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NOUVELLES LITTÉRAIRES.

INSTITUT ROYAL DE FRANCE.

ACADÉMIE FRANÇAISE.

M. de Jouy, membre de l'Académie française, est mort à Saint-Germain, le 4 septembre.

L'Académie française a tenu, le jeudi 10 septembre, sa séance publique annuelle sous la présidence de M. Viennet, directeur. Après le rapport de M. Villemain, secrétaire perpétuel, sur les concours, et l'annonce des prix proposés, un membre de l'Académie a lu le morceau qui a remporté le prix d'éloquence. Le discours de M. le directeur sur les prix de vertu a terminé la séance.

PRIX DÉCERNÉS.

Prix d'éloquence. L'Académie avait proposé, pour sujet du prix d'éloquence à décerner cette année, l'Eloge de Turgot. Ce prix a été obtenu par M. Henri Baudrillart. Deux mentions honorables ont été accordées, la première à M. A. Bouchot, professeur agrégé d'histoire au collége royal de Versailles, la seconde à M. C. Dareste, professeur d'histoire au collège Stanislas.

Prix Montyon destinés aux actes de vertu. L'Académie française a décerné: un prix de quatre mille francs à Miller, maître bottier au 5° régiment de chasseurs, en garnison à Melun; un prix de trois mille francs à Pierre-François Rétel, maçon, à Beauquesne (Somme); un prix de deux mille francs à Reine-Catherine Quéron, à Rogny (Yonne); un prix de deux mille francs aux époux Lucas, à Paris; trois médailles de mille francs chacune aux personnes ci-après nommées, savoir: aux époux Borlot, à Paris; à Bertine Guédin, à Etréblanche (Pas-de-Calais); à Benoît Hocq, conducteur au chemin de fer du Nord. Dix médailles de cinq cents francs chacune aux personnes ci-après nommées, savoir: à Anne Billard, femme Léger, demeurant à Paris; à Joséphine Caron, femme Dreville, à Bavincourt (Pas-de-Calais); à JulesFrançois Félix, à Bastia (Corse); aux époux Laumone, à Wassy (Haute-Marne); à Suzanne Monnet, à Lamothe-Sainte-Héraye (Deux-Sèvres); aux époux Loffer, à Paris; aux époux Loiseau, à Paris; aux époux Rouy, à Donnemarie (Seine-et-Marne); à Louise Legrand, à Paris; à Fanny Muller, à Paris.

Prix Montyon, destinés aux ouvrages les plus utiles aux mœurs. L'Académie a décerné : une médaille de trois mille francs à M. Marbeau, auteur d'un ouvrage intitulé: Des crèches, ou des moyens de diminuer la misère en augmentant la population; une médaille de trois mille francs à mademoiselle Marie Carpentier, auteur d'un ouvrage intitulé Conseils sur la direction des salles d'asile; une médaille de trois mille francs à madame Agénor de Gasparin, auteur d'un ouvrage intitulé: Il y a des à Paris... et ailleurs; une médaille de deux mille francs à M. Léon Feugère, pour son ouvrage intitulé: Etienne de la Boëtie, ami de Montaigne; étude sur

pauvres

sa vie et ses ouvrages; une médaille de deux mille francs à M. Géruzez, pour son ouvrage intitulé: Nouveaux essais d'histoire littéraire.

Prix extraordinaire, provenant des libéralités de M. de Montyon. L'Académie avait proposé, en 1845, pour sujet d'un prix extraordinaire de littérature, un Vocabulaire des principales locutions de Molière. Le prix a été partagé entre M. Francis Guessard et M. F. Génin.

Prix extraordinaire, fondé par M. le baron Gobert, pour le morceau le plus éloquent d'histoire de France. Ce prix, conformément à l'intention expresse du testateur, se compose des neuf dixièmes du revenu total qu'il a légué à l'Académie; l'autre dixième étant réservé pour l'écrit sur l'histoire de France qui aura le plus approché du prix. Le premier prix demeure décerné à M. Augustin Thierry, auteur d'un ouvrage intitulé: Récits des temps mérovingiens; le second à M. Bazin, auteur de l'ouvrage intitulé: Histoire de France sous Louis XIII.

Prix extraordinaire, fondé par M. le comte de Maillé Latour-Landry. Le prix fondé par M. le comte de Maillé Latour-Landry en faveur d'un écrivain ou artiste pauvre dont le talent méritera d'être encouragé, a été décerné cette année par l'Académie française à M. J. Lafon Labatut, auteur d'un recueil de poésie intitulé: Insomnies et Regrets.

PRIX PROPOSÉS.

PRIX ORDINAIRES. L'Académie propose pour sujet du prix de poésie qui sera décerné en 1847: L'Algérie, ou la Civilisation conquérante. Le prix sera une médaille d'or de la valeur de 2,000 francs.

