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jour que il fera lanniversaire le signeur Renaus devant dit, et li oir le segueur Renaut mon fil on retenu en lor mein le ban et la justice de ceste aumosne et l'amende si elle i escheoit. Et pour se que se soit ferme chose et tenue de moi et de mes oirs et des oirs le segneur Renaut mon fil jou et fait saeler ses lettres de mon sael en tesmongnage. Ses lettres furent saelees et donnees en lan que li miliaires corroit par mil et dous sans et quarante sis ans es mois de novembre. (Cartul. ms. de Belval,, p. 26).

No 2

9 junii 1303. Vaudieulet, 1 liasse, cotté 00-26. Redemptio 22 libratarum terræ contra Moniales de Rosariis a Religiosis Bellevallis facto.

Universis presentes litteras inspecturis, Alosa Dei patientia abbatissa de Rosariis, cistertiensis ordinis, remensis dyocesis et ejusdem loci conventus, salutem in Domino.

Noverint universi quod nos recepimus et nos bene et legitime recepisse recognovimus a religiosis viris... abbate et conventu monasterii Bellevallis, ordinis Premonstratensis, Remensis dyocesis, tricentas libras turonenses cum trigenta libris turonensibus pro viginti duabus libratis terre quas vir venerabilis Balduinus de Autreyo quondam archidiaconus Stadiensis in ecclesia Cathalaunensi nobis et ecclesie nostre predicte pro remedio anime sue legavit in testamento suo seu ultima voluntate sua super waingiagio et redditu ville de Vallibus in Dueleto quas dictas viginti duas libratas terre dicti religiosi viri abbas et conventus monasterii Bellevallis poterant a nobis redimere mediante dicta pecunie summa quotiescunque sibi placuerit et visum fuerit expedire, prout in testamento dicti venerabilis viri domini Balduini de Autreyo quondam archidiaconi Stadiensis in ecclesia cathalaunensi plenius continebatur etc...... Et hec solutio dicte pecunie summe facta fuit in presentia Clarembaudi Anceleti, servientis regis Francie, Ponceleti prepositi de Chalerengiis, Jacquemini dicti Hachet, armigeri, dominorum Johannis et Petri capellanorum in Ecclesia de Roseriis, et Johannis de Montois, clerici fidelis curie domini Remensis ecclesie archidiaconi notarii. In cujus rei testimonium presentibus litteris sigillum nostrum duximus apponendum. Datum anno Domini M.CCC. tertio, die dominica post Octavas Trinitatis. (Cart. ms. de Belval, p. 59). H. VINCENT.

AU SEIZIÈME SIÈCLE'

III

HENRI II

La prospérité de la ville de Troyes atteignit son apogée sous le règne de Henri II. La contrée dont elle était le centre jouissait d'une aisance qu'elle n'avait pas connue depuis des siècles. Dans la ville comme dans les villages environnants, on élève des églises, on les restaure, on les décore de vitraux peints et de statues; on construit dans la ville des hôtels en pierre et des maisons en bois décorées de sculpture; toute une pléiade de peintres et de sculpteurs, qu'on appelle alors des tailleurs d'images, est occupée à ces travaux. La plupart ont été appelés à seconder les grands artistes italiens qui ont décoré le palais de Fontainebleau; ils en ont rapporté les principes et la pratique d'un art nouveau. Parmi eux se trouvent des peintres et des sculpteurs de race troyenne, appartenant à des familles où les fils suivent, de génération en génération, la profession de leur père, tels que les Pothier et les Cordonnier; mais celui qu'ils reconnaissent comme leur maître est un italien, qui s'est fixé à Troyes. Dominique Florentin, c'était son nom, avait travaillé avec la plupart d'entre eux à Fontainebleau, où il se trouvait en 1539, à l'époque du passage de Charles-Quint; collaborateur du Primatice, à la fois peintre, sculpteur, architecte et graveur, il paraissait désigné plus que nul autre à diriger les préparatifs de l'entrée de Henri II.

C'est lui qui est, en effet, chargé de conduire « les ouvrages, singularitez et besognes » que l'échevinage juge à propos de commander pour cette circonstance'. Il a la haute-main sur

