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nom de Laporte qu'avait pris son mari, lorsqu'il monta sur le théâtre, a laissé la réputation d'une grande comédienne. Mais la fillette déguisée du Jeu de Robin et Marion m'a déjà conduit beaucoup trop loin; il est temps de revenir au XII° siècle, ou plutôt de commencer l'examen du XIV; car il ne nous reste plus, pour terminer la revue que nous avons entreprise du Théâtre français au moyen âge, qu'à examiner sommairement la part fort étendue, quoiqu'un peu monotone, que MM. Monmerqué et Francisque Michel ont accordée, dans leur intéressant recueil, au drame du xiv° siècle.

(La suite à un prochain cahier.)

MAGNIN.

NOUVELLES LITTÉRAIRES.

INSTITUT ROYAL DE FRANCE.

ACADÉMIE DES BEAUX-ARTS.

M. Bidauld, membre de l'Académie des beaux-arts (section de peinture), est mort à Montmorency (Seine-et-Oise), le 20 octobre 1846.

L'Académie des beaux-arts a tenu, le samedi 10 octobre, sa séance publique annuelle sous la présidence de M. Ramey. La séance a commencé par une ouverture de M. Bazin, ancien pensionnaire de l'Académie de France, à Rome. M. RaoulRochette, secrétaire perpétuel, a lu ensuite un rapport sur les ouvrages des pensionnaires de l'Académie de France à Rome. Après cette lecture, la distribution des grands prix de peinture, de sculpture, d'architecture, de gravure en taille-douce, et de composition musicale, a eu lieu dans l'ordre suivant:

GRANDS PRIX de peinture.

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Le sujet du concours donné par l'Académie était la maladie d'Alexandre. Le premier grand prix n'a point été décerné; le second a été remporté par M. Charles-Alexandre Crauk, né à Valenciennes (Nord), le 27 janvier 1819, élève de M. Picot.

GRANDS PRIX de sculpture.

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par

Le sujet proposé par l'Académie pour ce concours était Mézence blessé. Aucun prix n'a été décerné. GRANDS FRIX D'ARCHITECTURE. Le sujet donné l'Académie était un muséum d histoire naturelle, avec jardin botanique et ménagerie pour une capitale. Le premier grand prix a été remporté par M. Alfred-Nicolas Normand, né à Paris, le 1" juin 1822, élève de MM. Jay et Normand; le premier second grand prix, par M. ThomasAugustin Monge, né à Paris, le 22 août 1821, élève de M. Bouchet; le deuxième suffit, pour se convaincre de l'état d'ignorance où étaient tombés les confrères de la Passion, de lire non pas les factums des comédiens, leur partie adverse en 1629, mais la requête même du procureur général au parlement de Paris, du 9 décembre 1541..... Ce sont cordonniers, savetiers, crocheteurs de grève, qui ne sçavent lire ny escrire.... tellement que le plus souvent il advient que d'un mot ils en font trois.....

second grand prix, par M. Jacques-Louis Florimond Ponthieu, né à Saint-Gobain (Aisne), le 13 juillet 1822, élève de M. Bouchet.

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GRAVURE EN TAILLE-DOUCE. L'Académie avait proposé pour sujet du concours 1° Une figure dessinée d'après l'antique; 2° une figure dessinée d'après nature et gravée au burin. Le premier grand prix a été remporté par M. Joseph-Gabriel Tourny, né à Paris, le 3 mars 1817, élève de MM. Martinet et Mulard; le second grand prix a été remporté par M. Auguste Lehmann, né à Lyon, le 17 avril 1822, élève de MM. Henriquel-Dupont et Vibert.

GRANDS PRIX DE COMPOSITION MUSICALE.-Le sujet du concours définitif était une réunion de scenes lyriques à trois voix, précédée d'une introduction instrumentale, suffisamment développée. Le premier grand prix a été remporté par M. Léon-Gustave-Cyprien Gastinel, né à Villers-les-Pots (Côte-d'Or), le 13 août 1826, élève de M. Halévy. Une mention honorable a été accordée à M. Joseph-Auguste-Charlot, né à Nancy, le 21 janvier 1827, élève de MM. Carafa et Zimmermann.

Le prix de la tête d'expression, pour la peinture, a été remporté par M. AdolpheJoseph Deligne, élève de MM. Delaroche et Drölling.

Le prix de la tête d'expression pour la sculpture a été remporté par M. JacquesLéonard Maillet, élève de M. Pradier.

Le prix de la demi-figure peinte a été remporté par M. Charles-Chaplin, élève de M. Drölling.

La grande médaille d'émulation accordée au plus grand nombre de succès dans l'école d'architecture a été remportée par M. Thomas-Augustin Monge, élève de M. Bouchet, avec trente valeurs de prix.

