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« Outre ce casque il y avait deux phalères en bronze: l'une est d'un travail ajouré de la même facture que la plaque du casque, les dessins ici sont des spirales entrelacées. L'autre phalère est pleine; son centre en forme de bouton creux a, incrustée en son milieu, une croix en or circonscrite dans un anneau du même métal.

En même temps que cette curieuse découverte nous est signalée, M. Fourdrignier a exhibé un autre casque provenant d'autres sépultures qu'il a également explorées. Cette autre coiffure se compose encore de vingt-six cocardes ayant une grande analogie avec les cocardes du casque de la Gorge-Meillet.

« Le même savant place sous les yeux de M. le ministre et des assistants les restes de ces coiffures qu'il a recueillies; il appuie les explications qui viennent d'être données, de grandes planches qu'il a dessinées. L'une représente le casque de Berru, et les trois autres les casques de la Gorge-Meillet, de Cuperly et de Thuizy, suite de ses heureuses découvertes dans la Marne. On se souvient de la lecture faite à la Sorbonne en 1877 par M. Fourdrignier à propos de sa double sépulture de la Gorge-Meillet qui, par sa restitution in situ de la tombe, telle qu'il l'avait trouvée, eut un si grand succès en 1878 au Trocadéro.

On sait que le casque de Berru, le premier découvert en Champagne l'a été par M. de Barthélemy. En dehors des communications faites par lui à la Sorbonne, M. Fourdrignier s'est rendu à la Société d'anthropologie, et a fait une communication sur les doubles sépultures de Thuisy et sur les casques coniques, qui a valu à l'auteur les félicitations de M. Henri Martin, de l'Institut.

La Société nationale des Antiquaires de France a, dans sa dernière séance, entendu la lecture d'une notice rédigée par M. l'abbé Lucot, archiprêtre de Châlons, sur Jeanne d'Arc. Ce travail a pour but de faire connaître une annotation intercalée dans un feuillet de garde au manuscrit 10579 de la Bibliothèque qui est un ordo ou coutumier de l'église de Châlons. Ce manuscrit qui avait appartenu à Etienne de Givry, évêque de Troyes, fut donné à l'église de Châlons, le 24 janvier 1426 par l'évêque Jean de Sarrebruck.

L'auteur anonyme de la note en question vivait, d'après son écriture, au commencement dụ xve siècle; il fait remarquer que la fête de l'Annonciation tombe, en 1429, le Vendredi-Saint et que cette rencontre, d'après la croyance publique, coïncidait avec de grands événements; il cite à l'appui de cette croyance les exploits de Jeanne d'Arc et donne quelques détails sur son passage en Champagne et sur le sacre du roi à Reims.

LETTRE SUR UNE FABLE DE LAFONTAINE.

Il n'est certainement, monsieur, aucun de vos lecteurs qui ne connaisse la fable de La Fon

taine, intitulée la Laitière et le Pot au lait; mais peu d'entre eux savent peut-être que c'est dans les récréations et joyeux devis de Bonaventure des Perrier, valet de chambre de la reine de Navarre, sœur de François Ier, qu'il a trouvé le sujet de cette fable si jolie, si recommandable par le ton d'enjouement et l'aimable naïveté qui y règnent.

Ils ne seront pas sans doute fâchés de voir ici la copie rapprochée de l'original. Au reste, le but de ce parallèle n'est point d'affaiblir la gloire de ce grand homme. Je ne suis pas du nombre des détracteurs des écrivains du siècle de Louis XIV, ni de ces furets qui s'enterrent dans la poussière des bibliothèques pour tâcher d'y faire quelque découverte qui leur procure le frivole mérite de crier au plagiat contre des auteurs célèbres. Je saurai toujours distinguer l'homme de goût qui tire parti de la perle qu'il a ramassée sur le fumier, du copiste servile, du geai superbe qui se pare grossièrement des plumes du paon, c'est à mon avis parce que nous n'imitons pas assez les sublimes modèles de l'antiquité et les grands écrivains du siècle d'or de notre littérature, que les lettres se trouvent réduites aujourd'hui chez nous à cet état de langueur où nous les voyons. Si La Fontaine eût pu être imité comme il a su imiter lui-même, nous n'éprouverions pas tant d'ennui ni de dégoût, lorsque par malheur nous tombons sur quelques-uns de ces nombreux recueils de fables et de contes insipides qui ont paru depuis lui jusqu'à nos jours. Je reviens à mon objet, et je commence par traduire le texte de La Fontaine.

