont trop dégarnis.

DÉGAT, s. m., ruine, ravage, perte arrivée par une force majeure, parane cause violente comme tempête, grèle, gens de guerre. La gréle a fait un grand dégát dans les vignes. On a envoyé des gens de guerre pour faire le dégât dans cette province. Les bétes fauves font bien du dégót dans les terres. Le passage des troupes dans cette province y a causé beaucoup de dégât,

DÉGÉNÉRATION, s. f., état de ce qui dégé nère. La dégénération des plantes, des animaux, des races, des espèces.

DÉGÉNÉRER, v. n., s'abâtardir, ne suivre pas la vertu, les bons exemples de ses ancètres. Il se construit avec la préposition de. Il a dégénéré de la valeur de ses aïeux. Dégénérer de ses ancétres. Dégénérer de la piété de ses pères. DICT. DE L'ACAD. « Si les enfans des rois dégénèrent de leur au>> guste naissance. >> MASS. Il se met quelquefois sans préposition. Les enfans des grands hommes dégénèrent quelquefois. Cette race est dégénérée. DICT. DE L'ACAD.

« Quand les rois, enfans de David, suivent les bons exemples de leurs pères, Dieu fait

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Qui survit un moment à l'honneur de son père COR. On dit qu'un homme dégénère, pour dire qu'il vaut moins qu'il ne valoit autrefois. Il fut un héros dans sa jeunesse, mais il dégénéra dans la suite. Cet écrivain a bien dégénéré. DICT. DE L'ACAD.

« Timante, toujours le même, et sans rien >> perdre de son mérite, ne laissoit pas de dégé»nérer dans l'esprit des courtisans. C'est un >> homme qui est de mise un quart d'heure de >> suite, qui, le moment d'après, baisse, dégé » nère, etc. Ces hommes dégénèrent de ce » qu'ils furent autrefois. La ville croiroit dé» générer en ne copiant pas les mœurs de la MASS.

>> cour.»

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On dit aussi que les animaux dégénèrent, pour dire qu'ils ne sont pas de la même beauté, qu'ils n'ont pas les mêmes bonnes qualités que les animaux dont ils viennent. On dit que des plantes dégénèrent, qu'elles commencent à dégénérer, pour dire qu'elles cessent de porter d'aussi bous fruits qu'au commencement.

DEGENERER, employé avec la préposition en, se dit en parlant des choses qui changent de bien en mal, de mal en pis, ou de mal en moins mal. L'état populaire dégénère souvent en anarchie. La querelle de Pompée et de César dégénéra en guerre civile. La guerre de la fronde dégénéra en plaisanterie. Le style pompeux dégénère quelquefois en galimatias. DICT. DE L'ACAD.

« Les autres craignant que l'autorité, qui de » sa nature croit toujours, ne dégénérát enfin »en tyrannie, ils empêchèrent que la liberté » ne dégénérat en licence. » (Voyez cérémonie.) BOSSUET.

«Des repas qui, modestes au commencement, » dégénèrent bientôt en pyramides de viandes et » en banquets somptueux. » (Voyez déclamateur.) LA BRUY.

« L'adulation dégénère toujours en ingrati>>tude. L'amour et le respect fut si vif qu'il » dégénéra même en culte. Le courage dégé» nère en présomption. »

MASS.

goût pour l'étude. Il a un grand dégoût pour le monde. L'incertitude qu'il a trouvée dans la médecine lui en a donné du dégoût. DICT. DE L'ACAD.

« C'étoit un dégoût secret de tout ce qui a də >> l'autorité. Modérer l'usage de la commu»nion, quand elle tourne en dégoût.-Afin que » la pensée de la mort leur donne un saint de» goût de la vie présente. Les causes secrètes » du dégoût que nous donne la piété. » Boss. « Les amours meurent par le dégoût. Ils » donnent le dernier dégoût par leur fatuité et >> par leurs fadaises. » (Voyez inspirer, quitter.) LA BRUYÈRE.

« Qui pourroit dire avec quel dégoût elle pos>> séda tous les biens que le monde estime. » Elle connut les inutilités et les corruptions >> du monde; et je ne sais quels pressentimens » d'une fin prochaine lui en donnèrent du déFLÉCH. » goût.» (Voyez nuage, porter.)

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Cette

«Des plaisirs qui l'auroient bientôt lassé par » le dégoût.-Elle veut encore plaire au monde, » quand elle n'en est plus que la risée ou le dé » goût. Elle inspire même du dégoût à ceux à » qui elle s'efforce de plaire. Ils nous inspi» rent du dégoût pour nos fonctions. » passion met dans le cœur un dégoût invinci>> ble pour les choses du ciel. » (Voyez attacher, avoir, cacher, éprouver, langage, passer, recevoir, réveiller, revenir, source, succéder, suivre, trouver.) MASS.

