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nus de Raymondi, de le Chevalier, de Bertram, de Wolder d'Elie Huller, d'André de Léon, de le Jay, de Walton et de Richard Simon. Pour élever ce superbe monument, le cardinal Ximénès fit des dépenses extraordinaires. Il acheta sept manuscrits hébreux qui lui coûtèrent quatre mille écus d'or. Le pape Léon X lui communiqua les manuscrits grecs du Vatican, et l'on porte à 50,000 écus d'or les dépenses qu'occasionèrent les pensions des savans, les gages des copistes, l'achat des manuscrits, les dépenses pour les voyages et les frais d'impression. Les savans qui contribuèrent à ce grand travail méritent d'être cités ici : Démétrius Ducas, Antoine de Lebrixa, Jacques-Lopez de Zuniga, Ferdinand-Nunez de Gusman, Paul Coronel, Alphonse de Zamora, et de Jean Vergara. Le cardinal ne négligea rien pour que cette entreprise fût exécutée avec la plus grande perfection. Brocario fondit des caractères exprès, comme on l'apprend dans les préfaces; il retrancha des caractères hébreux les accens, et des caractères grecs les accens et les esprits, afin de rendre l'impression plus conforme aux anciens manuscrits. Il fallait un très-grand talent pour exécuter un si beau travail dans un siècle où l'art de l'imprimerie n'était point porté à la perfection où nous le voyons aujourd'hui; aussi ce ne fut pas sans raison que l'on mit à la tête de l'ouvrage qu'il avait été imprimé : Industria et solertia honorabilis viri Arnaldi Guillelmi de Brocario, artis impressoriæ magistri. Les 4 premiers volumes, qui contiennent l'Ancien-Testament, furent imprimés en 1510; on y voit le texte hébreu, chal

déen, grec, et une version latine. Le 5 volume, qui est daté de 1514, comprend le Nouveau-Testament, imprimé pour la première fois en grec et en latin. Le 6o, qui porte la date de 1515, comprend un Vocabulaire hébraïque et chaldaïque. Le cardinal Ximénès était trèsavancé en âge lorsque cet ouvrage fut commencé; tout ce qu'il désirait, c'était d'être assez heureux pour le voir terminé. Lorsque Jean Brocario, fils de Guillaume vint lui présenter le dernier volume, il leva les yeux au ciel en disant: Gracias à Dios! que me ha dejado vida para ver el remate de una ian grande obre. «Que Dieu soit loué! puisqu'il » m'a laissé encore assez de vie » pour voir la fin d'un si grand ouvrage.» Il mourut, peu de temps. aprés. Sa mort retarda la publication de la Polyglotte; elle fut autorisée par le pape Léon X, par

un bref daté du 20 mars 1520. Il paraît qu'elle n'avait pas encore paru en 1522, lorsque Erasme donna la troisième édition de son Nouveau Testament grec. Le pontife fixa le prix de la Polyglotte en feuilles à six ducats d'or et demi, ce qui fait 40 francs de notre monnaie de ce temps-là. Comme elle est aujourd'hui devenue fort rare, son prix a beaucoup augmenté. L'exemplaire qui était à la vente de Pinelli a été acheté 11,200 francs par M. de Maccarthy, père de M. Maccarthy, aujourd'hui jésuite et orateur célèbre. Brocario, d'après la recommandation du cardinal Ximénès, obtint une pension de la reine Jeanne, dite la Folle. Il mourut à Alcala en 1535. Son fils Jean suivit la même carrière; il est sorti de ses presses un grand nombre de classiques latins et espagnols dont les éditions sont recherchées.

BROCCHI (Joseph-Marie) naquit à Florence en 1687, et embrassa l'état ecclésiastique. Il fut pourvu en 1716 du prieuré de Sainte-Marie-aux-Ormes. Il était habile théologien. L'archevêque de Florence qui connaissait ses talens, résolut de les mettre à profit pour l'éducation de la jeunesse qui se destinait à l'église dans son diocèse. En 1723, il nomma Brocchi recteur de son séminaire. Brocchi, aux connaissances théologiques en réunissait beaucoup d'autres. Il était versé dans l'histoire et dans la littérature. La société savante connue sous le nom de la Colombaria, l'avait admis parmi ses membres. Il était aussi protonotaire apostolique. Il a donné les ouvrages suivans en latin: 1° Principes généraux de théologie morale. 2° Traité sur l'occasion prochaine du péché. 3° En italien, les Constitutions du séminaire de Florence. 4° Vies des saints. 5° Descrizione della provincia del Mugello, con la carta geographica del medesimo; aggiuntavi un antica cronica della nobile famiglia da Luziano, illustrata, con annotazioni, Florence, 1748, in -4°. Le Mugello, vallée de l'ancienne Étrurie, était autrefois habitée par les Mugellins, qui faisaient partie de la nation des Ligures. Dans cette vallée était situé le château du Luziano, qui venait d'être legué à Brocchi par la dernière héritière de la maison ancienne des Ubaldini de Florence. La chronique placée à la suite de la description du Mugello, est l'ouvrage de Lorenzo di Luziano, tige des Ubaldini. Elle commence en 1366, et va jusqu'en 1408, époque de la mort de l'auteur. Brocchi l'a enrichie de Notes. Cet écrivain mourut en 1751.