LA LAITIÈRE & LE POT AU LAIT

Perrette sur sa tête ayant un pot au lait

Bien posé sur un coussinet

Prétendait arriver sans encombre à la ville.
Légère et court vêtue, elle allait à grands pas,
Ayant mis ce jour-là, pour être plus agile,
Cotillon simple et souliers plats.

Notre laitière ainsi troussée,

Comptait déjà dans sa pensée

Tout le prix de son lait, en employait l'argent;
Achetait un cent d'œufs, faisait triple couvée.
La chose allait à bien par son soin dilligent.

Il m'est, disait-elle, facile,

D'élever des poulets autour de ma maison :
Le renard sera bien habile,

S'il ne m'en laisse assez pour avoir un cochon.
Le porc à s'engraisser coûtera peu de son,
Il était quand je l'eus de grosseur raisonnable;
J'aurai, le revendant, de l'argent bel et bon.
Eh! qui m'empêchera de mettre en notre étable
Vu le prix dont il est une vache et son veau,
Que je verrai sauter au milieu du troupeau.
Perrette là-dessus saute aussi, transportée.
Le lait tombe, adieu veau, vache, cochon, couvée ;

La dame de ces biens, quittant d'un œil marri

Sa fortune aussi répandue

Va s'excuser à son mari,

En grand danger d'être battue.

Le récit en farce fut fait

On l'appela le pot au lait.

Voyons comment ce sujet se trouve traité dans les récréations de des Verriers.

Comparaison des alchimistes à la bonne femme qui portait une potée de laict au marché.

:

Chacun sait que le commun langage des alchimistes est qu'ils se promettent un monde de richesses et qu'ils savent des secrets de nature que tous les hommes ensemble ne savent pas; mais qu'à la fin tout leur cas s'en va en fumée, tellement que leur alchimie se pourrait plus proprement dire, art qui mine; et ne les saurait en mieux comparer qu'à une bonne femme qui portait une potée de lait au marché, faisant son compte ainsi qu'elle la vendrait 2 liards, de ces 2 liards elle achèterait une douzaine d'œufs, lesquels elle mettrait couver et en aurait une douzaine de poussins ces poussins deviendraient grands, elle les ferait chaponner ces chapons vaudraient 5 sols la pièce ce serait un écu et plus, dont elle achèterait 2 cochons måle et femelle, qui deviendraient grands et en feraient une douzaine d'autres, qu'elle vendrait 20 sols la pièce, après les avoir nourris quelque tems: ce serait 12 francs dont elle achèterait une jument, qui porterait un beau poulain; lequel croîtrait et deviendrait gentil; il sauterait et ferait hin; et, en disant hin, la bonne femme, de l'aise qu'elle avait en son compte, se prit à faire la ruade que ferait son poulain, et en la faisant sa potée de lait va tomber, et se répandit toute; et voilà ses œufs, ses poussins, ses chapons. ses cochons, sa jument et son poulain tous par terre: ainsi, les alchimistes, après qu'ils ont bien fournayé, charbonné, lutté, soufflé, distillé, calciné, congelé, fixé, liquéfié, vitrifié, pétrifié, il ne faut que casser un alambic pour les mettre au compte de la bonne femme.

Nous lisons dans les comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, en 1879 (IVe série, tome VII, p. 264):

M. de Longpérier communique à l'Académie une note sur un vase d'argent antique, appartenant à la riche collection de M. le baron R. Seillière. Ce vase, trouvé en Champagne, dans un champ qu'on labourait, est en forme de coupe profonde, presque hémisphérique, et est muni, un peu au-dessous de l'orifice, d'un rebord de trois centimètres, décoré de figures en relief: six paires d'animaux, alternant avec six têtes humaines de profil. Ce système d'ornementation relie le vase à d'autres ustensiles, de la même catégorie, trouvés sur divers points de la France, notamment à Caubiac, près Toulouse, à Berthonville, près Bernay, etc. Les marques de profil qui, au nombre de six, sont dis

tribués symétriquement sur le rebord, offrent une analogie sensible avec les têtes qui se voient sur une grande quantité de tétradrachmes frappés en Asie-Mineure pendant le 1er siècle avant notre ère, et donnent lieu à une utile comparaison. M. de Longpérier pense que le transport à Rome des trésors d'Attale, roi de Pergame, a exercé une grande influence sur l'art de l'Italie et de la Gaule. La coupe présente, sous le pied et sous le rebord, diverses inscriptions tracées à la pointe. En cursives: TITI DVRI et REGI VENETIANI; ce dernier nom a été écrit avec plus de soin, sous le rebord, en capitales de cette forme que les Gaulois avaient rapportées de leurs italiques. Le nom de la famille Regia est connue depuis longtemps par une inscription d'Antibes.

