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PREFACE

De 1734.

Es Lettres d'une mere à fa fille, quelque parfaites qu'elles foient, paroiffent deftinées à demeurer dans l'oubli; & celles de Madame de Sévigné à Madame de Grignan n'auroient jamais vu le jour, fi,. pour l'intérêt même de fa gloire, on ne s'étoit cru obligé de lui faire à ce fujet une efpece d'infidélité après la mort.

Un manufcrit informe de plufieurs de fes Lettres, confié, d'abord à quelques perfonnes pour la lecture feulement, ne tarda point à paffer par les mains de différens Copiftes, & produifit enfin les éditions furtives (1) qui parurent en 1726 fous ce titre, Lettres de Marie de Rabutin-Chantal, Marquife de Sévigné, à Madame la

(1) Les éditions de Rouen & de la Haye en deux Volumes. On ne dit rfen d'une brochure imprimée à Troyes, qui contenoit un choix d'environ cinquante Lettres de Madame de Sévigné, & qui parut peu de temps avant que les éditions de Rouen & de la Haye fuffent connues.

Comtelle

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Comteffe de Grignan, fa fille. Voici une circonftance dont l'Editeur de la Haye voulut bien fe faire honneur dans fon Avertiffement. >> C'eft, dit-il, une chofe très-im»portante pour le Public que le préfent que » nous lui faisons aujourd'hui. Nous par» donnera-t-il d'avoir tant différé ? Mais » le manufcrit n'a pas toujours été entre » nos mains; il étoit depuis long-temps » dans le cabinet d'un Seigneur, à qui une perfonne de la famille en avoit fait pré» fent. Ce Seigneur a bien voulu le prêter, » on en a tiré une copie, & la voici. On a »cru pouvoir facrifier à l'intérêt public des » engagemens particuliers, qui n'avoient » rien de raisonnable. « Il est sûr que du moins on ne dira pas que l'Editeur fe foit conduit felon les principes d'une morale trop rigide. Cependant, le Public attiré par le nom de Sévigné, reçut avidement Îes Lettres dont il s'agit, & ne parut faire d'attention qu'aux traits & aux beautés qui perçoient à travers tous les défauts des deux éditions. Ce fut alors que les perfonnes de la famille de Madame de Sévigné justement indignées de l'ufage qu'on venoit de faire, fans leur aveu, d'un bien qui leur appartenoit, fe virent en quelque forte forcées de confentir qu'on donnât un nouveau Recueil où tous les égards dûs à la mémoire de Madame de Sévigné & Tome I.

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au Public, feroient observés (2). Nous avons déja vu de quelle façon s'étoient comportés les Editeurs à l'égard du Seigneur qui avoit prêté le manufcrit; voyons maintenant quelle fut leur conduite à l'égard du Public. Même précipitation des deux côtés même défordre dans la fuite des Lettres ; nulle exactitude dans les dates; mais fur-tout une infinité de contre-fens & de fautes, foit de Copiftes, foit d'impreffion, dont il ne fera peutêtre pas hors de propos de citer ici quelques exemples.

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On lit page 266, ligne 26, édition de la Haye, Tome I. (3) » Segrais nous mon» tra, ou nous voulut montrer un Recueil

qu'il a fait de chanfons; elles ont le dia»ble au corps, & c'est dommage qu'il y » ait tant d'efprit. cc

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Et dans l'original. Segrais nous mon» tra un Recueil qu'il a fait des chansons » de Blot; elles ont le diable au corps; » mais je n'ai jamais vu tant d'esprit.

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On lit page 310, ligne 4, édition de la

(2) Madame de Simiane, qui avoit hérité de ces précieufes Lettres, difoit que dans fa famille on vouloit avoir de l'efprit impunément, & avoit réfité jufqu'alors à toutes les propofitions qu'on lui avoit faites d'enrichir le Public des lettres de fon illuftre Aïeule.

(3) Voyez la page 311, Tome I, édition de

Rouen.

Haye, Tome I. » Nous irons coucher à » Valence; j'ai de bons furtouts. J'ai prié » qu'on me recommandât comme une Prin» ceffe.c

Et dans l'original. >> Nous irons cou» cher à Valence; j'ai de bons Patrons (4); fur-tout j'ai prié qu'on ne me don» nát pas les vôtres, qui font de francs coquins. On me recommande comme une »Princeffe. «‹

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On lit page 19, ligne 21 édition de la Haye, Tome II. » Je vous remercie de la peine que vous prenez de vous défendre fi bien d'avoir jamais été oppreffée » du Démon.

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Et dans l'original.

» Je vous remercie » de la peine que vous prenez de vous dé» fendre fi bien d'avoir jamais été oppreffée » de mon amitié. «c

On lit page 29 (5), ligne 28, édition. de la Haye, Tome II. » Voilà votre Madame de Languedoc, pour être plus près » de Catalogne. ce

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Et dans l'original. » Voilà votre Ma>> dame de Schomberg, Maréchale; elle eft » bien louable de paffer fa vie en Langųc

(4) Madame de Sévigné étoit fur le point de s'embarquer fur le Rhône dans un bateau de poste.

(5) Voyez la page 53, Tome II, édition de

Rouch.

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doc, pour être plus près de Catalo » gne. (6) c

On lit page 31, ligne 22, édition de la Haye, Tome 11. » Je gronderai bien Cor» binelli de ne nous pas écrire quelques fottifes: que peut-il faire de mieux » ?

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Et dans l'original. » Je gronderai bien » Corbinelli de ne vous pas écrire, quelle » fottife! que peut-il faire de mieux ?

On lit page 37, ligne 26, édition de la Haye, Tome II. » L'Eté, il n'y a que l'Opéra où Mars & V. mais ils ne s'accordent bien enfemble. Voilà les premiers » actes de Boiffi, cc

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Et dans l'original. » L'Eté, il n'y a qu'à l'Opéra, où Mars & Vénus s'accordent fi bien ensemble. Voilà les premiers » actes de l'Opéra : quand vous en voudrez davantage, demandez-les à Boiffi. c On lit page 129, ligne 30, édition de la Haye, Tome II. (7) » Vous me difiez l'autre jour des chofes trop plaifantes fur Rochefort, qui avoit fouhaité & obtenu, » & qui avoit feulement souhaité de ne pas

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>> mourir. cc

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Et dans l'original. » Vous me difiez l'autre jour des chofes trop plaifantes far Rochefort, qui avoit tout fouhaité,

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(6) M. le Maréchal de Schomberg commandoit alors en Catalogne.

(7) Voyez la page 214, Tome II, édition de Rogen.

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