BRODEAU (Julien), avocat au

parlement de Paris, était originaire de Tours. On a de lui des Notes sur les Arrêts de Louet, la Vie de Charles du Moulin, et des Commentaires sur la Coutume de Paris, 1669, 2 vol. in-folio. Il mourut en 1653.

BRODEAU (Jean), chanoine de Tours sa patrie, y mourut en 1563. Sadolet, Bembo, Manuce, Danès, et plusieurs autres savans, lui accordèrent leur amitié et leur estime. Son principal ouvrage est un recueil d'observations et de corrections de beaucoup d'endroits de différens auteurs anciens. Ce recueil, publié sous le titre de Miscellanea, 1609, in-8°,2 parties, se trouve dans le Trésor de Grutter. Brodeau joignait l'étude des mathématiques à celle des belleslettres.

BRODERICUS (Etienne), Esclavon d'origine, et évêque de Watzen, se rendit fort utile à Louis II, roi de Hongrie, qui, trop jeune et trop faible pour s'opposer aux Turcs, qui menaçaient de fondre sur son royaume, était en danger de voir tout son pays au pouvoir de ces barbares. Brodericus fut envoyé à Rome pour y demander du secours, et fut chargé en même temps de se rendre auprès de François Ier, détenu alors prisonnier, pour lui porter de la part de Louis II des motifs de consolation, et lui offrir tous les services dont il était capable. De retour dans sa patrie il fut nommé chancelier, et se trouva ensuite à la bataille de Mohatz avec le roi, qu'il ne quitta pas, et qui y périt. Après la mort de Louis II, Brodericus suivit le parti de Jean Zapol (voyez ce nom), et prêta son ministère à son inauguration. Il mourut en 1540. C'était un prélat aussi recommandable par son génie et ses connaissances, que par le talent

supérieur qu'il avait à concilier les intérêts des princes et à les ramener à la concorde. On a de lui une Histoire de la bataille de Mohatz, sous ce titre De clade Ludovici II, regis Hungariæ, dans laquelle périt la principale noblesse de Hongrie. Sambuc l'a donnée en entier au public à la suite de l'histoire de Bonfinius, Francfort, 1581; Hanovre, 1606. Elle se trouve aussi dans le second tome de la Collection des écrivains de l'histoire d'Allemagne de Schardius, Bâle, 1574. Les savans de ce temps-là ont parlé de Brodericus avec éloge, et Nicolas Olahus a orné son tombeau de l'élégie suivante :

Hic jacet inclusus gelida Brodericus in urna,
Cui decus, et nomen pulchra corona dedit.
Phoebus in æthereo donec clarescet olympo,
Dum tenebras densas Cynthia clara fugat,
Semper erit Stephani virtus, doctrina perennis,
Sancta fides, probitas et pietatis amor.
Pontificis vixit sacro decoratus honore,
Cujus in officio sedulus usque fuit.
O felix claros patriæ qui vidit honores,
Illius ast cladem cernere non voluit!

Dum nullam potuit nostris adhibere medelam,

Hisce malis subito migrat ad astra poli.

BROGLIE (Victor Maurice, comte de), d'une famille originaire de Piémont, et distinguée dès le 12° siècle, servit avec gloire dans toutes les guerres de Louis XIV, et obtint le bâton de maréchal de France en 1724. Il mourut le 4 août 1727, à 80 ans.

