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auquel l'église de Noyon lui semble appartenir; il trace les limites de l'époque de transition, ses subdivisions chronologiques; puis, se plaçant à un point de vue plus général, il indique dans quel sens devraient être dirigées les recherches de ceux qui veulent connaître la véritable signification historique de la révolution architecturale que cette époque a vue s'accomplir. L'examen détaillé de la cathédrale de Noyon se trouve dans la seconde partie consacrée à la Description des planches.

Etudes sur Pascal, par l'abbé Flottes, vicaire général de Montpellier, professeur à la faculté des lettres. Montpellier, imprimerie de Boehm, librairie de Séguin, à Paris, chez Vaton, 1846, in-8° de vIII-204 pages. L'auteur de cet écrit a entrepris de défendre Pascal contre les écrivains qui, selon lui, ont accusé ce grand homme de scepticisme philosophique et d'aveuglement dans sa foi. Il cherche à éclaircir, par la discussion des textes, la conduite de Pascal à l'égard du père SaintAnge, son influence sur mademoiselle de Roannez, la décision au sujet du mariage de sa nièce Jacqueline, l'amulette, l'abîme imaginaire. Il a choisi, parmi les Fragments, un certain nombre de passages, dans le but de prouver que la doctrine qu'ils contiennent est conforme à celle que les amis et les contemporains de Pascal lui ont attribuée et qu'il avait professée lui-même dans des ouvrages publiés de son vivant. M. l'abbé Flottes insiste sur ce que, pour juger sainement l'Apologie, il faut éviter de prêter à Pascal les sentiments qu'il réfute ou qu'il accepte provisoirement pour combattre ses adversaires en leur opposant leurs propres opinions. Ce travail est divisé en cinq parties: étude de l'esprit et de la foi de Pascal dans sa vie; étude de l'esprit et de la foi de Pascal dans ses écrits; étude de sa philosophie dans les Pensées; doctrine philosophique consignée dans les Pensées sur la puissance et les limites de nos facultés intellectuelles, appliquées à la connaissance de Dieu, de l'âme et du sens moral; étude du christianisme de Pascal dans les Pensées.

Essai sur l'histoire de la Franche-Comté, par M. Édouard Clerc, conseiller à la cour royale de Besançon; tome II (1307-1467); Besançon, imprimerie et librairie de Bintot; Paris, librairie de Dumoulin, 1846, in-8° de vIII-551 pages. Cet ouvrage, dont le tome I a paru en 1840, se poursuit avec un grand soin et continue d'offrir un récit intéressant des principaux faits de l'histoire de la FrancheComté. C'est un travail sérieux, qui paraît être le fruit d'un examen patient des documents contemporains. Dans la période de cent soixante ans qu'embrasse le second volume, l'auteur s'attache principalement à faire ressortir les progrès du tiers-état en Franche-Comté; la résistance de la féodalité, son déclin et sa ruine; la puissance croissante des ducs de Bourgogne; les fortunes diverses de la maison de Châlons. Il donne aussi une grande place à l'histoire particulière de la ville de Besançon et de sa commune. Nous nous proposons de revenir prochainement sur cette publication.

Histoire et géographie de Madagascar, depuis la découverte de l'île, en 1506, jusqu'au récit des derniers événements de Tamatave, par M. Macé Descartes, membre titulaire de la Société orientale de Paris; ouvrage écrit d'après les publications les plus récentes, et accompagné d'une carte nouvelle de Madagascar et de ses dépendances. Imprimerie de Crété, à Corbeil, librairie de P. Bertrand, à Paris, 1846, in-8° de v-452 pages. Ce livre résume et complète les ouvrages les plus importants qui ont paru récemment sur Madagascar, entre autres le Précis historique sur les établissements français de cette île, publié par le ministre de la marine, en 1836; les observations nautiques et géographiques de M. le capitaine Jehenne, commandant de la Prévoyante (1841); enfin les Documents recueillis par M. GuilJain, commandant de la Dordogne, ouvrage annoncé dans le dernier cahier de ce

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journal (p. 187). M. Macé Descartes a fait aussi usage du travail de William Ellis sur les tentatives infructueuses faites à Madagascar par les missionnaires de Londres. L'ouvrage est divisé en deux livres, dont le premier traite de l'histoire politique de l'île, le second, de ses divisions géographiques, de son climat, de ses productions, de ses ressources. Le but de l'auteur est de démontrer les avantages qu'aurait pour la France une nouvelle prise de possession de Madagascar, que Louis XIV avait réunie au domaine de la couronne par un édit de 1686.

