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Discours prononcé au nom de la Classe des beaux-arts, lors des funérailles de Paul de Vigne (1); par le chevalier Edmond Marchal, Secrétaire perpétuel de l'Académie royale de Belgique.

MESSIEURS,

Je viens, au nom de la Classe des beaux-arts de l'Académie royale de Belgique, adresser un suprême adieu à l'un des membres les plus éminents de la Section de sculpture.

En Paul de Vigne disparaît l'une des personnalités qui ont le plus honoré l'art belge par la pureté et l'élégance du style, ainsi que par le grandiose de ses conceptions.

Notre éminent confrère appartenait à une excellente famille gantoise, chez qui la culture des arts était un patrimoine Pierre de Vigne, son père, à qui la monumentale statue de Jacques d'Artevelde, place du Vendredi, à Gand, a valu une juste renommée, et Félix de Vigne, son oncle, peintre et écrivain érudit.

C'est dans l'atelier de son père que Paul de Vigne commença son apprentissage; c'est aux Académies de Gand et d'Anvers qu'il alla se perfectionner; c'est à l'Académie de Louvain où il fortifia, avec les conseils du statuaire Vander Linden, qui devait devenir son beaufrère, ses sentiments d'artiste et d'où datent ses réels

(1) Né à Gand le 26 avril 1843, décédé le 13 février 1901, à Schaerbeek, où les funérailles ont eu lieu le 18 février.

débuts sous la paternelle égide de Louis de Taye, qui était alors le directeur de cet établissement. Notre regretté confrère était alors un fervent admirateur de Rude, comme il devait le devenir plus tard, lorsqu'il visita l'Italie, des della Robbia, du Verrocchio, de Donatello et des marbres antiques des musées de Rome.

Doué d'une grande ténacité de caractère et de cette énergie morale qui a distingué la race des de Vigne, Paul aborda à deux reprises, en 1864 et en 1869, les grands concours dits Prix de Rome. Il était sorti victorieux de l'épreuve préparatoire en 1869, mais au concours même il n'obtint que le second prix. Cet échec n'était pas de nature à le décourager de chercher à satisfaire ses puissantes aspirations. Les insuccès des concours ne sont pas toujours sans appel en ceux qui se sentent le réel amour de l'art pour vaincre les inégalités du sort. Paul de Vigne prit alors la résolution d'aller, à ses frais, voyager en Italie. Les œuvres des maîtres qui ont illustré Florence l'enthousiasmèrent.

«Avant mon arrivée en Italie, dit-il, dans une de ses lettres publiées par Edmond-Louis de Taye fils, dans Les artistes belges contemporains, page 213, je n'avais pas la moindre idée de cet art si noble et si beau. En effet, il est impossible de s'en rendre compte, sans visiter le pays où il s'est développé. Les quelques copies ou reproductions, d'ailleurs rares, que possèdent nos musées, ne peuvent faire comprendre l'importance de cet art parfaitement original, qui n'emprunte ses éléments à aucune source étrangère, et qui est parvenu par une plastique noble et grande à exprimer les idées et les cœurs du temps. Or, c'est là une qualité essentielle de l'art vraiment digne et que l'on constate partout où il a été porté

à un suprême degré de beauté. Une chose m'étonne extrêmement. C'est que les artistes en général, et surtout les sculpteurs, négligent presque complètement l'étude de cette époque. Quelques-uns l'effleurent superficiellement et beaucoup l'envisagent comme une réminiscence de l'antiquité. Combien rares sont ceux qui parviennent à classer d'une manière judicieuse cette suprême phalange des grands artistes qui précèdent Michel-Ange? C'est à peine si en Belgique nous soupçonnons l'existence des della Robbia, du Verrocchio et de Donatello, le plus grand de tous, celui qui illumine réellement son siècle et toute la génération suivante, celui qui, dans ses productions, a effleuré parfois les plus belles œuvres grecques et qui, dans sa Frise des Enfants qu'on admire au Musée des Uffizzi, a trouvé, comme Phidias, le véritable secret de modeler le bas-relief. Donatello nous dit qu'il faut le traiter par grandes masses vivement arrêtées et d'une grande variété de lignes. Rien n'est plus intéressant que de suivre cet artiste depuis ses premières œuvres à travers les différentes phases de son talent jusqu'à son plus haut degré de développement. On le voit d'abord sacrifier à la tradition, mais déjà alors, cependant, il imite la nature. Peu à peu le maître se débarrasse de la tutelle de l'école précédente, prend des allures plus libres et finit par arriver, dans ses dernières œuvres, à une grandeur d'exécution et à une beauté plastique qu'on ne retrouve que chez les Grecs. Et toujours il conserve cette force d'expression qui fait que ses conceptions sont vivantes, animées et qu'elles resteront éternellement belles. >>