Quand un livre au palais se vend et se débite,
Le dégoût d'un censeur peut-il le décrier?
Ces tristes Tisiphones,

Qui prenant en dégoût les fruits nés de leurs flancs.
BOILEAU.

(Voyez justifier.)

DÉGOUT, déplaisir, chagrin, mortification. II a essuyé bien des dégoûts à la cour. On lui a donné bien des dégoûts. D'étranges dégoûts. DICT. DE L'ACAD.

MASS. VOLT.

« Il faut savoir essuyer des dégoûts. Nous » rendons toujours inutiles les dégouts que Dieu » répand sur nos passions injustes. » « On les accabloit de dégoûts. » DÉGOUTANT, ANTE, adj., qui donne du dégoût. Malpropreté dégoûtante. Homme dégoû tant.

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DICT. DE L'ACAD.

« Le rouge les rend affreuses et dégoûtantes. On dit aussi qu'une maladie dégénère, soit Phrases outrées, dégoûtantes, nuisibles à pour dire qu'elle se change en une maladie >> celui même qu'on veut louer. »> LA BRUY. inoins violente, soit pour dire qu'elle se change DÉGOUTER, v. a., ôter l'appétit, faire peren une maladie plus violente. L'apoplexie dégé-dre le goût. Si vous lui donnez tant à manger, nère quelquefois en paralysie.

DÉGÉNÉRÉ, ÉE, participe. Espèce dégénérée. Plante dégénérée.

DÉGOUT, s. m., manque de goût, manque d'appétit, Il a un si grand dégoût, qu'il ne sauroit manger de rien. Il n'a plus de fièvre, mais il lui est resté du dégoût. DICT. DE L'ACAD.

Quelque léger dégoût vient-il le travailler,, Un escadron coiffe d'abord court à son aide. BOIL. Il se dit aussi de la répugnance qu'on a pour certains alimens. Il a un grand dégoût pour le

vin.

DÉCOUT, au figuré, aversion qu'on prend pour une chose ou pour une personne. Avoir du dé

vous le dégoûterez. DÉGOUTER, au figuré.

DICT. DE L'ACAD.

« Des gens qui, dans les conversations, vous » dégoûtent par leurs ridicules expressions, par » l'impropriété des termes dont ils se servent, » par, etc.» (Voyez fat.) LA BRUY.

Des perfidies capables de dégoûter une ame >> bien faite. »>> MASS.

DÉGOUTER DE, aú figuré, donner de l'éloignement pour une personne, pour une chose; faire qu'on cesse de trouver une personne, une chose à son gré. Il voudroit cette charge, mais le prix l'en a dégoûté. On l'a dégoûté de la guerre, d'aller à la guerre. Il est dégoûté de tout.

DICT. DE L'ACAD.

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a I (Dieu) veut par là nous dégoûter de cette » vie misérable. Le long usage du plaisir » avoit bien pu les dégoûter du crime, mais, MASS. SE DÉCOUTER DE. Il s'est dégoûté de cette maison, de cet emploi. DICT. DE L'ACAD.

>>> etc. >>>

«Ils se fachent contre lui et s'en dégoûtent. >> Si les hommes se délassent quelquefois d'une » vertu par une autre vertu, ils se dégoûtent » plus facilement du vice par un autre vice. » LA BRUYÈRE.

a On se dégoûte de soi-même et on n'ose changer. » MASS.

DÉGOUTÉ, ÉE, participe.

« Cette ame dégoûtée du monde. - Eh! dites» vous, je n'en suis que trop dégoûté, — Tout » médégoute en effet, mais rien ne me touche.» BossULT.

« Clandie attend, pour avoir Roscius, qu'il » soit dégoûté de Messaline. » LA BRUY.

«Un désir satisfait fait naître un nouveau dé» sir; on est dégouté, et on n'est pas rassasié. » MASSILLON.

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« Le jus et les sauces lui dégouttent du menLA BRUY.

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Il se dit aussi des choses par où l'eau ou quelque autre liqueur dégoutte. Les cheveux, le front lui dégouttent de sueur. DICT. DE L'ACAD. DÉGOUTTER, au figuré.

« Pressez-les, tordez-les, ils dégouttent l'or» gueil, l'arrogance, la présomption. »

LA BRUY. DEGRADATION, s. f., destitution ignominieuse du grade, de l'état où l'on est. Degradation de noblesse. La dégradation d'un officier de guerre. Dégradation de magistrature. La dégra dation d'un magistrat. Dégradation des ordres sacrés. On ne procédoit à la dégradation d'un pretre que quand il étoit condamné à mort.

