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il s'enfuit qu'il faut éviter avec foin de leur infpibattre ou de quereller fouvent les En-honte pour fans, parce que cela ne produit aucun leurs faubien qu'entant qu'il fert à leur infpirer de tes. la honte & de l'horreur pour la faute qui leur a attiré cette efpece de châtiment. Or fi la plus grande partie de leur chagrin ne confifte pas dans le déplaifir d'avoir mal fait, & dans la crainte d'avoir encouru justement la difgrace de leurs meilleurs Amis, les coups de foûet ne serviront pas beaucoup à les corriger de leurs défauts. Ce fera un bon remede fur l'heure; il fermera d'abord la playe, mais il ne touchera nullement à la racine du mal. Une honnête pudeur, & la crainte de déplairre font les feuls moyens de retenir un Enfant dans ledevoir. Les punitions corporelles au contraire ne fauroient produire cet effet, fi elles retournent fouvent; il faut néceffairement qu'en ce cas-là elles faffent perdre tout sentiment de honte; car la honte eft aux Enfans ce qu'eft aux Femmes la modeftie, qu'elles ne fauroient conferver, fi elles en violent fouvent les Loix. Quant à la crainte que les Enfans ont de deplairre à leurs Parens elle deviendra fort inutile, fi les Parens font trop prompts à s'appaifer. C'eftpourquoi il faudroit qu'avant toutes chofes les Parens examinaffent avec foin fi les fautes de leurs Enfans font affez confiderables pour meriter qu'ils leur en témoignent du chagrin. Mais

lorf

être pro

lorfque leur déplaifir a une fois éclatté ju ques à être fuivi de quelque punition, il ne faut pas qu'ils quittent d'abord la févérité de leur air, ils doivent au contraire ne les remettre dans leurs bonnes graces qu'avec quelque peine, & differer de leur pardonner jufques à ce que leur application à bien faire, plus forte même qu'à l'ordinaire, ait prouvé la fincerité de leur repentir. Si cela n'est pas réglé de cette maniére, la punition étant trop familiére, deviendra commune & ordinaire. Les Enfans fe feront à ce manege. Après une faute commife, viendra le châtiment, & auffitôt après, le pardon: cela fera auffi naturel & ordinaire, qu'il eft naturel de voir la Nuit & le Jour fe fucceder l'un à l'autre.

La réputa- §. LXII. Pour ce qui regarde la Réputation doit tion, j'ajoûterai encore cette feule remarque, pofée aux que bien que ce ne foit pas un vrai principe Enfans, de vertu (car la Vertu n'eft autre chofe quoi qu'elle ne porte la connoiffance que l'homme a de fes devoirs, pas directe- & le plaifir qu'il fent d'obeir à fon Créa

ment à la

Vertu.

que

teur, en suivant les impreffions de cette lumiére que Dieu lui a accordée avec l'efperance que fes efforts feront agréez, & lon obéiffance recompenfée) cependant la répuitation, qui, felon cette idée, n'eft pas de Peffence de la Vertu, eft pourtant ce qui en approche le plus. Comme c'eft proprement le témoignage & l'approbation que la Raifon des autres hommes donne, comme

d'un

d'un commun confentement, aux actions vertueufes & bien réglées, c'eft un des meilleurs guides & des plus puiffans éguillons dont on puiffe fe fervir pour porter les Enfans à la vertu, jusques à ce qu'ils foient capables de confulter leur propre Raifon, & de voir par eux-mêmes ce qui eft jufte & raifonnable.

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il faut cen

Enfans.

