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tures ouvrent de nouvelles perspectives. La question des flèches à tranchant transversal fournit en abondance les documents propres à faciliter la solution de difficultés si longtemps discutées parmi les archéologues. Enfin le chapitre des parures signale la série importante des ornements personnels en usage à l'époque de la pierre polie. De nombreuses gravures, dues à un des meilleurs artistes, d'après les dessins de l'auteur, sont intercalées dans le texte et représentent des objets inconnus ou inédits. J. H.

L'ENSEIGNEMENT POPULAIRE A CHARLEVILLE, depuis sa fondation jusqu'à nos jours. LES SEURS DEVANT LE CONSEIL MUNICIPAL DE CHARLE

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VILLE, par Ad. Bourée. Charleville, Typographie A. Pouillard, 1879, in-18 de 36 pages.

Cette petite brochure qui ne s'appuie que sur des faits exacts et des pièces authentiques, nous retrace en termes précis et clairs l'origine de l'instruction populaire à Charleville.

Publié à l'occasion de l'expulsion votée le 26 juillet dernier, par le conseil municipal de Charleville, des sœurs de l'enseignement populaire pour les enfants des classes laborieuses qui leur était confié depuis deux cents ans sans interruption, cet écrit nous montre Idelette de Morel fille du premier magistrat de la cité, renonçant au monde pour se vouer, dès son jeune âge, aux œuvres charitables et à Tadoption des orphelins pauvres; fondant d'abord un orphelinat, puis, sur les sages avis d'un vénérable chanoine de Reims, l'abbé Rogier, le transformant bientôt en établissement d'éducation pour les enfants pauvres.

Un an à peine s'était écoulé que déjà plus de 400 enfants fréquentaient l'école fondée par Mlle de Morel.

Dès 1689, le duc de Mantoue, souverain de la ville, allouait à Mlle de Morel une provision de bois, puis en 1701, il y ajoutait une rente de 200 livres, et en 1694, il donnait à l'Institut l'existence légale à la condition notamment que « les Dames de la Providence se voueraient à perpétuité à l'instruction gratuite et publique de la jeunesse de Charleville et de ses dépendances. »

L'auteur nous apprend comment, en 1792, ces saintes filles, qui, pour donner l'instruction et l'éducation aux enfants des classes laborieuses, avaient renoncé aux plaisirs du monde et à toutes leurs propriétés, furent expulsées et dépossédées de leur maison; comment après une seule interruption de dix ans, elles ont été remises en possession de ce qui restait de leur maison et ont pu, avec leurs ressources personnelles, avec un zèle et un dévouement sans bornes, relever leur établissement de ses ruines et donner ainsi pendant deux siècles aux enfants pauvres du pays l'inappréciable bienfait d'un saine éducation.

Ce petit écrit d'une rédaction claire et concise, sans haine et sans déclamation, est un nouveau document à ajouter à ceux déjà si nombreux recueillis ou publiés dans toutes les parties de la France sur

l'origine de l'instruction populaire chez nous; il doit rester comme une des pièces les plus curieuses, et les plus décisives du procès fait de nos jours avec un certain acharnement aux congrégations religieuses; il prouve une fois de plus qu'il ne serait pas mal de mieux connaître le passé pour savoir ce que nous devons a nos pères'. »

LES CHEVALERESQUES, par Amaury de Cazanove.-AU PAYS D'HENRI IV. Paris, librairie des Bibliophiles, 1 volume in-18, 1879.

En attendant qu'une plume plus experte que la nôtre rende compte à nos lecteurs de ces vers pleins de sentiments chrétiens et chevaleresques, nous nous bornerons aujourd'hui à signaler à nos amis la publication de ce charmant volume que nous apporte le Pays d'Henri IV.

L'auteur, enfant des plaines de Champagne et des forêts de l'Argonne, a eu de bonne heure du penchant pour la poésie, il le dit dans

ses vers:

La fleur s'ouvre à l'aurore, et je devins poète

Au matin de mes jours.

Les anciens élèves du collège de Saint-Dizier n'ont pas oublié ses premiers essais, et se rappellent avec plaisir certaines compositions poétiques qui ont eu les honneurs d'une lecture publique dans les distributions de prix.

Ce petit volume, rempli de belles et bonnes pensées heureusement exprimées, a un mérite bien rare de nos jours, il peut sans danger être abandonné sur une table de salon, et lu par les jeunes filles.

L'ARCHIPRÊTRE, épisodes de la guerre de cent ans au XIVe siècle, par Aimé Cherest. 1 vol. in-8°. Paris, Claudin, 1879.

