BELGE, RÉDIGÉ PAR UNE SOCIÉTÉ DE GENS DE LETTRES. Aimons notre pays, la liberté, la gloire: TOME TROISIÈME. BRUXELLES, De l'Imprimerie de WEISSENBRUCH, Imprimeur du Roi 1818, MERCURE BELGE. POËSIE. EPITRE A M. L*****, D'UNE libre et douce existence Les beaux vers, la noble éloquence peu finance; C'est un grand tort, je le sais bien: Qui n'est pas toujours la raison, Déjà ma Muse en léthargie A ce signal, j'ai vu s'enfuir Dans ma retraite il n'est resté Que la douleur de l'insomnie, Dont le bâillement répété Fait passer sa langueur dans mon ame assoupie. Mais quelle tempête soudaine A banni le silence, et fait trembler le lit Les rapides enfans du Nord S'attache aux bords de mon toft solitaire, Et réfléchit dans ses cristaux De Phœbé la pâle lumière. Dans mon affreuse anxiété, O mon ami! Je cours bien vîte Au pied de ses autels l'effroi me précipite. Mais il n'importe, je vous quitte; O fille du Dieu d'Epidaure! Toi que l'homme intrépide et faible tour-à-tour, Lorsqu'ils croyoient chanter l'Amour, Mère des vrais plaisirs, fraîche et brillante Hygie, Étends sur mon front sans couleur Ce vermillon qui rit sur ta joue arrondie! L'aliment le plus simple est pour moi le meilleur; Un seul moment, de grâce, ô chère Déité ! Appelle en soupirant la tendre volupté ! |