Nous n'avons pu résister à reproduire toute cette lettre parce qu'elle rend, mieux que je ne saurais le faire, l'état d'âme de l'artiste qui l'a écrite, lorsqu'on évoque

ses trois plus admirables productions, lesquelles sont la plus haute expression de son beau talent pour réaliser par le marbre et par le bronze :

L'Immortalité, l'une des perles du Musée de Bruxelles, que Paul de Vigne exécuta, en mémoire de son ami Liévin De Winne, et qu'il considérait comme son œuvre la plus parfaite;

Le Triomphe de l'Art, ce grandiose groupe qui décore la façade du Palais des beaux-arts, rue de la Régence;

Et le Monument Breydel et de Coninck, élevé par la ville de Bruges, pour rappeler aux Belges la mémoire de ces héroïques défenseurs de leurs libertés.

Ces trois compositions géniales, sans compter nombre d'œuvres d'un haut mérite, perpétueront, dans l'auréole de la célébrité, le nom des de Vigne, déjà si vaillamment porté.

OUVRAGES PRESENTES.

Alviella (le comte Goblet d'). Nouveaux documents relatifs à l'iconographie du bouddhisme indien. Bruxelles, 1901; in-8° (16 p.).

Kurth (Godefroid). Archives belges, revue critique d'historiographie nationale, 1 et 2e années, 1899-1900; in-8°.

Nys (Ernest). Etudes de droit international et de droit politique, 2o série. Bruxelles-Paris, 1901; in-8°.

Berlière (Dom Ursmer). Mélanges d'histoire bénédictine, 3 série. Maredsous, 1901; in-8°.

du Chastel de la Howarderie (le comte P.-A.). Généalogie de la famille Bourlivet. Lille, 1900; extr. in-8° (6 p.).

- Origine de la maison noble et chevaleresque du Chasteler de Moulbais. Lille, 1900; extr. in-8° (19 p.).

Meirsschaut (Pol.). Les sculptures de plein air à Bruxelles. Guide explicatif. Bruxelles, 1900; in-8° (xvI-212 p. et 121 photogravures).

HASSELT. Société chorale et littéraire. Bulletin, 36 volume, 1900.

MALINES. Cercle archéologique. Bulletin, tome X, 1900.

Allemagne et Autriche-Hongrie.

BERLIN. Archaeologische Gesellschaft. 60. Programm: Ueber den Marmorkopf eines Negers in den Königlichen Museen. 1900; in-4°.

BRESLAU. Schlesische Gesellschaft für vaterländische Cultur. 77. Jahresbericht, 1900.

-

Litteratur der Provinz Schlesien, Heft 7, 1900.

WURZBOURG. Historisches Verein. Archiv, Band XLII, 1900. CRACOVIE. Académie. Lituanische Volks-Weisen, gesammelt von Anton Juszkiewicz, bearbeitet, redigiert und herausgegeben von Sigmund Noskowski und Johann Baudouin de Courtenay, Teil I, 1900; in-4°.

Olivecrona (Ch. d'). Rapport officiel sur l'administration de la justice en Suède, 1899. Stockholm, 1900; in-4°.

Rapport officiel sur l'état des prisons en Suède, 1899. Stockholm, 1900; in-4°.

PAYS-BAS.

UTRECHT. Genootschap van kunsten en wetenschappen. Geschichte der alten Rhodier (H. Van Gelder). 1900.

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