Le livre de M. Cherest vient à point pour répandre une lumière de plus sur une période de notre histoire, encore bien mal connue, quoique depuis peu de temps, MM. Luce et Quicherat lui aient consacré d'excellentes études. Le savant vice-président de la Société historique de l'Yonne s'est proposé de présenter au public un personnage qui a joué un rôle considérable pendant les cruelles années qui suivirent la bataille de Poitiers et dont la biographie n'existait pas encore. Comme il le dit, Arnaud de Cervole, dit l'Archiprêtre, n'est point un de ces hommes d'élite dont la vie exemplaire mérite par elle-même de fixer l'attention et s'impose au respect de l'historien; dans le cours de son aventureuse carrière, le mal se mélange au bien, et la renommée qu'il a conquise en son temps, celle qui s'attache à sa mémoire, est principalement due au sombre éclat de ses moins bonnes actions. Mais sa biographie n'en a pas moins le plus grand intérêt, parce que

1. Edouard Laboulaye.

elle jette un jour éclatant sur des événements importants auxquels il a pris part.

Baluze avait signalé André de Cervole; puis au xvIIe siècle, le baron de Zurlauben lui a consacré une notice devenue introuvable, analysée dans le tome XXV des Mémoires de l'Académie des inscriptions. M. Dessalles, en 1848, a écrit une courte étude dans un Annuaire de la Dordogne; M. Luce en a parlé aussi, mais trop sévèrement, suivant M. Cherest, qui vient aujourd'hui avec un travail complet, qui est en même temps une œuvre importante pour notre histoire nationale du XIVe siècle.

Arnaul de Cervole, successivement chambellan du roi Charles V, capitaine général des routiers, conseiller de Philippe duc de Bourgogne, passa son temps à batailler depuis la guerre des Compagnies en Provence (1357), jusqu'au rétablissement de la paix entre la France et la Bourgogne en 1365; il se montre en Nivernais, en Berry, en Bourgogne, à la bataille de Brignais, en Lorraine, à Cocherel. Son surnom lui venait de ce que, quoique laïque, par une inféodation au moins étrange, il jouissait du revenu de l'archiprêtré de Velines au diocèse de Périgueux; deux documents publics, dont l'un est un traité solennel entre la France et l'Angleterre, lui attribuent officiellement ce titre.

Nous ne pouvons prétendre analyser l'excellent livre de M. Cherest; il nous suffira de dire que nous avons rarement lu un travail qui nous ait plus vivement intéressé et qui renferme plus de détails absolument nouveaux. Toute la partie relative aux événements accomplis en Bourgogne et dans la portion de la Champagne limitrophe de cette province mérite d'être spécialement recommandée à nos lecteurs.

Une fois la paix rétablie, Cervole, passé au service du duc de Bourgogne, organisa une croisade vers laquelle il entraînait des bandes désormais inoccupées, partant très-dangereuses pour les campagnes. Mais une révolte éclata et l'Archiprêtre fut assassiné, comme il arrivait en Savoie, le 25 mai 1366. Les bandes réaffluèrent vers le Châtillonnais et le Tonnerrois, et le duc de Bourgogne dut prendre des mesures énergiques. Ce volume se termine par quelques pages intéressantes sur Jeanne de Châteauvillain, qui avait épousé en troisièmes noces Arnaud de Cervole.

Nous félicitons sans restriction M. Cherest et nous croyons que nos lecteurs penseront comme nous. E. DE BARTHÉLEMY.

HISTORIQUE ET DESCRIPTION DE L'EGLISE ET PAROISSE SAINT-LOUP DE CHALONS-SUR-MARNE, par M. Louis Grignon, 1 vol. in-8°. Châlons, Martin, 1880.

Nous mentionnons avec un vif plaisir une excellente publication, véritable modèle de monographie d'une paroisse urbaine. Notre collaborateur est un véritable travailleur, et son livre mérite une attention spéciale. Tout ce qui peut intéresser la paroisse Saint-Loup au point

de vue historique et archéologique y est établi avec la plus soigneuse érudition.

L'église Saint-Loup est un monument du xive siècle, dans lequel on trouve les plus curieux détails archéologiques elle présente une importance particulière parce que plusieurs corporiations avaient choisi cette église pour centre de leurs cérémonies religieuses, les drapiers-sergirs, les ouvriers cuvistes, les cultivateurs, les vignerons, qui y ont tous laissé des souvenirs. M. Louis Grignon décrit les vitraux qui sont d'origine toute moderne, les reliques qui sont nombreuses, les dalles tombales, nombreuses aussi. Les tableaux dont quelques-uns très-remarquables. Nous citerons notamment le tryptique qui jouit d'une certaine célébrité. Les volets extérieurs représentent saint Jean-Baptiste et saint Louis; à l'intérieur c'est l'adoration des Mages, réellement d'une splendide exécution. La tradition attribue cette peinture au Primatice. M Grignon, après une étude des mieux discutées, se prononce pour Hubert Van Eyck ou quelque maître de son temps et de son école. Un album dû au crayon de M. Gastebois doit paraître prochainement, reproduisant les détails les plus intéressants de Saint-Loup.

On vient de publier, à Corbeil et à Paris, une Etude sur les anciennes compagnies d'archers, arbalétriers, arquebusieurs, par L.-A. Delaunay, 1879. In-4o jésus de plus de 400 pages, imprimé sur papier vélin, orné de 54 planches gravées à l'eau-forte et de nombreuses figures tirées dans le texte.