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Exploration scientifique de l'Algérie, pendant les années 1840, 1841, 1842, publiée par ordre du Gouvernement et avec le concours d'une commission académique. Sciences historiques et géographiques. Tomes VIII et IX. Paris, Imprimerie royale, et aux librairies de Victor Masson, Langlois et Leclercq; 2 vol. in-8° de VIII-481 et xxvIII-396 pages, avec une carte de l'empire de Maroc. Le tome VIII comprend une Description géographique de l'empire de Maroc, par M. Émilien Renou, membre de la commission scientifique d'Algérie, suivie d'itinéraires et renseignements sur le pays de Sous et autres parties méridionales du Maroc, recueillis par M. Adrien Berbrugger. L'ouvrage qui forme le tome IX a pour titre : Voyages dans le sud de l'Algérie et des Etats barbaresques de l'ouest et de l'est, par El-'Aiachi et Moula-Ahmed, traduits sur deux manuscrits arabes de la bibliothèque d'Alger, par M. Adrien Berbrugger, membre de la commission scientifique d'Algérie, conservateur de la bibliothèque et du musée d'Alger, suivis d'itinéraires et renseignements fournis par Sid-Ahmed-Oulid-Bou-Mezrag, et du Voyage par terre de T'Asa à Tunis, par M. Fabre.

OEuvres complètes de Flavius Joseph (lisez Josèphe), contenant sa vie, écrite par luimême; les antiquités judaïques; la guerre des Juifs contre les Romains; le martyre des Machabées; sa réponse à Apion, et la relation de l'ambassade de Philon vers Caius Caligula; d'après la traduction d'Arnauld d'Andilly, revue, corrigée et accompagnée de notes, par MM. Quatremère, membre de l'Institut, et l'abbé Glaire; première livraison. Paris, imprimerie de Lacrampe, librairie de Maurice, rue du Potde-fer-Saint-Sulpice, 12; in-4° de 40 pages. L'ouvrage aura 3 volumes publiés en 40 ou 45 livraisons.

Harmonies de l'intelligence humaine, par Édouard Alletz; Paris, imprimerie de J.-B. Gros, librairie de Parent-Desbarres, 1846; 2 vol. in-8° de x1x-367 et 406 pages.- La philosophie distingue, dans l'âme de l'homme, la sensibilité, la raison, la volonté. M. Alletz, par la recherche de leurs rapports, de leurs harmonies, s'efforce de les ramener à l'unité. Telle est l'idée fondamentale d'un livre où sont touchées, comme dans les précédentes productions de l'auteur, avec gravité et agrément, un grand nombre de questions de métaphysique, de morale, et même de littérature.

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Histoire des révolutions de la philosophie en France pendant le moyen âge jusqu'au 'xvr siècle, précédée d'une introduction sur la philosophie de l'antiquité et celle des premiers temps du christianisme, par le duc de Caraman, tome 1; Paris, imprimeric de Hennuyer et Turpin, librairie de Ladrange, 1845; un vol. in-8° de XVI-463 pages. L'histoire que nous annonçons, un peu tardivement, était éparse dans un assez grand nombre d'ouvrages spéciaux, d'où l'auteur a eu l'heureuse idée de la tirer d'abord pour sa propre instruction, ensuite pour celle des jeunes gens et des gens du monde, auxquels profiteront ses graves et consciencieuses études. A ce but, qu'il s'est particulièrement proposé, répondent les mérites de son livre, exposition claire et facile d'époques et de doctrines obscures et peu connues.

