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droits de

vie, des pensées claires & diftinctes de la Religion.

Quels en- §. CLXII. Mais puis que je fuis tombé P'Ecriture par hazard fur ce fujet, permettez-moi de on peut fai- vous dire qu'il y a quelques parties de l'Ere lire aux criture Sainte, très-propres à être mifes en

Enfans.

VII, 12.

tre les mains des Enfans pour leur faire aimer la lecture: telle eft l'Hiftoire de Joseph & de fes Fréres, celle de David & de Goliath, de David & de Jonathan, &c. & d'autres chofes qu'on devroit leur faire lire pour leur inftruction, comme eft, par exem* Matth. ple, cette maxime de JESUS-CHRIST, * Agiffez envers les hommes, comme vous voudriez qu'ils agiffent envers vous; & tels autres Préceptes de Morale, clairs & faciles à comprendre, qui étant choifis à propos peuvent être fouvent employez tant pour l'inftruction des Enfans que pour les exercer à la lecture: car par là ces préceptes venant à fe fixer entiérement dans leur memoire, l'on pourra dans la fuite, à mefure qu'un Enfant eft affez judicieux pour les bien comprendre, les lui inculquer dans des occafions convenables, comme les Régles conftantes & facrées de fa vie & de fes actions. Mais que des Enfans lifent toute l'Ecriture indifféremment, c'eft, je croi, ce qui n'eft propre qu'à les embarraffer, jufqu'à ce qu'ayant été inftruits de ce qu'elle renferme de plus effentiel, ils ayent en quel

que

que forte une idée générale des chofes qu'ils doivent principalement croire & pratiquer; quoi qu'au refte il foit, je pense, absolument néceffaire qu'ils reçoivent ces chofes dans les mêmes termes qu'elles font exprimées dans PEcriture Sainte; & non de la maniére que des Hommes, entêtez de certains Syltêmes & Analogies de Foi, prétendent les exprimer, jufques à vouloir contraindre les autres de fe fervir de leurs expreffions. Pour éviter cet inconvenient, le Docteur Wor thington a fait (1) un Catechisine dont toutes les Réponses font compofées des propres termes de l'Ecriture. C'eft une chose bien digne d'être imitée ; car enfin un tel Catechif me eft composé de paroles fi folides, qu'aucun Chrétien ne peut nier qu'il ne foit bon que

fori

(1) Nous n'avons point d'Ouvrage de cette efpéce en François. Mais pour dire ceci en paffant, il me femble qu'un Théologien peut fort bien compofer un fel Catechifme où il fera entrer tous les Dogmes de fon Parti, foit qu'ils, foient fondez, ou non fur des paffages formels de l'Ecriture Sainte. Les Réponses ont beau être tirées de l'Ecriture, la Question à quoi on les fait fervir, en déterminera toûjours le fens felon l'intention de celui qui propofe la Question, fur tout puisqu'il prend la liberté de n'inferer dans la réponfe qu'autant de paroles de l'Ecriture qu'il trouve à propos. Ainfi je doute que de tels Catechismes puiffent remedier absolument à l'inconvenient dont parle Mr. Locke, à moins qu'on n'y faffe entrer que des Articles de Foi non controverfez, que tous les Chrétiens expliquent de la même maniére. Et peut-être l'a-t-il entendu ainfi ; car au fond des Enfans ne font guere capables, fi je ne me trompe, de comprendre autre chofe dans la Réligion que ces fortes d'Arti cles.

V

Comment

Enfans.

fon Enfant commence à l'apprendre dès qu'il fait par cœur l'Oraifon Dominicale, le Symbole des Apôtres, & les dix Commandemens de Dieu. On peut lui en faire apprendre une Queftion chaque jour, ou chaque femaine, felon qu'il a la conception vive, & la memoire heureuse. Après qu'il aura bien appris ce Catechifme, de forte qu'il puiffe répondre promptement & nettement à toutes les Questions qui y font contenues, on fera bien de lui inculquer les Préceptes de Morale répandus dans la Bible, comme ce qui merite le plus d'exercer fa memoire, & qui peut lui tenir lieu d'une Régle générale dont il pourra fe fervir durant tout le cours de fa vie.

