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son sein en 1772. Le premier ouvrage qui le fit connaître fut un Mémoire sur l'établissement de l'empire et de la religion de Mahomet. Ce mémoire n'est qu'une espèce de panégyrique de ce faux prophète. Selon l'auteur, il ne fut ni un ignorant ni un conducteur de chameaux, ni même un imposteur grossier. Il possédait les plus vastes connaissances, acquises on ne sait pas où. Il était né d'une ancienne famille dont il cherche en vain à fixer la généalogie et le nom. Heureusement, et en honneur de la vérité, le mémoire de Brequigny est établi sur des données aussi exactes que celles de la plupart des ouvrages qu'il a faits à lui seul, et sans le secours d'habiles collaborateurs. I donna quelque temps après un Essai sur l'histoire de l'Yémen, et une Table chronologique des rois et des chefs arabes. Dépourvus de toute partialité, nous avouons que sa table chronologique est conforme aux époques et aux dynasties reçues des chronologies les plus exactes. Nous ne garantissons pas le même mérite aux faits rapportés dans son Histoire de l'Yémen. A la paix avec l'Angleterre, en 1763, Brequigny fut chargé par le gouvernement de passer dans ce pays pour extraire les titres relatifs à la Franee, depuis long-temps conservés à la Tour de Londres, et dont Thomas Carte avait donné le catalogue. Il fut en outre chargé d'examiner les pièces originales qui manquent dans les recueils de Cambden, de Rymer, de Huane, et de Morthon; et de transcrire celles qui pourraient avoir quelque rapport avec la France. Après trois ans de séjour à Londres, et d'un travail assidu, Brequigny revint à Paris, et publia, de concert avec M. Laporte du Theil,

Diplomata chartæ epistolæ et alia monumenta ad res res franciscas spectantia, 1791, 3 vol. in-fol. Il avait entrepris en 1754, aidé par M. Villevaut, la continuation de la Collection des lois et ordonnances des rois de la troisième race, commencée par Laurière, et ensuite par Secousse qui l'avait portée jusqu'au neuvième volume. Brequigny et son collaborateur en donnèrent cinq, le dernier en 1790. M. Pastoret, de la troisième classe de l'Institut, en a donné le quinzième en 1811. Cette collection importante renfermera un Chartrier général de l'ancien droit public et particulier de la France, ainsi que de ses anciens établissemens civils, ecclésiastiques et militaires. Brequigny, avec M. Mou→ chet, et par ordre du gouvernement, publia trois volumes de la Table chronologique, 1769-83. Elle contient les titres, chartes et diplômes, déjà parus, des rois de France. M. Bertin, ministre d'état, était en correspondance avec quelques ex-jésuites qui avaient passé à la Chine en qualité de missionnaires, et qui lui donnaient des renseignemens précieux sur cet empire. Il chargea donc Brequigny de continuer la collection commencée par Batteux, sous le titre de Mémoires sur les Chinois, des PP. Amiot, Bourgeois, etc., 17761789, 14 vol. in-4°. Brequigny commença ce travail avec M. Mouchet, mais il est resté manuscrit. Voici les ouvrages qui lui appartiennent en entier: 1° Histoire des révolutions de Génes, 1750, 3 vol. in-12. Clément de Genève appelle justement cette histoire «< une »>compilation de vieilles gazettes » de la république;» et on n'y trou¬ ve, en effet, ni style, ni intérêt, ni méthode. 2° Vies des anciens orateurs grecs, suivies de réflexions

sur leur éloquence, 1752, en 2 vol. in-12, et qui sont consacrés à Isocrate et à Dion Chrysostome; ouvrage prolixe, qui n'offre cependant aucune nouvelle recherche sur ces deux orateurs. La suite de ces volumes n'a pas paru. 3° Strabonis rerum geographicarum, libri XVII, ad fidem manuscriptorum emendati, cum latina Xylandii interpretatione, recognita, etc., tomus primus, Paris, 1763, 1 vol. in-4, le seul qui ait été publié; mais on n'a pas regretté les autres. Ce livre était comme la pierre de touche du savoir de Brequigny à l'égard des anciens; mais à la grande surprise de tous les savans, il ne montra qu'une critique peu exercée dans la version du texte de Strabon, altéré par l'ignorance des copistes. Ses notes n'ont presque aucune importance, n'éclaircissent aucun sens obscur ou équivoque de l'original, et deviennent ainsi ou fatigantes ou inutiles. D'après le court examen de ces trois ouvrages, qui ne font pas l'éloge ni du goût ni de la saine critique de l'auteur, on peut former un jugement impartial sur son mémoire concernant la naissance, les talens et la législation de Mahomet. Travailleur infatigable, on croirait qu'il ne savait qu'exécuter le plan, ou suivre les idées d'autrui, et cela à l'aide d'un collaborateur ou d'un guide; et que marchant tout seul, il était souvent sujet à s'égarer. Il mourut chez madame du Bocage (voyez ce nom), chez laquelle il s'était mis en pension, le 3 juillet 1795. Brequigny a également donné avec François Clément un Catalogus manuscriptorum codicum collegii Claramontani, 1764, in-8°.

