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veille et chez les animaux; d'elle dépendent les sens, le plaisir et la douleur, les passions et les mouvemens extérieurs ; elle a besoin de chaleur pour s'exercer, se consomme et se répare au moyen de la faculté végétative sans laquelle elle ne subsiste pas. Enfin l'ame intelligente consiste dans la faculté de raisonner, dans l'usage de la pensée, du jugement et de la réflexion abstraite, qui surpassent les simples facultés de la bête. La force végétative domine dans l'enfance, qui n'aspire qu'à s'accroître, manger, dormir et suivre une vie toute matérielle. Dans la jeunesse, la fonction sensitive acquiert la supériorité; elle inspire les passions ardentes, les voluptés, la colère; d'elle -sortent la sensibilité, la vigueur, l'activité des membres, la chaleur du sang, l'amour et l'ivresse de la vie. Dans l'âge fait, l'ame intelligente prend l'ascendant sur toutes les autres, et par cette lumière intérieure, nous pouvons étendre nos pensées dans l'infini. Ainsi l'enfant commence à vivre en plante, puis en animal, enfin en homme.

Ces trois principes occupent chacun le rang qui leur convient. La puissance végétative étant la plus matérielle et la plus inférieure, établit son centre dans les viscères de la digestion et dans le systême veineux et hépatique,

qui nourrissent et réparent toute l'économie; les parties de la reproduction sont aussi de son domaine. La faculté sensitive fixe son siége au cœur, ou vers le centre phrénique, et répand dans tous les membres sa chaleur vitale avec le sang. C'est vers ce centre que s'engendrent les passions et le sentiment. L'ame raisonnable étant toute spirituelle, est la plus élevée, et réside principalement dans le cerveau, origine des nerfs, par lesquels elle envoie des esprits animaux dans tout le corps, Destinée à tout connoître, près d'elle ont été placés les sens les plus nobles; la vue, l'ouïe qui portent au loin leur action. L'ame spirituelle aspire toujours à s'élever, l'ame végétative ou matérielle tend à descendre; l'ame intermédiaire ou sen← sitive, qui semble tenir des deux autres, est d'une nature ignée et subtile.

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Si l'ame intellectuelle exerce ses fonctions par un fluide dans le cerveau et les nerfs, l'ame sensitive agit par la chaleur du sang dans les artères et le coeur, source des esprits animaux, et l'ame végétative par la lymphe et les humeurs réparatoires du systême nutritif et veineux. La région intellectuelle est séparée de la sen→ sitive par le col, et la sensitive de la végétative par le diaphragme; la première a sa place marquée par les cheveux de la tête, la seconde

par les villosités de la poitrine, et la troisième par les poils du bas-ventre. Ceux dans lesquels domine une de ces facultés, acquièrent aussi plus de développement dans son organe; l'homme de génie a une forte tête; l'homme de courage une large poitrine; l'homme vorace un grand estomac et la femme un spacieux bassin; aussi le premier est disposé à la méditation, le second à la colère et à la domination, les derniers aux plaisirs des organes de nutrition et de reproduction. Dans l'âge mûr on vit plus par la tête, car l'on devient réfléchi et raisonnable; dans la jeunesse l'on agit surtout par le coeur et le sentiment; mais l'enfance s'adonne plutôt aux penchans matériels. De-là viennent trois principaux genres de vie dans la société. Pâris, nous disent les poètes, avoit le choix entre trois Déesses; Minerve, sortie du cerveau de Jupiter, lui offroit la sagesse; Junon, la gloire et l'empire; mais il préféra Vénus ou le plaisir. Pythagore ou Platon eussent adjugé la pomme à Minerve, Achille ou Alexan dre à Junon.

Par son humidité, l'ame végétative est favor rable à la mémoire dans les femmes et les enfans où elle domine; l'ame sensitive augmente l'ima gination par la chaleur qu'elle communique à la jeunesse, mais l'ame raisonnable perfec

tionne le jugement dans les hommes faits. De même qu'une charge très-pesante placée soit vers la poupe, soit à la proue d'un vaisseau', le fait pencher vers cette extrémité; ainsi lorsque la tête ou les viscères inférieurs ont plus d'activité que la partie opposée, elles entraî

nent toutes les forces vitales en leur sens. Mais comme pour mettre plus d'équilibre dans le navire, on place vers le milieu la principale charge, ainsi en fortifiant le coeur de l'homme, on lui donne plus de vigueur d'ame et plus d'équilibre vital.

CHAPITRE II.

Différence de l'esprit et du corps.

Ce n'est pas qu'il existe en nous plusienrs ames, bien que nous y remarquions plusieurs centres d'action; il ne s'y trouve qu'une seule substance immatérielle, qui est la pensée; sa nature est distincte et essentiellement différente de la vie végétative et sensitive qui dépendent des principes corporels. Elles émanent des élémens, tandis que notre ame raisonnable émane de Dieu et participe à ses attributs.

L'homme n'est pas cette matière composée de membres et formant un corps organisé

qui s'accroît par des substances élémentaires; celles-ci appartiennent à la nature, et y retournent à la mort. Un cadavre n'est plus un homme, mais la puissance qui faisoit raisonner et penser ce cadavre est principalement l'homme. Nous ne sommes qu'usufruitiers du corps et n'en avons point la propriété : c'est un vêtement qui s'use. Et encore, cette faculté qui engendre, nourrit, fait accroître nos membres n'est pas le principe essentiel de l'homme, puisque la plus imparfaite des plantes › exerce les mêmes fonctions; ce n'est pas même la faculté d'éprouver du plaisir ou de la dou-, leur, de se mouvoir, d'être affecté de passions, qui constitue l'essence de notre ame, car les animaux les plus vils possèdent ces avantages;› mais ce qui constitue véritablement l'homme, c'est l'usage de la raison et du jugement, l'exer cice de la pensée, qui nous distinguent de tous les êtres.ims! 1

Nous regardons comme inférieur, tout ce qui est terrestre matériel, tandis que les pensées les plus sublimes remontent vers les i objets célestes de corps gravite vers la terre pa et l'ame, comme le feu, tend à s'exhaler dans a l'infinité. Mais la lumière, étant matière seq meut bien plus lentement encore que la pensées car lorsqu'il faut suivant les approximations

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