§. CLXIII. Lors qu'un Enfant fait bien il faut ap- lire, il eft temps de lui apprendre à écrire; prendre à écrire aux & pour cet effet on devroit lui enseigner, avant toutes chofes, à bien tenir la Plume, & il faudroit même qu'il le fût faire parfaitement, avant que de lui permettre de tracer aucun caractére fur le Papier. Car non feulement les Enfans, mais toutes les perfonnes qui veulent faire bien une chofe, ne devroient jamais fe trop hâter de la faire d'un feul coup, ni entreprendre de fe perfectionner en même temps dans les deux parties d'une chofe, s'il eft poffible de les apprendre feparément. Lors qu'un Enfant a appris à bien tenir la Plume, c'eft à dire, comme je croi, entre le pouce & le doigt d'a

près

près feulement; mais fur ce point vous ferez bien de confulter quelque habile Maître à écrire, ou une autre perfonne qui écrive bien & vite: Lors, dis-je, qu'un Enfant fait bien tenir la Plume, il faudroit lui apprendre à bien dreffer fon Papier, & comment il doit placer fon bras & tout le refte du corps, par rapport à la fituation du Papier. Quand il eft itilé à tout cela, le moyen de lui apprendre à écrire fans beaucoup de peine, c'eft d'avoir une planche où foient gravez les caractéres que vous aimez le mieux ; mais fouvenez-vous de faire faire la lettre un peu plus groffe que celle dont il doit écrire ordinairement, car naturellement on s'accoûtume peu à peu à écrire en caractéres plus menus que ceux qu'on avoit d'abord apris à former, & jamais en caractéres plus gros. Cette planche étant gravée comme je viens de dire, il en faut tirer, avec de l'encre rouge, plufieurs exemplaires fur des feuilles de bon Papier à écrire, de forte que l'Enfant n'aît autre chose à faire que de paffer fur ces caractéres rouges une Plume bien taillée, trempée dans de l'encre noire. Par ce moyen fa main fera bientôt accoûtumée à former ces caractéres, fi d'abord on lui montre par où il doit commencer, & comment il doit former chaque lettre. Et quand il faura bien faire cela, il faut qu'il commence à écrire fur de beau Papier. Voilà comment vous pouvez le dreffer fans peine à écrire en V 2

tel

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Maison

doit ap

tel caractére que vous voudrez.

Un Enfaut §. CLXIV. Lors qu'un Enfant écrit bien
de bonne & vite, je croi qu'il feroit à propos, non
feulement qu'il continuât de s'exercer à é
prendre un crire, mais qu'il s'appliquât auffi à la Pein-
peu à pein-
dre. ture, qui en plufieurs occafions est d'une
grande utilité à un Gentilhomme; & fur
tout, s'il voyage: car par le moyen de la
Peinture on peut fouvent représenter en peu
de traits affemblez avec art ce qu'on ne fau-
roit exprimer & rendre intelligible par un
affez long difcours. Combien un Voyageur
ne voit-il pas de bâtimens, de machines, &
d'habits particuliers, dont il peut facilement
conferver, & faire connoître aux autres la
figure, s'il a quelque adreffe à peindre? au
lieu qu'en fe contentant de représenter ces
chofes par de fimples paroles, il eft à crain-
dre qu'on n'en perde l'idée, ou du moins
qu'on n'en conferve que des images fort im-
parfaites,par les plus exactes defcriptions qu'on
en pourra faire. Mon deffein n'eft pourtant
pas de vous perfuader de faire de vôtre Fils
un Peintre parfait ; car pour parvenir à une
connoiffance fort médiocre de cet Art il faut
confumer beaucoup plus de temps qu'il n'en
refte à un jeune homme de bonne Maison,
après qu'il s'eft appliqué à fes autres occupa-
tions plus importantes. Mais je croi qu'en
peu de temps il pourra favoir autant de Perf
pective & de Peinture qu'il lui en faut pour
représenter passablement fur le Papier tout

ce

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