BREREWOOD (Edouard), mathématicien célèbre, et professeur d'astronomie au collège de Gres

ham, est auteur d'un ouvrage curieux et savant, traduit de l'anglais en français, sous ce titre: 1o Recherches sur la diversité des langues et des religions dans les principales parties du monde, par Jean de la Montagne, Paris, 1663 in-8°. On a encore de lui: 2° De ponderibus et pretiis nummorum, 1614, in-4°. 3° Logica, Oxford, 1614. in-8°. 4° Ethica Aristotelis, 1640, in-4°. 5° Traité du sabbat, 1632, in-4°. Il était né à Chester en 1565, et mourut à Londres en 1613. On le consultait de toutes parts comme un des oracles des mathématiques, et il ne laissait aucune lettre sans réponse.

BRES (Guide), calviniste zélé, vivait vers le milieu du 16° siècle, et exerçait les fonctions pastorales à Lille et à Valenciennes. Il fut l'un des principaux auteurs d'une Confession ou profession de foi, en 37 articles, imprimée en langue wallonne en 1561, et qui depuis fut réimprimée plusieurs fois. Il la présenta, en son nom et aux noms de ceux de sa secte, à la princesse Claire - Eugénie, gouvernante des pays-Bas. Les états-généraux de Hollande furent si satisfaits de cette profession de foi, qu'ils la firent traduire en grec moderne. On a de Gui de Brès un ouvrage intitulé: La racine, source et fondement des anabaptistes aux rebaptisés de notre temps, avec très-amples réfutations des argumens principaux par lesquels ils ont accoutumé de troubler l'église, 1565, in-8°, dédiée à l'église de notre Seigneur Jésus-Christ, et divisée en 3 parties, savoir: 1o De l'autorité du magistrat; 2° Du jurement, ou serment solennel; 3° De l'âme, ou esprit de l'homme. Il déclare, au reste, que les sources où il a puisé pour composer ce livre sont les écrits de Jean Calvin, de

Jean Alasco, Henri Bullinger et autres réformateurs. Gui de Brès et un autre ministre, nommé Pallalier, se trouvant renfermés dans Valenciennes, en 1567, pendant le siége, périrent dans le sac de cette ville, et c'est sans doute cela qui les a fait mettre, par les protestans, au nombre des martyrs de leur secte.

BRESILLAC (Jean-François de ), bénédictin de Saint-Maur, né à Fanjaux dans le Haut-Languedoc, le 12 avril 1710, fit ses vœux le 29 novembre 1727 à Toulouse, dans le monastère de la Daurade, et mourut à Paris le 11 juin 1780. Il a travaillé avec son oncle D. Jacques-Martin à l'Histoire des Gaulois, qu'il continua seul après la mort de dom Jacques, et dont il a mis au jour 2 vol. in -4°, Paris, 1754. On lui doit aussi, conjointement avec D. Pernety, la Traduction du Cours de mathématiques de Wolff, Paris, 1747,3 vol. in-8° l'ouvrage de Wolff y est abrégé, et en même temps augmenté de plusieurs observations intéressantes.