DÉGRADATION, avilissement. La dégradation des ames est une suite de la servitude.

DEGRADATION, dégât considérable dans un bois, dans un héritage. Il a fait de grandes degradations dans ce bois. Les dégradations qui avoient été faites dans cette terre.

DEGRADATION, dépérissement. Dégradation d'un bâtiment, d'un mur. (Par vétusté ou par quelque accident, comme inondation, tremblement de terre.)

DEGRADATION, affoiblissement de la lumière et des couleurs d'un tableau. La dégradation de couleurs est bien entendue dans ce tableau. Ua peintre qui entend bien la dégradation des couleurs, de la lumière et des ombres.

DÉGRADER, v. a. démettre de quelque grade par justice et avec de certaines formalités. Digrader un gentilhomme, le dégrader de noblesse." Dégrader des armes un homme de guerre, pour quelque lacheté commise. Dégrader un magistrat, un officier de justice, pour cause de concussion ou pour quelque autre sujet considérable.

DEGRADER, au figuré. C'est dégrader un homme que de lui refuser les honneurs qui lui sont dus. DICT. DE L'ACAD.

«C'est là que les plus grands rois n'ont plus >> de rang que par leurs vertus, et que dégradés » à jamais par les mains de la mort, ils vien» nent subir sans cour et saus suite le jugement » de tous les peuples et de tous les siècles. >> BossUET.

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Il préfère un célibat dangereux à un éta>>blissement qui le dégraderoit dans le monde. Les suffrages publics qui l'élèvent aujour>> d'hui peuvent demain le dégrader et l'abattre. Si la gloire humaine est presque toujours » dégradée devant le tribunal mene du monde, » auroit-elle quelque chose de plus réel, etc. Ce seroit dégrader l'évangile, de le regarder » comme la religion du peuple, etc. » (Voyez MASS. roue.)

DÉGRADER DE, au figuré.

« C'est Dieu qui place les rois sur le trône et » qui les en dégrade. L'hérésie se plaignoit » que nous dégradions Jésus-Christ de sa qualité » de médiateur. Elle a enfanté des disciples qui » P'ont dégradé de sa divinité et de sa naissance » éternelle. C'est cette impiété, grand Dieu, » qui outrage votre providence, qui vous dé» grade de tout ce que nous adorons en vous de » divin. » (Voyez gloire.)

MASS.

COR.

Elle vous dégraderoit, etc. Du titre glorieux de citoyen romain. DÉGRADER, avilir. La flatterie dégrade également les princes et les flatteurs.

DICT. DR L'ACAD. « Cette passion l'avilit et le dégrade.—Quelles » sont les actions héroïques qu'on ne dégrade en »y cherchant des motifs lâches et rampans. » Qu'ils ne dégradent pas l'humanité toute er»tière, pour s'être indignement dégradés eux» mêmes. >> MASS.

Boss.

SE DÉGRADER, v. pron., déchoir de son rang. « Cet art obligeant qui fait qu'on se rabaisse » sans se dégrader. » «Ils croiroient se dégrader en paroissant à la » tète des solennités religieuses.» (Voyez en|fant.) MASS. SE DÉGRADER, s'avilir. Se dégrader par de basses complaisancesDICT. DE L'ACAD.

« Ceux qui se prosternent devant l'iniquité et » qui se dégradent honteusement eux-mêmes. » Il se dégrade et se déshonore par l'oisiveté et » par l'indolence. Il se dégrade jusqu'à vou

» loir être redevable de sa fortune à l'avarice » d'un esclave. » (Voyez ci-dessus DEGRADER, avilir.) MASS.

On dit, dégrader des bois, dégrader une maison, un héritage, pour dire, y faire quelque dégât considérable, ou les laisser ruiner, les laisser dépérir par négligence. DICT. DE L'ACAD.

«Des palais superbes que le temps va dégrader >> et détruire. >>

MASS.

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l'es

DEGRÉ, s. m. (plusieurs prononcent et écrivent dégré, avec un accent sur les deux É), calier d'un bâtiment. Un grand degré. Un petit degré. Le grand degré du palais. Un degré doux et aisé. Un degré extrémement roide. Un degré de dégagement. DICT. DE L'ACAD.

« Il trouve un carrosse au bas du grand de» gré. » LA BRUY. DEGRE, marche. Monter les degrés. Descendre les degrés. Degrés de pierre. Degrés de bois. Les degrés d'un perron. Les degrés d'un escalier. DICT. DE L'ACAD.

Ils gagnent les degrés et le perron antique. (Voyez rouler, mesurer.)

BOIL.

« Il a presque vu la tour de Babel; il en » compte les degrés. » LA BRUY.

