Page images
PDF
EPUB

de Henri-le-Guerroyeur, naquit en 1250. Sa mère Alix avait pour lui une prédilection particulière, et le fit monter sur le trône au détriment de Henri son frère aîné, sous le prétexte que ce dernier n'avait ni aptitude ni connaissances suffisantes pour régner; elle influença les états de Brabant tenus à Cortemberg en 1267, et leur fit approuver et sanctionner son projet. Henri se retira dans le couvent de l'abbaye de Saint-Etienne à Dijon, et Jean prit à sa place les rênes du gouvernement. Il n'avait encore que 17 ans ; mais les talens qu'il déploya dès le commencement de son règne, lui firent pardonner le vice de son élévation. En 1269 le roi de France, saint Louis, lui donna en mariage Marguerite de France sa fille; il ne cessa depuis ce temps de combattre pour les intérêts des Français. Il s'allia à Philippe-le-Hardi pour soutenir Jeanne de Navarre contre l'ambition des rois de Castille et d'Aragon qui voulaient la dépouiller de ses états. De retour dans le Brabant, il apprend que Marie sa sœur, reine de France, est accusée d'avoir empoisonné son beau - fils pour établir sur le trône ses propres enfans à sa place; il part, se déguise en cordelier, s'informe lui-même de la vérité d'une si horrible accusation, et ne retourne dans ses états que pour reparaître bientôt après à Paris, et défier à un combat singulier le premier qui oserait accuser la reine. L'innocence de sa sœur fut solennellement déclarée, et son dénonciateur, Pierre la Brosse, pendu au gibet de Montfaucon. Un peu trop animé par la vengeance, il alla repaître ses yeux du spectacle de l'exécution de ce calomniateur. Quelque temps après il alla avec le roi de France faire une expédi

tion en Aragon; ses vœux ne furent point remplis, et il se retira sans succès. Plus heureux contre Henri, duc de Luxembourg, qui lui disputait le duché de Limbourg, il le tua de sa propre main à la bataille de Warengin le 5 juin 1288. L'armée ennemie fut entièrement défaite, onze cents chevaliers furent tués sur la place; plusieurs barons et chevaliers, ainsi que l'archevêque de Cologne, furent faits prisonniers. Triomphant de cette expédition, il fit changer le cri de guerre jusque-là en usage Louvain au riche duc, en celui-ci, Limbourg à celui qui l'a conquis. Cette victoire lui valut le surnom de Victorieux, et la considération de tous les princes voisins. En 1292, l'empereur Adolphe l'établit avoué- général, et juge suprême dans les provinces situées entre la mer et la Moselle. Ce prince, digne par sa valeur et ses exploits d'une mort plus honorable, mourut d'une blessure qu'il reçut dans un tournoi des mains de Pierre de Bauffremont, à l'occasion des noces du duc de Bar avec Léonore, fille d'Edouard, roi d'Angleterre. Il n'avait que 43 ans. Soumis aux préjugés du temps qui faisaient consister la gloire à joûter habilement dans un tournoi, il avait assisté en sa vie à soixante-dix tournois fameux dans les divers royaumes de l'Europe.

BRABANT (Jean II duc de ), fils et successeur de Jean I, n'avait encore que treize ans lorsque son père mourut. Il gouverna ses sujets avec une sagesse et une modération au-dessus de son âge, et qui font honneur à son caractère. Il eut malgré lui plusieurs démêlés avec les comtes de Hollande qu'il s'empressa de terminer sitôt qu'il put le faire d'une manière honorable. C'est à lui que

les Brabançons durent la célèbre ordonnance dite du bien public, par laquelle toutes les villes du duché devaient conserver à perpétuité leur liberté, lois et priviléges; par la charte de Cortemberg. Il établit le conseil de Brabant, fit plusieurs concessions avantageuses au clergé de son pays; et mourut trop tôt pour ses sujets le 27 octobre 1312, au château de Tervueren.