1. Voir la livraison de juin 1880, p. 257-277.

2. Cte de Laborde, les Comptes des bâtiments du roi, I, p. 136.

3. Voir mon mémoire sur Dominique Florentin, sculpteur du seizième siècle. Paris, Plon, 1877.

4. Compte de la dépense du roy Henry et de la reyne à Troyes. Archiv. munic, K. 8.

les peintres', sur les menuisiers, sur les charpentiers. L'échevinage a décidé que six échafauds seraient élevés sur le parcours du cortége. Le charpentier Jehan Peschat, qui s'en est chargé doit les faire suffisamment « larges, spacieux et bien assurés. » Les peintres sont appelés pour décorer des toiles qui doivent les garnir et les recouvrir, pour peindre les écussons qui seront posés contre les édifices publics, pour orner de fleurs de lis les enseignes de la milice. Les tailleurs d'images vont chercher dans la grange, où il git entouré de foin, le preux Hector, dont la tête est tellement endommagée qu'elle ne peut plus servir, et un Atlas, qui est sans doute le Samson d'autrefois que le goût croissant de la mythologie a métamorphosé de la sorte. On construit aussi un cheval, un Pégase, dénommé le Cheval de Pegasus, et qui doit figurer sur un échafaud en face l'hôtel de la Cloche. Et c'est un artiste du plus grand talent, François Gentil, l'émule de Dominique, qui est appelé à « raccoutrer» et à refaire ces effigies; il sculptera la tête d'Hector; il taillera une main de bois pour Atlas; il travaillera au cheval avec Nicolas Dauge, René Senequin et Thienot Blampignon; il réparera également l'ange de l'Annonciade, qui s'élève au-dessus

1. Marché du 12 avril 1548, par les maire et eschevins de la ville de Troyes. Cejourd'huy a esté convenu et marchandé à Jehan Peschat le jeusne, charpentier demeurant aud. Troyes, de faire et parfaire de son mestier de charpentier et livrer boys et trappans pour six eschaffaulx pour mettre dessus quelques honestetez et joyeuses choses pour la nouvelle entrée du Roy et de la Royne, qui se fera de brief en ceste ville, et iceux eschaffaulx faire assez larges et spacieulx bien assurez assez, ung devant les trois testes pour y mettre des chantres et une bergerye, ung audevant l'hostel de la cloche pour y mettre ung cheval, ung au marché du bled, ung en l'étappe au vin, ung audevant l'ostel de la Hache, et ung autre à la porte du Belfroy; pour la façon desquelz et livrer boys que led. Peschat reprendra après les monstres faictes, et moyennant ce sera payé aud. Peschat la somme cinquante-deux livres dix solz par le sire Jehan Le Tartier, commis au payement des affaires de lad, nouvelle entrée. Signé Peschat. Boyau. Arch. de Troyes, A. A. 44, 1.

2. Voici les salaires que recevaient alors les peintres et les imagers. Dominique Florentin, 30 sous; François Gentil, 15 s.; Nicolas Dauge, 12 s. 6 d.; les peintres Erardot, Guyot et Jehan Cautelle, Guillemin et Michel Charonot, Jacques Cochin, Nicolas Cordonnier, Jehan Gendret, Pierre Lambert, Jacques Parrot, François, Jacques, Loys, Nicolas et Pierre Pothier, Jehan Tailliet et Michel Thays, chacun 10 sous, ainsi que l'imager Pierre Senequin; les imagers Jehan Rousseau, Thienot Blampignon, Charles Colin, Edmey Huot touchent, le premier 8 sous, les autres 7 sous 6 deniers. Les peintres Guyot Drouynot, Jehan Eustache, Nicolas Fagot, Erard Regnault, Gauthier Sancey, Jehan et Pierre La Tasche sont payés six sous tournois. Le sou vaut alors environ 80 centimes de nos jours.

de la porte du Belfroi, en lui remettant deux ailes, un rouleau, un sceptre et une main'.

On lui confiera une tâche plus digne de lui, lorsqu'on lui demandera le modèle du présent que l'on doit faire à la reine. Dominique est chargé de celui qu'on doit offrir au roi. Tous deux le font en bois estoffé, c'est-à-dire peint. Gérard Vierrey, Loys et Nicolas Pothier', sont appelés à peindre ces modèles et à les dorer. L'orfèvre Henryet Boulanger est chargé de la façon des présents; on lui paie 282 1. 5 s. t. pour ce travail, et le prix de l'argent qu'on emploie dépasse 1000 1.".

Pendant qu'on prépare ces pièces d'argenterie, où, grâce à Dominique, se trouvait peut-être un reflet du talent de son compatriote Cellini, on dresse de toutes parts des échafauds. dans les rues. Comme de coutume, on construit une fontaine devant l'hôtel-de-ville, et cette fois trois vertus la décoreront. Une porte de triomphe, ornée de douze colonnes à chapiteaux sculptés, s'élève sur « l'Estappe au Vin'. »>

Les rues sont garnies de lierre, d'écussons, d'inscriptions placées sur des tableaux. On y voit l'arbre des douze pairs, où les douze pairs, accompagnés de leur écusson, ont sans nul doute remplacé les rois qu'on fit voir à Charles VIII, et les reines qu'on montra à Eléonore d'Autriche. Un jardin rempli

1. A Françoys Gentilz pour avoir fait deux esles à l'ange de l'Annonciade du Belfroy, ung sceptre, un main, le roulyau dud. ange et racoustrer les dois de Hector de Troyes qui estoient rompuz, la somme de xxx s. t. Compte de Jehan Morise, commis pour le paiement des matières et ouvrages pour l'entrée du Roy. Arch. mun., anc. fonds, 55, pièce 32.