Le premier volume conduit les lecteurs jusqu'au xir' siècle, qui fournira la matière
du second. Dans un troisième volume se complétera le sujet annoncé par le titre.

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ALLEMAGNE.

Geschichte der Chalifen nach handschriftlichen grösstentheils noch unbenützten Quel-
len, etc. (Histoire des califes, d'après des sources manuscrites de la plupart desquelles
on ne s'est pas encore servi), par le docteur Gustave Weil, professeur de langues orien-
tales et bibliothécaire à l'université de Heidelberg; Mannheim, grand in-8°, tome I,
614 pages. L'auteur, déjà connu dans le monde savant par la Vie de Mahomet
et une Introduction au Coran, était préparé à une publication aussi importante par
un long séjour en Orient. Non content de mettre à contribution les matériaux suc-
cessivement publiés par les savants français et étrangers, il a recouru à de nou-
velles sources qui lui ont été fournies par les bibliothèques de Paris, de Berlin et
de Gotha. Après avoir examiné les manuscrits de ces bibliothèques, il a consigné
dans le texte de son ouvrage les résultats de ses recherches, et, dans les notes, il
a rendu compte des motifs qui l'avaient guidé dans son choix. Ce premier volume
commence à la mort de Mahomet et se prolonge jusqu'à la chute des califes om-
miades, vers le milieu du vIII° siècle; il comprend l'histoire de l'Espagne, depuis
la première invasion musulmane jusqu'à la naissance d'une dynastie ommiade à
Cordoue. La seconde moitié de ce volume est surtout riche en faits nouveaux pui-
sés dans les trois volumes du texte arabe de la Chronique de Thabary, que possède
la bibliothèque de Berlin. M. Weil a montré, par une foule d'exemples, que les
traductions persanes et turques de cette chronique, dont se sont servis jusqu'à
présent les écrivains orientaux modernes eux-mêmes, ne méritent pas beaucoup de
confiance. Les traducteurs n'ont pas seulement retranché une foule de détails in-
téressants; ils ont altéré certains faits dans un esprit politique ou religieux. Les
deux volumes suivants seront consacrés à l'histoire des califes abbassides, y
compris les dynasties qui, à la même époque, se partagèrent l'empire musulman.
L'ouvrage de M. Weil remplit une importante lacune dans l'histoire des peuples.
On ne possédait pas jusqu'ici un tableau suivi et complet de la nation musulmane;
dans celui-ci on trouve le résumé de ce qui a été dit de plus plausible par les écri-
vains indigènes, contrôlé par ce que nous ont laissé les écrivains byzantins et occi-
dentaux. Souvent le récit des indigènes est traduit mot à mot; mais toujours il est
ramené au point de vue européen. La chronologie des faits est traitée avec beau-
coup de soin.

TABLE.

Revue des éditions de l'Histoire de l'Académie des sciences par Fontenelle (1" ar-
ticle de M. Flourens)...
Nouveaux documents inédits sur Antonio Perez et Philippe II (2o article de M. Mignet).
Sur les modifications qui s'opèrent dans le sens de la polarisation des rayons
lumineux, lorsqu'ils sont transmis à travers des milieux solides ou liquides,
soumis à des influences magnétiques très-puissantes (3° article de M. Biot)..
1. Place de l'Égypte dans l'histoire du monde, par Ch. C. J. Bunsen; 2. Choix
des documents les plus importants de l'antiquité égyptienne, par le D' R. Lep-
sius (2° article de M. Raoul-Rochette)..
Nouvelles littéraires...

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FIN DE LA TABLE.

JOURNAL

DES SAVANTS.

ΜΑΙ 1846.

URGESCHICHTE UND MYTHOLOGIE der PhilistaerR, Histoire ancienne et Mythologie des Philistins, par M. Hitzig. Leipzig, 1845, in-8°.

PREMIER ARTICLE.