BRABANT (Jean III, duc de ), dit le Triomphant, succéda à son père Jean II n'étant encore âgé que de treize ans. Sa minorité fut orageuse; elle éveilla l'ambition des princes ses voisins, et augmenta les prétentions de ses propres sujets. Louvain et Bruxelles parvinrent à étendre leurs priviléges. La générosité que le duc de Brabant fit éclater en donnant asile dans son duché à Robert d'Artois, lui attira la haine du roi de France Philippe de Valois, qui exigea avec hauteur, mais en vain, que ce prince lui fût livré. Non content de déclarer la guerre à Jean III, Philippe de Valois suscita contre lui Jean de Luxembourg, roi de Bohême, et plusieurs petits souverains de l'Allemagne. Peu déconcerté par tout cet appareil d'hostilité, le duc de Brabant s'avance à la rencontre de ses ennemis, établit son camp près de Tillemont, et envoie son héraut d'armes pour leur offrir bataille le 3 mai. Tant de résolution étonna les princes ligués la valeur reconnue de Jean III fit redouter d'en venir à une bataille décisive, qui pouvait, après tout, tourner à sa perte, mais jamais à son déshonneur. Le roi de France attira le duc de Brabant à Compiègne, où était sa sœur, et cimenta son alliance avec lui en donnant à son fils aîné la fille du roi de Navarre,

ce qui n'empêcha pas que Jean III ne se laissât séduire, en 1338, par Édouard III, roi d'Angleterre, qu'il ne servit cependant que très-faiblement contre la France. Il se réconcilia bientôtaprès avec Philippe de Valois, attirà les Flamands dans son alliance, et s'occupa du gouvernement intérieur de son royaume qu'il avait un peu négligé pendant ses dissensions avec les différens souverains. En 1350 il confirma les priviléges des Brabançons, et fit réclamer auprès de l'empereur Charles IV la fameuse Bulle d'or, en vertu de laquelle aucun de ses sujets ne pouvait être cité devant les cours de justice d'Allemagne pour aucun genre de délit. Ses mœurs ne furent pas toujours bien pures: il laissa à sa mort, arrivée le 5 décembre 1355, dix-sept enfans naturels dont il avait eu plusieurs d'Isabeau de Valverne, dite Cunégonde de Valverne, qu'il affectionna longtemps. Ses trois fils légitimes moururent de son vivant, et le duché, à défaut d'enfant mâle, tomba entre les mains de Jeanne, sa fille, mariée à Venceslas de Luxembourg, frère de l'empereur Charles IV. Leur gouvernement fut orageux; le comte de Flandre voulut disputer à une femme l'honneur de succéder à un duc de Brabant, et lui déclara la guerre, La cession d'Anvers mitfin aux hostilités. Mais Bientôt les querelles recommencèrent avec le duc de Juliers. On livra bataille; Venceslas fut fait prisonnier, et mourut à Luxembourg sans avoir laissé d'enfans. Jeanne le suivit de près au tombeau, l'an 1406, laissant le duché de Brabant en héritage à sa nièce Marguerite, comtesse de Flandre et duchesse de Bourgagne.

BRABANT (Antoine, duc de),

deuxième fils de Philippe-le-Hardi et de Marguerite, qui avait hérité de Jeanne de Brabant du duché de Brabant, fut connu d'abord sous le nom de comte de Rethel; mais, en 1404, il prit possession du duché de Brabant. Son père, avant de quitter Bruxelles, le fit reconnaître par tous les grands et la noblesse du pays. La faction d'Orléans ayant essayé de déposséder Jean, fils aussi de Philippele-Hardi, du duché de Bourgogne, Antoine vint à son secours, et le servit beaucoup dans cette circonstance. La mort de Venceslas, père de Jeanne sa femme, le rendit héritier du duché de Luxembourg. Aimé de ses sujets, qu'il gouvernait avec beaucoup de sagesse et de modération, Antoine fut tué le 25 octobre 1415 à la bataille d'Azincourt, où il avait conduit ses troupes au secours de la

France.

[ocr errors]

BRABANT (Jean IV, duc de) fils du précédent, lui succéda dans son duché. Il avait épousé, en 1418, la fameuse Jacqueline de Bavière, comtesse de Flandre et de Hainaut, qui avait refusé la main de Jean de Bavière son oncle, surnommé Sans - Pitié. Celui-ci, outré d'un pareil refus, déclare la guerre à Jean IV, qui, n'ayant pas voulu prendre parti pour sa nouvelle épouse, en fut abandonné. Retirée en Angleterre, Jacqueline épouse le duc de Glocester, et retourne dans le Brabant à la tête d'une armée. Abandonnée encore une fois du duc de Glocester, elle défendit seule ses prétentions. Jean IV perdit ses états, et n'y fut rétabli que par son cousin le duc de Bourgogne. Sa conduite timide et pusillanime le fit mépriser des princes ses voisins et de ses sujets. Dans un voyage qu'il fit en Hollande, il se fit inau