Sous le titre modeste: Etudes, l'auteur a rassemblé ce que les archives et les musées belges et français lui ont fourni de plus curieux sur l'histoire, encore peu connue, du rôle social et politique des anciennes compagnies d'archers, d'arbalétriers et d'arquebusiers. Après une étude spéciale sur les corps de Bruges, d'Anvers, de Bruxelles et de la Hollande, il s'est particulièrement consacré à l'histoire des compagnies de Corbeil, de l'Ile-de-France et de la Champagne. Les réunions, les prix d'honneurs, sortes de fédération militaire des compagnies, ont amené l'auteur à étudier l'organisation militaire bourgeoise de l'ancien régime en démontrant, à l'aide de documents nombreux et inédits, la puissance de cette organisation militaire territoriale et l'esprit de solidarité de ces corps aguerris dont la cohésion suffisait, en cas de guerre, à maintenir l'ordre à l'intérieur du pays. Les annales de l'Arc, de l'Arbalète et de l'Arquebuse françaises sont retracées dans leurs parties principales et rattachées à l'histoire fédérative. Parmi les villes que ce livre magistral intéresse particulièrement, nous citerons Reims, Troyes, Saint Quentin, Châlons-sur-Marne, Laon, Rozoy, La Ferté, Cambrai, Nogent-sSeine, Provins, Montereau-Fault-Yonne, Amiens, Dijon, Beaune, Chauny, Mantes, Senlis, Melun, Fère-en-Tardenois, Crespy-en-Valois, Montdidier, Compiègne, Pont-Saint-Maxence, Bar-sur-Seine, Suippe, Fismes, Avize, Neuilly-Saint-Front, Péronne, Joinville, Epernay, Braisne. Villenauxe, Saint-Denis. Vailly, Noyon, Coulommiers, Brie-Comte-Robert. Vertus, Château-Thierry, Crécy-en-Brie, Avenay, Poissy, Beaumont, Bar-sur-Aube, etc., etc., dont les marches principales en 1687 et 1717 à Reims et à Meaux ont inspirés deux gravures reproduites en fac-simile. Les autres planches donnent la figuration des armes, colliers bouquets, sceaux, médaillons, jetons de présence, etc., employés dans les diverses compagnies.

Société académique de l'Aube. -SÉANCE DU 18 JUILLET 1879.

Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté.

Correspondance.

Le ministre de l'agriculture adresse un travail sur le gribouri et la pyrale, indiquant les moyens de détruire ces in

sectes.

Dons faits au Musée et à la Société. - M. Hanier, curé de Villemaure, offre un jeton de Nuremberg, en cuivre. trouvé dans le jardin du presbytère. L'Etat, par l'intermédiaire de l'architecte, donne au Musée de nombreuses pierres sculptées, provenant de la cathédrale de Troyes; l'une d'elle porte la signature de Beaugrand, sculpteur à Troyes, en 1777. M. Truelle Saint-Evron offre plusieurs lettres, une de Grosley, trois adressées à cet illustre troyen. Une de ces lettres est adressée au président Hénault, une autre est de d'Alembert à Grosley, datée du 2 mars 1782; une troisième est de M. Lebeau, poète latin; il y est question du ferrage des chevaux chez les anciens; sans décider la question, Lebeau penche pour la négative. Une autre de ces lettres est de Dom Bouquet, bénédictin, en date du 26 septembre 1745; il y donne à Grosley des nouvelles de Dom Talandier.

M. Lebrun annonce que deux autographes qui pouvaient nous intéresser viennent d'être vendus à Paris; l'un est signé de Pierre Mignard, l'autre de François Girardon; il a connu cette vente trop tard pour pouvoir les acquérir. Le même membre fait part à la société d'un don important de tableaux provenant de M1le Cottini, obtenu à la suite d'une démarche de M. Socard: ces tableaux, d'après M. Charles Blanc, sans être de premier ordre, sont dignes de figurer au musée de Troyes. Des remerciements sont votés à M. Socard, à Mile Cottini et à M. Charles Blanc. Madame Casimir Périer a donné au Musée une statue en terre cuite de Ramus. M. Nicaise offre à la Société une brochure sur le cimetière franco mérovingien de Hancourt. M. Socard annonce le don prochain d'un tableau signé de Gros.

Ouvrages reçus. - Monographie du rossignol, de M. Raspail. Le Bullelin des Agriculteurs de France consacre quelques lignes à M. Raudot, ancien membre de la Société académique. Bulletin de la Société linnéenne de Normandie, communication intéressante de M. Cotteau sur les Echinides jurassiques.

M. Vauthier lit un rapport sur le Neuf-vieux en science, à propos d'un travail sur le sang, par M. Hayem; à cette occasion le savant docteur se livre à une étude intéressante sur les globules du sang chez l'homme et les différents animaux et sur le mode d'action du fer dans la guérison de la chlorose: Il ne trouve pas de faits nouveaux dans le travail de M. Hayem, mais seulement des démonstrations plus exactes

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