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perfonne mangeât que ce qu'il aime, & lors qu'il a envie d'en manger) il fe trouve alors en état de refferrer ce qu'il reçoit par une forte compreffion de fes fibres, laquelle compreffion je fuppofe pouvoir probablement être continuée jufques aux inteftins, dont le mouvement peristaltique s'augmente par le même moyen, comme nous le voyons dan's la maladie nommée Miferere, où le mouvement renversé ayant commencé quelque part par le bas, fe produit enfuite lui-même durant toute la longueur des inteftins, & engage même l'eftomac à fuivre cette détermination irreguliere.

2. Ce temps-là eft encore très-commode, parce que, lors qu'on mange, on a ordinairement l'efprit libre, & que les efprits animaux étant alors comme dégagez de touté occupation, coulent avec plus de violence vers le bas ventre; ce qui eft tout à fait propre à produire l'effet que nous recherchons.

3. Parce que lors qu'une perfonne a le loifir de manger, elle a auffi tout le temps qu'il faut pour aller à la felle. Au lieu qu'autrement il feroit impoffible de fe fixer pour cela à une certaine heure, vû la diverfité des affaires & des accidens où les hommes fe trouvent engagez, & l'on en perdroit infailliblement la coûtume. Mais comme une personne qui eft en fanté, manque rarement de manger une fois par jour, en prenant ce C4 temps

temps-là pour aller à la felle, on en conferveroit la coûtume, quoi qu'on n'y allât pas toûjours à la même heure.

6. XXVII. Sur ces fondemens on en eft venu à l'experience, & je puis affûrer que je n'ai vû personne qui ayant fait regulierement ce que je viens de dire, qui eft d'avoir foin d'aller conftamment à la felle tous les matins auffi-tôt après avoir mangé, foit qu'on en ait envie ou non, & de faire quelques efforts pour mettre la nature en train, je n'ai, dis-je, vû perfonne qui par ce moyen-là ne fe foit rendu le ventre libre en peu de mois, & n'aît acquis une habitude reglée de faire une felle chaque jour auffi-tôt après avoir mangé, à moins que la chose n'aît manqué par fa négligence. Or quand on a pris une fois cette coûtume, foit qu'on se sente preffé d'aller à la felle ou non, il ne faut que fe préfenter & faire quelque effort, & l'on trouvera infailliblement la Nature toute prête à obeïr.

§. XXVIII. Je ferois donc d'avis, qu'on fit prendre ce train à un Enfant tous les jours, immédiatement après qu'il auroit déjeuné. Pour cet effet, il faut le mettre fur la chaife percée, comme s'il étoit autant en fon pouvoir de décharger fon ventre que de le remplir; & l'on doit tâcher de l'entretenir dans ce prejugé auffi bien que la Fille qui prend foin de lui. Que fi, outre cela, on l'empêche de jouer, ou de manger une feconde fois, jus

qu'à

qu'à ce qu'il aît fait effectivement une felle, ou du moins qu'il aît fait fon poffible pour cela, je ne doute pas que dans peu de temps il ne s'en faffe une habitude. Ĉar on a tout fujet de foupçonner, que les Enfans étant ordinairement fort paffionnez pour leurs petits jeux, & indifferens pour toute autre chofe, laiffent fouvent paffer ces follicitations de la Nature, lors qu'elles ne font pas fort violentes; & qu'ainfi négligeant les occafions favorables ils deviennent infenfiblement conftipez. Or que cet inconvenient puiffe être prévenu par la methode que je viens d'indiquer, je ne le conjecture pas feulement, mais je l'affirme comme une chose averée, ayant vû un Enfant qui aprés avoir pendant un certain temps obfervé exactement ce que je viens de prefcrire, s'eft fait une habitude d'aller regulierement à la felle tous les matins, après avoir dejeûné.

§. XXIX. Je ne fai s'il y aura bien des gens, un peu avancez en âge, qui veuillent en faire l'effai: mais je ne puis m'empêcher de dire, que confiderant combien il naît d'inconveniens de ce que la Nature ne fe décharge pas autant qu'il feroit néceffaire, je ne voi prefque rien qui contribue plus à la confervation de la fanté que de la fatisfaire en ce point. Pourvû qu'on aille à la felle une fois dans vingt-quatre heures, cela fuffit, fi je ne me trompe; & il n'y a perfonne, je penfe, qui s'imagine que ce foit trop or C 5

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tions il

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ner des medecines aux Enfans.

le par moyen que je viens de marquer, on peut en venir-là fans recourir à la Medecine, qui d'ordinaire n'a aucun bon remede pour guerir une conftipation fixe & habituelle. Avec quel J. XXX. Voilà tout ce que j'avois à reles précau- commander fur la maniére dont on doit ménager les Enfans dans le cours ordinaire de leur fanté. Mais peut-être attendra-t-on de moi, que je prefcrive ici quelques régles de Medecine, pour prévenir les incommoditez & les maladies auxquelles ils peuvent être fujets. Tout ce que j'ai à vous dire fur cet article, fe réduit à ceci que je vous prie d'obferver inviolablement, favoir, Qu'il ne faut jamais donner aux Enfans de medecine par précaution comme on parle, & pour prévenir les maux qui peuvent leur furvenir. La feule pratique des petits avis, que je viens de vous donner, fervira plus, fi je ne me trompe, à prévenir les maladies des Enfans, que toutes les drogues & toutes les potions des Apothicaires. Souvenez-vous d'être fort retenu fur ce chapitre, de peur qu'en voulant éloigner le mal par une medecine, vous ne l'attiricz, au lieu de le prévenir. Je dis bien plus; lors même qu'un Enfant a quelque petite incommodité, il ne faut pas fe hâter de lui donner des remedes, ou d'appeller le Medecin, fur tout fi c'est un homme qui aime à fe donner du mouvement, qui d'abord couvre toutes les fénêtres de phioles, & rempliffe de medecines l'eftomac de ses malades.

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En ce cas-là, il eft plus fûr de laiffer entiérement les Enfans à la conduite de la Nature que de les confier à un Medecin, qui ne fonge qu'à les charger de remedes, ou qui s'imagine que ces maladies ordinaires des Enfans ne fauroient être gueries par la diete, out par quelque chofe d'approchant. Pour moi, je croi (& mon fentiment eft confirmé par l'experience) que les Enfans, dont la complexion eft fi délicate, ne doivent être medecinez que le moins qu'il eft poffible, & dans une abfolue néceffité. Un peu d'eau fraîche, mêlée avec de l'Eau de fleur de Pavot rouge, qui est un remede fouverain contre les indigestions; & avec cela, prendre du repos, & s'abftenir de manger de la chair; cela feul coupe cours fort fouvent à plufieurs indifpofitions, que des remedes précipitez auroient changé en de violentes maladies. Enfin s'il arrive que le mal ne puiffe être déraciné par de petits remedes, mais qu'au contraire il augmente & dégénere en une veritable maladie, alors il fera affez temps de recourir à quelque fage & prudent Medecin, pour fuivre fes avis. J'efpere qu'en ce point on n'aura pas de peine à s'en rapporter à moi; car fous quel prétexte pourroiton fe méfier d'un homme qui a employé une partie de fa vie à l'étude de la Medecine, lors qu'il confeille de ne pas trop s'empreffer d'avoir recours à la Medecine & aux Medecins ?

§. XXXI.

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