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Elle décide l'impression au Bulletin du discours prononcé aux funérailles par M. le Secrétaire perpétuel. Une lettre de condoléance sera adressée à la famille.

« Peter Benoit, rappelle M. Radoux, a laissé une trace lumineuse dont les rayons ne s'effaceront pas. Si l'artiste est mort, son œuvre est vivante et perpétuera sa gloire.

>> C'est au nom des membres de la Section de musique, continue-t-il, que je rends cet hommage à la mémoire de l'illustre confrère dont nous pleurons la perte. La Wallonie, qui l'a souvent acclamé et que je représente dans la Classe, salue avec moi l'ombre bienaimée du regretté Flamand. »

La Classe s'associe à l'hommage de la Section de musique, à la mémoire de Peter Benoit.

La Classe prend également notification officielle de la mort de Jules-Jacques Van Ysendyck, membre titulaire de la Section d'architecture, né à Paris le 17 octobre 1836, décédé à Uccle lez-Bruxelles le 17 mars 1901.

Elle décide l'impression au Bulletin du discours prononcé aux funérailles par M. le Secrétaire perpétuel. Une lettre de condoléance sera adressée à la famille.

Mme Aline de Vigne remercie la Classe pour les sentiments de condoléance qui lui ont été exprimés lors de la mort de son mari, Paul de Vigne.

M. le Ministre de l'Intérieur et de l'Instruction publique envoie, pour la bibliothèque de l'Académie, un exemplaire de la 26 livraison des œuvres de Grétry, publiées par la Commission pour la publication des

œuvres des anciens musiciens du pays. Cette livraison porte pour titre :

Le Comte d'Albert, drame en deux actes, et la suite, en un acte.

Remerciements.

- M. Paul Bergmans fait hommage de ses Variétés musicologiques, 2a série.

Remerciements.

M. Mathieu présente, au nom de M. C. Bergmans, un exemplaire de son livre Le Conservatoire royal de musique de Gand. Etude sur son histoire et son orga

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M. Victor Vreuls, de Verviers, se déclare l'auteur de la partition portant la devise: Art long, vie courte, qui a obtenu une première mention honorable ex æquo au concours d'art appliqué de la Classe pour 1900; sujet proposé On demande, au choix du concurrent, un concerto pour violon et orchestre ou un concerto pour piano et orchestre.

Il se déclare également l'auteur du manuscrit sur l'histoire de la musique dans les provinces belgiques, pendant les XVII et XVIIIe siècles. Ce mémoire, portant pour devise Alea jacta est, a obtenu une mention honorable.

- M. Émile Vloors, premier prix du grand concours de peinture de 1898, adresse le premier rapport sur son voyage en Espagne.

Renvoi pour appréciation à MM. Hennebicq, Stallaert et Smits.

Discours prononcé aux funérailles de Peter Benoit, membre de la Classe des beaux-arts (1); par le chevalier Edmond Marchal, secrétaire perpétuel de l'Académie.

MESSIEURS,

La mort de Pierre Benoit ne saurait susciter qu'un profond et douloureux écho dans la Classe des beaux-arts de l'Académie royale de Belgique, qui s'honorait de compter parmi ses membres titulaires l'illustre directeur du Conservatoire royal d'Anvers.

En présence des discours qui viennent d'être prononcés et qui ont si brillamment et si éloquemment retracé la vie et les travaux du maître, je serai sobre de paroles, estimant que le plus bel éloge d'une personnalité telle que Benoit, ce sont ses œuvres, ses productions, dont il a enrichi le domaine musical de sa patrie.

Pierre Benoit, ou plutôt Peter Benoit, car il n'est connu que sous ce nom qu'il avait adopté, appartient à l'une de ces familles de la West-Flandre en qui le souci d'élever ses enfants dans l'amour du beau, du bien et du vrai, constitue à la fois la plus noble et la plus douce

mission.

Rosalie Monice, sa mère, l'une des artistes qui, durant de longues années, a été une des glorieuses étoiles de la Société de rhétorique d'Harlebeke, l'initia, dès son ber

(1) Né à Harlebeke le 17 août 1834, mort le 8 mars 1901 à Anvers, où les funérailles ont eu lieu le 11 mars.

ceau, aux beautés des œuvres dramatiques de la Néerlande et de l'Allemagne, dont elle connaissait toutes les géniales productions. Bernard Monice, son grand-père maternel, lui racontait les sombres et tragiques épisodes de l'histoire des Flandres, en même temps que Pierre-Jacob Benoit, son père, lui donnait les premières notions de musique et le confiait à son vieil ami Pierre Carlier, organiste de Desselghem, pour lui apprendre le piano, l'orgue et le chant grégorien.

On comprend que dans un milieu pareil et surtout sous les chaudes caresses d'une mère qu'il a chérie jusqu'à l'adoration, Pierre Benoit ait hérité de cet ardent tempérament pour l'art qui lui fit aimer, dès sa plus tendre enfance, la musique comme un culte.

A 16 ans, dit-on, il dirigeait déjà, avec cette maëstria qui l'a toujours distingué, des chœurs qu'il avait composés, n'étant que simple élève, pour la distribution des prix de son modeste pensionnat d'Harlebeke.

A 17 ans, il prenait le chemin de Bruxelles, portant ses premières productions dans sa petite malle d'écolier. Il se présenta à François Fétis pour être admis dans son conservatoire.

L'illustre académicien discerna immédiatement en Benoit une nature des plus heureusement douées pour la musique; il l'initia aux secrets de la composition et de la fugue, ce pendant que Ch. Bosselet lui apprenait les réelles lois de l'harmonie. Il en fit un de ses élèves préférés.

A l'âge de 21 ans à peine, le jury du grand concours de composition musicale de 1855 lui accordait une mention honorable.

Deux années après, il remportait à l'unanimité, aux

applaudissements du jury, le grand prix. Sa cantate : La mort d'Abel, ce premier meurtre de l'humanité biblique, était déjà empreinte de ce caractère grandiose et original qui a toujours distingué le talent de Benoit et qui en a fait un maître incomparable, autant comme mélodiste que sous le rapport de la composition orchestrale.

Il commença le perfectionnement de ses études par l'Italie; mais c'est surtout la poétique et légendaire Allemagne qui l'attira et où il puisa ses plus belles inspirations. C'était une affinité de race qui instinctivement l'y attirait. Les festivals des grandes villes de la vieille Germanie lui suscitèrent, lorsqu'il rentra en Belgique vers 1867, après un assez long séjour à Paris, où il avait rempli les fonctions de chef d'orchestre du théâtre des Bouffes-Parisiens, ses pages les plus grandioses, qui, chaque fois qu'on les exécutait, soulevaient l'enthousiasme : Lucifer, l'Escaut, la Guerre, le Rhin, pour lesquels il a toujours trouvé des poètes flamands à la hauteur de ses inspirations: Hiel, Van Beers et de Geyter. Son œuvre entière, au surplus, a été conçue sur des poèmes écrits en cette langue, dans laquelle il a également chanté, avec le charme mélodique que comporte le flamand, les joies du foyer comme l'amour de la patrie. Ses grands oratorios étaient la réelle manifestation de sa puissante nature d'artiste. Il se passionnait à diriger les grandes masses, chorales et orchestrales; il savait les imprégner de tout ce que comportait sa chaude et brillante imagination.

Ses chants de fête (feestzangen) se distinguent par le plus exquis sentiment de poésie mélodique, ses compositions de musique dramatique, ses chœurs sans accom

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