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Puisse cette lecture, que j'aurois desiré vous rendre plus intéressante, contribuer utilement à votre bonheur! J'y trouverois le complément du mien ; et je sens combien je vous serois encore redevable.

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AVANT-PROPOS.

Je me suis souvent félicité qu'un utile ouvrage, trésor pour des peres et meres la Morale de l'enfance, par M. Morel de Vindé, ait paru tout à propos dans le temps où prévoyant que mon premier enfant auroit bientôt besoin de quelque nourriture analogue, je m'occupois en vain à la lui chercher. Il est juste au moins que je saisisse l'occasion de témoigner ici publiquement à l'auteur ma reconnoissance particuliere, sentiment que la plupart des parents partagent sans doute en

secret.

Ce recueil de quatrains moraux contient en effet tout le fonds d'une morale pure et saine, développée de la maniere la plus intelligible pour des enfants. L'au

le pere

teur semble y avoir pris soin de se cacher; seul s'y montre sans cesse. Il s'est mis à la portée de ses naissants éleves, ne leur a parlé que leur simple langage, a saisi leur naïf accent, a même quelquefois reproduit heureusement les locutions particulieres à leur âge; et presque par-tout, malgré la gêne du vers et la contrainte de la rime, est parvenu à répandre dans ses utiles leçons une clarté favorable.

M. Morel de Vindé dit modestement lui-même dans sa préface, qu'il a été souvent prosaïque pour être clair; qu'il a fait de mauvais vers, mais qu'il a donné de bons préceptes simplement exprimés. Il ajoute, qu'il a pillé par-tout les pensées, les vers, les quatrains même qu'il a cru propres à remplir son but ; qu'il a mis à contribution La Fontaine, Pibrac, le président Faure, MM. François (de

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Neufchâteau), Silvain Maréchal, et beaucoup d'autres, demandant même pardon aux auteurs qu'il a pillés d'avoir mutilé quelques uns de leurs vers pour les mettre plus à la portée de ceux à qui il les destinoit. Tel étoit en effet, d'après son plan, l'unique but qu'il devoit se proposer, qu'il étoit si difficile d'atteindre, et dont il ne s'est presque jamais écarté.

Je ne prétends pas dire qu'il l'ait toujours atteint au point que les parents ou les maîtres doivent se croire dispensés d'y joindre dans l'occasion quelques explications nécessaires pour en faciliter l'intelligence, ou se croire en droit d'accuser pour cela celle de leurs jeunes éleves, dans la présomption qu'ils devroient comprendre sans peine un ouvrage fait exprès pour eux. Rien d'ailleurs n'est plus pénible pour des enfants, et ne leur est peut

être plus préjudiciable, que de les contraindre d'apprendre ce qu'ils n'entendent pas suffisamment, et de les accoutumer ainsi à charger sans fruit leur mémoire.

L'auteur, il est vrai, dans sa derniere édition, a montré l'intention d'épargner même ces soins étrangers, par l'addition de plus de cent quatrains nouveaux véritablement explicatifs, et présentant des suites exactes de développements de la même idée. Ces sortes de répétitions surabondantes sont en effet d'un usage presque général dans l'instruction des enfants; c'est celui que l'expérience sans doute a consacré ; et je n'y vois peut-être dans cette circonstance particuliere d'autre inconvénient que de multiplier la tâche qu'on impose aux enfants, et sur-tout de les effrayer d'avance de l'immensité

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