L'Académie avait proposé pour sujet du prix de poésie de 1845, la Découverte de la vapeur; le prix n'ayant pas été décerné, le même sujet avait été remis au concours pour 1846. Aucun ouvrage n'ayant encore été jugé digne du prix, l'Académie remet de nouveau la même question au concours pour 1847.

Le prix sera une médaille d'or de la valeur de 2,000 francs.

Les ouvrages envoyés à ces concours ne seront reçus que jusqu'au 1" mars 1847. Ce terme est de rigueur.

L'Académie propose, pour sujet du prix d'éloquence à décerner en 1848, l'Eloge d'Amyot.

Le prix sera une médaille d'or de la valeur de 2,000 francs.

Les ouvrages envoyés au concours ne seront reçus que jusqu'au 1a mars 1848. Ce terme est de rigueur.

PRIX MONTYON POUR L'ANNÉE 1847.

Prix de vertu. Dans sa séance publique du mois de mai 1847, l'Académie française décernera les prix et les médailles provenant des libéralités de feu M. DE MONTYON, et destinés par le fondateur à récompenser les actes de vertu et les ouvrages les plus utiles aux mœurs qui auront paru dans le cours des deux années précédentes. Ce prix est distribué annuellement par l'Académie; tous les départements de la France sont admis à concourir; il est partagé en un ou plusieurs prix, et en un certain nombre de médailles ou récompenses. L'Académie fixe, lors du jugement du concours, la somme qui sera allouée à chacune des actions qui ont mérité d'être distinguées par elle.

Prix de l'ouvrage le plus utile aux mœurs. Ce prix peut être accordé à tout ouvrage publié par un français, dans le cours des deux années précédentes, et recom mandable par un caractère d'élévation morale et d'utilité publique.

Prix extraordinaires, provenant des libéralités de M. de Montyon. L'Académie rap-
pelle qu'elle a proposé, pour 1847, un prix de 5,000 francs, prélevé sur les fonds
disponibles de la fondation de M. de Montyon, pour être appliqué à une ou plusieurs
traductions d'ouvrages moraux de l'antiquité, ou des littératures modernes étran-
gères, qui auront paru dans le cours des deux années précédentes.

er

Le concours sera fermé le 1" janvier 1847.

Le prix sera décerné, s'il y a lieu, dans la séance publique du mois de mai 1847.
Prix proposé pour 1850. L'Académie rappelle qu'elle a proposé un prix de
10,000 francs pour une œuvre dramatique en cinq actes et en vers, composée par
un Français, imprimée, représentée et publiée en France, et qui joindrait au
mérite littéraire le mérite non moins grand d'ètre utile aux mœurs et aux progrès
de la raison.

L'Académie s'occupera du jugement d'après lequel le prix sera décerné, à partir
du 1 janvier 1850.

Les membres de l'Académie française sont seuls exclus de ce concours.

Prix fondé par M. le baron Gobert. A partir du 1 janvier 1847, l'Académie s'oc-
cupera de l'examen annuel relatif aux prix fondés par feu M. le baron Gobert, pour
le morceau le plus éloquent d'histoire de France, et pour celui dont le mérite en appro-
chera le plus L'Académie comprendra, dans cet examen, les ouvrages nouveaux sur
l'histoire de France, qui auront paru depuis le 1 janvier 1846. Les ouvrages pré-
cédemment couronnés conserveront les prix annuels, d'après la volonté expresse
du testateur, jusqu'à déclaration de meilleurs ouvrages.

Prix fondé par M. le comte de Maillé Latour Landry, à décerner en 1848. M. le
comte de Maillé Latour-Landry a légué à l'Académie française et à l'Académie royale
des beaux-arts une somme de 30,000 francs à employer en rentes sur l'État, pour
la fondation d'un secours à accorder, chaque année, au choix de chacune de ces
deux académies alternativement, «à un jeune écrivain, ou artiste pauvre, dont le
talent, déjà remarquable, paraîtra mériter d'être encouragé à poursuivre sa car-
rière dans les lettres ou les beaux-arts. »

ACADÉMIE DES BEAUX-ARTS.

M. le comte Siméon, membre libre de l'Académie des beaux-arts, est mort, à
Dieppe, le 14 septembre.

Relation des voyages faits

TABLE.

par les Arabes et les Persans dans l'Inde et à la Chine,
par M. Reinaud (1 article de M. Quatremère). . . . .
Hutcheson, fondateur de l'école écossaise (2° article de M. Cousin)
Théâtre français au moyen âge, publié d'après les manuscrits de la Bibliothèque
du Roi, par MM. L.-G. Monmerqué et Francisque Michel (4 article de
M. Magnin).

Page 513
531

544

...

Tableau des institutions et des mœurs de l'Église au moyen âge, par Frédéric Hur-
ter (article de M. Avenel)..