gurer comte. En 1426, il fonda, par une bulle du pape Martin V, l'université de Louvain, devenue si fameuse dans la suite. Ce fut là le plus bel acte de son administration. Il mourut le 17 avril de l'année suivante, à l'âge de 24

ans

sans postérité. Il eut pour successeur dans son duché son frère, le comte de Saint-Paul et de Ligni, qui mourut aussi à la fleur de l'âge, en 1430. Le Brabant se donna ensuite à Philippele-Bon, duc de Bourgogne; mais Marie, fille de Charles-le-Téméraire, ayant épousé l'empereur Maximilien I", le Brabant dont elle avait la souveraineté est entré sous la puissance autrichienne, qui l'a conservé jusque dans les derniers temps.

BRACCI (l'abbé, Dominique11 octobre Augustin), né le 1717 à Florence où il est mort en 1792, était membre de la Société royale des antiquaires de Londres. Il s'occupa avec grand succès de l'étude des antiquités, et a composé un ouvrage qui fait beaucoup d'honneur à son talent. Il a pour titre Commentaria de antiquis sculptoribus qui sua nomina inciderunt in gemmis et cameis, cum pluribus monumentis antiquitatis ineditis, 2 vol. in-fol., le premier, Florence, 1784, le deuxième, 1786. Bracci eut avec Winckelman quelques démêlés qui semèrent sa vie de quelques épines.

BRACCIOLINI delle Api (François), poëte italien, né à Pistoie d'une famille noble en 1566, avait près de 40 ans lorsqu'il embrassa l'état ecclésiastique pour posséder un canonicat auquel il fut nommé dans sa patrie. Le cardinal Maffeo Barberini, dont il avait été secrétaire pendant sa nonciature en France, étant parvenu à la tiare

sous le nom d'Urbain VIII, Bracciolini se rendit à Rome auprès du nouveau pontife, qui lui-même avait cultivé la poésie, aimait les gens de lettres, et qui l'affectionnait particulièrement. Il le plaça, en qualité de secrétaire, auprès de son frère le cardinal Antoine Barberin. Bracciolini, après la mort d'Urbain VIII, se retira à Pistoie, et y mourut en 1645. Ce fut à l'occasion d'un poëme en 23 chants qu'il avait composé sur l'élection de ce pape, que celui-ci, pour lui marquer sa satisfaction, voulut qu'il ajoutât à son nom le surnom delle Api, et à ses armes trois abeilles, qui forment celles des Barberins. Ce littérateur a composé beaucoup de poésies de divers genres: 1 La croce riacquistata, Paris, 1605, in-12: poëme héroïque en 15 chants, que les Italiens ne font point de difficulté de placer immédiatement après la Jérusalem du Tasse. 2° Lo scherno degli dei, poëme héroï - comique, Rome, 1626, in-12, où il ridiculise fort ingénieusement les divinités du paganisme. Ce poëme, vraiment original, va de pair avec la Secchia rapita de Tassoni. 3 Des Tragé dies, des Comédies, des Pastorales. Bracciolini s'exerça aussi dans la poésie lyrique, et dans le genre burlesque, auquel le Berni a donné son nom; mais ces derniers Ouvrages sont très médiocres. L'auteur, qui aimait l'argent, travaillait fort à la hâte.

BRACCIOLINI. Voy. POGGIO. BRACHET DE LA MILLETIÈRE. Voyez Milletière.

BRACTON, jurisconsulte anglais, fut mis par Henri II, en 1244, au nombre des juges ambulans. Il a laissé un traité De consuetudinibus Angliæ, 1569, in-fol., et 1640, in-4°, très - utile pour l'histoire de son temps.