BRESSANI (Grégoire), né à Trévise en 1705, fit ses premières études sous les pères de la congrégation de Somasque. Il fut reçu docteur en droit à Padoue, et abandonna la jurisprudence pour se livrer en entier à la métaphysique et aux lettres. Peu partisan des systèmes modernes, il voulut essayer de rendre à Aristote et à Platon toute leur ancienne vogue; c'était là, selon lui, la véritable école où doit se former le philosophe et le bon physicien; il Toyait avec peine la philosophie chercher une lumière et un appui dans les sciences exactes, et ne trouvait dans Galilée, Descartes et Newton, rien de supérieur à ce qu'avaient dit avant eux Aristote

et Platon. La pureté de son style le fit remarquer dans un temps où la langue italienne se corrompait par l'alliage des expressions françaises. Le célèbre Algarotti le consultait sur ses ouvrages, et lui portait une amitié sincère, laquelle ne fut point stérile pour Bressani qui fut long-temps dans un état de médiocrité voisin de la misère. C'est à Bressani lui-même que l'on doit la publicité de cette circonstance. On a de lui: 1° Il modo del filosofare introdotto dal Galilei ragguagliato al saggio di Platone e di Aristotile, Padoue, 1753, in-8°. Dans cet ouvrage Bressani prétend réfuter le premier des quatre fameux dialogues de Galilée sur le système du monde. 2° Discorsi sopra le obbiezioni fatte dal Galileo alla dottrina di Aristotile, ibid., 1760, in-8°: cet ouvrage a le même objet que le précédent. 3° Essai de philosophic morale sur l'éducation des enfans, en italien. Cet ouvrage, très-bien écrit et surtout très-sagement pensé, eut une grande vogue, et a été refondu par l'auteur dans une seconde édition. 4° Discours sur la langue toscane, dans lequel il cherche les causes de sa corruption et les moyens de lui rendre son ancienne pureté. Bressani mourut à Padoue le 12 janvier

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BRET (Antoine), né à Dijon en 1717, et mort à Paris le 25 février 1792, fut d'abord avocat ; mais la passion des belles - lettres s'empara de lui, et il renonça à son état pour s'adonner entièrement à son goût. Il a fait des Poésies légères, des Comédies, et plusieurs Ecrits littéraires qui ne sont pas sans mérite. Tranquille, confiant, incapable d'envie, heureux du bonheur de ses amis, il mena au milieu d'eux une vie douce et paisible. Ses poésies fugitives ont de la fraîcheur. Ses comédies n'offrent que des caractères peu soignés, et des plans faiblement concus; mais elles sont écrites avec pureté, et le dialogue en est facile. On a réuni ses comédies en 2 vol. in-8°, 1778. La double extravagance et le faux amoureux méritent d'être citées, non comme des chefs-d'œuvre, mais comme des pièces intéressantes. On a encore de Bret: 1° Vie de Ninon de Lenclos, 1751, in-12. 2o Les quatre Saisons, poëme, 1764, in-4°. 5° Essai de contes moraux, 1763, in-12. 4° La nouvelle Cléopátre, 3 vol. in-12: c'est l'abrégé du roman de la Calprenède qui ne se lisait plus. 5° Fables orientales, 1772, in-8°. 6° Mémoires de Bussy Rabutin, 1774, 2 vol. in 12. 7° Commentaire sur les OEuvres de Molière, 1791, 6 vol. in-8°. C'est là le meilleur ouvrage de l'auteur. Il a travaillé au Journal Encyclopédique, et dirigé la Gazette de France après l'abbé Aubert. On conçoit aisément que la multiplicité des ouvrages de Bret a dû nuire à leur perfection: il se laissait trop entraîner par sa facilité naturelle, l'écueil ordinaire des hommes à talent.

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BRETAGNE (rois de ), AUDREN, ou AUDRAN, fils aîné de Salomon I, fut le quatrième roi

de Bretagne. Il succéda à Grallon, et monta sur le trône l'an 445, après avoir été sacré à Rennes. Il gouverna ses états avec sagesse et

modération. Des ambassadeurs étant venus d'Angleterre le prier de venir au secours de ce pays infesté par les barbares, il ne voulut pas y aller lui-même, mais y envoya son frère nommé Constantin, à la tête d'une petite armée. Celuici remporta plusieurs victoires, et parvint à se faire reconnaître pour souverain. L'empereur Honorius ayant voulu faire rentrer l'Armorique sous le joug des Romains, Audren la défendit vaillamment; il chassa les Romains de Nantes, de Guerrande, de Saint-Malo, de Léon, et les poursuivit jusque dans l'Orléanais. Aétius menaça aussi quelque temps après Audren d'envahir son royaume; mais saint Germain d'Auxerre empêcha cette expédition. A peu près à cette époque, les Francs jetèrent dans les Gaules les premiers fondemens de notre monarchie. Audren mourut l'an 464, après avoir régné 19 ans.- ALAIN II, dit le Long, était fils de Judicaël, qui de moine devint roi, et de roi redevint moine, laissant la couronne à un jeune enfant de 8 ans. Selon d'Argentré, le règne d'Alain II fut heureux, mais il n'offre aucun fait extraordinaire. Le même historien cite des lettres patentes, en latin, données par Alain-le-Long, pour la police de ses états. Dans ces Lettres est employée la formule Rex Dei gratia, qui a été si justement depuis conservée par nos souverains. Alain étant mort, la Bretagne fut partagée entre sept petits souverains qui prirent le titre de comtes, furent pendant un siècle continuellement en guerre, et facilitèrent ainsi à Charlemagne la conquête de cette belle contrée.

