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La grande chaleur, dit cet Auteur, a été un obftacle pour faire une parfaite diffection anatomique qui auroit pu mettre à portée de dé»cider du véritable corps moteur de ce mouvement impulfif. Tout ce » que j'ai pu remarquer, font deux mufcles forts qui correfpondent au dos & à fa poitrine en forme de faulx ou faucille. Ces deux muf »cles que j'ai parfaitement diftingué des autres parties mufculeufes, » m'ont paru devoir être les deux principaux agens du mouvement & du treffaillement en queftion; mais je ne donne ceci que comme une » conjecture, parce qu'il n'eft pas poffible de décider fi le mouvement » réfide dans tout le corps du poiffon, ou dans une partie déterminée «. Defcription de Surinam, tome 2, p. 262. Tout annonce que M. Fermin n'a pas pouffé fes recherches bien loin, puifqu'il eft vrai que mouvement impulfif a lieu, en général dans toutes les parties de l'animal, mais que dans plufieurs circonftances, il fe fait fentir bien plus violemment aux endroits qui ne correspondent point à ces muscles, comme fur la tête & fur le ventre.

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Les fubftances qui occupent les parties latérales & inférieures, font bien différentes de celle que nous venons de décrire ; elle est très-mollaffe; il femble qu'il n'entre point de fibres dans fa compofition, & ne paroît être qu'une efpece de mucilage fort épais qui, preffé entre les doigts, fe divife & caffe de tout côté. Cette fubftance, occupant les parties latérales de l'anguille, & s'uniffant inférieurement à la naiffance du mucilage dont j'ai parlé, s'étend depuis la fin du ventre où elle commence, jufqu'à la queue. Chaque partie latérale peut fe divifer en deux, fuivant leur longueur, & ces parties font unies par un tiffu cellulaire, encore plus lâche que celui qui unit ces parties mufculeufes, de forte que le doigt fuffit pour les féparer jufque dans l'intérieur où elles font attachées à une membrane cellulaire, qui forme un canal confidérable qui s'étend depuis la fin du ventre jufqu'à la fin de la queue. A côté de ce conduit, on en trouve deux autres plus petits, mais qui font des vaiffeaux fanguins; je les ai fuivis jusqu'à leur naissance, ouplutôt à leur communication au cœur.

L'anguille tremblante eft naturelle à la Guyane; on la trouve communément dans les eaux croupiffantes, dans les petits étangs, dans les faignées des favanes ou prairies. On y rencontre également un autre poiffon, nommé Coulan; ainfi M. Van-der-Lot a tort de dire que dans les endroits fréquentés par l'anguille tremblante, on n'y rencontre point d'autres poiffons. Sa propofition eft faulle dans fa généralité, mais je ne dis pas qu'elle ne foit vraie à certains égards. Il eft certain que cet ani mal a un moyen terrible de défenfe contre l'animal le plus féroce qui voudroit lui faire la guerre : cependant, comme dans la nature tout tend à la destruction, & que tous les individus font continuellement dans un état de guerre les uns contre les autres, on peut fuppofer que l'an Tome III, Part. I. 1774

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guille tremblante a également un ennemi fous lequel elle fuccombe, & qui à fon tour eft détruit par un autre.

Je ne puis affurer quelle fubftance particuliere fert de nourriture à cet animal; quelques perfonnes prétendent qu'il vit de petits poiffons, Sa gueule & fes dents à peine fenfibles, femblent dénoter que cet animal n'eft pas carnivore; cependant fon eftomac eft conftruit comme celui des quadrupedes de ce genre. Quoique j'aie mis dans les vaiffeaux qui renfermoient des anguilles tremblantes, des alimens tirés des végétaux & des animaux, je ne me fuis jamais apperçu qu'elles aient mangé.

Ce poiffon paroît affez tranquille, & fes mouvemens ne font ni prompts, ni violents, de forte que je crois qu'il ne feroit pas bien difficile à attraper, fi l'on ne craignoit les commotions. Il paroît d'un naturel doux, & on a beau l'agacer & l'irriter, il ne fait pas le moindre mouvement, ni pour fe défendre, ni pour fe venger. On peut même lui mettre le doigt dans la gueule, fans qu'il cherche à mordre. Sa chair n'est point mauvaise au goût; les Noirs & les Blancs la mangent; cependant j'ai obfervé, en la difféquant, qu'elle exhaloit une odeur affez défagréable. La partie mufculeufe qui occupe le dos de cet animal eft ferme lorfqu'elle eft cuite, mais celle des parties latérales inférieures devient plus mollaffe qu'elle ne l'étoit auparavant, & reffemble en tout à un vrai mucilage.

Acad. des

OBSERVATION

Sur l'Argille blanche de Smolandie ;

Par M. ADRIEN GADD, Profeffeur de Chymie à Abo.

