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cerises et des groseilles vertes tant que nous voudrons.

PAUL. Du chocolat, du gâteau et du fruit ? Attends, attends, ce ne sera pas long; je vais bien vite me débarbouiller et me laver les mains; je suis à toi dans dix minutes.

ATHALIE ET JOAS.

ATHALIE. Comment vous nommez-vous ?
JOAS. J'ai nom Eliacin.

ATHALIE. Votre père ?

Joas. Je suis, dit-on, un orphelin, Entre les bras de Dieu jeté dès ma naissance, Et qui de mes parents n'eus jamais connaissance, ATHALIE. Vous êtes sans parents!

JOAS. Ils m'ont abandonné.

ATHALIE. Comment? et depuis quand ?
JOAS. Depuis que je suis né.

ATHALIE. Ne sait-on pas au moirs quel pays est le vôtre ?

Joas. Ce temple est mon pays, je n'en connais point d'autre.

ATHALIE. Où dit-on que le sort vous

rencontrer ?

a fait

Joas. Parmi des loups cruels prêts à me dévorer.
ATHALIE. Qui vous mit dans ce temple?
JoAs. Une femme inconnue,

Qui ne dit point son nom, et qu'on n'a point revue, ATHALIE. Mais de vos premiers ans quelles mains ont pris soin?

Joas, Dieu laissa-t-il jamais ses enfants au besoin ?

Aux petits des oiseaux il donne la pâture,
Et sa bonté s'étend sur toute la nature.

Tous les jours je l'invoque, et, d'un soin paternel,
Il me nourrit des dons offerts sur son autel.

ATHALIE. ...Quel est tous les jours votre emploi ?
JOAS. J'adore le Seigneur; on m'explique sa loi.
Dans son livre divin on m'apprend à la lire,
Et déjà de ma main je commence à l'écrire.
ATHALIE. Que vous dit cette loi ?
JOAS. Que Dieu veut être aimé ;

Qu'il venge tôt ou tard son saint nom blasphémé;
Qu'il est le défenseur de l'orphelin timide;
Qu'il résiste au superbe, et punit l'homicide.
ATHALIE. J'entends, mais tout ce peuple, en-
fermé dans ce lieu,

A quoi s'occupe-t-il ?

JOAS. Il loue, il bénit Dieu.

Martin

LE SPECTRE.

Martin, s'étant glissé à minuit dans le jardin d'un château, remplit de fruits deux sacs, qu'il avait l'intention de porter l'un après l'autre à sa demeure. Au moment où, ainsi chargé, il marchait le long du mur du jardin, l'horloge vint à sonner minuit; le vent soufflait dans le feuillage d'une manière à faire frissonner, quand tout à coup Martin aperçut tout près de lui un homme noir, qui semblait porter complaisamment l'autre sac.

Pousser un cri, jeter sa charge, et se mettre à courir de toute la vitesse de ses jambes, fut pour lui l'affaire d'un instant. L'homme noir laissa de même tomber son sac, se mit à courir près de

Martin aussi vite que lui jusqu'au bout du mur où il disparut.

Le lendemain matin, Martin n'eut rien de plus pressé que de parler à tout le monde de l'horrible fantôme; mais il se garda bien de dire un mot du vol qu'il avait commis. Le jour même un gendarme vint l'arrêter : "Cette nuit," dit-il, " Vous avez dérobé du fruit dans le jardin du château. Les sacs vous ont trahi, puisqu'ils portent tous deux le nom de votre père. C'est pourquoi je vais vous mener en prison. Quant au fantôme noir, ce n'était que votre ombre que vous aperçûtes sur le mur nouvellement blanchi, à la clarté de la lune qui se levait."

LE RAT DE VILLE ET LE RAt des Champs.

Autrefois le rat de ville
Invita le rat des champs,
D'une façon fort civile

A des reliefs d'ortolans.
Sur un tapis de Turquie

Le couvert se trouva mis.
Je laisse à penser la vie

Que firent ces deux amis.
Le régal fut fort honnête ;
Rien ne manquait au festin,
Mais quelqu'un troubla la fête
Pendant qu'ils étaient en train.
A la porte de la salle

Ils entendirent du bruit;

Le rat de ville détale;

Son camarade le suit.

Le bruit cesse, on se retire:
Rats en campagne aussitôt
Et le citadin de dire:

"Achevons tout notre rôt !"
"C'est assez," dit le rustique;
"Demain vous viendrez chez moi.
Ce n'est pas que je me pique

De tous vos festins de roi.
Mais rien ne vient m'interrompre,
Je mange tout à loisir.
Adieu donc. Fi du plaisir

Que la crainte peut corrompre !"

LA MACHINE A VAPEUR.

La machine à vapeur, perfectionnée au milieu du dernier siècle par l'Anglais Watt, est employés aussi bien pour fabriquer des aiguilles que pour forger les ancres des plus grands vaisseaux. Voici une courte explication qui donnera une idée générale de la cause des effets merveilleux de la

vapeur.

L'eau changée en vapeur, lorsqu'elle est fortement chauffée, a une force d'autant plus considérable que la chaleur est plus grande. Si une

son

marmite était parfaitement fermée par couvercle, l'eau renfermée dans la marmite, changée en vapeur, soulèverait ce couvercle, quand même on l'aurait chargé du plus grand poids, ou bien le vase éclaterait. C'est à l'observation de ce fait qu'on doit l'invention de la machine à vapeur que nous employons maintenant à pousser rapidement les vaisseaux sur la mer, à traîner les voitures sur les chemins de fer

avec une vitesse bien supérieure à celle d'un cheval au galop. On a donné le nom de bateaux à vapeur aux navires qui sont poussés par une machine à vapeur, quoique la plupart de ces navires ne soient pas des bateaux, et qu'ils méritent plutôt le nom de vaisseaux à cause de leur grandeur. Appliquées à l'industrie, les machines aident l'homme dans une foule de fabrications diverses.

CHRISTOPHE COLOMB.

La découverte du pauvre géographe de Cordoue fut l'entretien du monde. Colomb ne laissa ni enfler son âme par ces honneurs décernés à son nom, ni humilier sa modestie par les jalousies qui commençaient à s'élever autour de sa gloire. Un jour qu'il avait été invité à la table de Ferdinand et d'Isabelle, un des convives, envieux des honneurs décernés au fils d'un cardeur de laine, lui demanda astucieusement s'il pensait que nul autre que lui n'aurait découvert cet autre hémisphère dans le cas où il ne serait pas né. Colomb ne répondit point à la question, dans la crainte de dire trop ou trop peu de lui-même. Mais prenant un œuf entre ses doigts, il s'adressa à tous les convives, et les invita à le faire tenir sur un bout. Nul n'y put parvenir. Colomb alors écrasa l'œuf par une des extrémités, et, le posant sur son oval brisé, montra à ses rivaux qu'il n'y avait aucun mérite dans une idée si simple, mais que nul cependant ne pouvait la soupçonner, avant qu'un premier inventeur n'en eût donné l'exemple aux autres; renvoyant ainsi à l'inspirateur suprême

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