§. LXIII. Cette confideration peut diri- Commert ger les Parens dans la maniére dont ils doi- furer, & vent cenfurer, & loûër les Enfans. Lors louer les qu'ils les cenfurent, (car ils ne pourront guere éviter d'en venir là pour certaines fautes) ils devroient le faire non feulement avec retenuë, en termes graves & qui ne marquent aucune paffion mais encore en particulier & feul à feul. Au contraire, lorfque les Enfans meritent des loûanges, leurs Parens devroient les louer devant d'autres personnes. C'eft redoubler la recompenfe que de rendre ainfi les louanges publiques. D'un autre côté la repugnance que les Parens témoignent à faire connoitre leurs fautes, les engagera à mettre à plus haut prix leur propre Réputa tion, & leur apprendra à être plus foigneux de fe maintenir dans l'eftime d'autrui, pendant qu'ils croyent en jouïr; au lieu que s'ils comptent ce bien pour perdu, en se voyant deshonorez par la publication de leurs fautes, ce frein n'aura plus de pouvoir fur eux: & plus ils foupçonneront que leur réputation eft déja flêtrie, moins ils fe mettront en

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petits En

Jeux inno

cens.

peine de conferver, à d'autres égards, la bonne opinion des hommes.

§. LXIV. Mais fi l'on conduit les Enfans mettre aux comme il faut, il ne fera pas fi néceffaire de fans de s'a- recourir à ces recompenfes & à ces punitions mufer à des ordinaires, qu'on le l'immagine, & qu'on a accoûtumé de faire. Car toutes les badineries innocentes des Enfans; leurs jeux, & leurs petits amusemens; Tour cela doit leur être entiérement permis fans aucune restriction, autant qu'ils peuvent s'y abandonner fans perdre le respect qu'ils doivent à ceux qui font préfens. Ces fautes étant plûtôt attachées à leur âge qu'à leur perfonne, fi on laiffoit au temps, à l'exemple, & aux années, le foin de les en corriger, comme on devroit faire, l'on épargneroit aux Enfans beaucoup de reprimandes mal-appliquées & tout-à-fait inutiles. Car ou ces reprimandes ne peuvent vaincre l'inclination que l'âge infpire aux Enfans pour ces petits amufemens, & alors le foin qu'on prend de les en corriger à toute heure, fait que la correction leur eft trop familiere, & par conféquent inutile dans des cas d'une toute autre importance: ou bien, fi elles ont la force de reprimer la gayeté qui leur eft naturelle à cet âge, elles ne fervent qu'à leur gâter le Corps & l'Efprit. Que fi le bruit qu'ils font en badinant, eft quelquefois incommode, ou peu convenable au lieu ouà la compagnie où ils fe rencontrent (ce qui ne peut arriver que là où

font

font leurs Parens) un coup d'œeuil, ou un mot du Pére ou de la Mére, s'ils ont eû foin de faire valoir leur autorité comme il faut, fuffira pour les écarter, ou les obliger à fe tenir en repos durant tout ce temps-là. Pour ce qui est de cette humeur enjoûée que la Nature leur a fagement départie, conformément à leur âge & à leur temperament; bien loin de la gêner ou de la reprimer, il faudroit l'exciter en eux, afin de leur tenir par là, l'Esprit en mouvement; de leur rendre le Corps plus vigoureux; & de fortifier leur fanté. Je croi même que le grand art de l'Education confifte à faire aux Enfans un fujet de divertiffement & de plaifir de tous leurs devoirs.

V. On doit donner peu de regles aux Enfans. Maniere de les leur faire obferver.

§. LXV.

PER

Enfans.

ERMETTEZ-MOI maintenant de Il ne faut remarquer ici une chofe où pas charger de précepl'on manque, fi je ne me trompe, dans la tes fa memaniére ordinaire d'élever les Enfans, c'eft moire des qu'en toute rencontre on leur charge la memoire de régles & de préceptes que fouvent ils n'entendent point, & qu'ils oublient certainement auffi-tôt qu'on les leur a donnez. S'il y a quelque chofe que vous voudriez que vos Enfans euffent faite, ou bien qu'ils euffent faite autrement qu'ils n'ont fait, obligezles à la refaire, toutes les fois qu'ils l'ouF 2 blient,

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