558

Nouvelles littéraires.

574

FIN DE LA TABLE.

JOURNAL

DES SAVANTS.

OCTOBRE 1846.

Sur la planète nouvellement découverte par M. Le Verrier, comme conséquence de la théorie de l'attraction.

PREMIER ARTICLE.

L'histoire de l'astronomie moderne conserve avec honneur les noms d'un petit nombre d'observateurs heureux, qui, par une étude attentive du ciel, ont découvert l'existence de planètes jusqu'alors ignorées. Les mesures angulaires, par lesquelles ils avaient reconnu et défini les mouvements apparents de ces corps, ont servi aux géomètres pour calculer leurs mouvements réels, en les réglant sur les lois de l'attraction newtonienne, qu'on a trouvées toujours en donner l'expression d'autant plus fidèle, qu'elles avaient été appliquées plus exactement. Mais, dans tous ces cas, la vue précédait l'intelligence. La méthode suivait l'astre, ne le prévoyait point. On eut, sans doute, une grande preuve de sa puissance, lorsque l'on vit, après soixante-seize ans, la comète de Halley revenir des profondeurs de l'espace, au temps fixé, à quelques jours près, , par Clairaut, à la suite d'immenses calculs, dont la fidélité inespérée aurait encore été plus précise, si l'on avait mieux connu alors la masse de Saturne; et si, au delà de Saturne, il n'eût pas existé d'autres planètes, dont Clairaut put seulement signaler l'influence comme supposable, en dehors de ses calculs. Toutefois l'astre avait été vu antérieu rement, et l'on savait qu'il devait revenir. L'incertitude, et elle était grande, portait seulement sur l'époque de son retour, au sommet de sa longue ellipse le plus proche du soleil. Mais, constater d'avance, a priori, l'existence certaine et nécessaire d'une planète que nul œil humain n'avait encore aperçue; déterminer la position et les dimensions de son orbite; évaluer sa masse, régler son mouvement, assigner pour

telle année, tel jour, telle heure, sa place absolue dans le ciel, le point précis où elle doit être, où on la trouvera, et où on la trouve, voilà ce que personne n'avait jamais fait, et ce que M. Le Verrier vient de faire. La nature des données sur lesquelles il a pu établir cet étonnant résultat, la marche qu'il a suivie pour y arriver, l'immensité du travail, l'importance actuelle du fait astronomique, les conséquences les plus apparentes qu'on en peut déjà pressentir, tel sera le sujet qui va nous occuper. Je dirai d'abord comment on découvre, par la vue, les planètes et les comètes nouvelles, avec les instruments que nous possédons. Je dirai ensuite comment M. Le Verrier a trouvé la sienne par le calcul. Ce rapprochement m'a semblé indispensable pour faire comprendre la beauté et la valeur de sa découverte. Elle est sans doute déjà connue de tous nos lecteurs. Les sentiments de curiosité bien naturelle qui pouvaient se mêler à leur admiration doivent avoir été satisfaits par les nombreux détails qui ont été insérés dans les papiers publics. Je n'ajouterais rien à l'intérêt qu'elle a dû leur inspirer, en reproduisant, avec moins d'à-propos, les mêmes idées, que je ne saurais probablement pas rendre avec la même vivacité d'expressions. C'est pourquoi j'ai entrepris, trop hardiment peut-être, de conduire nos lecteurs dans une autre voie, où je suivrai avec eux la succession des travaux et des hommes qui ont élevé ce grand édifice au sommet duquel M. Le Verrier vient de se placeṛ. Cet hommage rendu à leur mémoire ne déparera pas son triomphe. Il ne fera que le justifier plus évidemment: car on verra, d'une part, ce qu'il y a de puissance dans les méthodes mathématiques déjà préparées; de l'autre, ce qu'il lui a fallu d'habileté, de sagacité, de persévérance, et de talent personnel, pour en faire une si belle application. Cette vue claire et entière de sa découverte sera le dédommagement que j'ose promettre à nos lecteurs, au terme de la carrière où je me hasarde à les engager.

:

Le simple aspect du ciel, attentivement observé pendant quelques nuits, fait reconnaître deux sortes d'astres. Les uns, en multitude innombrable, semblent fixement attachés à la voûte céleste, comme autant de points étincelants qui gardent entre eux des relations de position constantes ce sont les étoiles. Les groupes diversement figurés, dans lesquels on les répartit conventionnellement, pour rappeler à l'esprit leur ensemble, et que l'on appelle les constellations, paraissent, aujourd'hui encore, tels que les plus anciens astronomes les ont décrits. C'est seulement par des mesures de la dernière délicatesse qu'on découvre, dans presque tous, de très-petits déplacements relatifs, qui, vus du point où nous sommes, semblent s'opérer avec une extrême lenteur. D'autres astres, en nombre fort restreint, et d'un

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