2. ..... à Loys Pothier, painctre demeurant aud. Troyes, la somme de quatorze livres tournois pour plusieurs estoffes et dorures d'or fin et d'argent pour la modelle du don faict au Roy... Le peintre Nicolas exécuta un portrait du présent fait à la royne. Compte K. 8.

3. Un procès fut intenté à Henryet Boulanger, lors de la livraison. Les jurés de la corporation et les essayeurs de la monnaie furent chargés de faire une expertise. On trouva au titre l'argent des « trois personnages qui se trouvaient dans le présent du roi,» mais les manteaux et les chapeaux de triomphe étaient d'un titre un peu inférieur. Pour le présent de la reine, on signala quelques malefaçons. L'orfèvre dut remédier à ces défectuosités. Arch. m., a. f., 55, pièce 28.

4. A Robert Bonamy tailleur pour avoir taillé deux chappiteaux pour la porte de triomphe de l'Estappe au Vin, 50 s. t. Arch, mun., anc. f. 55, pièce 32.

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5. A Nicolas le Cordonnier et Jacques Passot pour treize tâbles d'atente qu'ilz ont escriptes à vi s. t. la pièce. Anc. fonds, layette 55, pièce 32. 6. A Nicolas Pothier, pour deux coronnes pour deux enffans de l'arbre des douze pers, l'une du Roy et l'autre du conte de Champaigne. — Ibidem.

de bergers, au milieu desquels se trouve le dieu Pan', est disposé devant les trois têtes. C'est, sans doute, un des mystères que l'on charge maistre Josse de Lespée, de Reims, de « mener et de conduire. »

Le goût des mystères est plus vifque jamais à Troyes. En 1540, on avait joué le mystère de la Vengeance de Notre-Seigneur, dont la représentation avait duré six semaines. En 1541, on célébra ceux de Saint-Loup et de la Sainte-Hostie3. Il y avait aussi à Troyes de joyeux compagnons qui, sous le nom de sots, contribuaient au plaisir du public. Les mystères auxquels présida Josse de Lespée n'avaient aucun caractère sacré. Il groupa sans doute les bergers du jardin et le dieu Pan, qui était en bois; il contribua également à l'arrangement des trois mannequins de bois, qui représentaient les enfants de Henri II et de Catherine de Médicis, François, Elisabeth et Claude'. On n'avait rien trouvé de mieux que de les faire habiller par un couturier, de mettre aux filles des chevelures postiches, dont le loyage coûta 5 sous tournois », et de les coiffer de bonnets, afin que l'illusion fût plus complète. Enfin Josse de Lespée s'occupa sans doute de l'engin qui devait faire descendre du haut de la porte du Belfroy la belle fille chargée d'offrir au roi et à la reine un lis d'argent et un cœur d'or".

Ce fut le neuf mai 1548 que le roi et la reine arrivèrent devant cette porte. Ils avaient l'intention de visiter une partie des villes de leur royaume, et Troyes, l'une des premières, fut appelée à l'honneur de les recevoir. Selon l'usage, les magistrats municipaux les attendaient; selon l'usage, ils s'étaient.

1.

pour avoir faict la chevelure et la barbe du dieu Pan, lequel estoit aux jardins avec les bergers, 15 s. t. Arch. mun., a. f., 55.

2. A maistre Josse de Lespéc, dem à Reims, la somme de soixantedouze livres dix solz tornois à luy accordée d'avoir ordonné, conduict et faict plusieurs secretz, singularitez et enrichissemens pour ladicte entrée. Compte K. 8. Voir aussi A. A. 44, I.

-

3. Recueils de Sémilliard, III, 136. En 1553, Jacques Langerot, joueur d'histoires et de moralités, de Troyes en Champagne, donnera des représentations à Draguignan. Rec. des Soc. savantes, 6o série, t. III, p. 445.

4. François, né en 1544, fut depuis François II; Elisabeth, née en 1545, épousa Philippe II, roi d'Espagne; Claude, née en 1517, devint par son mariage duchesse de Lorraine. Art de vérifier les dates, I. 644.

5. Mém. de Martin Fergent.

Arch. mun. A. A. 44.

6. A Jehan Chevry, orfevre dem. à Troyes, la somme de trente-huict livres 17 s. 6 d. pour un liz d'argent et un cueur d'or presentez ausd. s et dame à leur d, entrée...... Pour dix sercles de fil de letton pour devaler la fille qui fera le present au roy..... Anc. fonds, 55, pièce 32.

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