Feu M. le comte de Maillé-Latour-Landry ayant légué par son testament, à l'Académie française et à l'Académie des beaux-arts, une somme de 30,000 francs pour la fondation d'un prix à accorder, chaque année, au jugement de ces deux académies, alternativement, à un écrivain et à un artiste pauvre dont le talent méritera d'être encouragé, et l'Académie française ayant décerné ce prix cette année, l'Académie des beaux-arts le décernera, l'année prochaine, à un artiste qui se trouvera dans les conditions fixées par l'auteur de cette fondation.

Feu M. Deschaumes a fondé par son testament un prix annuel de la valeur de 1,200 francs, à décerner, au jugement de l'Académie des beaux-arts, à un jeune architecte, réunissant aux talents de sa profession la pratique des vertus domestiques. L'Académie a décerné le prix à M. André, que de nombreux sacrifices qu'il a faits pour une famille dont il est l'unique appui, n'ont pas empêché de poursuivre ses études d'architecte avec succès, et qui a obtenu le deuxième prix au concours

de 1845.

Par la même fondation, le prix devant être accordé, chaque cinquième année, à un poëte, l'Académie a décidé qu'un concours de poésie serait annuellement ouvert pour la scène lyrique à mettre en musique, et qu'une médaille de 500 francs serait le prix du poëme couronné. Vingt-cinq pièces de vers ont été envoyées au concours de cette année; l'Académie a choisi celle qui portait le n° 14, intitulée Velasquez, et dont l'auteur est M. Doucet.

Après la proclamation des prix, l'ouverture de Montano et Stéphanie, par M. Berton a été exécutée, et M. Raoul-Rochelte a lu une notice historique sur la vie et les ouvrages de ce compositeur.

La séance a été terminée par l'exécution de la scène qui a remporté le premier grand prix de composition musicale, et dont l'auteur est M. Léon-Gustave-Gastinel, élève de M. Halévy.

LIVRES NOUVEAUX.

FRANCE.

Anecdotes littéraires sur Pierre Corneille, ou examen de quelques plagiats qui lui sont généralement imputés par les divers commentateurs français, en particulier par Voltaire; par M. Viguier, inspecteur général de l'Université. Rouen, imprimerie de A. Péron, 1846, in-8° de 69 pages.- Ce mémoire, extrait de la Revue de Rouen et de la Normandie, a été lu à l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Rouen, dans ses séances des 22 et 29 mai 1846. C'est dans la ville natale de Corneille qu'il a paru convenable à l'auteur de défendre ce grand poete contre les imputations d'une critique ou légère ou malveillante. La défense est complète, trèssolide et très-spirituelle, mettant dans un jour piquant la malignité de Voltaire et la trop facile et longue complaisance de ses copistes. D'autres déjà s'étaient aperçus que le Cid n'avait pas été traduit de Diamante par Corneille, mais bien de Corneille par Diamante. M. Viguier entre, à cet égard, dans des détails instructifs et curieux, qui lui assurent une part dans cette petite découverte. Il ne partage avec personne le mérite d'avoir établique Corneille n'a point imité son Heraclius de Calderon, sa Rodogune de Gilbert, et frappé de ridicule des opinions jusqu'ici trop protégées par le grand nom de Voltaire.

OEuvres complètes d'Etienne de la Boetie, réunies pour la première fois et publiées avec des notes, par Léon Feugère, professeur de rhétorique au collège de Henri IV. Paris, imprimerie et librairie de Jules Delalain, rue des Mathurins-Saint-Jacques, 5, 1846, in-8° de XXIV-582 pages.-M. Nodier exprimait, il y a quelques années, le regret que notre histoire littéraire ne possédât pas une édition complète des œuvres de l'ami de Montaigne, Étienne de la Boëtie, un des hommes les plus savants, un des écrivains les plus distingués du xvr siècle (né à Sarlat le 1 novembre 1530, mort à Germignac le 18 août 1563). Cetinjuste oubli vient d'être réparé par M. Léon Feugère, qui, après avoir fait paraître, l'année dernière, une étude sur la vie et les ouvrages de la Boëtie, nous donne aujourd'hui le recueil complet de ses œuvres, publication d'autant plus opportune, que le conseil royal de l'Université, favorisant le besoin des esprits qui porte l'attention publique sur nos vieilles gloires littéraires, demande aux candidats pour l'agrégation une étude critique et philologique de cet écrivain comparé avec Amyot. Les différents morceaux dont se compose cette édition sont disposés dans l'ordre suivant : I. Discours de la servitude volontaire, le plus connu des ouvrages de la Boëtie, et le seul dont nous ne devions pas la conservation à Montaigne. Publié pour la première fois en 1576, dans les Mémoires de l'état de la France sous Charles neufiesme, il se trouve ordinairement réuni aux Essais de Montaigne. M. Feugère en a comparé les différents textes et les a purgés de beaucoup de fautes. II. Les Traductions, qui comprennent les Economiques d'Aristote, la Mesnagerie de Xenophon, les Règles de mariage de Plutarque, la Lettre de consolation de Plutarque à sa femme, précédées de l'avertissement de Montaigne au lecteur et de ses lettres à M. de Lansac, à M. de Mesmes et à Mademoiselle de Montaigne ; III. Les Poésies latines, avec la lettre de Montaigne à M. de l'Hôpital; IV. Les Poésies françaises, avec la dédicace de Montaigne à Madame de Grammont et sa lettre à M. de Foix. Les nombreuses notes philologiques qui accompagnent les textes ajoutent beaucoup au mérite de cette édition.