Au midi de la Palestine, vers les frontières de l'Égypte, habitait un peuple qui occupait un territoire de peu d'étendue, qui, par conséquent ne pouvait présenter une population très-nombreuse, mais qui se distinguait par un caractère éminemment belliqueux et indomptable. Les Philistins, car c'est d'eux que je veux parler, semblent avoir, dès la plus haute antiquité, montré, à un point extrême, ces inclinations guerrières. Et, dans le temps où les Israélites habitaient l'Égypte, la terreur des armes des Philistins était si grande, que Moïse, par l'ordre de Dieu, voulant conduire ses compatriotes dans la terre promise, ne crut pas devoir leur faire prendre la route directe et par conséquent la plus courte 1, dans la crainte que les luttes qu'ils auraient à soutenir contre les Philistins ne rebutassent leur courage et ne les engageassent à rebrousser chemin vers l'Égypte. Ce fut donc pour éviter une pareille résistance que les Hébreux se virent contraints à faire un immense circuit dans le désert de l'Arabie, afin de pénétrer dans la Palestine, en traversant le Jourdain. Les Philistins ne démentirent jamais la réputation d'intrépidité qu'ils avaient acquise de temps immémorial. Lorsque les Israélites furent établis dans la terre de Chanaan, le pays occupé

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par les Philistins avait été compris dans leurs possèssions. Mais ils ne purent jamais vaincre la résistance obstinée de ces guerriers redoutables, et ils furent obligés de les laisser constamment subsister à côté d'eux. Les Philistins, non contents de se tenir sur la défensive, se livrèrent envers les Juifs à des hostilités presque continuelles, les harcelant sans relâche, les réduisant souvent à une servitude humiliante et aux plus dures extrémités.

Le plus belliqueux des rois juifs, David lui-même, quoiqu'il eût, à plusieurs reprises, humilié par ses victoires l'orgueil de ces rivaux indomptables et leur eût fait éprouver de cruelles défaites, ne put triompher complétement de leur obstination belliqueuse, et se vit contraint, quoique bien à regret sans doute, de souffrir, à si peu de distance de sa capitale, une population inquiète et redoutable, qui, constamment disposée à prendre les armes, ne pouvait manquer d'être pour les Juifs un fléau toujours subsistant. Même en temps de paix, les Philistins faisaient à leurs voisins un mal irréparable; car, par leurs conseils et leurs exemples, ils les entraînaient dans toutes les superstitions de l'idolâtrie 1. Après le retour de la captivité, lorsque les haines qui divisaient les deux peuples étaient devenues moins vives, les Juifs s'allièrent par des mariages avec les Philistins 2: et le langage de ces. derniers était presque le seul que parlassent les enfants nés de ces unions.

Ce n'était pas seulement contre les Juifs que les Philistins déployèrent un courage indomptable; car, au rapport d'Hérodote 3, Azote, l'une de leurs principales villes, soutint contre Psammétichus, roi d'Égypte, un siége de vingt-neuf ans, le plus long dont l'histoire ait conservé le souvenir. Sous les successeurs d'Alexandre, le pays des Philistins se trouva réuni à l'Égypte; sous la domination de Ptolémée, ces hommes farouches, amollis par le contact de la civilisation grecque, perdirent sans doute peu à peu leurs inclinations féroces, et, par suite, sentirent diminuer le courage guerrier qui les avait jadis rendus si redoutables; car, sous le règne des princes Asmonéens, ainsi que sous celui d'Hérode, nous voyons les villes qui composaient le domaine des Philistins subjuguées avec une facilité extrême; et la principale de ces places, celle de Gaza, est nommée par Joseph une ville grecque'.

Quant aux forces vraiment prodigieuses que les Philistins déployèrent en plusieurs circonstances, il n'y a rien qui puisse surprendre. D'abord, ce peuple, établi dans une région fertile, avait dû se multi

1

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2

3

Isaïe, ch. 11, v. 6. -2 Néhémie, ch. x111, v. 23. — 3 Histor. lib. II,
Antiquit. judaic. lib. XVI, cap. 11, p. 862.

cap. CLVII

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