Le surnom Venetianus ne doit pas être pris pour un ethnique ni confondu avec Venetus. C'est un dérivé de Venetius, nom de famille assez rare, mais dont l'existence est cependant attestée par une inscription recueillie près de Ravennes, dans laquelle figure Caius Venetius, fils de Publius. La précieuse coupe de M. le baron Seillère a été l'un des ornements de l'Exposition de 1878, et M. de Longpérier se propose de publier un mémoire spécial à son sujet.

Nous signalons dans le numéro 13 de la Semaine religieuse de Reims, une étude de notre collaborateur, M. Jadart, sur l'église Notre-Dame de Revin (Ardennes), monument très-intéressant du commencement du xviie siècle, où l'on remarque de très-belles boiseries sculptées.

Le dernier numéro de la Revue de Goële contient la suite de l'histoire de Nanteuil-le-Haudoin.

MM. de Bouteiller et de Braux viennent de publier un second volume des Recherches sur la famille de Jeanne d'Arc; il renferme notamment des enquêtes généalogiques des plus intéressantes faites à la fin du xve siècle, et qui concernent tout particulièrement notre province, puisque celle de novembre 1476 a été dressée par les officiers de la prévôté de Vitry à Sermaize, Faveresse et autres villages environnants. Les auteurs ne tranchent pas la question de l'origine lorraine ou champenoise de Jeanne. Ils constatent cependant que Jacques d'Arc était né à Ceffonds, près de Montiérender en Champagne, où existe encore la maison d'Arc» et où des titres originaux prouvent qu'elle a appartenu au xve siècle à Jean d'Arc, demeurant à Domrémy. La famille d'Isabeau Romée, au contraire, était de Vouthon, dans le Barrois mouvant, près Gondrecourt. A ce propos, MM. de Bouteiller et de Braux ont fait une asez curieuse découverte, c'est que le nom de Romée n'était nullement un nom patronymique, mais un surnom

absolument personnel à la mère de la Pucelle, provenant sans doute de quelque pélerinage à Rome : ses frère et sœur sont, comme souvent elle-même, appelés de Vouthon ». Nous ne saurions trop signaler cette publication qui fournit de nombreuses corrections à faire dans tous les ouvrages qui, jusqu'à ce jour, ont traité des origines de Jeanne d'Arc.

Château de Thugny (Ardennes), appartenant à M. le comte de

Moreton de Chabrillan.

Portraits:

D'Antoine Crozat, peint par Hippolyte Rigaud.

Marie Legendre, femme d'Antoine Crozat, peinture attribuée à Chardin.

Louis-Antoine Crozat, baron de Thiers, peint par Vanloo.

Le comte d'Evreux, en costume de guerre, peinture de l'école française.

Portrait de l'abbé Carpentier, peinture de l'école française.

Le comte de Montmorency, peinture attribuée à Hippolyte Rigaud. cadre ovale.

La comtesse de Montmorency, peinture attribuée à Hippolyte Rigaud, cadre ovale.

Portrait de A. de Montmorency, baronne de Thiers, peinture ovale de l'école française.

Portrait de la comtesse de Béthune, peint par L. Tocqué, cadre carré. Portrait en pied du roi Louis XIV, en costume romain, peinture attribuée à Lebrun, cadre carré.

Portrait du duc de Choiseul, portrait attribué à Vanloo.

* *

Parmi les monuments religieux que recommande dans la contrée le mérite de l'art, se place l'église de La Neuville-au-Pont (Marne), dont la fondation remonte à la fin du XIe siècle. Quoique les ravages du temps et les mutilations du vandalisme révolutionnaire aient détruit une partie des ornements distincts du style ogival, le temple conserve encore assez de vestiges de son caractère primitif pour fixer l'attention des archéologues. Aussi, les prêtres qui se sont succédé dans la paroisse se sont-ils tous montrés jaloux de provoquer des restaurations facilitées d'ailleurs par le sentiment du beau chez les intelligents ouvriers de la localité. Rien n'a arrêté cet élan, ni les malheurs de l'époque, ni les fléaux dont le sol a été frappé, ni la médiocrité des ressources. Persuadés que les défaillances ne doivent point paralyser les œuvres de Dieu, et qu'en dépit des obstacles, une confiante initiative obtient toujours un résultat, nos prêtres n'ont jamais laissé leur charité inactive, et chacun a la consolation devant le Seigneur de

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