-

OEuvres d'Horace, traduites en vers avec le texte en regard, par L. Duchemin,
deuxième édition. Paris, imprimerie de Firmin Didot, librairie de J. Lecoffre et de
L'auteur de cette tra-
L. Hachette, 1846, 2 vol. in-8° de XXIX-424 et 460 pages.
pour accorder, ce

duction, qui, reprenant son œuvre, a fait des efforts honorables

qui est si difficile quand il s'agit d'un poëte aussi concis et aussi plein, la fidélité

et l'élégance, avait déjà publié en 1844 (mêmes imprimerie et librairie, 3 vol. in-8°)

la troisième édition d'une traduction en vers des OEuvres de Virgile.

SAVOIE.

-

De l'origine, de la forme et de l'esprit des jugements rendus au moyen âge contre les
animaux, avec des documents inédits, par Léon Ménabréa. Chambéry, imprimerie
et librairie de Puthod, 1846, in-8° de 161 pages. (Extrait du tome XII des Mé-
moires de la société royale académique de Savoie.) L'usage, si répandu dans le
moyen âge, de citer les animaux en justice, paraît remonter au x1° siècle : il s'étei-
gnit au XVIII. Le souvenir de quelques-unes de ces singulières procédures nous a
été conservé par des écrivains de divers temps. De nos jours, M. Berriat Saint-Prix
a recueilli sur cette matière un assez grand nombre de faits curieux dont il a fait
l'objet d'un mémoire inséré au tome VIII des Mémoires de la société des antiquaires
de France. L'auteur de l'opuscule que nous annonçons ajoute un document nouveau
à ceux du même genre que l'on connaissait déjà, en publiant les pièces originales
près

d'un procès intenté, en 1587, par les syndics de la commune de Saint-Julien,

de Maurienne, contre des verpillons ou amblevins, sorte de mouches vertes qui dé-

vastaient les vignobles des environs. On lui saura gré aussi d'avoir joint aux actes

de cette bizarre instruction la réimpression d'un petit ouvrage devenu très-rare: le

Traité des monitoires, avec un plaidoyer contre les insectes, pàr spectable Gaspard

Bailly, advocat au souverain sénat de Savoie. (Lyon, Gallien, 1668, in-4° de

44 pages.) M. Ménabréa ne s'est pas borné à mettre en lumière ces textes inté-

ressants; il les a accompagnés d'une dissertation étendue dans laquelle il recherche
l'origine, la nature et la forme des procès que l'on intentait aux animaux. On
trouvera dans ce travail des réflexions ingénieuses et une appréciation générale-
ment juste des idées qui avaient cours dans le moyen âge. Mais le lecteur le plus
disposé à juger avec impartialité cette grande époque historique aura peut-être
quelque peine à admettre cette conclusion de l'auteur: «qu'une pensée toute phi-
losophique a présidé à la coutume de prononcer judiciairement la malédiction et
le bannissement contre les animaux nuisibles, et que ce système n'a été calomnié
de nos jours que parce qu'on l'a profondément méconnu. »

TABLE.

JOURNAL

DES SAVANTS.

NOVEMBRE 1846.

Sur la planète nouvellement découverte par M. Le Verrier, comme conséquence de la théorie de l'attraction.

DEUXIÈME ARTICLE 1.

Les premiers efforts de Newton, pour remonter des lois de Kepler au principe mécanique des mouvements célestes, datent de 1666. A cette époque, âgé de 23 ans, il avait déjà découvert le calcul des fluxions et l'analyse de la lumière. Mais la loi de la gravitation universellement étendue à toutes les particules matérielles ne lui fut complétement démontrée qu'en 1682, après que la mesure d'un degré du méridien terrestre, exécutée en France par Picard, eut donné une évaluation du rayon de la terre plus exacte qu'on ne l'avait eue jusqu'alors 2. Car cet élément lui était indispensable pour constater que la force centrale qui retient la lune dans son orbite, et la pesanteur qui sollicite les corps placés à la surface de la terre, ne sont en réalité qu'une même force, modifiée en raison inverse du carré des distances au centre commun. Peu enclin à dévoiler ses conceptions, et fatigué aussi des luttes scientifiques où la publication de ses travaux antérieurs l'avait engagé, Newton suivit en secret, pendant deux ans, les innombrables déductions de cette

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' Voir le premier au cahier d'octobre, p. 577. : "Newton ne nomme point Picard. Mais, en prenant pour donnée de son calcul la longueur que la mesure de l'astronome français assigne au contour d'un grand cercle de la sphère terrestre, il ajoute: Uti a Gallis definitum est. »

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