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Dieu Tout-Puissant, seul digne de mémoire,
Je te contemple environné de gloire,
Ceint de lumière et paré richement
De ta splendeur comme d'un vêtement.
Pour pavillon à ta majesté sainte,

Ta main forma des cieux la vaste enceinte..

Ton haut palais est d'eaux tout lambrissé,
Pour toi la nue est un char exhaussé ;
Les vents ailés, lorsque tu te promènes,
Pour te porter redoublent leurs haleines,
De ces esprits aussi prompts que légers
Quand il te plaît tu fais tes messagers;
Et, si tu veux exercer ta justice,
Les feux brûlans sont prêts à ton service.

Tu fis la terre et l'assis fermement.
Son propre poids lui sert de fondement;
Rien ne l'ébranle, et l'on la voit paraître
Telle aujourd'hui qu'au jour qui la vit naître.
Auparavant d'un grand abîme d'eau

Tu la couvrais comme d'un noir manteau.
Les eaux flottoient encor sur les montagnes
Comme elles font dans les basses campagnes.

Mais d'un seul mot, qu'il te plut proférer,
Toutes soudain tu les fis retirer;
Ta forte voix, qui forme le tonnerre,
Avec frayeur leur fit quitter la terre ;

Alors on vit mille monts se hausser,

Mille vallons à leurs pieds s'abaisser,

Tous se hâtant pour occuper la place

Qu'il t'avait plu leur marquer par ta grace.

La mer alors sous tes yeux se forma,
Et dans ses bords toute se renferma,
N'osant franchir les bornes éternelles
Qui de ses flots sont les gardes fidèles.
Entre les monts tu fis sourdre les eaux,
Tu fis partout couler mille ruisseaux,
Qui, descendant des plus hautes collines,
Vont réjouir les campagnes voisines.

Là, quand le jour commence d'éclairer,
Les animaux vont se desaltérer;
Tous à l'envi, même l'âne sauvage,
Courent en foule à ce commun breuvage.
Le long des bords de ces ruisseaux courants
On voit voler mille oiseaux différents,
Qui, se posant sous le sombre feuillage,
Font tour-à-tour entendre leur ramage.

Tu fis la lune et tu réglas son cours,
Pour nous marquer et les mois et les jours ;
Et le soleil, au moment qu'il se lève,
Sait où le soir sa carrière s'achève.
Tu couvres l'air d'un voile ténébreux,
Qui de la nuit rend le visage affreux ;
Et c'est alors que les bêtes sauvages,
Sortant des bois, cherchent les pâturages.

Le lionceau, dans son besoin pressant,
Après la proie en fureur rugissant,
A toi, Seigueur, auteur de la nature,
Pousse des cris pour avoir sa pâture.
Puis, le soleil nous ramenant le jour,
Tigres, lions, rentrent dans leur séjour;
Tous s'en revont dans leur demeure sombre.
Pour y trouver du repos et de l'ombre.

LA DEFENSE ET ILLUSTRATION

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LA LANGUE FRANCOYSE,

PAR JOACHIM DU BELLAY.

L'autheur prye les lecteurs differer leur jugement jusques à la fin du livre, et ne le condamner sans avoir premierement bien veu, et examiné ses raisons.

Ιωάννης Αὐρατὸς

Εἰς κελτικῆς γλώσσης Απολογίαν.

Εἷς οἰωνὸς ἄριστος ἀμύνεσθαι περὶ πάτρης,
Εἶπεν ὁμηρείων εὐεπίη χαρίτων.

Εν δὲ κλέος μέγ ̓ ἄριστον ἀμύνεσθαι περὶ γλώττης
Τῆς πατρίης, και γὼ φημὶ παρῳδιάων
Βελλάϊ ̓ ὡς γοῦν σεῦ πρόγονοι φιλοπάτριδες ἄνδρες
Ηκουσαν, πατρίης γῆς πέρι μαρνάμενοι.
Οὕτως καὶ πατρίης σὺ συνηγορέων περὶ γλώττης,
Κληδόν ̓ ἀεὶ σχήσεις, ὡς φιλόπατρις ἀνήρ.

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