ABASTAGNUS fut choisi pour roi par les Bretons lorsqu'ils eurent été conquis par Charlemagne. Il fit un traité de paix avec le vainqueur, et l'accompagna en Espagne avec 8,000 Bretons. Sa valeur le rendit célèbre on chantait, dans ces temps-là, ses exploits avec ceux de Roland. Charlemagne, en reconnaissance de ses services, voulut lui donner avec Haël, autre général breton, la Navarre et la Biscaye; mais ils furent tous deux tués à Roncevaux, et ne purent profiter de la générosité de ce prince.

BRETAGNE (ducs de), ALAIN, 3 du nom, nommé aussi Rébré, c'est-à-dire le Grand, fut le premier qui prit le titre de duc de Bretagne, quoique, selon d'Argentré, il ait pris dans quelques-unes de ses lettres le titre de roi. Judicaël et les comtes de Léon et de Goële entreprirent de lui disputer ses droits, et lui déclarèrent la guerre. Les Normands profitèrent de cette division pour fondre sur la Bretagne; mais ces princes se réunirent contre cet ennemi commun. Ils le défirent en plusieurs rencontres. La victoire la plus mémorable fut celle qu'ils remportèrent en 888 dans le diocèse de Vannes. De 15,000 Normands, il n'en resta que 400 après la bataille. Les historiens attribuent ce succès inespéré au vœu qu'avait fait Alain de donner la dixième partie du butin àl'église de Saint-Pierre de Rome, dévotion assez ordinaire dans ce temps-là. Alain honora la religion et ses ministres; il fit bâtir un château près de l'église cathédrale de Nantes, où l'évêque put se retirer quand les Normands entreraient dans la Loire, et mourut à Rieux en go7, laissant cinq enfans dont aucun ne lui succéda. ALAIN, sixième du nom, succéda au duc

Haël son père le 15 avril 1084. Il se fit sacrer à Rennes malgré la résistance qu'y opposa Geoffroi son oncle, comte de Rennes. Guillaumele - Conquérant débarqua en Bretagne, et exigea qu'Alain lui fit hommage de son duché. Sur le refus de ce dernier, Guillaume ravagea ses états; mais,secouru par le roi de France, le duc de Bretagne fit cesser ces hostilités. L'an 1095 Alain reçut du pape Urbain II la croix de laine de couleur de pourpre qu'il attacha sur son épaule, et partit pour la première croisade à la tête de plusieurs jeunes seigneurs de son pays. Il assista à trois batailles très-sanglantes, et fut un des premiers qui entrèrent dans Jérusalem. De retour dans ses états, il s'occupa d'y faire régner la paix et la justice, établit des lois très-sages, et régla l'administration de la justice, qui n'avait eu jusque - là ni règles, ni forme déterminée. En 1106 il contribua au gain de la bataille de Tinchebray, livrée par Henri I", roi d'Angleterre, à Robert son frère aîné, qu'un gentilhomme breton fit prisonnier. Ne pouvant retourner lui-même en Palestine, il y envoya Godefroi son fils, qui mourut malheureusement dans le voyage. L'an 1111 il tomba malade lui-même, et se fit porter à l'abbaye de Saint-Sauveur de Redon pour y prendre l'habit religieux. Sa santé s'étant rétablie, il ne voulut point renoncer à l'état monastique, et donna sa démission en faveur de Conan son fils aîné, qui était gendre du roi d'Angleterre. Il mourut quelques années après, et fut universellement regretté. On lui fit de magnifiques funérailles, et on déposa son corps dans l'église de l'abbaye de Redon.

BRETAGNE (les ducs de). Voy. ARTUS, ANNE, JEAN, etc.

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