ON N trouve cette argille dans les terreins bas où elle eft fouvent noyée. Sciences de La plupart eft blanche comme de la craie, & quelquefois un peu jaunâStockholm tre: elle colore & tache les doigts. Defféchée, elle eft friable, & non pas compacte, dure & ferme, comme l'argille ordinaire : cette propriété eft l'effet du fable fin qu'elle contient. En la maniant, on la fent plus rude que douce. Aux endroits où les fibres des racines des plantes l'ont pénétrée, & fe font pourries, on voit de petits fillons avec des taches jaunâtres'; & ces parties font plus dures que les autres.

Deux gros de cette argille mis dans un verre d'eau froide, attirerent promptement l'eau. Ils furent prefque entiérement diffous en dix minutes, & le poids augmenta de deux gros. Alors l'adhérence & la viscosité de l'argille fe manifefterent. Retirée de l'eau après dix heures, on put la

réduire avec les doigts en un feul morceau. Elle ne reprit qu'après un jour & demi fa blancheur & fa dureté naturelle. On effaya d'entretenir & d'augmenter fa ténacité, en l'humectant avec un peu d'eau; mais elle n'en prit jamais affez, pour être capable de recevoir une forme.

On tenta de féparer par le lavage, fe fable qui détruit la ténacité de cette argille; mais ce fut en vain. Il paffoit avec l'argille au travers d'un voile très-fin. Le microfcope même ne fit découvrir dans les couches inférieures du précipité, nulle poufliere vitreufe, nul grain de fable quartzeux. C'est donc un fablon en pouffiere, celui que les Suédois appellent moz (1). Il eft ici avec l'argille dans la proportion de 1 à 3.

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L'eau, qui avoit fervi à la diffolution, fut décantée, lorfqu'elle eut repris la limpidité, & enfuite effayée avec les précipitans ordinaires qui n'y firent découvrir aucun fel, aucune matière étrangere digne d'at

tention.

Cette argille humectée & defféchée plufieurs fois acquéroit plus de confistance & de dureté : calcinée & mêlée à l'eau, elle ne faifoit pas corps comme le gypfe, & ne donnoit aucune odeur à la calcination.

Elle conferve dans le feu fa couleur blanche, y durcit en quelque maniere; & tenue demie heure devant la tuyere, elle y devient une efpece de pierre grife qui étincelle fous l'acier: effayée avec l'eau forte, & puis calcinée, elle devient d'abord plus friable qu'à l'ordinaire, & durcit moins vîte; ce qu'on obtient cependant en continuant le feu.

Elle ne fait effervefcence avec aucun acide. Le feul effet qu'ait eu fur elle l'eau régale, a été de la rendre un peu plus blanche, après avoir été délayée, remuée plufieurs fois, & laiffée quelque temps dans ce diffolvant; enfuite lavée avec l'eau de neige, & effayée au feu, les taches jaunâtres, caufées par un peu de terre farineufe, furent enlevées par le diffolvant. (C'est par la même raison, fans doute, qu'il blanchit cette argille).

Pour éprouver fi l'efprit de vitriol en tireroit une portion d'alun, on en mit dans ce diffolvant au fourneau d'effai. Pendant l'ébulition, la diffolution devint un peu brune, & fe couvrit d'une peau noirâtre ; enfuite l'argille ne durcit pas au feu comme auparavant : délayée dans l'eau, elle s'épaiffit après quelque temps, & donna beaucoup plus de cryftaux d'alun qu'on ne l'avoit conjecturé de cette efpece de terre. Une partie du fablon, combinée avec l'acide vitriolique, auroit-il formé ce fel? Les expériences faites avec cet acide & le liquor filicum, induisent à cette conjecture.

On voulut enfuite chercher quel ufage on pourroit faire de cette ar gille dans le rafinage de l'alun.

(1) Glarea Linnai; Leptamnos,

La diffolution de l'alun Suédois employa plus d'eau que celle du Romain; ce qui prouve que celui-là tenoit encore du vitriol, puisqu'il faut moins d'eau pour diffoudre l'alun que le vitriol à parties égales. Dans une minute la teinture de noix de galle concaffée rendit violette la diffolution d'alun de Suede, & ne changea pas celle du Romain. La décoction de l'écorce de Berberis, qui avoit une couleur jaune, devint brune & plus foncée par l'infufion de l'alun de Suede, au lieu que celle du Romain lui donna plus d'éclat. Ces deux épreuves ne permettoient pas de douter que l'alun de Suede ne contînt encore du fer.

