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à

bien élever les Enfans; & que c'eft une affaire fort délicate. Tout homme qui pense, en eft parfaitement convaincu. Je ne m'étendrai pas non plus à faire voir en détail, que cet Ouvrage eft fort propre diriger ceux qui s'appliquent à l'Education des Enfans; que la plupart des maximes qu'on étale, n'ont rien de trop abftrait; qu'elles font claires, exactes, & faciles à pratiquer, L'eftime où eft le Livre de Mr. Locke depuis qu'il eft public, & l'ufage qu'on a déja fait des régles qu'il y propose, me difpenfent de ce travail.

Après avoir remarqué dans la Préface qui eft au devant de la prémiére Edition Françoise, que

Pag. 16.

que Mr. Locke confirme quelquefois fes pensées par des exemples familiers, j'ajoûtai que prefque tout ce qu'il a avancé dans cet Ouvrage, pourroit être aisément justifié par des expériences inconteftables. Je donnai pour exemple ce que

*S. XII. Mr. Locke dit * contre la coûtume établie dans prefque tous les Païs de l'Europe, de donner des habits trop étroits aux Enfans. Il prouve par de bonnes raifons, que c'eft le vrai moyen de leur gâter la taille. Et c'eft ce que l'expérience confirme nettement. Car dans les endroits où l'on s'eft avifé de fuivre une pratique toute contraire, les Enfans ont la taille trèsbien faite, comme il paroît

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par l'exemple des Siamois qu'on n'emmaillotte point dans leur enfance, & qui ont tous le Corps bien fait. C'est Mr. De la Loubere qui nous apprend cette particularité dans fa Relation du Royaume de Siam. Je répéterai encore ici ses paroles qui femblent n'avoir été écrites que pour appuyer le fentiment de Mr. Locke fur ce fujet. Les Siamois, * dit-il, ont* Du le Corps bien fait, ce que j'attribue principalement à ce qu'on Edition ne les emmaillotte pas dans leur Enfance. Les foins que nous prenons de former la taille de nos Enfans, ne font pas toûjours fi beureux › que la liberté qu'ils laiffent à la Nature d'achever les leurs. On peut joindre à

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Royaume de at-Siam.Tom. I. p. 80. de

cet

Hollande.

cet exemple celui des Lacede moniens, le plus illuftre & le plus fage Peuple de l'ancienne Gréce; car ils n'emmaillottoient pas non plus leurs Enfans. Les Nourrices de Lacedemone, dit Plutarque (1) dans la vie de Lycurgue, élevoient les Enfans avec une adreffe & une application toute particuliére, fans les envelopper de langes; & par ce moyen, ajoûte-t-il, elles les rendoient plus difpos de leurs membres, mieux formez, & de plus bel le & gentile corpulence, pour me fervir des termes d'Amyot.

L'un des endroits de cet Ou

vra

(1) ἦν δὲ περὶ τὰς τροφὲς ἐπιμέλειά τις μετὰ τέχνης ὡς ἄνευ σπαργάνων εκτρεφέσας τα βρέφη τοῖς μέλεσι καὶ Tois ideov ExevÕépia oliv. Plutarch. in Lycurgo p. 49% Edit. Aubrian Francofurti.

gens

vrage qui a fait le plus de peine aux Lecteurs, c'est celui où Mr. Locke prétend, qu'on devroit en toute faifon laver, tous les jours, les piés des Enfans dans de l'eau froide. Bien des fe recriérent d'abord contre une pratique qui leur paroiffoit avoir de fi dangereuses conféquences. Mr. Locke en fut averti; & prit foin dans la fuite de confirmer les raifons fur quoi il fondoit cet usage par des exemples qui font voir clairement, que les Enfans ne font expofez par là à aucun danger. Mais parce que les hommes ont de la peine à fe defaire de tout préjugé qui a été comme confacré par un ong usage, je croi qu'il ne se

ra

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