BRADFORD (Jean), ministre anglican, né de parens honnêtes à Manchester au commencement du règne de Henri VIII, fut d'abord employé en qualité de commis chez un payeur-général des armées anglaises. Une infidélité qu'il s'était permise et qu'il se reprocha amèrement, quoiqu'elle fût demeurée secrète et qu'il l'eût réparée, lui fit quitter cet état. Il tourna ses vues vers le ministère ecclésiastique, fit avec soin les études qu'il exige, et prit les ordres en 1550. Bientôt après il fut nommé chapelain de l'évêque de Londres et chanoine de Saint-Paul. Il se livra ensuite à la prédication avec du zèle et un talent rare : il était naturel qu'il y réussît. Il se vit bientôt un des prédicateurs de Londres le plus suivis. En 1552 il fut nommé chapelain d'Edouard VI. Ce prince étant mort, et la religion catholique ayant été rétablie sous la reine Marie, Bradford, attaché au rit nouveau, se trouva, quoiqu'on prétende qu'il en fut fort innocent, impliqué dans une sédition occasionée par un sermon qui attaquait le culte romain. Il fut jugé par une commission, et condamné à mort. Néanmoins l'exécution du jugement fut différée. On dit même qu'on lui offrit la vie, s'il voulait seulement promettre de s'abstenir de prêcher les principes du protestantisme. Il refusa cette condition et préféra mourir. Courage digne d'une meilleure cause! Il fut exécuté à Smithfield, au milieu d'une grande foule de peuple, le 1" juillet 1555. Quoiqu'il soit auteur de beaucoup de sermons, on n'en a publié que deux de lui: l'un sur la cèhe, l'autre sur le repentir. Ils ont été imprimés ensemble en 1554. On a de lui des Lettres, des Discours adressés à diverses personnes pendant sa détention; des

Meditations, des Prières, et plusieurs Traités sur des matières de théologie. Un grand nombre de ses manuscrits ont été déposés dans la bibliothèque d'Oxford.--BRADFORD (Samuël), évêque de Rochester, savant prélat anglais, né à Londres, avait fait ses études à l'université de Cambridge. Quelques scrupules sur le serment à prêter retardèrent son entrée dans l'état ecclésiastique. Il quitta même l'Angleterre dans l'intention d'étudier la médecine. A son retour, les scrupules étant levés, il pri les ordres, et fut successivement pourvu de différens bénéfices. En 1705 l'université de Cambridge le reçut docteur. Il fut nommé évêque de Carlisle en 1723, et quelques années après transféré à Rochester. On a publié de lui des Sermons. Il est plus connu pour avoir été l'éditeur des OEuvres du fameux archevêque Tillotson.

BRADLEY (Jacques), astronome du roi d'Angleterre, naquit à Schireborn dans le comté de Glocester en 1692. Destiné à l'état ecclésiastique, il obtint plusieurs bénéfices, qu'il résigna ensuite, pour se livrer uniquement à l'étude des mathématiques. En 1721, il remplaça le célèbre Keill, dans la chaire d'astronomie de Savill, à Oxford. L'an 1727, il publia sa Théorie de l'aberration des étoiles, et crut avoir trouvé dans cette aberration une mesure précise de la vitesse de la lumière. Cette observation ne fut pas d'abord généralement goûtée : les calculs de Roemer et de Cassini ne lui étaient pas favorables; aujourd'hui elle est reçue comme une vérité astronomique: mais il reste toujours vrai qu'elle est établie sur des calculs et des suppositions dont l'exactitude n'est peut-être pas assez constatée. La réflexion que

:

ne

le célèbre Gravesande faisait sur ces sortes de découvertes saurait être trop méditée. Ejus conditionis res est, ut non detegatur nisi conferendo computationem cum observationibus sed computatio tabulas eum in finem constructas pro fundamento habet, et has satis accuratas esse ad quæstionem solvendam quis affirmabit? Elem. phys. 2632. Bradley ayant succédé à M. Halley dans la place d'astronome royal à l'observatoire de Greenwich, obtint du roi une pension de 250 livres sterl., et un don de mille livres sterl. pour de nouveaux instrumens. Muni de ces secours, il commença une nouvelle suite d'observations sur toutes les parties de l'astronomie: observations qui n'ont pas peu servi à mettre les tables de la lune au degré de perfection où elles sont. Les Mémoires et les Observations imprimés de Bradley, ne sont pas les seules choses dont il ait enrichi l'astronomie; il était très-communicatif. Sa méthode pour calculer les élémens d'une comète par trois observations, sa nouvelle règle pour le calcul des réfractions, se sont répandues parmi les astronomes sans qu'il les eût publiées. Il faisait très-peu imprimer. Sa modestie ou sa nonchalance nous a privés de beaucoup de Mémoires intéressans qu'il aurait pu donner. Il mourut le 12 juillet 1762, à 70 ans, à Chalford, dans le comté de Glocester. Son humeur était égale, son caractère doux, son cœur compatissant et généreux. Quoiqu'il parlât bien, il était naturellement ami du silence.

BRADWARDIN (Thomas), Anglais, surnommé le Docteur profond, confesseur du roi Edouard III, archevêque de Cantorbéry,

« PreviousContinue »