La diffolution de cet alun ayant été féparée en trois parties, on joignit à l'une l'argille blanche Smolandoife; à l'autre, celle de Hollande, couleur de perle, fixe au feu; à la troifieme, l'huile de tartre par déliquefcence: ce mêlange fut fait peu-à-peu jufqu'à ce que toute effervefcence eût ceffé. On remua trois ou quatre fois; & lorfque les fubftances furent précipitées, l'argille Smolandoife parut couverte d'un fafran de Mars. On en remarqua un peu fur l'argille de Hollande, & point du tout dans la diffolution par l'huile de tartre. Il n'y avoit au fond du vafe qu'une terre blanche, gluante, tachetée d'une espece de rouille formée par terre argilleufe, qui, avec la terre martiale & l'acide du vitriol, avoit fervi d'intermede dans l'alun Suédois, & venoit d'être précipitée, & de former avec l'addition du fel lixiviel un tartre vitriolé.

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Les diffolutions refterent deux jours dans les mêmes vafes, & furent remuées cinq ou fix fois par jour. Enfuite on décanta la liqueur alumineuse qui s'épaiffit, & cryftallifa. L'alun rafiné par l'argille de Smolandie, & par celle de Hollande, étoit blanc & pur; mais l'huile de tartre ne donna qu'un mêlange de tartre vitriolé & d'alun, qui n'avoit point le goût aftringent, alumineux, & ne bouillonnoit point au feu.

Le mixte falin, formé dans l'huile de tartre, produifit tout autour des bords du vase une espece de végétation qui repréfentoit des tiges & de petites feuilles. Elle provenoit peut-être de ce que le tartre dont on avoit tiré l'efprit, n'ayant pas été affez calciné, avoit retenu quelques parties de fon phlogistique.

L'alun obtenu par ce procédé fut diffous de nouveau dans l'eau, de même qu'un peu de vitriol Romain; & les deux diffolutions éprouvées par la teinture de noix de galle ne furent point altérées; mais la diffolution du fel tiré par l'huile de tartre fut rendue jaune par ces deux fubftances.

Il s'enfuit que cette terre n'eft ni gypfe, ni marne, ni fablon; que l'argille y domine, & qu'elle doit être mife au rang des argilles; qu'elle eft de toutes les argilles Suédoifes la moins ferrugineuse, la moins faline & la moins hétérogène ; qu'on l'a prefque toujours trouvée dure aux endroits où il s'eft rencontré un peu de fubftance_inflammable, provenant

des plantes pourries, jointe au peu de fer qui eft çà & là, quoique rare ment dans cette argille. Cette obfervation peut être utile pour la préparation du mortier & du ciment : elle apprend que fans l'addition d'un acide vitriolique inflammable ou d'une terre martiale, les mêlanges terreux tenants fer, ne devienent point affez compacts, même avec des terres alkalines.

On peut nommer cette terre, argilla lactea, leptamnofo farinacea fiticulofa, tenera, maculans, argille blanc de lait, fabloneufe, farineuse, altérée, tendre, tachant les doigts.

OBSERVATION

Sur la Terre d'Ombre;

Par M. le Baron DE HUPS CH.

LA terre d'ombre, fi connue par fon ufage pour les couleurs, nous vient de la Province d'Ombrie; elle eft plus connue aujourd'hui fous le nom de terre de Cologne, parce qu'on la tire des environs de cette Ville. Les Naturaliftes l'ont regardée jufqu'à ce jour, & l'ont prife pour une vraie terre. Wallerius & plufieurs autres Minéralogiftes ont placé cette terre entre les terres maigres, & quelques-uns ont fair deux efpeces de la terre d'Ombre & de celle de Cologne.

M. 'le Baron de Hupfch a découvert que la terre d'Ombre eft un véritable foffile qu'on trouve dans les tourbieres & les terreins marécageux. C'eft un bois changé en terre, ou décompofé par les eaux minérales, Une partie de ce bois terrifié eft corrompue, de forte qu'il fe réduit facilement en poudre. Ces bois fitués dans une tourbiere du Duché de Berg, font pénétrés d'un fuc bitumineux, & donnent une terre d'ombre, comparablement plus belle que toutes celles qu'on trouve aux environs de Cologne. Plus les morceaux font pénétrés d'un fuc bitumineux, plus la couleur eft d'un beau brun.

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Suivant les recherches de M. le Baron de Hupfch, cette terre fe trouve de deux façons une espece eft encore un vrai bois foffile, qui eft affez reconnoiffable, ou qui a confervé quelquefois en partie la figure de bois, parce qu'une fubftance bitumineufe ou fulfureufe l'a préfervé de la corruption: cependant ce bois fe réduit facilement en poudre. L'autre efpece eft déjà une terre d'ombre parfaite. On la trouve réduite en poudre par la nature; & c'est toujours le même bois foffile qui a été décomposé par les eaux minérales ou par quelque autre cause.

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