BROGLIE (François-Marie de), fils du précédent, aussi maréchal de France, mérita cet honneur par l'intelligence et la bravoure qu'il montra en Italie dans les campagnes de 1733 et 1734. Ce fut cette dernière année qu'il reçut le bâton. Le roi érigea en sa faveur la baronnie de Ferrières en Normandie, en duché, sous le nom de Broglie. Il est mort le 20 mai 1745. M. le maréchal de Broglie, son fils, Victor - François, né le 19 octobre 1718, le vainqueur de Bergen, a

hérité des talens de son père et de son grand-père, et leur a donné un nouvel éclat.

BROGLIE (Victor - François, duc de), fils aîné de FrançoisMarie de Broglie, maréchal de France, naquit le 19 octobre 1718.

La France a vu dans ses armées peu d'hommes qui se soient distingués par leur talent et leur courage autant que le héros qui est le sujet de cet article. On ne le connut d'abord que sous le nom de comte de Broglie. Nommé capitaine de cavalerie en 1734, il combattit à Parme et à Guastalla; il fut choisi pour aller porter an roi la nouvelle du gain de la dernière bataille. S. M., autant pour témoigner sa satisfaction que pour récompenser son mérite déjà connu, le nomma colonel du régiment de Luxembourg. Il continua la campagne d'Italie, et passa ensuite en Bohême; conjointement avec M. de Chevert il escalada Prague, s'empara de la porte neuve, et fit entrer ses troupes dans la ville. En 1742 il fut choisi pour aide-major-général de l'armée de Bohême. A la bataille de Sahai il fit des prodiges de valeur, et eut un bras cassé. On le vit successivement se distinguer en Bavière, où il fut major-général; dans la Haute-Alsace, où il combattit sous les ordres du maréchal de Coigny; et à l'armée du Rhin en 1744 et 1745. Cette année-là il fut créé maréchal-de-camp, et devint duc de Broglie par la mort de son père. En 1746 il combattit à Roiaux et à Laufeld, et fut fait lieutenant - général l'année suivante. En 1757 on le vit à la bataille de Hastemback et à la prise des villes de Minden et de Rethem. Le 5 novembre il assista à la bataille de Rosbach, et rejoignit ensuite l'armée dans l'électorat de

Hanovre. Le 15 janvier 1758 il s'empara de Brême; le 7 avril il était à Cologne, servit en qualité de premier lieutenant-général dans l'armée de Soubise. Le 16 juillet il occupa Marbourg, et tailla en pièces, le 23, à Sunderhausen, un corps de 8000 hommes. Le roi lui fit présent de quatre pièces de canon prises dans cette bataille. Son activité infatigable le portait partout où le danger était le plus pressant, et où il pouvait trouver une occasion de se signaler. Le 1 janvier 1759 il fut créé chevalier des ordres du roi, et maréchal de France le 16 décembre suivant, après avoir, dans une même année, repoussé, le 13 avril à Berghen, l'armée ennemie composée de 40,000 hommes, quoiqu'il n'en eût que 23,000, forcé les ennemis d'abandonner Cassel et Minden, pris Minden, fait prisonnier le général Zastrow, pris deux drapeaux, l'artillerie, des magasins de toute espèce, et couvert la retraite de l'armée française, le 1 août, à la bataille de Minden. Il n'avait que 42 ans lorsqu'il fut créé maréchal de France; après le maréchal de Gassion, qui le fut à 34 ans, on n'avait jamais vu personne obtenir ce grade si jeune. Le maréchal de Broglie continua de commander pendant les campagnes de 1760 et de 1761. En 1762, il fut exilé par le roi, à cause des démêlés qu'il avait eus avec le maréchal de Soubise, Rappelé, deux ans après, il obtint le gouvernement général du pays Messin. En 1789, il fut ministre de la guerre sous Louis XVI. Il avait prévu une partie des maux de la révolution, et donna vainement des conseils pour les empêcher. Une fatalité inévitable entraînait la France à sa perte. Forcé de se retirer dans les pays étran

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gers, il alla à Luxembourg, où il fut reçu par le maréchal de Bender avec des honneurs extraordinaires. L'empereur Joseph nonseulement approuva cette réception brillante, mais y ajouta encore les marques les plus flatteuses d'estime et de considération. Pendant la révolution, le maréchal de Broglie se mit à la tête d'un corps d'émigrés,et s'avança jusqu'en Champagne. Ses efforts ayant été infruc tueux, il alla vivre dans la retraite, gémissant sur le sort de sa patrie, et faisant des voeux pour son bonheur. Il mourut à Munster en 1804, à l'âge de 86 ans. On trouve dans les Mémoires historiques de la guerre de sept ans, par M. Bouvet, une relation de ses campagnes d'Allemagne, tirée de ses propres papiers.