DEGRE, au figuré. Cet emploi fut le premier degré de sa fortune, de sa faveur. Il est dans un haut degré d'élévation. DICT. DE L'ACAD.

<< Tous ensemble, en quelque degré de sa con» fiance qu'il vous ait reçus, venez, etc. »

BOSSUET.

« Afin de porter cette maison à ce degré de >> beauté où elle vous ravit. - Strabon est né >>sous deux étoiles, malheureux et heureux dans » le mème degré. Pour condaire les sciences >> à un degré de perfection qui les rendit avan>> tageuses à la république. » LA BRUY.

« Le degré d'honneur où Dieu l'élève. » FLÉCHIER. «Tous ces divers genres de gloire ne peuvent >> atteindre à ce degré de grandeur où la reli>> gion éleve l'homme de bien. - Il ne chercha » plus qu'à s'élever de degré en degré. - Ebloui » de ce degré éminent où la naissance et la for>> tune l'ont placé. La crainte de perdre au>> près de vous ce degré de confiance qu'une » longue société de plaisir leur a donné.

C'est » le plus haut degré de gloire où l'homme puisse >> atteindre. Dieu fait quelquefois du plus » haut point de notre élévation, le premier de» gré de notre décadence, » ( Voyez compter, croitre, dernier, énormité, séparer, saison.) MASSILLON.

« Sous lui, la propreté, la tranquillité, l'a» bondance, la sûreté de la ville furent portées » an plus haut degré, » FONT.

« L'administration des finances acquéroit son » dernier degré de perfection. » VOLT.

Le ravage des champs, le pillage des villes,
Et les proscriptions et les guerres civiles,
Sont les degrés sanglans dont Auguste a fait choix
Four monter sur le trône, etc.

Et par sa propre main mon père massacré,
Du tróne où je le vois fut le premier degré.

Et dans ce haut degré de puissance et d'honneur. COR. (Voyez monter, trône.)

Ainsi que la vertu le crime a ses degrés.
Souvent avec prudence un outrage enduré,
Aux honneurs les plus hauts a servi de degré.

RAC.

DEGRÉ, au figuré, en parlant des qualités morales bonnes ou mauvaises. Porter l'insolence jusqu'au plus haut degré. Etre parvenu au plus haut degré de l'éloquence. Etre libéral au suprême degré. Etre parvenu au souverain degré de la gloire. DICT. DE L'ACAD.

« Douze ans de persévérance au milieu des » épreuves les plus difficiles l'ont élevée à un » éminent degré de sainteté. >> Boss. « C'est le talent qu'il possède au plus haut » degré de perfection. » LA BRUY. «La crainte de déplaire à César le conduit au » dernier degré de lacheté. » MASS.

DEGRÉ, au figuré, en parlant des emplois, des charges, des titres, des dignités, par lesquelles on s'élève successivement à de plus grands. Il a passé par tous les degrés de la milice.

BOIL.

DICT. DE L'ACAD. Et son rare savoir, de simple marguiller, L'éleva par degrés au rang de chevecier. DEGRÉ, la proximité ou l'éloignement qu'il y a entre parens, à l'égard de la tige qui leur est commune. Parens au premier, au second degré. DICT. DE L'ACAD.

« Le plus ou le moins qu'il y a dans le degré » de parenté, etc. » LA BRUY.

On appelle, degré de juridiction, tout tribunal, soit ecclésiastique, soit laïque, dont on appelle à un autre. Cette affaire a passé par tous les degrés de juridiction.

Dans l'université on appelle degrés, le grade de bachelier, de licencié, de docteur. Prendre ses degrés dans l'université. Il a tous ses degrés.

DEGRÉ, différence de plus ou de moins que les philosophes supposent dans les qualités sensibles. Degré de chaleur. Degré de froid, de sécheresse, d'humidité, de mouvement, de vitesse.

On appelle aussi degrés, les différentes parties dans lesquelles le baromètre et le thermomètre sont divisés. Le baromètre est descendu à vingtsept degrés. Le thermomètre est monté à trente degrés.

DEGRÉ, en géométrie, se dit de la trois cent soixantième partie de la circonférence d'un cercle. Un angle de 45 degrés. Degré de latitude. Degré de longitude. Chaque signe du zodiaque occupe 30 degrés. Le printemps commence quand le soleil entre dans le premier degré du bélier.

PAR DEGRÉ, progressivement, pas à pas. Monperfection, d'honneur, de réputation. ter par degrés au plus haut point de verţu, de DICT. DE L'ACAD. «Il s'avance par ordre, et vient, comme » degrés, aux prodiges qui ont fini le cours de sa par » vie. » Boss.

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