BROGLIE (Claude-Victor, prince de), fils de Victor-François de Broglie, maréchal de France, naquit en 1757. La noblesse de Colmar et de Schelestadt le députa aux états-généraux en 1789. Egaré sans doute par des conseils pernicieux, ou séduit par les brillantes illusions d'un changement favorable à la monarchie, il vota toujours avec le tiers-état. Lorsqu'on porta la loi contre les émigrés, il demanda un sursis à son exécution en faveur de son père, sur lequel il avança, en fondant en larmes, plusieurs faits que le maréchal crut devoir désayouer par une lettre qu'il rendit publique. Cette circonstance fit beaucoup de bruit dans ce temps-là. Les opinions qu'il avait défendues lui gagnèrent la confiance du parti qui dominait alors. Il fut envoyé à l'armée du Rhin en qualité de maréchal-decamp; mais n'ayant pas voulu signer les décrets du 10 août, qui suspendaient le roi, on lui retira ses pouvoirs. Il alla habiter Bour

bonne-les-Bains, d'où il écrivit au président de la convention pour protester de son patriotisme. A son retour à Paris, il parut à la Barre à la tête d'une députation d'une section des Invalides. Mais sa perte était jurée; un nom comme le sien ne devait pas traverser impunément les orages d'une révolution qui voulait engloutir tout, jusqu'aux souvenirs le prince de Broglie fut arrêté, et traduit de vant le tribunal révolutionnaire qui le condamna à mort le 27 juin 1794; il n'était âgé que de 37 ans. On a de lui un Mémoire pour la défense des frontières de la Sarre et du Rhin, qu'il adressa à l'assemblée législative. Son frère, le prince de Revel, suivit le maréchal dans l'émigration, et mourut en Allemagne, à l'âge de 30 ans. BROGLIE (Charles-François, comte de), frère du maréchal duc de Broglie, naquit le 20 août 1719. Sa naissance le portait aux grandes charges de l'état; à peine figé de 33 ans, il fut nommé ambassadeur de France auprès de l'électeur de Saxe, roi de Pologne. Le roi l'honora de pouvoirs extraordinaires, il correspondait directement avec lui; la confiance qu'il lui témoigna était sans bornes. La maison de Saxe, menacée d'une manière alarmante par la Russie, confia ses intérêts au comte de Broglie qui la servit parfaitement auprès de son maître. L'ambassadeur s'attacha une foule d'hommes courageux et remarquables par leurs talens; confia tous les emplois de la république ́à des citoyens fidèles et dévoués, et parvint en 3 ans à relever les espérances éteintes de la Pologne,qui semblait s'avancer vers des destinées plus prospères, et reprendre cette stabilité après laquelle elle avait soupiré depuis long-temps en vain. Mais la cour de France ne

seconda pas toujours les vues da comte de Broglie; l'intrigue et la jalousie s'en mêlèrent, l'ambassadeur fut rappelé et ses projets déconcertés. De retour en France, il alla rejoindre le corps de réserve que commandait son frère dans l'armée d'Allemagne; aussi brave militaire que bon diplomate, il s'empara de la ville de Hall, et assista à la bataille de Minden, où les prodiges de valeur du duc de Broglie n'empêchèrent pas qu'il fût remarqué. Nommé lieutenantgénéral en 1760, il se signala par la défense de Cassel, et ne quitta les armées à la fin de la guerre, que pour aller à Paris jouir de la confiance de son souverain qui le nomma chef de son ministère secret, qui avait pour objet d'être en relation directe avec lui, de lui proposer des plans et de l'instruire de l'état des divers cabinets de l'Europe. Le comte de Broglie donna au roi plusieurs avis fort utiles, mais qui ne furent point suivis, parce qu'ils contrariaient les plans d'un ministre tout-puissant dans ce temps-là, qui profitait de la faiblesse du monarque pour lui faire agréer les choses mêmes qui étaient les plus contraires à sa manière de voir et de penser. Malgré la grande confiance qu'il avait toujours témoignée au comte de Broglie, Louis XV prévenu par ses ennemis l'exila, mais continua même de l'exil où il l'avait envoyé, sa correspondance avec lui. Rappelé quelque temps après, le comte de Broglie contribua puissamment à la chute du duc de Choiseul, et fut exilé de nouveau. Il mourut dans une espèce d'oubli en 1781. On a recueilli les divers papiers de la correspondance secrète qu'il entretint avec le roi pendant 17 ans. Ils offrent de l'intérêt et

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